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lundi, 05 octobre 2009

La vieillesse est un naufrage...

Je viens d'exhiber, du fond d'une étagère, acheté à la brocante de mon coin il y a quelques années, lors d'un moment d'égarement causé sans doute par une attaque de nostalgie aiguë, un 45 T pour la somme extravagante de 1 €.
Ce sacrifice va me permettre de sauver de l'oubli une oeuvre que eut dû être inscrite au patrimoine mondial immatériel (ô combien...) de l'humanité.
J'ai nommé "Le petit pain au chocolat", starring Joe Dassin.
Avec "les oeufs au plat" sur la face B.
Pressé en 1968, ce chef d'oeuvre de l'art lyrique contemporain explique probablement à lui seul l'acharnement des gamins, dont je faisais partie, à arracher les pavés des boulevards parisiens...

dimanche, 04 octobre 2009

Rupture ? Mon oeil !

La France est un pays impossible à réformer.

La preuve ?
Alors que depuis des décennies, le jour sacré des écoliers est le mercredi, je continue d'entendre, au hasard de mes pérégrinations, parler de "la semaine des quatre jeudis"...

 

vendredi, 02 octobre 2009

Mariages...

Je me vois contraint, à la lecture régulière des notes d'Heure-Bleue, de lui remettre en mémoire l'ordre naturel des choses.

D'abord la notion de travail.

Ce n'est pas parce qu'une épouse virevolte 80 heures par semaine entre les tâches ménagères et son emploi qu'elle doit faire remarquer aigrement à son seigneur et maître qui s'échine, lui, à gagner des sous pour son patron 35 heures par semaine, qu'il pourrait mettre ses chaussettes dans le panier adéquat.
Il ne faut pas oublier non plus que l'époux adoré est sans cesse tiraillé entre son tiercé et le « p'tit jaune » qu'il doit prendre avec ses potes.
Heure-Bleue moitié et moi avons, en notre qualité d'intellectuels « de gôche », procédé à un partage des tâches plus conforme à nos aspirations d'acteurs sociaux efficients.
Compte tenu de nos aptitudes physiques respectives, je lui ai laissé les petits problèmes -vaisselle, lessive, ménage, cuisine, etc.- et ai pris en charge les grands problèmes -la faim dans le monde, la fracture Nord/Sud, le développement durable, etc.-
Un mari parfait dans un couple parfait, en somme.

Ensuite, la notion de couple.

Je suis obligé, par exemple, malgré une immense largeur d'esprit, de rappeler à Heure-Bleue qu'une épouse n'est pas un être humain à part entière qui choisit de vivre avec un Homme, un vrai, un qui pisse sur l’évier.
Une épouse est
la propriété de l'Homme et doit lui consacrer toutes ses pensées.
Elle doit accéder dans l'instant au moindre de ses désirs sans avancer d'excuses bidon du genre « pends ta veste, je dois repasser ta chemise » ou bien « tu ramèneras le pain, je rentre tard du boulot et je ramène déjà les pommes de terre et les bouteilles ».
Vous avez tous noté que je n'avance même pas le célèbre « Pas ce soir, j'ai la migraine. », en effet, de toute façon elle devra se soumettre au désir du Maître. Point.
Les mâles, avachis dans le confort débilitant apporté par le RMI et les ASSEDIC, quand ce n'est pas la propagande féministe, devraient prendre garde et reprendre en main ces femelles avides du pouvoir que ne leur a pas accordé la Nature et qu'elles tentent de voler à l'Homme par des manœuvres sournoises…

Là dessus, j'aimerais bien avoir un commentaire élogieux d'Heure-Bleue, éblouie par la clarvoyance de son Homme préféré et chéri.
Et sans délai...

dimanche, 27 septembre 2009

Eve et la (p'tite) Côte...

Aujourd’hui, c’est dimanche.
Je suis descendu pour aller sur le marché et boire un café –en fait, deux cafés- dans mon bistrot dans le but tout à fait louable de laisser Heure-Bleue faire le ménage tranquillement sans avoir dans les jambes un incapable qui lui gâcherait le plaisir de balayer toute seule…

Mon bistrot de prédilection est plein de gens étranges, dont moi.
Aucun ne m'est inconnu, même si je n'entretiens que des relations de « bon voisinage de comptoir » avec la plupart et ne salue les autres que d'un bref hochement de tête, poli, certes, mais réservé.
Habituellement, j'y croise en semaine des gens de mon quartier.
Aujourd’hui, je m’aperçois que non seulement pour eux, c’est la journée continue mais aussi la « semaine continue ».
Ils sont allumés du matin au soir et sept jours sur sept…
Entre le premier et le second café, oui, je bois deux express « serrés », le premier pour éliminer le goût du café que je prends chez moi, le second pour le plaisir, en lisant mon journal subversif, de plus en plus journal, de moins en moins subversif.
Pour tout dire, un canard d'opposition consensuelle...
Donc, entre ces deux cafés, il m'arrive d'échanger quelques propos avec les moins inconnus du bistrot, et surtout, d'écouter les conversations.
Pour vives qu'elles soient, ces conversations restent légères, surtout du point de vue des philosophies qui les sous-tendent. Elles ne me surprennent plus depuis longtemps.
Depuis le vieux dragueur impénitent, qui, quoique marié depuis quelques décennies, ne peut s'empêcher d'amener sa dernière conquête pour la faire admirer par ses petits camarades de Sylvaner ou de Côtes du Rhône – « bien frais mais pas trop, hein ! » - jusqu'au vétéran de l'arrêt maladie qui a réussi à échapper au contrôle Sécu depuis des années et au licenciement car employé de la Poste.
La dernière conquête que nous présente le dragueur impénitent, passablement amochée par des années de « p'tit blanc sec » - je le sais, c'est la première chose qu'elle a demandée, avant même le « bonjour tout l’monde » qu'elle a tonitrué après sa demande hésitante- est une fausse blonde, trop maquillée pour être améliorée, pas assez maquillée pour que ce soit efficace.
Le dragueur fait à tous ceux qu'il connaît, dont moi, des clins d'œil qui se veulent discrets mais qui tiennent plutôt de l'appel de phare, et nous annonce « V'là Nini ! Mignonne non ? J'l'avais déjà rencontrée dans une zone aride, ouais, dans l'désert, quand chuis-z-allé au Maroc ! Alors j'l'amène dans mon oasis ! Ha ha ha ! »
Un coup d'œil à la fameuse Nini -je suppose qu'elle s'appelle Annie- laisserait plutôt à penser que la zone à rides c'est elle, mais bon...
Pour la première fois, une véritable inconnue entrait dans le bistrot quand j'y étais.
Je laissai donc de côté mon canard pour suivre attentivement une discussion qui promettait d'être passionnante.
Elle le fut.
L'assistance, après des ronds de jambe qui, à cinq heures de l'après-midi en aurait fichu la moitié par terre pour cause de « p'tits ballon de Côtes » à répétition, s'employa à mettre à l'aise la nouvelle venue.
A grands coup de « Ah ben ça, le désert, c'est quelque chose, hein ?! », de « Faisait chaud ? », de « Y'avait pas trop d'Arabes ? », pour terminer en chœur par « Alors comme ça vous connaissiez déjà P.A. ? » Oui, ce nul s'appelle Pierre-Alain.
Je sais qu'il est nul car il est déjà parti à exposer ses théories, mille fois rebattues à ce comptoir, sur ce qu'il faudrait pour que « la France elle tourne comme y faut ». Inutile de vous dire que, pour que « la France elle tourne comme y faut », pas question d'y croiser un brun trop frisé ou avec une peau un poil trop mate.
D'ailleurs, à part lui, qui bien sûr en vit, pas un chômeur ne toucherait les ASSEDIC.
Et puis tous ces fainéants lui picolent « son » Côtes du Rhône.
Et l'autre andouille blonde qui le regarde comme s'il venait d'inventer la roue, approuvant de vigoureux hochements de tête, ainsi qu'une bonne partie de l'assistance.
Sauf mon pilier spécial mi-comptoir mi-cabinet médical, qui sait bien, lui ce que lui en coûterait l'application d'une politique de ce style.
Il y a maintenant, dans ce bistrot plutôt calme, de plus en plus de camps, de plus en plus retranchés disputant de la meilleure façon de s'y prendre pour que « la France elle tourne comme y faut ».
Certains, d'habitude plus avenants, prônent des solutions qui, en leur temps, furent qualifiées de « finale ».
D'autres, non moins virulents mais habituellement ronchons sont d'ardents partisans du charter «  Ouais, faut les virer, tous ces Noirs ! Faut tous les virer ! ».
Un plaisantin hasarde « même les Guadeloupéens ? » Et c'est parti pour une nouvelle dispute, les uns prétendant que « Non, c'est pas pareil, y sont Français », les autres rétorquant « C'est pas vrai, d'ailleurs t'es pas noir toi ! Alors ! ».
Personne, du fond des vapeurs de Côtes du Rhône et de la chaleur des échanges, ne s'est encore rendu compte que c'est un bistrot tenu par un kabyle, lequel les regarde par moment d'un œil désespéré, ils ne s'en sont pas aperçus depuis des années...
Et dire que tous ces braves gens, dans la vie courante, ne feraient pas de mal à une mouche et rendent volontiers service (« je t'offre un verre, tu bois un coup ? »)
Une seconde d'accalmie, causée par l'arrivée inopinée d'une nouvelle tournée -je me demande comment ils peuvent picoler autant de pinard de bon matin- laisse au dragueur le loisir de lâcher une bombe.

« Au fait, je vais divorcer pour épouser Nini ! »

La seconde se prolonge, le temps pour l'assemblée de digérer ce scoop, et c'est l'explosion.
« Ouais, c'est bien ! T'aurais dû le faire avant ! » etc...
Probablement à l'idée du nombre de « p'tits ballons de Côtes » gratis à venir.
Tous oublient que ce n'est pas la première fois qu'il fait le coup et que, de temps à autres c'est la légitime qui vient avec lui et qu'ils lui réservent le même accueil enthousiaste...
Ladite légitime partageant avec la nouvelle, outre P.A., un look inimitable de vieille nymphette alcoolisée.
A défaut d'être fidèle à sa femme, il est fidèle à un genre de femme.
Quant à moi je viens de comprendre le sens profond du mot « conjoints »...

 

samedi, 26 septembre 2009

O tempora, o mores...

La note d'Heure-Bleue ramène à l'avant-plan de ma mémoire le souvenir de cette histoire, venue d'un "temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître" et vue sous un autre angle.

Figurez vous qu'à cette époque bénie, malgré le passage du premier choc pétrolier, il y avait plus de boulot à faire que de gens pour le faire, ce qui permettait aux chercheurs d'emploi de faire la fine bouche.
Donc, Heure-Bleue, en pleine forme, libérée de l'obligation de consacrer toutes ses journées à occuper notre bambin pendant presque trois années sabbatiques, se mit en tête de remplir ses journées d'autre chose que les papotages de square, aussi peu variés qu'enrichissants, et contre rémunération.
Elle trouva donc l'entreprise qui aurait pu, si tout avait bien marché, lui apporter ce qu'elle cherchait.
Située à 5 minutes à pieds de chez nous, travail peu salissant, sauf pour le bout des doigts, salaire intéressant, mutuelle avantageuse et tout et tout.

Bref, le rêve.
Là où ça a commencé à déraper, c'est lors de l'entretien initial (et unique) dont voici la substance:
-Bonjour madame, comment avez vous connu notre maison ? (A l'époque, on disait comme ça, même au Comptoir Lyon-Allemand, négociant en métaux précieux).

- Mon beau-père, qui travaille près de chez vous et est client m'a parlé de vous.
- Parfait, et quelles sont les raisons principales qui vous ont poussée à présenter votre candidature ?
- Euh...C'est à côté de chez moi.
- Bien...Et puis...
- Ca n'a pas l'air épuisant et il y a un 13è mois.

Léger hoquet de la dame.

- Mais encore ?
- En fait mon fils est assez grand pour aller à la maternelle et je m'ennuie un peu.
- Bien, madame, vos motivations, pour louables qu'elles soient n'entrent pas vraiment dans le profil que nous recherchons. Je ne pense pas que vous serez choisie.

- Mais enfin, madame ! C'est moi qui choisis !!!

Je dois dire que, bien que l'époque ait été plus douce, la narration de l'épisode m'a laissé pantois.
Du coup, le gamin est resté assez peu de temps à la maternelle, suffisamment suffisamment toutefois, pour qu’Heure-Bleue ait le temps de dire à une maîtresse ayant fait vœu de célibat et de chasteté qu'elle pourrait lui expliquer comment on élevait les enfants quand elle en aurait elle-même fabriqué un.
Alors, quand le Pôle Emploi (aussi bien nommé que "Plan de sauvegarde de l'Emploi" quand une boîte se prépare à virer en masse son personnel) demande à certains de "formaliser leur projet de vie" alors qu'ils n'ont seulement, et pour beaucoup, qu'un bête "objectif de survie" on se demande s'il n'y a pas déconnexion franche avec la planète.

C'est tout l'intérêt de bien gagner sa vie, ça permet d'apprécier joyeusement ce type de réaction.

Voilà pourquoi je vis avec Heure-Bleue depuis longtemps...