samedi, 26 juin 2010
What a wonderful world...
Le monde est merveilleux, j’en ai la preuve tous les jours.
Non, je ne vous parlerai pas de football (le nombre de femmes qui, en douce, poussent un soupir de soulagement est probablement impressionnant).
Ni de la nouvelle lubie de notre excité qui, après avoir foutu le bordel dans la protection sociale, s’apprête à se rendre célèbre en se mêlant de football.
Non, je ne vous parlerai pas de tout ça.
Quoique…
Et puis non.
Je vous parlerai de ma vision quasiment dantesque de mercredi dernier.
En attendant, derrière l’Hôtel de Ville, le bus qui allait me ramener chez moi, j’étais heureux.
Le soleil brillait, les filles étaient belles.
Habillées comme je les préfère, c’est çà dire pas trop, pas en cosmonaute avec une peau en Goretex, non, avec de la vraie peau.
Donc, les filles étaient belles.
Toutes.
Enfin presque toutes…
Une femme qui espérait me faire croire qu’elle avait vingt ans vint s’asseoir à côté de moi sur le banc.
Non seulement elle n’avait jamais compris que pour avoir l’air jeune, le mieux, c’est quand même d’être jeune, mais pour réparer des ans l’irréparable outrage (silence Racine !), elle avait cru bon de procéder à des modifications au résultat surprenant.
Une poitrine ne coïncidant pas du tout avec le reste du corps.
J’aurais juré qu’elle avait des seins en plastique. Je fus même étonné de ne pas entendre « ploc » quand elle me heurta légèrement en s’asseyant.
Lorsqu’elle se tourna pour s’asseoir, mon œil expert remarqua qu’elle avait la fesse triste comme un jour sans pain, tombante, sans âme et surtout sans attrait…
Je la détaillai du coup un peu plus.
Je compris brusquement le cauchemar d’Athalie (merci Racine) lorsque, relatant son rêve, elle dit :
« même elle avait encore cet éclat emprunté
dont elle eut soin de peindre et d’orner son visage. »
L’éclat en question avait un aspect étrange. Je suppose que pour sacrifier à la mode elle s’était fait implanter sur la figure les fesses, qui du coup lui manquaient. Le problème, enfin celui là, était que ces joues de fesses ressemblaient à de la joue de lotte fatiguée.
Le front, lui, avait aussi ce côté plastifié qui montre que l’abus de Botox n’est pas bon pour le design.
Quant aux lèvres…
Ne parlons pas de lèvres qui avaient le double du volume normal, le triple du volume habituel chez une sexagénaire.
Bref, on eût dit une carpe.
J’en ai finalement déduit qu’il n’y a rien de tel que des retouches mal faites, abusives et inutiles pour manquer son but à coup sûr.
J’aurais aussi appris à l’occasion que les lèvres de mérou peuvent donner un look de morue…
18:48 | Commentaires (12)
mercredi, 23 juin 2010
Il nous reste Lisieux pour pleurer...
Bon, à mon âge on saute ce qu'on peut.
Alors ce mois-ci je saute le pas.
Après six décennies d'attachement viscéral à Paris, malgré une trentaine d'années d'infidélités à vivre un peu partout dans le monde, nous avons décidé, moitié et moi et, étonnamment, cette fois autant l'une que l'autre, et un peu forcés par les évènements et le prix du marché d'aller vivre ailleurs.
Nous nous expatrions à Caen.
Dans une chouette maison de pierre.
Il y a un jardin qui n'attend que nous pour se transformer en jungle inextricable.
Il y a un garage qui n'attend que moi pour se transformer en antre de bidouilleur fou.
Il y a un grand séjour qui n'attend que nos disputes à propos du choix de ce que nous allons écouter et nos chamailleries à propos du niveau auquel l'écouter.
Il y a un escalier qui ne demande, comme celui de Mab, qu'à vérifier la solidité de nos cols du fémur.
Il y a trois chambres, parfaites pour accueillir la petite pendant les vacances scolaires, chambres que nous pourrons mettre à profit le reste de l’année pour y faire dormir en 3x8 une douzaine d'immigrés pour 300 € mensuels par personne et par tranche de huit heures. (à la première rouspétance, hop ! balancé à notre chef des remplisseurs de charters).
De quoi alimenter une retraite qui ne demande qu'à devenir dorée grâce à l'exploitation, aussi éhontée que répandue, de la misère humaine.
Bon, ce n'est pas Versailles, mais c'est assez sympa de trouver, pour moins cher qu'un studio à Paris, une maison de pierre avec trois chambres, un grand séjour, un garage, un jardin et à dix kilomètres de la mer.
Et Caen est une ville quasiment civilisée puisqu’il y a même une Fnac et un Monop'.
08:30 | Commentaires (16)
mercredi, 16 juin 2010
Le pull-over pas blanc.
Rien à voir avec Graziella ni Lamartine.
Donc, cette histoire de pull-over...
Ma mère, toujours elle, avait un goût marqué pour le « vert bronze ».
Un goût malheureusement tenace et entaché chez elle d’un probable défaut qu’un ophtalmo aurait appelé « distorsion chromatique ».
Ce qu’elle pensait être « vert bronze » était en fait une sorte de « caca d’oie métallisé »…
Ça n’aurait pas été bien grave si elle n’avait été persuadée d’être en outre une fée du tricot.
Et c’est là que la conjonction de ces deux erreurs d’appréciation amenèrent ma mère à des extrémités regrettables.
Moi qui, depuis presque toujours, avait un goût affirmé pour le vert dit « vert Empire » et le « rouge Hermès », me vis dès l’école maternelle forcé de porter d’horribles pull-overs « vert bronze modifié maman 1952 ».
J’avais beau les « perdre », ma mère était persuadée qu’on les avait volés à son fils.
« Ce n’est rien mon chéri » me câlinait-elle (c'était une vraie mère, elle était indigne mais câlinait et talochait beaucoup).
Et elle m’en tricotait un autre.
Le modèle était immuable, descendant au nombril devant, malheureusement à mi hauteur de poitrine derrière, un col « dégueulant » en matière de « col roulé ».
Les plus anciens d’entre vous -les femmes, par je ne sais quel miracle de la nature ne sont jamais anciennes, nous on devient vieux, elles, à peine si elle mûrissent- se rappelleront avec émotion ces « paletots » tricotés avec plus d’amour que de talent et surtout retricotés avec des laines détricotées cent fois qui font que le tricot ne peut avoir de tenue ni, quand par hasard il en a, la conserver plus de deux minutes.
Eh bien imaginez-vous un pull de ce genre, tel que décrit plus haut, à bonne longueur devant, trop court derrière, parfois l’inverse.
Toujours avec des manches arrivant soit à mi-avant-bras, soit à mi-mains, parfois les deux sur le même pull-over.
Et, toujours et encore ce p… de « vert bronze » !
Ces pull-overs avaient tous un avantage économique évident qui eût dû limiter la production à un seul exemplaire dès l’entrée à l’école maternelle et m’emmener jusqu’au service militaire.
Au bout de quelque temps, assez peu en fait, ils grandissaient.
Et bien plus vite que le porteur qui, du coup voyait se transformer un pull-over épais et mal foutu en une robe mince et toujours mal foutue.
Le truc « dégueulant » qui arrive à mi-cuisse au bout d’une semaine.
Vous commencez à entrevoir la géhenne dans laquelle l’amour maternel m’aurait plongé jusqu’à mes seize printemps si je n'avais pas « perdu » régulièrement ces pulls bizarres.
L’aimant à quolibets, entièrement fait maison.
Après, comme je me fichais (et me fiche encore) de ma mise mais dans certaines limites tout de même, je jetais sans trop d’états d’âme, oubliais dans le métro, le bus ou à la fac, les pull-overs toujours « volés, j’en suis sûre, par des jaloux mon chéri, je vais t’en refaire un »…
Mais finalement, je m’en suis plutôt moins mal tiré que mes sœurs qui se sont vues, presque jusqu’à la fin de leur scolarité, affublées de blouses taillées dans les chemises de l’aînée pour la cadette, et retournées et rebâties avec celles de la cadette pour la benjamine.
Moi au moins, les miennes étaient achetées.
Bleu roi, avec un liseré rouge et pas cher, certes, mais achetées.
10:20 | Commentaires (14)
samedi, 12 juin 2010
Tout sur ma mère
Je vous ai déjà parlé de ma mère ?
Non ? Il me semblait bien que non.
Eh bien je vais continuer encore un instant…
Et vous parler plutôt d’une sombre histoire de blouse bleue et de pull-over vert.
Et c’est là que vous allez voir que Mr Sabatier –mais non, pas celui de la télé, l’autre, celui de l’Académie- est un aimable narrateur avec ces histoires d’allumettes suédoises mais bien loin d’avoir l’envergure littéraire de votre serviteur.
Donc, cette histoire de blouse.
Quand feue ma mère (on dit pas « ma maman disparue » aujourd’hui ?) sous le prétexte futile d’une dégradation monstrueuse de mon langage dès l’entrée à « la grande école », décida qu’il n’y avait rien de mieux pour mon avenir que m’envoyer passer quelques années chez les Maristes.
Une vraie bande de fondus, ces derniers, mais bon, on n’avait pas le droit de dire « merde », ni « con » ni « chier », bref, le goulag…
Il faut avouer que déjà Le-goût-des-autres perçait sous Minou comme disait Victor.
La maternelle à peine quittée, un trimestre avant mon sixième anniversaire, j’échouai pour une semaine en CP avant que d’être envoyé en CE1 pour cause de brillance intellectuelle.
Cette dernière, en moins d’un mois, s’avéra un leurre. J’apprenais en effet plus aisément le langage du charretier que celui de Molière.
Suite à une remarque à ma mère assez peu élégante pour qu’elle la ponctuât d’une calotte, il fut décidé de m’envoyer en prison pension pour y apprendre à parler et à penser.
Pour le second terme, ce fut un échec patent.
Et c’est là que cette blouse intervient.
Pour aller passer quelque temps sur la paille humide des cachots en pension, il fallait un trousseau.
Dans ledit trousseau il était bien vu de glisser trois blouses, si possibles discrètes et n’incitant pas à se distinguer de ces camarades.
Ma mère, persuadée malgré tout que justement je me distinguais de mes camarades, acheta un lot de blouses, autrement promises à Emmaüs, j’en suis sûr.
Les moins gamins d’entre vous se rappellent sûrement ces blouses d’écolier, grises, sans âme, mais pourvue de poches gigantesques permettant de stocker sans faiblir deux kilos de billes au bas mot.
Eh bien, mes trois blouses n’étaient pas de ce genre.
Quand elle m’amena à la prison au pensionnat, le frère économe qui cumulait les fonctions d’économe, de linger et de préfet de police, nous accueillit dans son bureau du rez-de-chaussée, avec une vue imprenable sur la cour de récréation. Ce détail a son importance.
Et c’est là que ça a commencé à déraper.
Tandis que les vétérans de l’incarcération les « anciens » se pressaient à la vitre du bureau pour voir « le nouveau qui arrive en cours de trimestre », ma mère, Jézabel, devant eux s’est montrée, comme disait Jeannot. Elle ouvrit ma valise, en sortit une blouse…
Bleue ! La blouse était bleue !
Pas le bleu marine foncé discret, non. Bleu roi !
Sans les larges revers habituels des blouses grises « normales », non, une espèce de liseré montant rouge.
Oui, rouge vermillon le liseré !
Avec une fermeture comme celle des blouses de dentiste, sur le col. Un Mao avant l’heure !
L’accueil de mes codétenus camarades s’annonçait risqué.
Le frère économe, lui, se passa la main sur le visage, l’air presqu’aussi désespéré que moi.
« Euh, un peu trop voyant, non, Madame ? »
« C’est ce que j’ai trouvé dans mes moyens, mon père » rétorqua ma mère d’une voix qui n’est pas sans rappeler celle de Lara Fabian quand elle dit qu’elle aime.
Voilà ce que ma mère avait fait.
Moi qui –à l’époque du moins- ne rêvais que me noyer dans la masse enfantine, et sans faire de vagues, j’étais effondré.
Pour ce qui est de ne pas se distinguer de ses camarades, c’était une réussite toute relative.
Je crois bien que c’est à ce moment que je me suis enquis de ce que pouvait être la psychanalyse.
Plus tard, j’ai lu sur le sujet.
Et c’est pourquoi aujourd’hui je peux vous l’affirmer haut et fort.
Sigmund Freud s’est lamentablement vautré.
Ce n’est pas son père qu’il faut tuer.
C’est sa mère !
Je vous parlerai des pull-over (je n’ai jamais su mettre ce foutu mot étranger au pluriel…) dans un prochain billet…
07:47 | Commentaires (13)
mardi, 08 juin 2010
Je hais le foot et je vous plains, mesdames !
Je suis un frère d’arme de Karmara.
On nous saoule depuis plusieurs jours avec un évènement qui va me gonfler pour les quatre ou cinq semaines à venir.
Au moins une chose m'amuse: Les marchands de télé qui nous jurent qu'ils rembourseront si vous êtes assez nunuches pour vous endetter « si l'Equipe de France remporte la Coupe du Monde ! » le superbe écran plat qui couvre la moitié du mur du salon (pas les petits, faut pas déconner) acheté pour l'occasion.
Au vu des premiers résultats, Carrouf et Auc... peuvent respirer, ils ont échappé au bilan désastreux qui accompagne souvent les paris stupides...
Pendant ce temps là, Karmara râle, jamais contente. Peut-être pas ravie de devoir bosser jusqu'à 78 ans pour financer le salaire des footeux voir ses soirées télé gâchées ?
Egoïste va !
Au lieu de penser à toute la pub dont les media vont pouvoir nous abreuver pour l'occasion la chance inouïe offerte à notre pays de voir enfin le bout du tunnel.
A la croissance des revenus de la publicité et de la rentabilité des media qui la diffusent qui élimine le chômage et assure le financement des retraites.
Si ça ne sauve pas la presse écrite, c'est à désespérer de tout.
En plus elle devrait imaginer le nombre de binouzes englouties par nos sportifs de comptoir avachis devant des écrans à deux SMIC bonheur des enfants voyant enfin en vrai ce que veut dire « mens sana in corpore sano ».
Qu’elle pense aussi à toutes celles qui vont recevoir un pain de la part d’un mâle bourré à la 8.6 et frustré par un penalty en faveur de l’équipe adverse contempler d’un oeil attendri le mari heureux comme un gamin à la récré.
Certes, il ne fallait pas rire quand le goal s’est vautré au moment de rattraper ce foutu ballon, mais bon, ça va faire croître « parce que je le vaux bien » rien que sur le fond de teint !
C’est aussi sans compter les juteux intérêts perçus sur les prêts consentis par les usuriers habituels l’aide des banques à l’économie réelle pour acheter ces écrans
Et, à coup de crédit sur 48 mois, paf ! A peine l’écran plasma payé, la nouvelle coupe du monde arrive qui justifie l’achat d’un nouvel écran. LCD celui-là.
Allons, enfin, mesdames, soyez optimistes et joyeuses !
La crise est enfin vaincue grâce à l’élan barbare et le goût pour les gladiateurs et la castagne l’esprit sportif qui saisit périodiquement le monde.
Qu’est-ce qu’un œil au beurre noir, le vomi sur le canapé qui s’accorde si bien avec les trous de mégot dans les coussins peu de désordre, devant cet élan de mâle fraternité ?
Sans compter qu’à chaque but victorieux vous aurez droit au petit coup vite fait, celui qui sent la bière célèbre « câlin du footballeur » (Droit au but, sans les mains, et du coup ( !), pour elle, sans le pied…)
Le prix à payer est finalement dérisoire.
Enfin, pour le sportif, parce que pour vous…
09:51 | Commentaires (11)