dimanche, 11 avril 2010
La curiosité est un vilain défaut.
Vous pensez vraiment que je vais me prêter au jeu rhétorique de la prétérition ?
Tartiner pendant des lignes et des lignes sur le sujet que je prétends éviter ?
Vous me connaissez bien mal !
Croire un instant que je vais m’étendre sur les affres de l’attente du compte-rendu du radiologue ? Vous rêvez !
Comme si j’allais vous décrire par le menu l’angoisse du type qui passe dans l’anneau du scanner…
Je ne vous parlerai pas non plus de la peur que je me suis infligée comme un grand, peur due au compte-rendu qui était sur la table lorsque le radiologue m’a appelé et que je suis arrivé dans une pièce vide, l’homme de l’art pendu au téléphone dans une pièce adjacente.
Inutile de vous dire, donc, que je me suis précipité sur les conclusions figurant au bas du compte-rendu.
Mal m’en a pris.
Vous connaissez cette sensation de peur qui vous tord le ventre ?
Ce moment délicieux où vous vous dites « Et M… ! C’est reparti ! Encore une bagarre pour survivre ! » (en plus va falloir faire bonne figure en sortant, because Heure-Bleue, Merveille et tous les autres, eh oui, on pense à tout ça, ça occupe…)
Oublions tout cela et parlons d’autre chose.
Ca m’évitera de me souvenir de mots épouvantables qui promettaient une vie abrégée et une agonie pas drôle du tout.
Bon, j’aurais peut-être dû commencer par le début du compte-rendu.
Ca m’aurait évité de me faire peur.
J’y aurais appris, entre autre que ce n’était ni mon nom ni mon âge ni mon numéro de Sécurité Sociale qui figuraient en haut de la feuille.
La prochaine fois, je vous parlerai d’autre chose…
09:51 | Commentaires (8)
dimanche, 04 avril 2010
J’ai changé l’eau en vain
Ce matin, c’est Pâques et il ne pleut plus.
Du coup, pour profiter à fond de ma hausse de moral, je suis allé sur le marché, là où sévit mon vendeur de vieux cygne rôti, dans l’espoir de trouver quelque chose de propre à me rendre confiance dans le genre humain.
Je me suis arrêté chez le marchand de journaux pour acheter le journal qui m’occupe aux mots fléchés de son supplément dominical pendant « Maman les petits bateaux ».
Mal m’en a pris.
Dès la première page j’apprends que contrairement à tout ce qu’avait enseigné à l’humanité cette belle science qu’est l’astronomie nous avions trois solstices, ergo une seule équinoxe.
Vous le saviez, vous, qu’il y avait un solstice de printemps ?
Eh bien c’est en première page du JDD…
Du coup, en rentrant, après avoir rangé les achats, j’ouvre mon navigateur Internet.
Pour vérifier que suis assez réveillé pour aller faire un tour sur les blogs, l’écran me jette à la face ce monument à la gloire de la grammaire française :
Les yeux me piquaient tant que j’ai cru un instant que l’écran se révoltait et allait s’enflammer…
Si Monsieur Vianson-Ponté revenait tenir sa chronique au Monde, il se ferait virer sur le champ pour respect éhonté de la langue…
13:49 | Commentaires (11)
vendredi, 02 avril 2010
Mon senior... Il est l'or...
J’ai tenu compagnie à Heure-Bleue hier soir.
Nous nous sommes fait du mal en regardant, surtout en écoutant, les déboires du « senior » dont on vante la vitalité à longueur de publicité de colle à ratelier et de couches qui évitent de sentir le pipi en société.
C’était super engageant. Que dis-je, en-thou-sias-mant !
Ca permettait, en douce bien sûr, de régler le problème des retraites et du trou de la Sécu en cinq-sec.
Le vieux, s’il est locataire, même avec une retraite dont le montant fait envie au smicard, ne peut plus louer un appartement.
Le vieux, s’il est propriétaire de son gourbi mais touche une retraite de misère, risque bien de se retrouver viré faute de pouvoir payer ses charges de copropriété.
Le vieux n’a plus qu’à trouver un banc hospitalier. Et ce n’est pas facile, vu que, sous couvert de « design urbain » on s’arrange pour que le clodo de base ne puisse s'y allonger, risquant par là d'offusquer le sens esthétique ou l’odorat du passant.
Donc, un point de gagné. A ce régime « couchage sur le trottoir » et « régime froid à tous les repas », il est probable que le « senior » ne passera pas deux hivers, libérant ainsi des logements qui assureront la prospérité des requins de l'immobilier…
Deuxième point de gagné ? Le régime des retraites se trouvera rapidement sauvé de facto, faute de vieux à engraisser à rien foutre.
Troisième point, abordé très délicatement lors de l’émission, celui-là, celui de l'insovabilité potentielle du « senior » à la maigre retraite : Imaginez l'angoisse du gestionnaire de patrimoine d'investisseur institutionnel (banques, assurances, les fameux zinzins) .
Le vieux qui « part » - genre « on sait pas où il est passé » - et laisse un survivant qui ne peut payer le loyer, quelle horreur.
Pire encore, pas de survivant ni de descendant pour régler l’ardoise.
Et paf ! Une toile pour le gestionnaire de patrimoine face à un trou monstrueux de 1100 €.
Alors que perdre des milliards d'€ sur les marchés, c'est moins grave: le contribuable bouche le trou et l'argent perdu n'est jamais que celui des épargnants, ceux dont les zinzins ont justement récupéré les appartements pour cause de traites impayées...
11:22 | Commentaires (5)
jeudi, 01 avril 2010
Condamnés à heurts fixes...
Je dois dire que je suis soufflé par ce que je viens d’entendre à la radio.
Une dame vient de se faire signifier par la maréchaussée de son coin qu’une plainte avait été déposée à son encontre par le préfet auquel elle avait eu l’imprudence, voire l’impudence, de confier son sentiment sur ce qu’elle avait remarqué.
De quoi est-elle accusée ? D’outrage !
Aux termes d’une loi assez inique, elle risque 7500 €uros d’amende et six mois de prison.
Et pourquoi donc s’est senti outragé le préfet ?
Parce que cette dame a eu l’outrecuidance d’être choquée par le sort d’une famille d’Albanais, embarquée sans ménagement et expédiée illico en Albanie.
Comme les gamins ont été ramassés au mépris de la loi sur la scolarisation et que la dame fait partie du RESF, emportée par son indignation elle a osé écrire au préfet qu’il serait bon qu’il mette fin à ces « rafles ».
C’est ce dernier mot qui matérialise « l’outrage » auquel le préfet s’est senti soumis.
Subsiste quand même un grave problème dans ce pays (quand je dis « un » c’est évidemment une figure de style…), si les gens qui sortent de l’ENA manient aussi mal la langue que les journalistes (et paf !) et la comprennent aussi mal que le zyva de base, on est bien parti pour envoyer en taule la moitié du pays.
Un examen attentif des dictionnaires indique, pour le mot « rafle »
- « Arrestation massive, à l’improviste » dans le Robert.
- « Opération policière exécutée à l’improviste dans un lieu suspect, arrestation massive de personnes.» dans le Larousse.
Compte tenu de la culture lexicographique moyenne de la gent policière on va voir pleuvoir les plaintes pour délit d’outrage à un rythme soutenu assorties de saynètes savoureuses, du genre :
- Ouais M’sieur le juge, y m’a traité de « pédé » !
- Comment ça ?
- Il m’a dit que mes méthodes étaient éculées, je me suis senti insulté.
Evidemment, Mr le Préfet nous explique le plus sérieusement du monde que la dame « a fait allusion au régime de Vichy et aux méthodes de la Gestapo ».
Je me sens donc fondé à dire, sans vouloir outrager quelque fonctionnaire que ce soit, que si la notion d’outrage dépend, non du sens des mots, mais de l’interprétation des mots par un fonctionnaire, on est bien parti pour une interdiction totale de toute critique du pouvoir en place, quelle qu’en soit la forme.
Je me demande aussi pourquoi la loi n'autorise pas le citoyen lambda à déposer plainte pour outrage à chaque fois qu'il se fait implicitement traiter de fainéant parce que que chômeur, de fraudeur à la Sécu parce que malade ou d'escroc à la CAF parce que parent d'une nombreuse famille.
Il existerait donc, au mépris de l'égalité de tous devant la loi, un droit pour "l'élite" et un droit pour les gueux ?
Combien de temps nous sépare désormais d’une nouvelle affaire des « sections spéciales » de sinistre mémoire ?
Nous n’avons manifestement plus le droit de dire à haute voix que nous ne sommes pas d’accord. Combien de temps avant de n’avoir même pas le droit de n’être pas d’accord ?
08:29 | Commentaires (5)
vendredi, 26 mars 2010
Presque...
21:03 | Commentaires (11)