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mercredi, 24 décembre 2014

T’as d’beaux vieux, tu sais…

Je constate chaque jour que me raser améliore mon moral.
Ça me fait la peau des joues aussi douce que celle de P’Tite Sœur.
Oui lectrices chéries, c’est comme ça.
Même si, avant le rasage, je regarde avec circonspection le type mal peigné qui me fait face dans le miroir.
Après le rasage je me demande où est passé l’Apollon qui occupe normalement ma place devant le lavabo.
Ce matin, ma toilette faite, je cherche sur le séchoir. Pas un caleçon…
Je sors de la salle de bains, vêtu de ma seule innocence, un peu comme quand ma mère m’a fait.
En moins innocent...
Heure-Bleue, que j’aurais espéré plus admirative tout de même, me jette « Eh ! Qu’est-ce que tu fais là tout nu ? Tu es devant la fenêtre ! Tout le monde peut voir ta … Il n’y a plus d’arbre pour la cacher ! »
Un bref instant, un peu de la fatuité du mâle d’avant réalisme me saisit à l’idée qu’il soit besoin d’un arbre pour cacher ma… virilité.
Puis l’objectivité m’a fait frissonner en même temps que la fraîcheur.
Je me suis contenté d’attraper un caleçon dans le linge à repasser.
Un peu triste quand même.

Je me suis dit que parfois il n’y avait pas franchement de différence entre un cache-sexe et un cache-misère…

mardi, 23 décembre 2014

Le calife jusqu’à l’Ali…

Ce matin, j’ai éclaté de rire en allumant mon petit outil à bourrer le crâne.
A peine allumée la chose, je manque m’envoyer mon café sur les genoux.
Et qu’est-ce qui causa cet éclat de rire matutinal, lectrices chéries ?
Eh bien, avec le sérieux d’un pape avertissant ses ouailles que s’amuser tout seul c’est pas bien du tout, une journaliste annonce urbi et orbi « Après qu’un déséquilibré a renversé onze personnes à Nantes, Manuel Valls a convoqué une réunion interministérielle à Matignon ce matin ! »
Ce qui m’a amusé, ce n’est pas le fait qu’onze passants aient été renversés par un fondu, non.
C’est qu’il suffit qu’un type en pleine déprime et sévèrement atteint psychologiquement s’en prenne à des passants avec une voiture pour qu’un nombre indéterminé de ministres, accompagné évidemment de leur aréopage d’experts et autres chefs de cabinet daignent s’occuper de ce qui se passe dans le pays plutôt que se qui se passe ailleurs où ça ne risque pas de leur faire une mauvaise publicité.
Le fait que l’adepte du jeu de quilles vivantes se soit poignardé après un strike magistral réveille brutalement la phobie de l'islamisme de nozélites.
Certaines parlent à mots couvert de lascar « d’origine maghrébine ».
Je ris jaune parce que je commence à les connaître ainsi que leurs petits stratagèmes.

Je les vois bien mettre en avant l’Algérien pour conserver leur maroquin…

Après vous avoir sorti cette ânerie, lectrices chéries, je me sens « gai comme un Italien quand il sait qu'il aura de l'amour et du vin. »
Bon, je vois bien Heure-Bleue me calmer d'un œil noir sur un point.
Et comme elle ne supporte pas les gens éméchés...

dimanche, 21 décembre 2014

Journalistes présumés.

Où va se loger la présomption d’innocence, quand même…
A l’ouverture de mon navigateur, il m’arrive d’avoir l’attention attirée par des articulets extraits de journaux de la presse écrite.
Enfin, écrite…
Je suis souvent frappé par l’extension de la notion de présomption à des faits avérés.
Vous sortez dans la rue, les caniveaux sont gelés, la glace est présente dans toutes les flaques d’eau, le linge que vous venez de retirer du séchoir de votre balcon est raide comme la justice.
Lectrices chéries, l’une d’entre vous a-t-elle songé une seule fois à dire le « gel présumé » est arrivé ?
Quand vous avez serré votre mari, la main pleine de cacahuètes salées, vous disant « mais non mon amour chéri et tout, je ne mange pas de cacahuètes ! », vous ne lui jetez pas à la figure « Tu me prends pour une andouille ? Menteur présumé ! »
Et il y a gros à parier que le mari chéri ne répond pas un truc du genre « Voyons, lumière de mes jours, je suis présumé innocent et le fait que je me sois fait prendre en flagrant délit ne compte pas ! »
Eh bien, pour la presse si.
Du moins, si j’en crois ce que je lis.
Pour la presse, tout acte avéré, vérifié et dûment rapporté devient l’œuvre d’un « présumé auteur » dudit acte.
Un des sommets du genre vient de me sauter aux yeux avec la vigueur du pavé dans la gueule d’un flic.
Un type, manifestement peu au fait de ce que raconte le Coran, avait décidé d’entamer un jihad perso à Joué-lès-Tours. Il se précipite dans le repaire des chaussettes à clous, menace tout le monde avec un couteau, s’attaque au planton, fait de grands moulinets avec sa saccagne et finit, sous les balles de la maréchaussée, par entamer son voyage vers les houris promises, éternellement jeunes, éternellement belles.
Et surtout « éternellement vierges »,  ce qu’il n’a pas prévu car il a mal lu le Coran et là, il ne va pas s’amuser tous les jours, le « présumé agresseur  »…
Ce pauvre type, qui aurait probablement dû s’en prendre à Pôle Emploi qui l’a sûrement radié pour rendre les statistiques plus présentables, est finalement devenu un « agresseur présumé ».
Il restera « présumé » pour l’éternité puisque qu’à la mort de l’accusé, l’action publique s’éteint.
J’aurais tant aimé quant à moi, rester un « présumé contribuable ».
Je suis hélas, un « contribuable retraité ».
Que dis-je, un « contribuable maltraité »…

samedi, 20 décembre 2014

Houx la vilaine !

La note de Lakevio, muette mais expressive comme beaucoup de ses notes, me remet en mémoire des vacances de Noël chez mes grands-parents maternels.
Comme nous n’avons plus de photos depuis longtemps, au lieu comme Lakevio, de vous montrer des images, lectrices chéries, eh bien je cause…
Le sapin n’était pas de rigueur, la Nationale 7 était en travaux pour transformer une route en quasi « autostrade » comme disaient les gens du coin, dont le langage gardait des traces d’un passé encore récent.
La partie la plus chouette des préparatifs était que ma grande sœur nous emmenait, ma sœur cadette et moi, dans la forêt de Montargis toute proche pour y cueillir du houx.
Rien que le voyage était bien. Le pont du canal était vite passé mais nous nous hâtions vers le « pont de la Girafe » pour voir le Loing qui débordait de partout. Une fois passés derrière le château, on traversait les voies de chemin de fer, la nationale et on entrait dans la forêt.
Il y avait du monde dans cette forêt, à l’époque la cueillette du houx n’était pas encore interdite. Plein de gamins, des « grands », censément à la recherche de houx. Je sais maintenant quel genre de houx ils cherchaient. Ça ne manquait pas de piquant…
Ma sœur et moi jouions avec les glands de chênes. On a appris pour l’occasion qu’on les utilisait pour fabriquer de l’encre. Rien qu’à les manipuler on avait les mains pleines de taches que ma mère avait un mal fou à retirer. Si elle avait pu, elle nous aurait lavé les mains au papier de verre pour nous guérir de tripatouiller des galles de chêne.
On rentrait à la nuit tombée, ma grande sœur nous faisait allonger le pas, elle me tenait, en réalité me tirait par la main tandis que je tirais ma petite sœur par l’autre main.
Nous arrivions essoufflés et ma petite sœur, qui ne savait pas encore qu’il ne fallait jamais, au grand jamais, dire quoi que ce soit à ma mère, commençait :
- On a vu G. et A. dans la forêt !
Ma mère levait la tête de la casserole, l’air inquiétant qu’elle prenait quand elle sentait venir la nécessité de rappeler la loi de la maison.
- Et… ?
- Eh ben, ils étaient drôlement gentils avec A.
Mon père sortait de la conversation avec le cousin F. et disait :
- Quoiiii ?????
- Ben oui, ils voulaient l’embrasser, G. a même porté A. dans ses bras pour lui faire traverser les rails, quand on est rentré.
- A. ma fille ! Si je te vois encore avec ces gars là, je te fous une volée !
Ma mère s’est mise à crier :
- Toi tu ne touches pas à ma fille !
Le cousin F. a renchéri :
- Mais enfin, Gaby ! Fous-y la paix ! Tu vois bien qu’elle est « en chasse » c’te môme !
- Ouais, ben moi ce qui m’inquiète, c’est pas le chasseur, c’est le gibier, et le gibier il a une…
-
Gaaabyyy !!!!!!!!!!
Hurla ma mère.
Je me suis piqué avec le houx.
Ça a été un chouette Noël.
Je revois encore ma grande sœur sourire en douce.
Ma petite sœur avait sept ans, j’en avais huit.
Ma grande sœur avait quinze ans.
C’est plus tard que j’ai su ce que la cueillette du houx pouvait avoir de passionnant…

vendredi, 19 décembre 2014

Il y a de nombreuses demeures.

Ce titre là est pour Lakevio, pas pour Mab.
Sur le chemin de la maison de mon père.
Aujourd’hui, lectrices chéries, je vous fais rentrer du lycée par un autre chemin.
Vous savez combien gratter quelques sous était une entreprise difficile pour un gamin au début des sixties.
Surtout quand la mère du gamin savait au centime près ce que contenait son porte-monnaie.
Ma mère jugeait au poids de ce porte-monnaie combien de sous s’en étaient envolés dans qu’elle les eût sortis elle-même. Lui voler quelque chose était une tâche quasiment impossible.
J’ai d’ailleurs encore un souvenir cuisant de ma dernière tentative. Une sombre histoire de moteur électrique à financer si vous vous le rappelez…
Ne restait pour moi que la « gratte » sur les tickets de métro.
J’avais bien, comme ma grande sœur, tenté le coup des tickets de bus mais ça n’avait pas marché. A l’époque, les tickets de bus étaient de petits carnets dont le receveur distrayait un nombre de tickets proportionnel au nombre de « sections » empruntées sur la ligne. Pas folle, ma mère avait dit « Vous n’avez qu’à prendre le métro ! Quel que soit le trajet, ça ne coûte qu’un ticket ! ».
Tous nos « Ouais mais il fait beau » furent vains.
Nous n’avions pas insisté car nous savions que la prochaine réponse serait « Ben, s’il fait beau, vous n’avez qu’à aller à pieds ! C’est encore moins cher ! »
Ouaip ! Elle était comme ça, ma mère…
Ma grande sœur et moi nous nous sommes donc écrasés, nous avons frémi à l’idée que ma mère donne à ma sœur de quoi acheter un carnet et ne lui dise de partager les tickets avec moi.
Notre technique nous permettait de voyager à pied avec un peu de sous dans les poches.
Je sortais donc du lycée et passais un coup à gauche, par la place Dancourt qui ne s’appelle plus comme ça, un coup à droite en passant par la rue Ramey.
La droite du Sacré Cœur, comme la gauche, offrait plusieurs trajets qui ont rempli mes allers et mes retours entre la maison et le lycée.
La Sacré Cœur lui-même m’était trop connu et offrait peu de distractions tandis que les rues qui contournaient le jardin amenaient à d’autres bien plus riches en vitrines pleines de choses que je n’avais même pas les moyens de regarder…
Il y avait comme ça, des jours de printemps où je passais par la droite. Comme toujours, je traversais le square d’Anvers, empruntais la rue de Steinkerque et ses milliers de boutiques de « souvenirs de Paris », souvenirs consistant le plus souvent en « boules à neige » où un Sacré Cœur plongé dans de l’eau semblait sous la neige.
Je prenais ensuite à droite devant le jardin et remontais la rue Ronsard jusqu’à l’escalier qui mène à la rue Muller.
J’aimais bien la rue Ronsard, pas seulement parce qu’elle est pleine de souvenirs mais aussi parce que le côté qui jouxte le jardin est fait de « faux rochers » en ciment qui forment une falaise dont tombent les branches du vert tendre des printemps de Paris.
Une longue volée de marches vous amènerait, lectrices chéries, jusqu’à un petit carrefour où vous prendrez la première rue sur la droite, la rue Muller.
Cette rue était pleine de boutiques, j’ai acheté dans l’une d’elle des cordes de guitare pour aider ma petite sœur dans ses tentatives de devenir une idole des jeunes.
Ça a raté…
Arrivé au carrefour de la rue de Clignancourt et de la rue Ramey, je prenais la rue Ramey et je descendais jusqu’à la rue Hermel.
C’était un chouette chemin, je me rappelle un armurier qui vendait entre autres une dague de lancer. Ça coûtait une fortune, genre « Vingt nouveaux francs ». Un copain en avait une chez lui et je trouvais ça chouette parce que ça se plantait toujours. Vous n’aviez pas besoin d’être un super lanceur de couteau, ça marchait.
Il y avait aussi, quand on atteignait la mairie du XVIIIème, un marchand de bouquins d’occasion. « Vente, achat, échange » disait sa devanture. Je venais échanger les romans policiers de mon père contre des romans de science-fiction. Ça n’avait qu’un temps parce que le marchand refusait dès le troisième échange en disant « faut quand même que je gagne ma croûte ! »
Pourtant je me rappelle bien qu’il prenait trois « spécial police » ou « espionnage » contre un « anticipation ». Et je savais que mon père, qui les achetait, les payait tous au même prix…
Mais bon, il faisait beau…