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jeudi, 28 décembre 2017

La cour des contes.

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Hier soir, Tornade est arrivée à la maison.
On a l’impression que l’appartement a perdu une pièce…
Mais c’est sympa.
Je ne sais plus de quoi on parlait qui m’a rappelé quelque chose.
Je me suis fait sourire tout seul.
C’était ma troisième année chez les fous, l’avant-dernière de mes quatre années de prison .
J’avais un copain qui s’appelait Alain.
Je n’ai jamais su son prénom, Alain était son nom de famille.
Il était devenu mon « voisin de pupitre » car on nous avait séparés, mon ami Loïc et moi.
Alain était petit, très petit.
A la récré de dix heures, on jouait à une guerre quelconque entre deux bandes quand Alain fut agrippé par un ennemi.
Affolé il hurla mon nom « Le Goût ! Il va me tuer ! »
N’écoutant que mon courage, je me ruai à son secours et tentai d’attraper le poignet de « l’ennemi » en criant « Je serais toi, je ferais pas ça ! »
Même pas inquiet, « l’ennemi » osa « viens-y viens-y ! »
Je cherchai alors une réplique bien sentie.
Elle arriva sans peine, sortie de la dernière aventure de Blek le Roc que j’avais lue il y a peu, juste avant les vacances de Noël.
« Si tu lèves la main sur mon ami, je laisse tomber la mienne sur toi et elle est plus lourde que tu ne penses ! »
C’était vachement mieux que « Mille castors ! »
Bon, je ne muerais pas demain alors ça faisait moins sérieux que ça n’aurait dû mais j’ai tenté le coup.
J’aurais bien tenté une autre, lue plus loin quand Blek le Roc menace un « Tunique rouge ».
« J’ai du prurit sous mon gilet et ça me démange ! »
Mais comme je ne savais pas ce que « prurit » ça voulait dire, je ne l’ai pas dite.
On se sait jamais, dans une pension de Frères, si un mot inconnu ne va pas coûter « une heure » ou pire « une heure avec ».
Et comme par hasard, quand ce mot arrivait, on pouvait être sûr qu’une oreille « fraternelle » traînait dans les environs…
Sachant que « une heure », c’était une heure à genoux et que « une heure avec » c’était une heure à genoux sur une règle.
Ça incite à la prudence…

dimanche, 24 décembre 2017

Conte de Noël...

Le Christ se pencha vers le monde et soupira…
« Il faut y retourner, ça n’a pas marché, mon truc » se dit-il et prit donc la décision de faire ce qui lui trottait par la tête depuis un moment.
Son père tourna la tête vers lui :
« Fiston, tu vas faire une connerie ! Cette fois ci je te laisserai te démerder ! »
C’est un minimum quand on est le bon dieu de ne pas avoir à demander à son fils ce qu’il a en tête.
Il ajouta « Et ne sois pas mal poli ! » quand il entendit son fils penser « pour ce que tu m’as apporté comme aide la dernière fois… »
Marie, regarda son fils et, comme toute mère juive se dit « Il est beau mon fils ! Il n’a pas changé ! »
De fait, le Christ avait trente-trois ans depuis plus de deux mille ans maintenant.
La Vierge Marie se tourna vers le bon dieu.
« Tu ne crois pas que je devrais l’accompagner ? »  dit-elle d’un air innocent ?
Elle se disait que vraiment, ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas vu le Saint Esprit et que ça commençait à lui peser…
Le bon dieu, en bon dieu expérimenté qu’il était, savait bien que dans certains cas, faire semblant de rien était la meilleure solution et opina de l’auréole…
Après tout, c’était son anniversaire, au fiston...
Le Christ se demanda où commencer sa visite et jeta son dévolu sur la France.
Non que cette histoire de « Fille aînée de l’Eglise » l’ait convaincu mais son regard périodique sur le monde lui avait montré qu’il y avait autant de truands dans l’enceinte du Vatican que de mafieux à l’extérieur.
Et puis, les autres pays se disant chrétiens ne valaient pas vraiment plus cher que les pays qui n’avaient rien à cirer de son enseignement qui était pourtant simple :
« Aimez vous les uns les autres comme moi-même je vous ai aimés ! »
Justement, à propos d’amour, il avait été mal avisé de dire à Marie Madeleine ce « Noli me tangere » qui l’avait probablement vexée…
Rien qu’y repenser, l’idée de redescendre lui sembla vachement intéressante.
Aussitôt dit, aussitôt fait ! Hop !
La navigation étant d’une précision relative, le Christ arriva du côté de la place Victor Hugo.
Il descendit l’avenue et croisa une sorte de synagogue avec une décoration qui lui parut du plus extrême mauvais goût.
Toutes ces croix ! Ça lui rappelait un très mauvais souvenir…
Il eut une pensée peu charitable pour son père mais fut distrait par l’entrée dans l’édifice de femmes particulièrement accortes.
D’autant plus accortes que, bien que le temps fut plus frais qu’en Palestine les femmes y étaient nettement moins couvertes.
Le souvenir de Marie-Madeleine le tenailla…
« Noli me tangere »… Non mais quel con il avait été !
Il entra dans l’église, sur une espèce d’estrade perchée, un type racontait des trucs.
Il sursauta : On parlait de lui, de Jésus.
L’assistance écoutait respectueusement le type.
Le type redescendit et dit aux fidèles « Ite missa est ! »
Ça fit comme à la fin de l’école, tout le monde se rua avers la porte.
Il demanda « Où sommes-nous ? » à une dame.
« Saint Honoré d’Eylau, monsieur ! »
Comme il était jeune, bronzé et bizarrement accoutré d’une toge, la femme se détourna rapidement et dit à son voisin « Encore ces étrangers, on est envahi ! En plus ils sont pauvres, on va encore nous demander de les aider ! »
Oubliant qu’elle ne faisait rien d’autre que les boutiques et employait déjà des étrangers qu’elle oubliait de payer, elle ajouta « Ils n’ont qu’à faire comme nous, travailler ! »
Le Christ, scandalisé les suivit dehors et leur cria, exaspéré « En vérité je vous le dis, vous n’avez rien compris à mon message ! »
L’assistance fut surprise.
Un type hargneux hurla « Encore un de ces partageux ! On va régler ça tout de suite ! »
Il se dirigea vers un chantier tout proche et en revint avec deux grandes planches.
Les autres hurlèrent « Ouais ! Une croix ! »
Ils le reclouèrent en hurlant « Communiste ! Gauchiste ! Assisté ! »
Le bon dieu le vit arriver et dit platement « Je te l’avais bien dit que c’était une connerie ! J’aurais dû te prévenir, fiston, c’est eux qui m’ont créé… Ils auraient dû se cantonner à la roue et au tire-bouchon… »
Marie, revenue en pleine forme de son voyage et ravie de sa rencontre avec un Saint-Esprit récent lui dit « Allez viens, raconte tes malheurs à maman… »

samedi, 23 décembre 2017

Dans la rue d'Amsterdam...

Longtemps je me suis couché de bonne heure et la lumière à peine éteinte…
Hier matin, en revanche, je me suis levé de bonne heure pour aller « faire Père Noël » dans l’école maternelle que P’tite Sœur honore de sa présence.
Me lever tôt ne me dérange pas et j’ai gardé l’habitude de me réveiller quelques minutes avant la sonnerie chargée de le faire.
Hélas, Moitié Chérie se réveille dès que je ne suis plus à son côté.
Bien que j’aie pensé à fermer doucement la porte de la chambre, à peine arrivé dans la cuisine, j’entends « Miiiinouuuu ! Où es tu ? Miiinouuu !! »
Alors je vais rassurer la lumière de mes jours et je prépare deux petits déjeuners alors que je pensais n’en avoir qu’un à faire.
Le mien !
Je me suis préparé et suis parti joyeux pour des courses lointaines comme dit machin.
Il faisait nuit, j’ai remonté tranquillement la rue Lamarck jusqu’à l’arrêt du 95.
Je ne l’ai pas attendu longtemps et il n’était pas si peuplé que je le craignais.
La température était douce et la circulation déjà très dense.
J’ai admiré la rue d’Amsterdam qui me mène à Saint Lazare.
C’était absolument magnifique, toute la rue était un immense arbre de Noël.
Elle flamboyait de couleurs diverses.
Les lumignons bleus  des voitures de police clignotaient, tout comme les feux oranges des camionnettes de livraison.
Les boutiques ouvraient et allumaient leurs vitrines, les pharmacies clignotaient de toutes leurs croix vertes.
Avec les reflets des feux de croisement des voitures et leurs « stops » toutes ces lumières faisaient du départ au boulot une fête.
Enfin, surtout pour le retraité dans le bus, pour le type qui « va au charbon » je suis moins sûr…
Tout aurait été parfait si je n’étais arrivé à l’école maternelle sous un crachin pénétrant.
La dame de l’entrée est toujours là.
Je la connais depuis que je suis venu chercher Merveille la première fois il y a sept ans et est toujours gentille avec « ses p’tits ».
J’ai passé l’habit qui réussissait à être à la fois idoine, adéquat et à ma taille puis « Madame la Directrice » –oui il y a encore « Madame la Directrice »- accompagnée de deux « Mères Noël » m’a traîné de classe en classe.
« Madame le Directrice » m’a enjoint de rester dans le couloir quand il a fallu entrer dans la classe de P’tite Sœur car ma barbe de Père Noël, dont l’élastique est usé depuis toujours, ne tient pas et dévoile ce visage angélique que certaines connaissent déjà.
Ces enfants sont plus calmes que la dernière fois où j’avais « fait Père Noël ».
Mais les chocolats étaient beaucoup moins profus.
Il faut croire que la hausse du pouvoir d’achat ne touche pas tout le monde…
Il fallait en donner un à chaque enfant.
J’ai tendu de petites lettres en disant le prénom de chacun sur l’enveloppe.
J’ai dû affronter le regard surpris de certains quand je refusais de lâcher l’enveloppe.
Il me fallait dire « Et le mot magique ? Hmmm ? »
J’ai eu chaque fois un « Merci » et un sourire.
Quand ils sont comme ça, on en aurait quinze.
La seule chose qui assombrit le moral en sortant c’est de voir à la sortie du collège en face ce qu’ils risquent de devenir…
On dirait bien qu’on en fait plus des « enfants durs » que des « enfants solides »…
Mais c’était très chouette.
Et « Madame le Directrice » m’a donné un des chocolats des enfants.
Ce matin, la lumière de mes jours m’apprend que le summum de la branchitude est « le pull moche ».
Me rappelant le « pull à taches » bleu layette, je peux donc vous l’affirmer en cette période de Noël.
Oui lectrices chéries, Heure-Bleue est « hype » !

vendredi, 22 décembre 2017

Petit papa Noël, quand tu descendras du train.

Bon, je pars à l’école maternelle de P’tite Sœur faire mon boulot de « papy de masse »…
J’espère que pas un de ces gosses n’aura l’idée saugrenue de s’asseoir sur mes genoux parce que par les temps qui courent…
De nos jours, un type déguisé au milieu d’enfants et de jeunes femmes, ça a vite fait d’éveiller des soupçons…

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jeudi, 21 décembre 2017

Le logique et les tiques…

Mon père, qui n’était pas un ange, était tout de même quelqu’un de plutôt gentil et patient.
Évidemment, quand on lui marchait sur les pieds, il faisait preuve d’un sens de l’humour qui ne plaisait pas toujours.
Mais il pouvait, quand on le gonflait trop, se montrer particulièrement féroce. 
S’il n’aimait pas les gens, il était « mi-figue mi-raisin » mais si l’occasion se présentait d’un « mot », il ne pouvait s’empêcher de l’ouvrir.
Il est heureux qu’il ait eu plutôt un caractère à aimer les gens qu’à les détester sinon il serait probablement mort des décennies plus tôt.
En une occasion, comme ça, il réussit à faire honte à ma mère et à se débarrasser d’une dame qui passait à la maison voir ma mère et dont il supportait mal la présence.
Il accueillait volontiers notre voisin et sa femme.
Le voisin passait le soir pour lui jouer une scène courante dans les étages de l’immeuble.
- Dis donc, Gaby, t’aurais pas une … 
- Je sais, t’as oublié les tiennes dans ton placard au travail…
- Comment tu sais ?
- Bon, deux « Balto », ça te va ?
- Une seule !
- Et celle d’après dîner ?
- Bon... Je te rends ça…
- Je sais, samedi soir…
De même, mes parents étaient content d’avoir à table « Monsieur Seuillet » et sa femme.
Même si ma mère devait surveiller mon père qui restait en costume pour le repas.
Hélas, mon père ne supportait pas Madame C.
Personne ne connaissait « Monsieur C. » jusqu’au jour où ma mère invita Monsieur et Madame C. à déjeuner un dimanche midi.
J’avais vu plusieurs fois Madame C.
C’était une dame plus que corpulente, soufflant à chaque pas et débordant de tous ses habits et trouvant à redire sur à peu près tout ce qu’elle voyait dans la maison.
Je ne sais pas pourquoi ma mère la voyait régulièrement et aujourd’hui je me demande si elle n’avait pas souhaité que mon père l’en débarrasse…
« Lemmy » avait beau faire preuve de patience pour faire plaisir à « Ma poule », il y eut Madame C. une fois de trop.
Ce dimanche là, ils frappèrent à la porte.
Ma mère se précipita et ouvrit.
Elle revint dans « la grande pièce » suivie de Monsieur et Madame C.
Elle formait avec Monsieur C. un couple genre « Hercule et Doucette ».
Ma mère les présenta à mon père.
- Voilà, Lemmy, Monsieur C. et sa moitié.
Mon père les regarda, resta un moment silencieux et dit à ma mère :
- Tu es sûre de savoir qui est la moitié de l’autre ? »
Madame C. fut scandalisée, lui se tut.
Ils partirent en silence.
« Lemmy » redevint « Gaby » pour plusieurs jours…
Je n’ai jamais revu Madame C.
Pourtant mon père était un vrai gentil, je vous l’assure…