jeudi, 09 novembre 2017
Sexe à piles...
Hier, nous avons vu « Oudemia »
J’ai pensé un instant que nous verrions peut-être un Ulysse transgenre mais non.
Nous fîmes connaissance d’une Pénélope sans tapisserie.
En fait, j’ai eu du pot dans cette affaire parce que le plus qualifié pour être Polyphème, c’est quand même moi.
« Oudemia » a grandi dans un quartier voisin de celui où j’ai grandi.
Le « feeling » a bien fait son travail puisque nous nous sommes tous reconnus immédiatement.
Enfin presque.
« Oudemia » a dit avoir reconnu Heure-Bleue immédiatement mais pas moi.
Une des rares photos de moi sur mon blog datant de 2001, j’en ai déduit que votre Goût adoré avait pris un sacré coup de vieux…
Heure-Bleue et moi eûmes finalement une journée bien remplie.
Nous papotâmes avec notre nouvelle connaissance jusque vers cinq heures de l’après-midi devant des cafés puis nous sommes repartis tous trois vers la place de Clichy en passant par l’avenue Trudaine.
Deux choses m’ont surpris devant « mon » lycée : La porte, dévastée par un incendie allumé pour montrer l’inquiétude des élèves devant une modif du Code du Travail qui n’allait pas les concerner demain, a été entièrement refaite.
C’est la même que quand j’allais au lycée mais en moins patiné quand même…
Et puis, autre surprise, j’ai appris par voie d’affichage réglementaire que le bâtiment préfabriqué construit à l’intérieur du lycée allait être enlevé.
Dans les cours de ce lycée, je n’avais jamais vu autre chose que des gamins et des « pions »…
Ça m’a remonté un moral entamé par la promesse que la retraite des cadres, non seulement n’allait être revalorisée mais qu’elle avait de bonnes chances d’être rognée par les soubresauts de la Bourse plus vite que par l’inflation.
C’est donc d’un pas allègre que nous avons remonté la rue des Martyrs, sommes passés devant la cité Malesherbes, oui c’est là qu’est né Johnny Halliday, et sommes passés ensuite devant des tas de boutiques qui vendent aux dames de quoi se consoler de la maladresse des hommes.
J’y ai vu là des outils dont l’usage ne sautait pas aux yeux immédiatement.
Et pour cause, ce n’était pas fait pour les yeux…
Il y a aussi des outils pour les messieurs mais il m’a semblé que c’était pour des hommes qui ne savent pas que normalement, « c’est mieux à deux ».
Nous avons clos la journée au restaurant avec Tornade dont nous avons fêté l’anniversaire.
Oui, hier elle a eu… Euh…
Bon, moins que nous.
Et nous avons conclu la journée par une promenade digestive qui nous a ramenés à la maison.
Je vous assure que ce fut une chouette journée, lectrices chéries……
09:55 | Commentaires (14)
lundi, 06 novembre 2017
Les mains sales...
« Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail. »
À y réfléchir, ça n’a aucune importance et je me demande bien pourquoi elle m’a dit ça.
Peut-être pour me faire sentir que « quand même, le boulevard Raspail, c’est autre chose que cette piaule qui fait face à un mur de briques ».
Il est vrai que ma chambre, étonnamment bien rangée pour l’occasion, donnait à la scène un côté « Fenêtre sur cour » pas piqué des vers.
Elle continua à parler mais je n’écoutais pas, trop occupé à la regarder.
Un moment pourtant, une phrase attira mon attention :
« Elle m’habillait le matin, me déshabillait le soir et dormait dans la même chambre que moi. »
« Elle »… Pourquoi « elle » ?
J’ai cru qu’elle parlait de moi mais non, elle racontait son enfance.
Je la regardais et j’étais assez heureux qu’elle en soit sortie car j’en trouvais le résultat magnifique.
« Une tête bien faite » sur un corps qui ne l’était pas moins.
Dire qu’il y a peu, il pensait encore « Quelque part en France, il y avait une jeune fille claire… »
Il ajouta en pensée une autre ânerie, il lui dirait « tu es à moi ! ».
Bref, il avait rêvé une niaiserie alors qu’aujourd’hui il admirait celle qui, devant la fenêtre lui racontait ce qu’elle était.
Il se demanda un instant s’il était vraiment un homme ou s’il lui manquait quelque chose pour faire plus sérieux.
S’il voulait continuer à la voir « s’habiller le matin » et la voir « se déshabiller le soir et dormir » avec lui, il lui fallait devenir un mec, un vrai.
Un dont on dirait plus tard que tout petit déjà, « on savait qu’on assistait à l’enfance d’un chef. »
Voilà ! Je vais laisser pousser ma moustache, décida-t-il.
09:51 | Commentaires (15)
dimanche, 05 novembre 2017
Sur la mère calmée…
De rien, Madame Butterfly, de rien...
La note de Coumarine me remet en mémoire une pièce, un « stand up » auquel mes sœurs et moi assistâmes moult fois.
L’amiante avait fini par avoir raison de notre père en 1988, après ce qui ressembla à quelques semaines de noyade ininterrompue.
Le truc horrible.
De ce jour, ma mère nous servit à chaque visite, et elles furent nombreuses, une pièce dont nous connaissons encore les répliques par cœur.
Hormis les scènes régulièrement adaptées à la situation, comme il se doit dans tout bon « one woman show », le thème en était stable.
Il y avait évidemment l’insomnie permanente mais indiscernable dont souffrait ma mère.
J’arrivais pour la voir vers quatre heures de l’après-midi, supposant que « sa petite sieste » serait terminée.
Je sonnais.
Je re-sonnais et ça durait un bon quart d’heure.
Je repartais et j’appelais un téléphone qui restait désespérément muet après des minutes de sonneries.
J’y retournais, un peu inquiet les premières fois, moins les fois suivantes.
Je frappais comme un sourd à la porte.
Vers cinq heures et demie, ma mère ouvrait, affolée.
- Tu m’as fait peur mon fils ! Qu’est-ce qui se passe ?
- Tu dormais, ça fait longtemps que je t’appelle !
- Ah ! Si tu savais ! Je n’ai pas fermé l’œil depuis…
Depuis deux jours, depuis une semaine, depuis la mort de ton père, depuis… Depuis toujours…
Elle me faisait alors entrer et s’asseyait.
- Tu veux que je te fasse un café, maman ?
- Oui mon fils, il n’y a plus que toi qui sais me le faire.
Je savais qu’elle disait ça à mes sœurs.
Nous savions tous lui faire ce café filtre qu’elle adorait –et moi aussi- une espèce de goudron dont deux gouttes dans un bol de lait auraient privé de sommeil un régiment d’ais.
La lumière de mes jours en but une fois, elle ne dormit pas de la nuit.
La première gorgée avalée, le « stand up » reprenait après un court entracte.
- Tu sais, mon fils, je ne sais pas si je serais encore là à Noël.
Ça, c’était si on était à mi-décembre, sinon, c’était la semaine prochaine, à la Toussaint, à Pâques, aux vacances…
Je connaissais la suite.
Invariable.
Voix mourante :
- Je me fais du souci, tu sais, mon fils…
- Pourquoi maman ?
- Je ne sais pas ce que vous allez devenir quand je ne serai plus là…
- Oh, on ne t’oubliera pas !
- C’est ça ! Fous-toi de moi ! Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu pour avoir des enfants pareils !
- Mais non, maman…
- Mais je me fais du souci… Qu’allez-vous devenir ?
Ben on vit, maman, on vit…
10:19 | Commentaires (10)
samedi, 04 novembre 2017
Il y a des jours où le sort, ça charme…
Il y a des jours comme ça…
Hier, nous sommes allés retrouver une amie près du Sacré Cœur.
Ce fut sympa.
On a juste, les uns et les autres, dit du mal de nos enfants et de leur égoïsme.
Évidemment, on s’est d’abord étonné.
Comme eux, nous n’avons pas été angéliques mais au moins nous avons évité de parler à nos parents comme nos enfants nous parlent.
On pensait naïvement que le fameux « dialogue » serait plus efficace que le style « bagne de l’île de Ré » et les taloches pour leur apprendre qu’on évite de parler à sa mère comme à un chien.
Et pourtant, que ce soit notre amie, Heure-Bleue ou votre serviteur, il y eut des jours où on aurait volontiers piétiné les auteurs de nos jours.
Mais ça ne se faisait pas.
On trouvait ça dommage par moment mais on s’y était fait.
L’après-midi fut délicieux, surtout après une matinée où j’eus quelques échanges bizarres avec quelqu’un d’autre avec qui je me pensais pourtant en bons termes.
Ça m’avait même amené à me demander si, en cette époque lénifiante où la « political correctness » frappe à tous les étages, on pouvait simplement être d’accord avec des mots différents ou avoir un regard différent sur certains évènements.
Sans même qu’il y eut désaccord, quelques phrases furent échangées dans une ambiance désagréable.
L’ambiance de m… où la moindre tentative de dialogue entraîne quelque chose du genre :
- Tiens, elle est chouette ta chemise !
- Qu’est-ce que ça peut te foutre ? T’es designer ?
Bref, le genre d’échange où on est heureux que d’avoir un caractère plutôt zen.
Surtout si on veut éviter de déclencher la troisième guerre mondiale sur une remarque aussi anodine que « tiens, il n’a pas fait froid aujourd’hui… »
Heureusement, les « express serrés » de l’après-midi étaient délicieux et le mastroquet aimable.
Pendant qu’Heure-Bleue et notre amie papotaient tranquillement je suis allé faire le marché.
Un marché petit mais très chouette que celui du vendredi après-midi au square d’Anvers.
Une vue imprenable sur la rue Turgot face à moi.
Une autre vue sur le lycée Jacques Decour à ma droite.
Il me semble que je vous ai déjà parlé de la rue Turgot et du lycée Jacques Decour…
J’en ai ramené des roses qui se sont miraculeusement ouvertes et du Saint-Amour qui s’est révélé porter honorablement son nom.
Il y a des choses, comme ça, qui aident à relativiser les petites contrariétés et c’est parfait.
Nous ne sommes ni l’un ni l’autre, loin de « notre coin préféré ».
Celui d’Heure-Bleue un peu au sud-ouest, le mien un peu au sud-est.
À moins d’une demi-heure de promenade.
Nous sommes donc revenus à pied à la maison et ça, c’est inestimable.
Comme dit la lumière de mes jours « c’était bien »…
10:08 | Commentaires (12)
jeudi, 02 novembre 2017
Le vertige fasse Ovide !
De rien Mab, de rien…
Aujourd’hui, ignorant de L’Art d’aimer, je ferai de la publicité, histoire d’achever mes métamorphoses.
Je ne vous parlerai donc pas des Amours, pour ne pas vous parler des Remèdes à l’amour.
Je me satisferai des Tristes Fastes des Fards mais ne vous parlerai pas des Soins du visage.
Tout ça pour vous dire que TC, le bienaimé de Milky est l’heureux et courageux éditeur de la nouvelle traduction des Métamorphoses d’Ovide.
Ce souvenir à la fois doux et amer de mes années studieuses.
Année de quatrième où on nous annonça qu’une œuvre immortelle d’Ovide nous serait enseignée et nous pourrirait nos jeudis soirs et dimanches soirs de thèmes et versions diverses.
Accompagné d’une bande de gamins obsédés, comme eux je rêvai d’une étude approfondie de « L’Art d’aimer ».
Comme mes camarades obsédés, je fus terriblement déçu de devoir piocher des morceaux des Métamorphoses dans le Morisset-Thévenot et le petit fascicule Hatier.
Voilà tout ce que m’a inspiré la vitrine de la librairie « Comme un Roman », rue de Bretagne.
Mais c’est quand même agréable de constater que la vitrine d’une librairie vous rappelle une amie et vous fasse rajeunir la cervelle de plus de cinquante ans.
Alors qu’il est si facile d’oublier ses parents et qu’il est impossible de rajeunir un genou, ne serait-ce que de vingt ans…
10:58 | Commentaires (12)