mardi, 27 février 2018
Les guignols de l'info...
Lectrices chéries !
J’en ai entendu une bien bonne ce matin.
Vous savez ce que m’a craché le petit poste qui me truque les nouvelles du monde ?
Quand j’ai entendu ça, j’ai failli m’envoyer mon café sur les genoux.
Eh bien figurez-vous lectrices chéries, que si les piafs se raréfient c’est à cause des chats.
Oui ! Nous aurions trop de chats en France !
Bon, je sais que le greffier est un redoutable prédateur de piafs.
Mais tout de même, je me demande si ce n’est pas de « l’agit-prop » qui aurait pris sa source dans les bureaux de la présidence de la FNSEA…
Près de 80% des piafs ont disparu après quelques décennies de dispersion de milliers de tonnes de produits phytosanitaires dans les champs et les jardins.
Et aujourd’hui, alors qu’on se désole de ne plus entendre les pioupious des oiseaux dès que les jours allongent, on nous assène avec le plus grand sérieux que c’est à cause de ce féroce prédateur qu’est le chat.
Le pire est que ça n’a pas l’air d’étonner plus que ça le journaliste qui nous l’annonce en même temps que la présence de quelques millions de chats dans notre pays.
Il doit avoir un chien, le journaliste.
S’il avait un chat, il saurait qu’à part un incendie dans le salon, rien ne le ferait sortir de son canapé préféré.
Surtout pas la perspective d’attraper un piaf en courant sur un sol gelé et s’élancer juste pour voir le moineau décoller…
J’en avais entendu de drôles pour expliquer pourquoi nous n’étions jamais responsables des malheurs qui nous frappent et dont nous sommes généralement la cause.
Mais là, je suis quand même sans voix.
Accuser les chats d’avoir exterminé les oiseaux alors qu’on a tué à coup de pesticides leur nourriture préférée au point que 80% d’entre eux ont disparu, faut être gonflé.
Après ça, comment voulez-vous être surpris qu’on vote pour des politiciens qui nous racontent les carabistouilles les plus improbables qui soient ?
« Les chats sont responsables de la raréfaction des oiseaux » !
Pfff… « Des fois tu t’demandes » comme disait Coluche…
10:01 | Commentaires (21)
lundi, 26 février 2018
Classique, la rousse...
Cette toile ne m’inspire pas mais je fais un effort pour Emilia-Celina, Praline, Delia, Heure-Bleue, Pivoine et toutes les lectrices chéries qui pensaient comme elles.
La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide.
Je le sais, il me l’avait dit bien avant de me la présenter.
Plus tard, quand je l’ai vue, elle ne m’a pas frappé particulièrement jusqu’au moment où elle a souri.
Elle avait un de ces visages sérieux qu’un sourire transfigure, éteint le soleil et éclaire la rue.
Mais laide… Sacré Aurélien, va !
Il y a des jours où je me demande s’il a des yeux Aurélien.
Ce jour là, je me rappelle qu’il me l’avait présentée d’un léger « Bérénice, une copine. »
C’est ce jour là que j’ai été frappé par son sourire.
Aurélien m’avait pris par le bras et dit à Bérénice « Et voilà Titus, dont je t’ai parlé… »
Elle ne l’a pas cru.
Elle m’a souri, ce sourire là et dit « Non ! Ta mère t’a appelé Titus ? »
Et elle a eu ce mouvement de tête que j’ai trouvé merveilleux de grâce.
Nous avons tous trois fini l’après-midi autour de cafés au Nemours.
C’est en sortant que j’ai dit « Si vous n’avez pas peur que ça finisse en tragédie, on pourra renouveler l’expérience… »
Je savais bien que ça ne pouvait pas finir en tragédie et pas plus en comédie...
Ça n’a pas fini en tragédie.
Mais comment diable a-t-il pu trouver laide une fille comme ça ?
Mon dieu ! S’il la voyait là, devant sa psyché…
Je la regarde et je sais qu’elle me fait languir exprès.
Qu’elle fait semblant de mettre de l’ordre dans ses cheveux.
S’il ne s’agissait que de ça, elle n’avait pas besoin de découvrir autant ses épaules.
Je sais qu’elle dégage son cou exprès.
Et encore…
Ce n’est pas la fin de cette danse quasi immobile.
J’attends, je sais qu’il va arriver.
Ce mouvement des deux mains derrière sa tête pour relever sa chevelure.
Je n’ai jamais su comment elle faisait pour que ce geste délicat et élégant soit un appel.
Une demande du genre « Et si tu venais poser doucement tes lèvres sur mon cou ? »
Je sais bien comment commencent ces choses là.
Ça commence de façon muette.
Seulement la tête qui se penche un peu plus dès le premier contact.
Puis le premier frisson arrive et elle hausse les épaules.
Puis les resserre vers l’avant en soupirant d’aise.
Elle dit que ça lui fait comme des gouttes chaudes de bonheur sur la peau.
Elle dit aussi qu’il lui pleut dans le cou une averse de bonheur.
Ça fait comme les enfants avec les bonbons quand leur mère dit « Encore un mais c’est tout ! »
Elle aussi dit chaque fois « Encore un mais c’est tout ! » mais penche encore plus la tête pour qu’il y en ait plus et que je recommence.
Or justement j’aime son cou.
Et c’est parfait car elle aime que j’embrasse son cou.
Tout son cou.
Alors souvent la chaise se renverse.
C’était finalement une bonne idée que ce tapis devant la psyché…
07:59 | Commentaires (17)
vendredi, 23 février 2018
J’ai du gel partout sur la peau.
Lectrices chéries, j’ai une information toute fraîche à vous donner.
Même avec un caleçon, l’innocence et la probité candide ne tiennent pas très chaud.
Ce qui n’est pas le cas des préjugés et du confort intellectuel, c’est bien connu.
Que je vous dise, lectrices chéries, « il fait froid sa mère ! » comme disent les mômes de la porte Montmartre qui n’ont pas eu la chance d’être menés à la schlague pendant les leçons de français…
Bref, en me levant ce matin, mon premier réflexe n’a pas été de préparer les petits déjeuners.
Même pas de faire pipi.
D’ailleurs les quelques mâles de mon lectorat connaissent bien ce phénomène du bidule si recroquevillé qu’on a l’impression d’être revenu à l’âge de six ans, le truc qui essaie de rentrer à l’intérieur de son propre ventre au lieu de… bref.
Non, mon premier réflexe a été de me recoucher.
Hélas, trois fois hélas, un SMS m’a poussé à rappeler l’émettrice du SMS pour tenter de la consoler.
Évidemment, je n’ai pas réussi tout de suite.
Il m’a fallu au moins cinq minutes pour penser que j’avais réussi à la faire sourire.
N’empêche, essayez donc de téléphoner d’une voix dégagée voire enjouée quand vous portez un maigre caleçon pour tout vêtement et qu’il fait 12°C dans la maison.
Essayez donc d’avoir l’air gai quand vous vous demandez si votre interlocutrice entend vos dents claquer.
J’ai fini par allumer le chauffage et préparer les petits déjeuners.
Malheureusement, je sais qu’il va falloir affronter le blizzard.
Le pire des blizzards, celui qui fait semblant de rien à coups de ciel bleu et de temps calme.
Il fait comme dans un congélateur mais avec du soleil.
Voilà.
Je me demande si je ne vais pas me recoucher…
Mais il n’y a pas que de mauvaises nouvelles : Une de mes lectrices chéries attend un bébé.
Moi qui en ai un de quarante-cinq ans, je n’ai pas osé lui dire que le piège, c’est que c’est comme le mariage, un repas dont le hors d’œuvre est plus sucré que le dessert…
11:08 | Commentaires (18)
mardi, 20 février 2018
Paris gagné !
Mais non ! Ce ne sont pas les malfaisants qui me manquaient !
Même si en croiser de temps à autre ne me gêne pas plus que ça, sinon qu’aurais-je à vous raconter, lectrices chéries ?
Non, non, ce qui me manquait, ce ne sont ni l’odeur d’essence ni l’odeur d’égout qui sort parfois des grilles de la rue, ça, on le sent partout.
Ce qui me manquait, ce sont les gens, les rues et la lumière si particulière de Paris.
Celle qui change totalement selon que l’on est à l’ouest, l’est, le nord ou le sud.
Lectrices chéries, je suis presque sûr que peu d’entre vous n’avez remarqué combien la lumière peut être variée sur une surface aussi réduite.
Paris est une ville petite, comparée aux autres capitales européennes, seule La Haye est plus petite, et de très peu.
Malgré cela, Paris est une ville extrêmement variée.
Autant que Londres par exemple qui a besoin de quinze fois plus de km² pour être aussi variée.
Et puis, je vais vous dire, lectrices chéries, à part quelques pays de l’Est, je me suis promené dans quasiment tous les pays de l’hémisphère nord mais nulle part je n’ai trouvé de ville, sauf peut-être New-York, Berlin, Bruxelles, Londres ou Rome où un Parisien pourrait vivre.
Bon d’accord, on peut vivre ailleurs qu’à Paris, mais sauf les capitales européennes, franchement, vous voyez quoi, à part New-York et San-Francisco ?
Néanmoins, pour votre serviteur, aucune autre ville ne sera aussi riche en souvenirs, bons ou mauvais.
Aucune ne fera qu’en regardant un coin de rue sous un angle particulier ne me fera rater un battement de cœur.
Aucune ne me fera ressentir cette sensation de « gargoziau serré » devant certains bâtiments ni ne me fera revivre des promenades comme Paris.
Ceux qui n’ont jamais descendu la rue de la Montagne Sainte Geneviève, de Polytechnique au boulevard Saint Germain, ne peuvent pas savoir.
Pas plus que ceux qui n’ont jamais profité des bancs du Jardin des Plantes pour se foutre du regard oblique des passants honnêtes.
Jusqu’à présent, sauf rares éclipses, j’ai toujours été un usager de la RATP.
Si vous saviez combien je suis heureux de l’être redevenu avant d’être « un usagé de la RATP »…
Alors, dites-moi, lectrices chéries, qu’est-ce qui aurait pu me forcer à vivre ailleurs qu’à Paris ?
Je vous en dirai plus quand le temps sera revenu du printemps à Paris.
10:44 | Commentaires (14)
lundi, 19 février 2018
Valse triste…
Ça faisait longtemps que je n’étais pas allé là-bas.
Dans ce recoin du Xème.
Quand j’allais là-bas, je passais toujours par cet étroit passage qui reliait la rue du Faubourg Saint Martin à la rue du Faubourg Saint Denis et traversait le boulevard de Strasbourg.
J’aimais passer par le passage du Désir.
« Passage du Désir » me semblait le plus beau nom qui soit pour entrer dans un autre monde.
Je retournais là-bas de temps en temps, sans oser franchir la porte.
J’y suis allé une fois encore, contre toute raison.
Dans la lumière blafarde des réverbères, la rue ne montrait plus la trace des années enfuies.
La buée de mon souffle qui modifiait la lumière du soir rendait plausible l’arrêt du temps dans ce quartier.
Le café où j’allais avant, bien avant, éclairait encore le trottoir.
Quelques portes plus loin je suis arrivé devant l’immeuble.
La porte qui donnait sur la rue n’était pas close.
Il n’y avait plus de concierge mais pas encore de ces claviers prévus pour repousser l’étranger.
J’ai poussé la porte pour entrer dans le sombre couloir qui menait à l’escalier.
Boyau aussi sombre qu’il l’était avant.
Avant… Quand c’était avant…
J’ai monté quelques marches.
Je n’ai pas eu besoin de la minuterie.
Rien qu’à poser le pied dessus, je reconnaissais chaque marche, chaque fente du bois.
Rien n’avait changé, j’en étais sûr malgré l’obscurité.
La fenêtre palière qui s’ouvrait sur la cour éclairait chichement mais suffisamment l’escalier.
Mon souffle est devenu contraint au fur et à mesure que je gravissais les degrés de bois.
Arrivé au premier étage, je me suis arrêté.
Ce n’était pas tant pour reprendre mon souffle que pour calmer les battements de mon cœur.
Puis j’ai repris lentement mon chemin.
Je me suis arrêté au deuxième étage et j’ai attendu.
Je me suis assis sur une des marches qui menaient au troisième étage.
Pas un bruit derrière la porte.
Un long moment s’est écoulé puis la minuterie s’est allumée.
Alors je me suis levé.
Un homme est arrivé qui s’est arrêté devant la porte et a sorti ses clefs.
Il m’a vu et a lâché peu aimablement « Oui ? Vous cherchez quelqu’un ? »
J’ai demandé « Madame A. habite toujours là ? »
Il m’a regardé et dit « Mais vous venez d’où ? D’après les voisins elle est morte depuis plus de dix ans ! »
Il a sorti la clef de la serrure et est rentré chez…
Chez qui ?
Chez lui ?
Alors que c’était chez Elle !
Alors je redescendu et, arrivé en bas je me suis adossé au mur du sombre couloir et me suis mis à pleurer…
J’ai séché mes yeux avec ma manche.
Je passerai encore par le passage du Désir.
Je sais que je reviendrai et qu’elle ne sera pas morte...
08:56 | Commentaires (18)