jeudi, 14 décembre 2017
J’avais un jean tonique !
De rien Mab, de rien...
Les infos viennent de finir.
La publicité arrive, que l’on regarde distraitement.
L'image d’une américaine ou d’une australienne, bref une anglophone quelconque, envahit l’écran et susurre « And you ? »
Puis, image suivante :
« And you, what would you do for love? »
Au lieu de me taire, je soupire :
- Au bout monde…
Aussitôt, la lumière de mes jours, intéressée :
- Et toi Minou, jusqu’où irais tu par amour pour moi ?
- Où tu veux ma Mine, où tu veux… Vraiment…
- Alors on va à la FNAC demain ?
Bon… On va aller à la FNAC alors…
Elle a gagné, comme toujours...
Si après ça on croit encore que les mecs ne sont pas prêts à tout pour la nana qui a ravi leur palpitant, c’est à désespérer de tout…
Puis je me rappelle notre allure dans nos « Newman ».
C’est sûrement pour ça…
De toute façon, c’est plus la mode, alors…
07:12 | Commentaires (8)
mercredi, 13 décembre 2017
Le 22 décembre, pour moi c’est nez bulleux…
Tous les jours, depuis deux mois, je me réveille en me disant « Youpee ! On va aller à Paris ! »
Puis je me réveille pour de bon et je me dis « Youpee ! Je suis à Paris ! »
Je vais à la cuisine, il fait presque jour et chaque fois je m’émerveille.
La lumière du jour dans ce quartier est la même que celle de mon enfance.
Celle qui éclaire Montmartre et est célèbre dans le monde entier.
Cette lumière, quand il fait beau, est la même que celle qui éclairait « la grande pièce » de notre minuscule appartement.
Celui où j’ai laissé un œil un jour peu avant Noël.
C’était le temps où je pensais qu’en Amérique il faisait toujours soleil.
Le temps où je tenais mes informations des « western » que je regardais avec avidité quand mon père m’emmenait au cinéma.
Bon, après avoir passé dix-huit mois à Portland, celui de l’Oregon, là où il pleut trois-cent-vingt jours par an, je sais qu’il ne fait pas toujours beau dans l’Ouest sauvage.
Pour m’être gelé à Detroit et New-York pendant longtemps, je sais aussi que le soleil ne chauffe pas partout chez les cow-boys.
Et je ne vous parlerai pas d’ailleurs dans l’hémisphère nord où je ne sais pourquoi j’allais toujours traîner au moment où il fait « un temps de mince » comme dit Merveille.
Consolé de la perte d’une de mes nombreuses illusions, je suis aujourd’hui heureux de vivre dans un endroit où Heure-Bleue se plaît, aime le quartier et l’arpente avec plaisir.
Je suis aussi heureux de vivre dans un quartier où la nostalgie n’a pas lieu d’être puisque je perds entre cinquante et soixante ans à chaque promenade.
Bon, je les récupère à la fin de la promenade mais rien n’est parfait en ce bas monde...
Bref, bien que le malheur soit à la mode ces temps-ci, je suis satisfait de mon sort.
Je préférerais qu’il en aille ainsi pour tous ceux que je connais et même ceux que je ne connais pas.
Hélas, je n’ai pas de moyen d’action sur la marche du monde.
Mais je fais sans.
Il n’est pas si facile d’être un homme, pas plus qu’une femme.
Mais si on parvient à être ne serait-ce qu’une épaule, une oreille et une main secourable, c’est un début.
C’est déjà presque comme si on avait un cœur, non ?
À part ça, je me suis encore fait avoir.
Vendredi en huit je suis vivement convié à aller refaire le Père Noël à la maternelle de P’tite Sœur, là où j’avais déjà joué ce rôle quand Merveille y était.
Franchement, si ce n'était pas pour P’tite Sœur et parce que je l’ai fait pour Merveille...
Il va encore falloir surveiller les petits qui vont tenter de faire des stocks de bonbons.
Je ne sais toujours pas si c’est pour les manger ou les revendre à leurs camarades de cour de récréation…
07:32 | Commentaires (12)
lundi, 11 décembre 2017
Enfant de cœur...
Ils m’énervent !
Mais qu’est-ce qu’ils m’énervent.
Surtout elle.
Accrochée à lui comme si c’était la bouée qui va la sauver de tout…
Non mais quelle conne !
Qu’est-ce qu’elle croit ?
Rien qu’à regarder son air con à lui, l’air béat du mec qui vient de pécho, je sais que dès qu’il l’aura sautée il cherchera un autre plumard où danser…
Je le sais, il me regarde déjà, s’il savait...
Bon, je finis ma bouteille de pousse-au-crime, et je me barre avant de les gifler tous les deux.
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Me manquait plus que ça ! Accrocher Ophélie !
Tu parles d’une affaire.
Je sens d’ici l’histoire indémerdable !
Elle est capable de se jeter dans le bassin des Tuileries si je regarde une autre nana dans le métro…
Au moins, sa copine elle est cool.
D’accord, elle me branche moins avec son pif bleu-marine de picoleuse…
Bon sang ! Elle a une descente que j’aimerais pas remonter à vélo…
Mais elle semble quand même plus calme.
Si j’avais su…
Au lieu de la jouer Roméo subjugué par Juliette, je l’aurais jouée léger, genre « faut bien que le corps exulte, poulette, mais faut pas sombrer dans le pathos non plus, hein… »
Je suis sûr que ça aurait marché avec Picolette.
Alors qu’avec Juliette, je sens poindre les emmerdements…
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Je l’aime…
Qu’est-ce que je suis bien, là, contre lui.
Bon, je sais que ça l’agace ces démonstrations en public.
Mais il faut que je le sente contre moi, que je sente sa chaleur, son odeur.
Oh ! Je sais bien comment il est.
J’ai beau être contre son épaule et les yeux clos, je sais bien qu’il est en train de se demander comment ma copine se défend au lit.
S’il savait…
Moi je sais, c’est avec moi qu’elle passe la plupart de ses nuits.
Et c’est pour ça qu’elle picole.
Elle sait que ses parents ne diraient rien parce qu’elle boit trop mais qu’ils la tueraient s’ils savaient qu’elle préfère les filles.
Moi, je ne suis pas emmerdée par ces histoires là.
J’aime les deux.
Ces deux là ont chacun leur petit plus.
Je la sens bien, la suite.
Si je me débrouille bien, on finira bien par vivre tous les trois ensemble.
Je suis sûre que nous serons tous gagnants.
Surtout moi…
07:10 | Commentaires (21)
dimanche, 10 décembre 2017
Yé né souis pas Breton. Ah ! L’Ankou l’est…
De rien, Mab, de rien…
Je regardais hier, comme un tas de Français, l’enterrement de Johnny à la télévision.
Passé le terrifiant étalage d’ego des journalistes du début, ce fut somme toute assez émouvant et digne.
Il y eut des moments où on eut l’impression d’un enterrement mexicain.
Puis il y eut la cérémonie religieuse.
Ça faisait longtemps que je n’étais pas entré dans l’église de la Madeleine.
C’est resté très sulpicien et, pour parler comme l’Ours « d’un style assez chelou »…
Nous avons donc regardé la cérémonie avec attention.
C’est là que je me suis fait la réflexion qu’être heureux était finalement assez simple.
Alors qu’être malheureux posait quand même quelques problèmes.
Non, n’éteignez pas encore votre PC, lectrices chéries.
Je ne disais pas ça pour le plaisir d’énoncer un truisme.
Je sais bien qu’il est plus pénible d’être malheureux que d’être heureux.
Ma réflexion portait surtout sur ce qui manquait le plus quand on est vraiment malheureux.
Et je ne parle pas du manque d’argent ou de la faim.
Je parle du malheur, l’autre, celui qui frappe le cœur quand soudain quelqu’un vous manque et vous manquera pour toujours.
La peine de cœur inextinguible.
Et c’est là que vous vous rendez compte que ce qui vous manque vraiment, c’est l’épaule sur laquelle vous pourrez sangloter.
Pleurer sans entendre « Mais t’en fais pas, ça va passer ».
Surtout que, même si vous savez bien qu’au bout du temps, ça passera, c’est la chose que vous ne voulez pas entendre.
C’est ça, exactement ça qui va vous manquer.
L’épaule muette que vous tremperez de vos larmes et la bouche qui est un peu plus haut ne dira rien.
La main au bout du bras accroché à cette épaule qui vous caressera doucement le dos et vous dira sans un mot « je sais… »
Voilà à quoi j’ai pensé hier en regardant Mme Halliday enserrer ses deux enfants et les enfants de Johnny pleurer.
Pour éviter à Mab de me le dire, Heure-Bleue vient de me jeter « Minou, tu es une effroyable midinette… »
10:27 | Commentaires (20)
jeudi, 07 décembre 2017
Souvenirs de la maison des morts…
Que je te dise, Juliette…
Vingt-six mètres carrés dans les années cinquante à Paris, c’était courant dans bien des quartiers.
C’est ce qui fait que dans notre immeuble de quatre étages, il y a avait douze logements, tous petits.
Les deux les plus vernis étaient notre voisin de gauche au quatrième, celui qui avait été comptable et buvait sa retraite et madame B. à l’étage en dessous, celle qui avait LA télé de l’immeuble.
Ils étaient vernis car ils étaient seuls.
Mais comme ils n’aimaient pas être seuls, le premier picolait et madame B. avait toujours des voisins chez elle…
Mais nos vingt-six mètres carrés étaient vastes !
Nul appartement dans l’immeuble n’était encombré par des choses aussi superflues qu’une salle de bains, des toilettes ou de grandes « cuisines dînatoires » comme disent les agents immobiliers…
Eh oui, Juju !
Comme on disait en ces temps reculés nous avions les « commodités à mi-étage ».
Cet immeuble était une grande famille pleine de dissensions, de disputes et parfois de « liaisons » comme on disait aussi à cette époque ancienne.
Cette époque où on n’avait pas « une relation » mais où on était amoureux.
On n’avait pas non plus « une affaire », selon le point de vue on avait « une liaison » ou « on était cocu »…
Après la guerre on ne trouvait pas plus facilement d’appartement à Paris qu’aujourd’hui.
Mais c’était quand même moins cher…
Pense qu’aujourd’hui, un vingt-six mètres carrés à Paris c’est ça et ça coûte 830 € mensuels !
J’ai une quittance de loyer de notre logement, j’ai retrouvé ça dans les papiers de ma mère.
Mes parents payaient « 20,00 NF » par trimestre en 1964.
Soit, selon INSEE, la somme de vingt-sept €uros de 2016 par trimestre…
Il coûtait beaucoup plus cher de se nourrir et se transporter, la carte RATP hebdomadaire coûtait quelque chose comme « 3,00 NF » et le carnet de 2ème Classe « 3,70 NF ».
Mais on partageait des choses essentielles comme les œufs, l’huile ou les pâtes, qui manquaient régulièrement à partir du vingt du mois dans la moitié des logements.
Ainsi évidemment que tous les ragots de la rue…
10:59 | Commentaires (20)