Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 18 octobre 2014

L’effet mère…

Les commentaires de Muse et Seringat chez Heure-Bleue à propos des Allocations Familiales m’amènent à contredire ces deux lectrices néanmoins chéries.
Il me faut d’abord leur rappeler un détail : Les allocs ne font pas partie de l'aide aux défavorisés.
Les allocs sont ce que le Canard Enchaîné appelait dans les années cinquante et soixante « l'incitation au lapinisme ». Une aide à la natalité.
L’équipement de base pour faire les enfants étant le même chez le nanti et le mal loti, l’idée de les servir de la même façon était communément admise.
Du moins jusqu’à ce qu’une « gauche de droite » se mêle de faire des économies là où les dégâts sociaux sont partis pour être bien plus importants que les bénéfices espérés.
Cette façon de « moduler en fonction des revenus » les allocations familiales amène au moins deux résultats hormis celui de monter une catégorie de Français contre une autre :
- Bientôt les seuls à cotiser seront les seuls à ne pas avoir y droit. Ils seront ceux dont les revenus à la fois les en écartent et en font les plus gros contributeurs.
- Bientôt les seuls à en bénéficier seront ceux dont les revenus en font les plus gros bénéficiaires. Ceux dont les revenus les dispensent de cotiser, ces revenus les classant parmi ceux dont l’employeur est exonéré des charges. 
D'après vous, qui ne voyez apparemment qu’à travers la lunette louable de la générosité, combien de temps durera une situation où ceux qui cotisent à un régime dont ils sont exclus regardent ceux qui ne cotisent bouffer les sous que d’autres ont versés ?
Je vois déjà la famille française, gauloise depuis dix générations, aisée mais prolifique, regarder de travers la famille africaine pauvre, française depuis peu, mais aussi prolifique.
Que cette dernière rame encore plus pour atteindre le quinze du mois ne l'émeuvra pas longtemps. 
Une autre idiotie mûrement réfléchie se profile. Elle transpire dans les discours de ceux qui ont concocté cette mesure aussi idiote qu’inique. Une idiotie du même genre évidemment.
L’idée de moduler les remboursements des soins en fonction des revenus.
Les cotisations sont déjà dépendantes des revenus.
Plus vos revenus sont élevés, plus vos cotisations sont élevées.
Plus vos revenus sont élevés, moins votre santé court de risques.
Moins vos revenus sont élevés, moins vos cotisations sont élevées.
Moins vos revenus sont élevés, plus votre santé court de risques.
Combien de temps pensez vous que ceux qui cotisent le plus vont accepter de voir leurs soins moins remboursés que ceux qui cotisent le moins ?
Comment prendriez vous que votre boulanger module le prix de votre baguette en fonction de votre fiche de paie ?
Comment prendriez vous qu’il vous donne un quignon là où, pour le même prix, il donne un pain de campagne à quelqu’un qui gagne moins que vous ?
Sans compter le côté bricolage de la mesure.
Imaginez la tête de votre voisin qui va vous voir bénéficier de prestations parce que vous êtes pile poil en dessous du seuil tandis qu'il va voir les siennes salement écornées parce qu'il gagne deux euros de plus par mois...  
La chasse aux économies pousse parfois nozélites à oublier un détail qui pourrait bien leur revenir en pleine figure : L’égalité de tous devant la loi.
Que la devise fondatrice de la Sécurité Sociale soit « Chacun cotise selon ses moyens et est soigné selon ses besoins » est une chose.
Qu’elle devienne « Chacun cotise selon ses moyens mais plus vous gagnez moins vous êtes indemnisé » a peu de chances d’être accepté par ceux qui ne devront que payer…
A moins, évidemment que ce ne soit une stratégie visant à faire de la santé et de la famille cette excellente opération pour l’assurance privée.

vendredi, 17 octobre 2014

L’ère de rien…

Je voulais faire une note sur les cadenas accrochés connement aux rambardes des ponts de Paris mais à l’instant même, François Morel vient de me piquer ma note et de la dire sur France Inter.
Dégoûté je suis.
Je dois néanmoins avouer, lectrices chéries que je me sens un peu flatté de la convergence de vues entre ce remarquable observateur de la stupidité humaine et votre serviteur.
J’ai été ravi de constater que nous avions été au moins deux à remarquer qu’il était quand même absolument stupide de vouloir montrer qu’on aime quelqu’un au point de vouloir le cadenasser.
Franchement, ne s’être pas aperçu qu’aimer, c’est laisser partir, c’est faire preuve d’une incommensurable bêtise. Non ?
« Mais qu’est-ce que j’t’aime ! La preuve, je t’enchaîne à une rambarde de pont et je garde la clef. Ne me dis pas que c'est pas de l'amour, mon amour ! »
Je remarque d’abord que justement, l’amour en est absent.
Il semble assez net que la femme, pour ces fanatiques de l’incarcération, fut-elle sentimentale, est d’abord et avant tout un  trublion qu’il convient de tenir en laisse. Si on est un véritable imbécile, on croit en plus en être propriétaire.
Il devient donc indispensable de la garder prisonnière.
Je tiens néanmoins à vous rassurer, lectrices chéries, les femmes ne sont pas en reste. Pour ce que j’en sais, ce n sont pas les dernières à saloper les ponts de Paris en y accrochant ces symboles de l’asservissement qu’elles pensent être les symboles de l’amour.
Quand on en est réduit à ne pas faire la différence entre « être lié » et « être ligoté », c’est grave.
Lectrices chéries, si vous croisez quelqu’un qui ne sait vraiment pas que « l’attachement » et « l’entrave » ce n’est pas du tout la même chose, fuyez !
Lecteurs, rares mais chéris aussi, si vous voyez approcher une femme avec de l’amour plein les yeux mais des clefs plein les mains, barrez vous !

jeudi, 16 octobre 2014

Les statuts de l’acquis et la statue de Linné.

Vous ai-je déjà parlé du Jardin des Plantes en automne, lectrices chéries ?
Il me semble mais je ne m’en lasse pas.
Vous savez, bien sûr que c’est un des endroits de Paris que je préfère. Il est évidemment riche en souvenirs des temps enfuis mais, comme si ce n’était suffisant, j’y fabrique sans cesse de nouveaux souvenirs.
Qui évidemment ne serviront à rien.
Il m’arrive de temps à autre de penser –si, si, je vous assure- que tous les souvenirs que l’on fabrique ne serviront jamais car on s’aperçoit que le dicton « les linceuls n’ont pas de poches » s’applique aussi bien aux souvenirs qu’aux billets de banque…
Cette entrée en matière pour vous faire deux ou trois remarques, lectrices chéries.
La première me saute aux yeux : Hier, mercredi, jour préféré des enfants, alors qu'il faisait un temps pourri, Merveille est retournée à l’école aujourd'hui sous un ciel pas entièrement bleu mais en tout cas serein.
Merveille a néanmoins passé une journée agréable avec Heure-Bleue et moi dans ce Jardin des Plantes. Elle ne s’est pas cette fois laissé prendre à cette histoire d’émeu qui finalement n’émeut pas plus que ça.
J’aime faire découvrir les richesses de Paris à Merveille mais cette fois-ci, j’ai été plus  déçu qu’elle.
Parmi celles que je voulais faire découvrir à Merveille, il y a la marche dans le tapis de feuilles mortes qui normalement se ramassent à la pelle dans l’allée Cuvier et dont le froissement sous les pas est un délice.
Évidemment, la température clémente a collé les feuilles aux arbres et les a maintenues vertes. Les cantonniers du jardin se jettent  sur celles qui sont tombées comme le Trésor Public se jette sur mes sous ce qui fait que nous marchons bêtement sur des chemins de gravier. Sur le quai ? Idem. La peur du dérapage de voiture, la peur de la fracture du col du fémur sur un trottoir, tout cela ôte un charme de plus à la ville.
Sans doute un impôt caché sur la beauté…
J’ai admiré Merveille avançant devant nous. Pour être honnête, nous avons admiré Merveille avançant devant nous. On était même un peu envieux. Elle ne semble pas avoir mal aux articulations.
Mais n’allez pas croire des choses, lectrices chéries, nous avons tenu le coup !
J’ai même eu le plaisir de la supériorité de l’endurance sur l’énergie de l’enfance. Elle est restée sur mes genoux dans le bus. Tout au long du voyage elle a posé sa tête contre moi. J’ai dû partager avec le doudou, ce truc puant dans lequel elle plonge le nez avec délices.
Du coup, quand elle me dit qu’elle m’aime, j’ai peur de sentir mauvais…
Nous sommes arrivés chez les enfants.
Elle sur ses pieds.
Nous sur les rotules.

mardi, 14 octobre 2014

Le clavier bien tempéré.

Il y a des jours où Heure-Bleue me jetterait volontiers son clavier à la figure.
Alors qu’elle ne recule devant rien pour me rappeler des choses désagréables alors qu’elle prétend avoir une mémoire défaillante, elle me jetterait par terre et me piétinerait quand je lui rappelle d’autres choses.
Ben oui, lectrices chéries, je ne vais pas lui rappeler des situations où c’est moi qui ai eu le mauvais rôle.
Si, si, il y en a… Ce qui valide le principe qui veut que la vraie perfection, c’est quand il reste quelque chose à améliorer.
France Inter recevait Zepp, le père de Titeuf.
Il y eut un moment où Zepp racontait une histoire où des parents avaient envie de jeter le gosse à la poubelle.
Tout aurait pu rester calme et enchanteur dans la maison si ça ne m’avait pas rappelé un épisode de la vie de l’Ours bébé.
C’est là qu’elle a voulu me jeter son clavier à la figure.
Vous savez, j’en suis sûr, lectrices chéries, qu’un bébé n’est pas une poupée souriante, douce, câline et perpétuellement propre.
Non, un bébé, ça fait caca. Souvent au moment le plus inopportun. Des fois ça déborde des couches. Un bébé ça a faim, généralement avant l’heure et quand on allait partir acheter le lait et on est bien embêté. Et là, un bébé ça piaille terriblement fort.
Je ne sais pas si vous vous rappelez, lectrices chéries, mais en plus, un bébé ça s’endort pile poil quand il faut le sortir du couffin pour le mettre dans son berceau.
Bref, un bébé, on a beau l’aimer, l’adorer, bouffer la prime de la CAF au restaurant, tout ça, il y des moments où on l’oublierait bien dans le bus ou le métro.
Revenons donc à ce souvenir.
Une amie d’enfance d’Heure-Bleue passa ce jour là à la maison.
Heure-Bleue était en train de s’occuper de l’Ours qui, comme toujours envisageait sereinement de pisser au moment où sa mère repliait sa couche propre.
Scène cinématesque de l’amie. Les bras levés. « Oh qu’il est beau ! », « Oh qu’il est gracieux ! »
L’amie en question courait le monde pour un magazine et passait évidemment « Je viens voir ton bébé... En coup de vent, tu comprends… Avec mon boulot… »
Vint évidemment le moment où, pas encore mère des quatre enfants qu’elle aurait un peu plus tard,  l’amie lâcha « Si tu savais comme je t’envie, Heure-Bleue, comme j’aimerais être à ta place… Mais là, tu vois, pfff… Je pars demain à Bali… Ah la la... »
Bon ce n’était pas exactement Bali et d’autres destinations exotiques faisaient partie de l’enfer que vivait cette amie.
Elle est partie comme elle était venue, en coup de vent.
Heure-Bleue a grommelé quelque chose en regardant la porte. Il me semble bien que c’était un gros mot…
Quant à moi, je crois que j’ai eu peur d’être obligé de retenir Heure-Bleue qui avait l’Ours dans les bras et dont le regard assez mauvais passait du bébé à la poubelle…

lundi, 13 octobre 2014

Ô Roms, unique objet de mon ressentiment !

Hier il m’est venu à l’idée de faire une brocante pour nous débarrasser de tous les trucs entassés au cours d’années de flânerie dans les brocantes…
On avait profité du mauvais temps pour aller à une brocante.
Dimanche matin, j’ai regardé le ciel. Il était aussi gai que les comptes de la nation.
Un ciel de Toussaint triste. Il ne pleuvait pas.
J’ai tenté, avec un succès très relatif, d’inciter Heure-Bleue à être prête avant l’heure du dîner.
Ça a marché moyen…
Oui, comme toujours, Heure-Bleue a le temps.
Quand ma dernière heure approchera, je l’enverrai chercher la Faucheuse. Ça devrait bien me valoir dix ans de sursis.
J’ai gagné mon petit pari perso. Comme prévu, elle a attendu qu’il pleuve pour sortir.
Nous avons descendu nos deux étages et sommes allés jusqu’à la passerelle. Nous sommes arrivés « en face » où les brocanteurs et videurs de grenier, dégoûtés par la pluie, remballaient leurs petites affaires.
Quel beau dimanche on a passé !
Malgré la capuche de mon blouson de marin, la pluie ruisselait, glacée, sur mon profil de médaille. Et me coulait dans le col de chemise.
Mes chaussures faisaient des bruits de succion à chaque pas et mes orteils se recroquevillaient, gelés.
Heure-Bleue, que le mauvais temps enthousiasme je ne sais pourquoi, plaignait les marchands et avait un mot aimable pour chacun de ceux dont elle regardait l’étalage.
Sur l’étalage de l’un d’eux, la lumière de mes jours a été emballée par un plat de faïence. « Peint à la main » selon la vendeuse. Avec une précision d’imprimante laser selon le Goût.
Je sais déjà que ce plat ira, à peine sec, dans le meuble où le service de porcelaine de ma mère dort d’un sommeil profond dans l’attente du prochain déménagement.
Je portai donc ce plat dans un sac, pendant qu’Heure-Bleue continuait de flâner, indifférente à la pluie et à la pneumonie qui, j’en suis sûr, me guettait.
Je suivais, pauvre gueux. J’ai été content de trouver deux limes de mécanicien dont j’ai l’usage.
Malheureusement, la tenancière du stand, genre « bohémienne » mais bien habillée, exposait un guéridon qui, quoique trempé, plut à Heure-Bleue.
- Regarde Minou ! Le guéridon ! Il est bien hein ?
- Euh…
- Si si, il est bien. Et puis douze €uros, hein…
Je sais depuis longtemps que quand la lumière de mes jours à jeté son dévolu sur quelque chose, c’est une perte de temps que tenter de la dissuader.
C’est pour ça qu’on a au moins quinze bols en faïence, sans compter ceux que j’ai cassés, trois douzaines de verres, quasiment tous dépareillés.
C’est sans doute aussi pour ça qu’elle m’a, moi.
J’ai donc porté jusqu’à la maison, deux limes, un plat et un guéridon. Tout ça sous une pluie battante, j’ai grimpé les volées de marches de la passerelle, équivalentes à trois étages. Arrivé trempé dans notre immeuble, il m’a encore fallu monter les deux étages.
La lumière de mes jours à mis le plat dans l’évier. L’y a laissé.
Comme prévu, il n’y a aucun endroit adéquat dans la maison pour y mettre le guéridon. Il est trop haut, trop bas, trop petit, trop grand. Bref, il était mieux sur le trottoir et sous la pluie.
Je m’attendais à buter dedans en me levant car maintenant il fait nuit le matin.
Bref, il y a des jours comme ça, où les interdits du code pénal deviennent pesants.
Vous ne trouvez pas, lectrices chéries, qu’on a été bien sévère avec ce monsieur Landru ?