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vendredi, 03 janvier 2014

L'employé de bourreau

Hier, nous sommes allés à Paris.
Oui, je sais, lectrices chéries, ne hurlez pas  « encore ??? »
Nous avions dans l’idée d’aller déjeuner au restaurant et d’emmener Tornade au musée Carnavalet où l’expo « Roman d’une garde robe » qu’elle tenait à voir se tenait encore.
Pour éviter de mourir juste à l’entrée d’un restaurant car Tornade marche d’un bon pas –genre Paris-Strasbourg à pied – Heure-Bleue et moi avons traînassé, la laissant prendre de l’avance.
Notre système est assez au point : Tornade avance, s’arrête devant une vitrine cinq cents mètres plus loin et nous la rejoignons.
Parfois ça se corse, elle dépasse de trois pâtés de maisons notre destination et se perd…
Mais nous flânons avec plaisir devant des vitrines parfois surprenantes.
J’en ai repéré une rue du Temple absolument stupéfiante de vulgarité.
J’ai même failli écrire « stupé fiente » tellement c’était merdique.
Il ne manquait pas une seule faute de goût. Tout était à ch…, d'un mauvais goût très sûr...
Puis nous avons continué à avancer.
Mes deux comparses se sont arrêtées devant une boutique de fringues.
- Oh regarde ! A dit l’une.
- Ouaiiis c’est « vintage » ! A dit l’autre.
C’est quand j’ai dit « ouais, la vendeuse aussi est vintage… » qu’on m’a regardé de travers.
J’avais oublié que je ne me baladais pas avec des gamines, quoi qu’on pût penser de leur comportement.
Nous sommes finalement arrivés au BHV.
Avant de nous y rendre, Heure-Bleue, de faible contenance vésicale, a tenté d’aller aux toilettes.
J’ai atteint quant à moi, mon but sans problème tandis que pour les dames, ce fut dantesque.
Heure-Bleue a laissé tomber et nous sommes allés déjeuner.
Je me suis alors lancé dans des spéculations et me suis dit pifométriquement  que bien qu’il y ait, dans le BHV, quatre femmes pour un homme et que les femmes semblent pisser quatre fois plus souvent que les hommes, il y avait quelque chose de pourri au royaume du shopping.
Je me suis mis à supputer, comme toujours, m’évadant de ce monde cruel en rêvassant à des problèmes de toilettes et cherchant le pourquoi d’une file d'attente trois fois plus longue qu’habituellement.
Après le repas Heure-Bleue à retenté d’accéder aux toilettes.
Et nous avons eu l’explication, nettement moins poétique que celles imaginées par votre serviteur : Plus de la moitié des cabines étaient hors service…
Bon, d’accord, ce n’est pas passionnant mais ça m’a occupé pendant que Tornade et Heure-Bleue se chamaillaient à propos de sashimi, de yakitori et autres japoniaiseries.
Rien donc de bien marquant.
Du moins jusqu’à ce que, revenant du musée, je m’arrête à la boutique d’un caviste pour acheter du vin.
J’ai attendu qu’une dame, en pleine discussion, avec son secrétaire disait-elle, ait fini de négocier le vin qu’ils prendraient pour la soirée.
Elle aussi était « vintage »…
Et elle regardait son « secrétaire » d’une façon qui m’a incliné à penser que plutôt qu’un secrétaire, c’était un bonheur du jour…

mercredi, 01 janvier 2014

Blood, sweat and tears...

Je n’ai pas écouté le « président de tous les Français » hier soir.
Surtout que j’apprécie assez peu qu’il soit avant tout le président de « tous les Français qui ne manquent de rien ». Français qui répugnent par conséquent à verser la contribution correspondante au Trésor Public.
J’avais une idée de ce qu’il allait nous raconter et comme le précédent nous avait déjà dit la même chose le 31 décembre 2011 je n’ai pas jugé utile de conforter les présidents dans leur habitude de radoter.
Cela dit, avant de passer à autre chose, l’allocution, pour courte qu’elle fut, m’a laissé entendre des nouvelles peu réjouissantes.
J’ai pensé un moment que j'aurais aimé que le pouvoir mît autant d'ardeur à récupérer les sommes résultant de l'évasion et de la fraude fiscales qu'il en met à grappiller cet argent dans la poche des moins bien lotis.

J’ai aussi pensé que les sommes de cette évasion nous sont ensuite prêtées et concourent à augmenter notre dette alors qu'elles devraient en réalité concourir à la diminuer.
J’ai surtout pensé que ça semble échapper à cet homme pourtant allé à l’école pour de longues études. Notamment dans le domaine économique…
Du coup je me suis demandé qui nous gouverne.
J’ai d’abord pensé au MEDEF.
Puis, comme j’ai lu il y a quelque temps que la majeure partie des patrons de France, ceux qui font bosser les Français, sont traités par les grosses boîtes comme eux-mêmes traitent leurs smicards, je me suis dit que non, c’est pas le MEDEF.
Alors j’ai pensé aux banques.
Puis, après avoir lu des trucs là-dessus, j’ai vu que non. Bon, les banques se font un blé monstre dont la moitié provient de toutes les petites merdouilles qu’elles nous facturent rien que pour risquer nos sous sur les marchés spéculatifs. Mais finalement, elles ne nous gouvernent pas, juste elles nous piquent des sous indûment. Ben oui parce que nous appliquer un taux de 16% sur le découvert autorisé, de l’argent que la BCE leur a prêté à 0.25%  me paraît une pratique d’usurier.
Du coup je me suis dit que c’était « la Bourse ».
Et puis, en y regardant d’un peu plus près,  j’ai vu que non, enfin plutôt de façon indirecte, un effet secondaire en quelque sorte.
J’en suis arrivé à la conclusion que celui qui nous gouverne, c’est plutôt l’actionnaire.
Il a bien changé l’actionnaire en moins de quarante ans.
Avant, s’il ne connaissait rien, il faisait confiance à son banquier, lequel se servait grassement sur les plus values et laissait un peu de sous à son client, ravi du moment que c’était plus que le livret A.
Puis, les banques et les actionnaires avertis se sont avisé que spéculer sur la capitalisation des entreprises était hyper rentable.
Pas forcément pour les entreprises parce que qui peut croire que des sous qui sont entrés et sortis du capital de l’entreprise quatre ou cinq fois dans la journée lui ont permis d’investir, hein ?
Du coup, à s’amuser comme ça, les actionnaires ont acquis un poids délirant dans la marche des entreprises.
Ils se sont mis à en choisir les dirigeants, puis à dépecer les entreprises, puis à force, se sont aperçus que le chantage à l’emploi augmentait vachement la rentabilité de leurs placements.
Au point que l’annonce de plans de licenciement suffit à augmenter les dividendes proportionnellement au nombre de gens virés.
Et ça fait grimper la Bourse et donne au président des idées sur la façon de diminuer les dépenses publiques.
Ce qu’il nous a promis hier soir...

mardi, 31 décembre 2013

Vous prendrez bien un dernier ver...

Il y a des jours comme ça, lectrices chéries, où on se réveille avec l’envie irrépressible de pourrir la vie des ses contemporains.
Aujourd’hui, par exemple. Je ne sais pas si c’est l’idée de ces fêtes de fin d’année qui poussent les gens malades de solitude à se jeter dans le canal ou sous un métro.
Mais en y réfléchissant bien, j’en viens à me dire, avant de me mettre à la préparation du réveillon de fin d’année, que nous sommes tous seuls.
Je sais, ça me fait bizarre depuis toujours de mettre « seul » au pluriel, j’y vois une sorte d’oxymore. Puis en y réfléchissant –si, si, ça m’arrive- je me dis que « seul », c’est une sorte d’animal courant, comme « chien » et que puisqu’on parle des chiens, on peut bien parler des seuls. Non ?
Bon, c’est trop tôt pour vous ?
Pas envie de vous creuser la cervelle ?
Je reprendrai ça plus tard.
Revenons donc à nos « tous seuls » et à cette histoire de solitude.

C’est vrai, quoi, on naît seul.
On est aidé par des mains habiles à atterrir dans un monde où on n’a, a priori pas envie d’aller. La preuve, on piaille. Et ceux qui ne piaillent pas en arrivant ont souvent quelque chose qui ne tourne pas rond, aux dires du personnel qui les récupère quand ils sortent de leur maman.
C’est bien le signe indubitable que là où on arrive n’est pas une sinécure…

Ensuite, on vit seul.
Quels que soient les liens qui nous attachent à ceux avec qui on vit.
Bon, il faut avouer que n’être pas seul, réellement pas seul, vivre intimement les pensées de quelqu’un d’autre qui lui-même traînerait dans votre psyché comme dans les rayons de La Grande Epicerie, serait un peu saoulant…
Pas un instant de solitude doit être assez pénible, non ?

Puis enfin on meurt seul.
Ça j’en suis sûr.
Ne me demandez pas pourquoi, je ne vous le dirai pas.
Même si quelqu’un vous tient la main, eh bien vous faites le grand saut tout seul !
Enfin, je dis « le grand saut », c’est surtout « Pfffuiitt… »
Vous espérez juste, j’en suis sûr, que c’est un long sommeil sans rêve.
Parce qu’en plus, si vous devez vous farcir un truc qui semble tout de même immensément long en attendant quelque chose ou quelqu’un, alors là…
Alors là, insisté-je, pas de doute : L’univers ne serait qu’une immense expérience sadique.
Contrairement aux affirmations des croyants, religieux ou athées –oui, on peut croire à l’inexistence d’un dieu…- il n’y aurait ni Paradis, ni Limbes, ni Jugement Dernier, ni recyclage perpétuel de nos protons et quarks.
Il n’y aurait alors que l’Enfer.

Ah ! Ça m’a soulagé d’avoir donné libre cours à mon envie d’emmerder le monde de bon matin !
Bon, à part ça, je vais me mettre à la cuisine, lectrices chéries.
Et vous souhaiter quand même une bonne année 2014.
Et ne me dites pas que je suis odieux.
Je le sais, c’est un luxe que je m’offre de temps à autre.
Surtout, j’espère que vous n’êtes pas seules.
Je suis sûr que même Mab, qui aime être tranquille dans son coin aime la compagnie...

lundi, 30 décembre 2013

Ma muse m’amuse…

 

Patio_Petit_Palais.JPG


Hier, nous sommes allés voir l’expo Jordaens au Petit Palais.
J’aime beaucoup le Petit Palais, ce dont, lectrices chéries, vous vous fichez éperdument.
J’insiste néanmoins.
Je le trouve aussi beau que le Grand Palais mais beaucoup plus agréable.
D’autant plus agréable qu’il est pourvu d’un grand patio sur les marches duquel il est agréable de s’asseoir après avoir erré pendant des heures devant les œuvres de Mr Jordaens.
J’ai retenu, outre l’évolution de sa technique, qu’au vu du nombre de femmes peintes en costume d’Eve, ce monsieur avait un goût marqué pour l’anatomie féminine.
Comme il n’était pas le seul dans ce cas –oui, je suis intéressé aussi-, je me suis attaché à lire attentivement les explications en annexe des tableaux.
J’y ai appris que lui-même n’était pas le seul à être intéressé car sa clientèle le poussait fermement à déshabiller ses modèles…
Rassuré sur la constance de la psyché masculine au cours des âges, j’ai pu apprécier, plus détendu, la suite de l’exposition.
Je me suis du  coup demandé pour la millième fois et le plus sérieusement du monde, pourquoi face à une Madeleine aussi accorte et tentante, Jésus lui dit sans cesse « Noli me tangere » en sortant de sa grotte.
Moi, à sa place…
Mais bon, je suis un pécheur né.
Nous sommes sortis avec l’idée de boire un café en flânant le long du marché de Noël qui va du Grand Palais à la place de la Concorde.
Je dois avouer que j’ai acquiescé quand Heure Bleue a dit à La Tornade « Regarde-le ! Il est bégueule… ». Il me faut avouer que je n’aime pas voir le bas de l’avenue des Champs Elysées transformé en fête foraine  et sentir ce mélange abominable. Vous savez bien, lectrices chéries, ce parfum, étrange mariage entre la frite, le chichi, la bière, la guimauve et la merguez.
Nous avons néanmoins acheté chez un éditeur qui crève de faim, coincé entre deux forains gras à lard, de petits livres d’art biscornus.
Puis nous avons entamé une marche de plus de six kilomètres –merci Google- à la recherche d’un café agréable qui fût sur le chemin de la pâtisserie où Tornade, toujours attachée à des souvenirs émus de bouffe, avait en vue de faire grimper notre glycémie aux arbres.
En passant devant l’ambassade des Etats-Unis, Heure-Bleue s’est soudain accrochée à mon bras et m’a dit :
- Pfiouuu, sois rassuré, tu pourrais te recaser sans problème !
Méfiant car je sais comment peuvent tourner les conversations qui commencent comme ça, je n’ai eu qu’une moue interrogative, genre ça :
- … ?
- Oui, la nana que tu viens de croiser, elle te regardait comme un gâteau !
- Ah bon ?
- Oui, celle-là, là-bas !
Je n’ai, comme d’habitude rien vu mais l’idée m’a semblée agréable.
Du moins l’aurait été si Heure-Bleue n’avait dit « Pfff… C’est toujours le même genre… »
J’ai regardé autour de nous, à la recherche d’une rousse.
Et Heure-Bleue à ajouté « Tu plais toujours au genre prof… »
Pas de rousse aux environs, une femme à cheveux argentés, à lunettes, trois-quarts carmin, jean et ballerines…
Mais pas rousse.
« Faut pas croire » comme disent les djeun’s, j’ai encore l’œil.
Que ça certes, mais encore…

samedi, 28 décembre 2013

Secrets de famille.

On dirait bien que même quand on dort il faut faire attention…
Hier, Heure-Bleue et moi papotions.
Nous parlions de Merveille.
Nous étions évidemment éblouis.
Heure-Bleue par la gentillesse d'une petite fille qui reconnaît à sa mamie le talent rare de faire rire.
Le-Gout surtout, toujours émerveillé par l’intelligence d’une petite fille qui a remarqué que papy est un type vraiment top.
C’est dire combien Merveille est brillante…
A un moment toutefois, Heure-Bleue me dit :
- Tu sais ce que m’a dit Merveille hier ?
- Elle en dit tellement…
- Elle m’a dit « Tu sais que papy, eh bien il parle la nuit ? » J’ai répondu « Oui, j’ai remarqué qu’il parle parfois la nuit. »
- Et alors ?
- Elle m’a dit « on dirait même qu’il pleure des fois. Il a été malheureux quand il était petit ? »
Mais d’où lui est venue cette idée ?
Comme si on pouvait être malheureux quand on est petit !
Voire plus tard, genre quand on est grand !
Pfff… Je vous demande un peu !
Cela dit, je me demande s’il ne va pas falloir me bâillonner avant de dormir.
Des fois que tous ces petits secrets que je garde par devers moi ne s’enfuient pendant mon sommeil.
On ne sait jamais...