mercredi, 05 février 2014
Chroniques martiennes.
Don’t worry, Coumarine, on peut faire mieux.
Que je te raconte.
Je vais tenter de te consoler car je sais que, contrairement à une idée répandue, le malheur des autres permet de supporter les siens.
On se sent moins seul.
Surtout l’œil qui reste…
C’était un samedi, je me le rappelle bien.
D’ailleurs je ne suis pas près d’oublier ce mois de décembre 1959…
Quelques jours avant Noël, peu de jours avant mon onzième anniversaire.
La veille, en fin d’après-midi, chez un copain qui habitait près de chez moi mais dans un appartement nettement mieux boulevard Ornano, nous avions peaufiné les derniers détails techniques d’un essai qui allait révéler au monde qu’il n’y a pas que les Russes et les Américains pour tenter l’aventure intergalactique.
Nous avions surtout parlé d’un essai précédent qui avait dépassé nos espérances.
A l’abri des regards indiscrets, dans un terrain vague aujourd’hui occupé par un immeuble immonde, nous avions procédé à un lancement de missile couronné de succès.
L’engin, constitué d’un tube de cigare « emprunté » au père de mon copain, bourré d’un mélange de limaille d’aluminium, de soufre, de perchlorate de potasse et de sucre, s’était élevé jusqu’à la hauteur du deuxième étage de l’immeuble voisin.
Un brillant succès vous dis-je.
Je voyais déjà mes parents m’accompagner au cap Canaveral, pas encore cap Kennedy puisque ce dernier n’avait pas encore eu la chance d’être assassiné pour donner son nom à un accident géologique.
Vous savez comme on n’est pas malin, surtout pas prudent, à ces âges. J’imaginais bien qu’en réduisant le diamètre de sortie et en accélérant la combustion du mélange, j’allais augmenter la poussée de l’engin.
Un petit bouquin acheté aux Puces de Saint Ouen toutes proches, « Le manuel de l’artificier » m’avait renseigné sur des détails qu’on ne sait normalement pas à cet âge. Un peu comme pour les filles, vous voyez ?
Hélas, la méconnaissance des effets de la combustion, et surtout de ses résidus allait me jouer un mauvais tour.
Mauvais tour qui allait transformer un petit garçon au regard de biche et à l’œil perçant en petit garçon au regard divergent et à l’œil percé…
Tout avait pourtant, j’en étais sûr, été préparé dans les règles de l’art.
La fenêtre donnant sur la cour était ouverte. L’altitude du site de lancement –le quatrième étage- me rapprochait à coup sûr de la Lune.
La rampe de lancement, constituée d’une règle au profil en croix, posée et fixée à la colle blanche sur un plumier de bois piqué à ma grande sœur, orientée vers une trouée entre les immeubles qui ouvrait la voie du ciel, le tout posé sur le coffre contre la fenêtre.
Bref, tout était parfait. Sauf le détail où se cache le diable.
J’allais à la cuisine, bus un verre d’eau, montai sur une chaise pour attraper la boîte d’allumettes mise, pensaient mes parents, hors de ma portée.
Je revins, poussai un soupir d’aise, jetai un dernier regard au vaisseau qui allait rejoindre la prochaine étoile, Proxima Centauri, sans aucun problème.
Le « boum » monstrueux ne tarda pas qui me laissa étourdi…
A demain.
07:58 | Commentaires (11)
mardi, 04 février 2014
Ah Dieu ! Que la guerre est jolie !
Berthoise signe un commentaire qui m’ouvre des horizons insoupçonnés sur les motivations profondes des femmes en matière de partage de lit.
Non, non, lectrices chéries, il ne s’agit pas d’une étude exhaustive de notre comportement animal dès qu’on est –au moins- deux dans un lit.
Quoique…
Mais non, il s’agit tout bêtement de la propension des femmes, dès qu’elles entrent dans un lit déjà occupé par une moitié mâle, à coller sur les cuisses d’icelui des pieds gelés ou contre le ventre du même des fesses aussi froides que leurs pieds.
Il me vient à l’esprit que peut-être les garçons ont probablement dans un recoin du cerveau limbique un souvenir diffus du confort de l’endroit d’où ils viennent au point qu’ils consacrent quand même l’essentiel des ressources de leur jugeote à concocter des stratagèmes qui leur permettront de retourner y faire un tour.
Les femmes, quant à elles, ne feraient alors que profiter des heureuses dispositions masculines à leur endroit pour se venger sauvagement des souffrances par elles endurées pour donner naissance à un congénère.
Dans tous les cas, les garçons sont fichus et condamnés à perdre moralement le combat.
Ou l’enfant a, au passage endolori la mère, ou le père du précédent a été la cause de ladite douleur.
Bref, l’homme est perdant dans cette histoire, il est celui qui a toujours tort.
Vous pouvez faire confiance à votre Goût chéri, il le vit depuis longtemps…
Dons, de douleurs en représailles se perpétue sous la couette cette guerre qui met aux prises des fesses, des cuisses, des pieds et des ventres.
Les uns froids, les autres chauds.
Chacun essayant de mettre au chaud ce qui lui tient sur l’instant le plus à cœur.
Mais non, lectrices chéries, n’allez surtout pas lire ce que je n’ai pas écrit.
Je sais que je me défends en matière d’ambiguïté mais tout de même…
08:23 | Commentaires (5)
lundi, 03 février 2014
Parfois, le mari c’est leste…
Et toi, Mab, si tu ne passes pas, je ne te ferai plus de titres exprès pour toi.
La froidure de février, mêlée au besoin d’Heure-Bleue de dormir la fenêtre ouverte a parfois des résultats inattendus sur le langage et son interprétation.
Lectrices chéries, il faut que je vous dise.
Fenêtre ouverte, mois de février et coucher impliquent une chose toujours redoutée par votre épistolier serviteur.
Notamment une Heure-Bleue pressée de coller des pieds gelés sur la peau tiède de quasi nourrisson de votre Goût préféré.
S’ensuit habituellement une querelle, des grognements et des chamailleries.
Tout cela se termine rapidement par un tirage de couverture à soi dont la férocité n’a rien à envier au milieu politique.
Hier soir toutefois, la manœuvre fut sinueuse de la part d’une Heure-Bleue habituellement « cash ».
Oui, d’habitude c’est plutôt, alors que je pousse un hurlement quand ses pieds gelés -je ne sais comment elle fait- arrivent sur mes cuisses, « Oh ça va ! C’est pas si froid ! Et puis tu n’auras qu’à coller après… »
Elle espère me gruger, pensant que j’ai oublié que chaque fois, la tentative de collage se solde par deux coups de pieds et des mains sur mon dos pour me repousser.
Ça fait des décennies que c’est comme ça et elle pense que je marche encore dans ce marché de dupes.
Cette chère Heure-Bleue…
Pfff…
Hier soir donc, la méthode changea un brin.
- Minou, je peux mettre mes pieds froids sur toi ?
Tout juste si je ne l’entendais pas papilloter de ses diaphanes paupières.
Saisissant l’occasion d’exercer un chantage pour une fois à mon profit je répondis :
- D’accord mais tu ne râles pas si je « patouille » !
- De toute façon, dès que tu dors tu patouilles…
- Alors ?
- Mmmmhhh…
- Pas de patouilles, pas de pieds !
L’aspect phonique de ma sortie –j’allais écrire « de ma saillie » mais vous connaissant, lectrices chéries…- a alors inspiré à la lumière de mes jours, que des décennies avec l’esprit mal tourné de son camarade de jeux ont contaminée, une de ces réflexions lestes dont elle a le secret.
« C’est vrai ! » a-t-elle dit d’un air rêveur, « Pas de patouilles, pas de pied… »
Je sais car elle me l’a dit, qu’il n’y avait pas de « s » à « pied ».
Elle aurait pu s'abstenir d'ajouter que c'était un jeu de mots involontaire de ma part.
C'et le problème de la vie commune quand elle dure longtemps.
On ne fait plus illusion...
07:55 | Commentaires (10)
dimanche, 02 février 2014
Je livre des Merveilles…
Vous ai-je dit, lectrices chéries, combien Merveille peut être ch… à ses heures ?
Il y a des moments comme ça où l’absence des ogres se fait cruellement sentir.
Au point qu’on se demande pourquoi on n’a pas choisi d’adopter un chien plutôt qu’avoir des enfants…
C’est vrai, quoi.
Si on y réfléchit deux minutes, le chien offre quand même de multiples avantages sur l’enfant.
D’abord il ne peut pas aller se plaindre en appelant le 119 si vous lui donnez un coup de pied.
Et puis, il ne va pas vous saouler pour l’école.
D’abord petit, en piaillant qu’il ne veut pas y aller.
Puis, plus tard en piaillant qu’il veut y aller au lieu d’aller gagner des sous pour vivre tout seul.
Le chien n’a pas non plus la fâcheuse habitude de vous réclamer des baskets qui coûtent un œil pour faire la nique à ses potes.
Pas plus qu’il ne vous dira, à treize ans et demi, sans remarquer le côté curieux de la formulation, « J’pourrais rentrer à deux heures du matin mercredi soir ? ».
Ni, quand vous refuserez pour cause de lever le jeudi matin, se mettre à hurler « ouiiii tu peux pas comprendre ! Je vais mourir si je ne la vois pas ! D’ailleurs tu sais pas c’que c’est ! Vous avez jamais connu ça manman et toi ! De toute façon, vous avez pas d’coeur ! »
Non, le chien, lui, ira traîner jusqu’à ce qu’il croise ce qu’il cherche et reviendra, fourbu et crotté mais ne vous réclamera que deux caresses et une boîte qu’il engloutira en deux secondes avant d’aller saloper votre canapé.
Pour en revenir à Merveille qui entre dans une période « Personne ne m’aime ! » et piaille à tout propos, que ce soit pour une tranche de saucisson ou un pull qu’elle a enfilé à l’envers.
Si vous lui dites à ce moment-là « Hé bé ! Tu ne crains pas les sorcières ! » elle pigne à fendre l’âme.
Cela dit je n’ai moi-même jamais compris pourquoi mettre un pull à l’envers attirait les sorcières, mais bon, je n’ai pas peur des sorcières…
Je vous le dis, lectrices chéries, l’avantage énorme des chiens sur les enfants, c’est qu’on peut les attacher à un arbre au bord d’une route et les laisser là…
Bon, ça va bien que j’aime Merveille et que son père est plus fort que moi, sinon certains jours je l’emmènerais à la SPA…
Non mais !
En plus elle est aussi jalouse qu’Heure-Bleue, bientôt on va me bander les yeux !
Non mais quelle famille !
07:05 | Commentaires (9)
samedi, 01 février 2014
Avez vous vu les sous venir ?
Vous savez quoi, lectrices chéries ?
Eh bien, quand vous avez traversé la Seine en passant par le Petit Pont parce que vous êtes allés voir Notre Dame, vous arrivez quai de Montebello.
« Dis, t’as vu Montebello ? Non, j’ai vu monter personne… » sur cet air-là ouais, bon, ne dites rien, c’est samedi aussi pour moi…
Vous tournez à droite en sortant du pont et, après avoir marché quelques dizaines de mètres, vous arrivez à un petit square.
Il est trop bien rangé aujourd’hui, moins fouillis et envahi par les odeurs dont Mab m’avait parlé lors de ma dernière promenade parisienne.
Je ne sais pas pourquoi Mab n’aime pas les odeurs d’essence et de gaz d’échappement.
Comme si l’odeur du Loing qui déborde et celle des betteraves qui constellent à l’automne les routes de son coin sentaient la violette. Pfff…
Revenons à mon petit square pas si petit que ça et bien rangé aujourd’hui.
Je ne sais pas d’où vient cette manie de vouloir remplacer des squares, un peu fouillis, plein de recoins où peuvent se cacher les amoureux et les enfants et dont les frondaisons assurent l’ombre propice aux entreprises des uns et des autres.
Surtout pour les remplacer par des « espaces verts » dégagés et où les arbres ne sont laissés là que comme vague décoration d’une pelouse sans âme.
Ce petit square pas si petit que ça, donc, était mal rangé et à l’époque bénie où j’usais mes newman pas très loin dans de grands bâtiments.
J’aimais bien m’y asseoir, histoire que des gens dont je n’ai pas le droit de parler puisse reposer leur tête sur mon hospitalière épaule.
Oui, à l’époque j’étais d’un naturel très hospitalier.
Ce n’est pas que je ne le sois plus mais mon hospitalité semble intéresser moins de monde.
Allez donc savoir pourquoi…
Je sors donc rapidement de ce petit square avant que je n’aie des histoires et je prends la rue Saint Julien le Pauvre sans oublier de me retourner pour voir les tours de Notre-Dame dont je détourne les yeux avant que d’autre souvenirs ne viennent déclencher une autre bagarre domestique.
Vous avez remarqué, lectrices chéries, comme tous les lieux que vous arpentez, pour peu que vous les connaissiez depuis longtemps, laissent des traces indélébiles dans votre esprit ?
10:41 | Commentaires (5)