lundi, 16 décembre 2013
L’usure des jours…
A la lumière des commentaires que vous avez laissés sur ma note dominicale de dimanche –Oui, de temps en temps j’aime bien jouer à Vincent Auriol, ce président qui parlait de son « petit village natal où je suis né »- je me demande si j’ai la cervelle qui marche si bien que ça.
Jusqu’à présent je n’avais pas l’impression qu’aimer Balzac était, sinon une tare, du moins une sorte de dévoiement du goût littéraire.
Du coup je viens de me plonger dans la lecture d’un de ces polars que j’affectionne, à l’écriture bizarre et à l’intrigue tordue. Un polar plutôt déjanté, en somme…
Une autre aventure, encore plus curieuse –toujours selon vos commentaires- que l’aveu de mes lectures, m’est nuitamment arrivée entre dimanche et lundi.
Je ne sais pas si je vous ai déjà dit, lectrices chéries, qu’Heure-Bleue a parfois un comportement que je dirais « inattendu ».
Surtout la nuit.
Oui, vous savez, bien sûr que vous savez, que je passe mes nuits au côté d’Heure-Bleue.
Et depuis un certain temps.
Que dis-je, un temps certain…
Bon, ne vous attendez pas à une nouvelle fracassante ni au récit des infortunes de la vertu, d’ailleurs Heure-Bleue ne s’appelle pas Justine.
Non, c’est bien pire.
Imaginez un instant, milieu de la nuit et mitan du lit.
Mais non, lectrices chéries, il ne s’agit pas de « ça ».
Pfff...Vous ne pensez vraiment qu’à ça.
Bon, moi aussi.
Reprenons.
Une main me secoue, me sortant brutalement d'un profond sommeil.
Oui, j'ai le sommeil plus profond que le jugement...
Une voix connue me dit « Dors Minou ! Il est trop tôt ! »
Totalement réveillé pour le coup je demande alors à l’autre moitié du lit « Mais enfin, pourquoi tu me réveilles pour me dire de dormir ? »
Et, comme d’habitude, Heure-Bleue m’assied d’un magistral « C’est ta faute, t’as qu’à pas me « patouiller » quand tu dors ! »
Ça fait bientôt quarante trois ans que nous passons nos nuits dans le même lit.
Ça fait bientôt quarante trois ans que je prends des coups de pied quand je veux « coller ».
Ça fait bien plus que ça encore que je cherche toujours une peau à toucher –pas la mienne- quand je dors.
Madame tombe de l’armoire fin 2013 quand survient ce qu’elle connaît depuis avril 1971.
Il me semble qu’à l’époque elle le supportait beaucoup mieux.
Je me demande même si elle ne le souhaitait pas et ne m’y incitait pas de façon convaincante.
Mais bon, je rêve peut-être.
Un peu comme quand je lis Balzac…
08:36 | Commentaires (12)
dimanche, 15 décembre 2013
L'insoutenable légèreté de lettre...
J’arrive à la fin de mon bouquin.
Il y a des décennies que je ne l’avais pas lu et, ô miracle, il n’a pas vieilli.
Bon, vous me direz, lectrices chéries, que « Le lys dans la vallée » est vieux depuis que vous êtes entrées au lycée…
Mais lisez-le, ce n’est pas vrai.
Du moins pas si vrai.
Et puis ça prend du temps à lire. D’abord et surtout parce que ça ne se lit pas comme un polar.
Ensuite, il faut bien admettre que c’est merveilleusement bien écrit. Avouez qu’Honoré de Balzac, c’est autre chose qu’Emile Zola.
Je ne sais pas pourquoi on oppose toujours ces deux là.
Le premier écrivait pour gagner des sous, histoire de payer les huissiers qui se pressaient en foule pour les lui prendre.
N’oublions pas non plus qu’il avait le feu au cul ce qui n’allait pas sans trouer sévèrement son porte-monnaie.
Il écrivait donc pour gagner des sous tandis que le second écrivait parce qu’il avait plein de choses à dénoncer.
Bref, c’était un journaliste. Intéressant, certes, mais pas tip-top comme littérateur.
Tandis que l’Honoré de ces dames, alors là… C’était autre chose.
J’irais jusqu’à dire –alors que ce n’est pas mon job d’en juger- que c’est un cador du « poème en prose ».
Pas aussi fignolés que ceux de Baudelaire mais quand même, ce sont de brefs entractes qui tombent si bien dans le roman, et toujours au bon moment...
J'adore ces petits paragraphes sans rapport avec l’œuvre elle-même qui vous ouvrent un coin de ciel et vous font rêvasser alors qu’il y a d’autres choses à faire.
Venir vous lire, par exemple..
Nom de dieu ! Quelle écriture, quelle aisance, quel génie pour vous faire vivre des choses qu’il a seulement imaginées.
Bon, savoir qu’il en a imaginé la plus grande partie pour aller traîner entre les draps –et pas que les draps- de ses conquêtes n’enlève rien à son génie.
Non, non, lectrices chéries, il ne s’agit pas là de talent –même Johnny Halliday en a…- mais bien de génie.
Voilà ce que je tenais à vous dire qu’en cet avant dernier dimanche de l’Avent, que je ne fais pas qu’écrire des bêtises.
J’en lis aussi…
Mais un doute m’étreint.
Serais-je en train de devenir moins fainéant à cause du temps qui passe ?
Heureusement que je suis en vacances jusqu’à la mort.
Sinon j’irais jusqu’à penser qu’on m’a changé la cervelle en douce.
Une cervelle si experte dans l’art d’éviter l’effort.
Si je devais passer le temps qui me reste à me fatiguer, là je l’aurais mauvaise…
12:51 | Commentaires (7)
samedi, 14 décembre 2013
Les réseaux soucieux…
A la lumière des commentaires sur mon dernier billet, je me demande ce qu’aurait été la conversation –et vos commentaires, lectrices chéries- si j’avais dit à l’accorte dame du restaurant « Bonjour Isabelle ! »
Oui, elle s’appelle Isabelle.
Comment je le sais ?
Il suffit d’attendre en buvant son café et de jeter un mot de temps en temps en feuilletant son journal.
C’est bien le diable si, au second café, en disant « Je pourrais avoir un autre express serré, s’il vous plaît ? Euh… » vous n’entendez pas « Isabelle, je m’appelle Isabelle. »
En fait il suffit d’être bien élevé…
Pour ce que j’ai constaté, ça marche à chaque fois.
Après, il suffit d’écouter, c’est fou ce que les gens ont envie de parler. Surtout d’être écouté.
Ils ont plein de choses à dire et semblent n’avoir que rarement une oreille complaisante.
Je sais d’elle, par exemple qu’elle s’est fait jeter de son précédent boulot et que le tribunal des prud’hommes devrait lui rendre justice ces jours-ci.
Ne me demandez pas de détails sur les bisbilles entre son ex-boss et elle, je ne vais pas assez souvent boire un café dans ce salon de thé pour avoir tous les détails.
Pour en revenir à vos commentaires et à la propension des gens à parler à des inconnus, n’allez pas croire Brigitte ou Liliplume.
On ne peut pas dire qu’Heure-Bleue soit jalouse.
Je dirais plutôt qu’elle éprouve une certaine réticence à prêter ses affaires.
Surtout quand ses affaires, c’est moi.
Mais elle n’est quand même pas la femme de Catilina ni la version femelle d’Othello.
Bon, il arrive qu’elle me dise parfois, dans la rue ou le bus, là où mon attention est suffisamment sollicitée par la population pour que j’en devienne imprudent, qu’elle me dise :
- Tu as vu, celle…
Et je réponds trop vite, bien trop vite, mes hormones marchant plus vite que mes jambes :
- Celle à la jupe verte ? Avec les longues jambes et des cheveux ro…
- Ah… Je me disais aussi… Tu ne pouvais pas ne pas la remarquer. Tu ne changeras jamais.
Ce qui ne me déplairait pas si elle n’ajoutait « vieux machin ! Ne rêve pas, c’est pas du mouron pour ton serin… »
Me ramenant illico à ma triste condition de vieux gamin avec une cervelle d’un vingtaine d’années dans un corps d’une soixantaine d’années. Corps auquel il manque des pièces…
Heureusement qu’Heure-Bleue ne vaut pas plus cher.
Si elle croit que je ne la vois pas regarder en douce de jeunes hommes bruns, au teint mat, aux yeux de braise et au menton bleu…
En plus, ces salauds ont trente piges tout au plus.
La vie est cruelle.
Surtout quand elle s’allonge…
08:10 | Commentaires (9)
vendredi, 13 décembre 2013
Déjeuner à côté de chez Tiffany.
Hier nous avons déjeuné avec une blogueuse qu’on connaît depuis…
Bon, je ne dirai rien.
Oui, lectrices chéries, si je dis depuis combien de temps on la connaît, vous allez croire qu’elle est vieille, alors que pas du tout.
Elle est juste à peine moins brune que la première fois que je l'ai vue.
Oui, à l'époque elle était brune.
Surtout qu’elle aussi fait partie de mes lectrices chéries.
Je ne peux donc pas laisser entendre des choses qui risqueraient de me l’aliéner et faire sombrer mon blog dans le fond de la couche sédimentaire de trucs sans intérêt qui tapisse le Web.
La compagnie était agréable, la présence de deux femmes à table m’a évité de me mettre en frais de conversation.
Je ne sais pas si vous avez remarqué mais dès que deux femmes sont à table, il suffit d’écouter.
On apprend plein de choses sur des sujets aussi divers que les éviers ou le chauffage au bois.
Je fus déçu, je n’en ai entendu aucune « habiller » une troisième…
Et pourtant, j’en connais des qui…
Un moment, la dame qui aide le restaurateur est venue à notre table et j’ai échangé quelques mots avec elle.
Surprise d’Heure-Bleue qui la regarda de haut en bas :
- Tu la connais ?
- Bien sûr ! Je prends un café ici de temps à autre.
- Mais tu ne me l’avais pas dit !
Et notre blogueuse de rassurer Heure-Bleue d’un « Tu ne crains rien, elle n’est pas rousse… »
Heure-Bleue, toujours féroce, a lâché « Oh… Maintenant il est moins exigeant, il regarde un peu tout… »
Et après on viendra me parler de « couple fusionnel ».
Je t’en foutrais, moi, du « couple fusionnel »…
09:41 | Commentaires (7)
mercredi, 11 décembre 2013
Drame inattendu : Juliette vient de flinguer Roméo.
Le commentaire que Juliette a laissé sur ma note d’hier m’a quelque peu estourbi.
Voyons Juliette, si tu avais lu « Le nouvel inconscient » de Lionel Naccache tu aurais remarqué un détail épouvantable dans l’espèce humaine.
Nous avons été, contrairement aux animaux, doté d’intelligence, même si c’est très relatif chez certains.
Du coup, nous avons été amenés à agir plutôt que réagir...
Ce qui ne va pas sans difficultés. Notamment sur la façon qu’a notre cerveau de « scénariser » le monde pour pouvoir appréhender la réalité d’une façon qui nous permette d’y vivre.
Ce préambule tarabiscoté pour te dire, d’une façon plus simple, que nous sommes des bestioles qui ont inventé les sentiments en plus de l’eau chaude et du tire-bouchon.
J’ai déjà longuement tartiné sur le tire-bouchon, ce truc qui prouve merveilleusement l’inexistence et l’inutilité du bon dieu.
Non Mab ! Pas sur la tête !
Et dis à Lakevio que j’ai des lunettes !
Pour en revenir à ce commentaire de Juliette, je comprends bien, ma grande que nous sommes menés par nos hormones.
Je le constate en regardant la sortie des élèves du collège qui fait face à l’école primaire chaque fois que je vais chercher Merveille.
Cela dit, Juliette, tu t'étais déjà rendue célèbre en clamant à la face du monde une information que tu aurais dû garder pour toi.
Alors imagine un peu comme nous devrions réécrire quasiment tout ce qui fut écrit, récité, chanté et filmé depuis que Mr de Cro-Magnon a griffonné sur les murs de sa grotte.
Imagine un instant Pétrarque parlant de Laure.
Non comme on a pu le lire :
Ce fut le jour saint où, en deuil du Créateur,
Le soleil vint à décolorer ses rayons,
Quand, ne me gardant pas, je fus fait prisonnier,
De vos beaux yeux, Dame, je me vis enchaîné.
Mais avec ta vision de la chose ça donnerait :
Je la croisai alors, du plus bel ADN,
Elle put me tenter et ne s’en priva point
Son joli patrimoine, habilement caché,
Pour génétique qu’il fut m’a tout à fait tenté
Franchement, est-ce sérieux ?
En tout cas, ça perdrait salement de son intérêt.
Imagine Tristan et Isolde, au lieu du philtre d’amour bu par erreur un truc du genre « Elle a vu tout de suite qu’ils étaient compatibles alors ils se sont accouplés au lieu d'aller la marier bêtement avec le roi Marc. »
Pareil avec Roméo et Juliette.
On sait bien que c’est affaire d’hormones et, plus tard, d’accord de névroses, mais quand même…
Dis moi, Juliette, tu t’es précipitée sur le patrimoine génétique de ton mari ou bien t’es tu laissée tenter par son ramage ? Hmmm ?
09:37 | Commentaires (8)