lundi, 13 février 2023
Devoir de Lakevio du Goût N°153
Cette photo me serre le cœur, il s’en dégage une impression, que dis-je des impressions diverses et opposées.
Mais à vous ?
Qu’inspire-t-elle ?
Bah… On verra ça lundi…
Je suis passé dix fois devant cette maison.
Dix fois… Plutôt cent fois !
Je ne sais pourquoi elle m’attristait.
L’impression de désolation qui se dégageait de ce toit qui perdait ses tuiles, peut-être.
Aujourd’hui, je n’ai pu tenir.
Je suis entré dans la maison.
J’ai été assailli !
Ce fut soudain et m’amena au bord des larmes.
Habituellement d’un heureux caractère et prenant les choses comme elles viennent, qu’elles fussent bonnes ou mauvaises, j’ai été soudain saisi.
Un terrible sentiment de solitude m’étreignit, une sensation d’abandon rarement ressentie même après ces fins d’amours adolescentes où on se dit « tout est fichu, je vais me tuer ! »
Là c’était pire.
Ça donnait une sensation de « vrai », quelque chose comme une perte irrémédiable.
Quelque chose qui ne pouvait provenir que des drames passés.
Drames forcément affreux qui s’étaient produits dans cette maison.
Pourtant elle « suait » pas le malheur, non…
Elle ne faisait que laisser cette impression de solitude.
Cette impression désespérante suintait de tous les murs, du plafond dégradé par les infiltrations d’eau de pluie.
Les mur eux-mêmes pleuraient de tous leurs graffiti, hurlant à la face d’un monde sourd « Je suis seul ! Tout seul ! »
J’ai donné un coup de pied dans un morceau de plâtre tombé du plafond.
Il a glissé sur le plancher sans même faire un semblant de bruit…
Ce sentiment de solitude devenait de plus en plus oppressant.
Si je restais là encore cinq minutes, j’allais me mettre à pleurer.
Pleurer à gros sanglots, des sanglots issus d’un chagrin irrépressible.
Je me suis retourné vers la porte, à peine calmé par la vue d’une campagne herbeuse plutôt triste elle aussi.
Je me suis précipité dehors.
Là, rassuré par un soleil assez pâle, j’ai repris le chemin qui menait vers la vie.
Qui m’emmenait là où je n’étais plus seul…
09:10 | Commentaires (21)
samedi, 11 février 2023
Rencontre agréable.
Nous avons vu une blogueuse et son petit camarade de jeux.
Je dis « petit » mais il est grand, plus exactement plus grand que moi.
Je dois le dire, il a de la veine d’être plus fort que moi, sinon… Hein…
Nous les avions déjà rencontrés il y a trois ans et fûmes, du moins la lumière de mes jours et moi, ravis de les revoir.
Je dois aussi vous avouer que Célestine a des yeux magnifiques.
Aussi chouettes que ceux d’Heure-Bleue.
Après un dessert qui a passé cinq minutes sur la langue avant de passer ses prochaines années sur nos hanches, nous sommes tous tombés d’accord sur un point délicat.
Point délicat en ce sens qu’il montre bien que nous ne sommes plus des « perdreaux de l’année »…
Le point délicat est délicat mais je l’aborde tout de même.
Nous avons tous quatre en commun, outre le fait que si un matin nous n’avons mal nulle part, c’est que nous sommes morts, la similitude du langage du début et de la fin de journée.
Le soir, regardant avec amour la personne qui a partagé notre vie de ce jour, juste avant de nous endormir, nous nous tournons et avons un dernier mot.
Le matin, regardant avec amour la personne qui va partager cette nouvelle journée, nous avons un premier mot.
Et c’est là que nous sommes tous quatre tombés d’accord.
Le même mot nous est venu aux lèvres.
Avant de nous endormir et en nous réveillant, nous disons « Aïe ! »
Et nous sommes d’accord sur un fait biologique désormais indubitable : Un vieux, c’est juste un jeune qui a mal partout…
09:50 | Commentaires (10)
vendredi, 10 février 2023
153 ème Devoir de Lakevio du Goût.
09:51 | Commentaires (15)
lundi, 06 février 2023
Devoir de Lakevio du Goût N°152
Mais à quoi diable pensait Mark Keller en peignant cette jeune femme ?
Il me vient plein d’idées à regarder cette toile.
Mais à vous ?
Je me dis que ça devrait commencer par :
« Ma tante a dit : t’as perdu ta langue, Anne ? »
Et finir sur :
« Et elle se trouve renvoyée à la solitude. »
« Ma tante na dit : t’as perdu ta langue, Anne ? »
J’ai fermé le bouquin et je me suis demandé ce qu’aurait fait Annie Ernaux dans ma situation.
Elle me la baillait belle, la môme !
Facile pour elle !
Elle était d’un pays où normalement les filles « perdaient leur capsule » comme elle dit, dans les fêtes foraines, après plein de questions, d’hésitations, tout ça.
Ça se passait plus ou moins bien mais dans l’ensemble, elles étaient d’accord pour le truc.
Pas comme moi parce que mon père a cru avoir tous les droits après avoir abusé du bourbon…
Bon, tout ça c’est bien beau mais qu’est-ce que je vais faire maintenant ?
Debout ma vieille ! Arrête de gémir ! Au boulot !
Dans mon malheur, j’ai de la chance qu’il ait pris la mauvaise habitude de disparaître pendant des jours voire des semaines après une engueulade avec ma mère.
Quand il avait un coup dans le nez, enfin un coup plus gros que d’habitude car il avait un coup dans l’aile tous les jours, il décidait qu’il allait la sauter là, dans la cuisine.
Chaque fois c’était pareil, il lui collait une baffe et partait « faire un tour ».
Souvent, « faire un tour » c’était aller au café de la station-service et après un bourbon de plus il disparaissait.
Ce soir, hélas, il s’est tourné vers moi et m’a vue, il s’est avancé vers moi avec un regard que je ne lui avais jamais vu et a passé sa grosse main sur mes seins et a voulu en prendre un.
J’ai crié « Mais !!! Papa ! Je suis ta fille !!! »
Ça ne l’a pas arrêté. Ma mère s’est relevée difficilement, c’est qu’il avait la main lourde, la vache !
Il ne s’est pas arrêté et a tiré sur ma robe, l’a relevée.
Adossée au buffet du salon, j’ai tâté derrière moi et ai attrapé la lampe.
Celle « en fer forgé pour faire antique ».
Je l’ai attrapée et, alors qu’il essayait de relever ma robe, je l’ai abattue sur son crâne luisant.
Il a juste soupiré et est tombé à mes pieds.
Là, ma mère m’a accusée d’avoir blessé « l’amour de sa vie » et à voulu me gifler.
C’en était trop ! Alors à elle aussi j’ai donné un coup de lampe.
Bon sang qu’ils étaient lourds !
Mais j’ai réussi à les mettre dans le coffre de la vieille Buick.
Le plus gros restait à faire.
Le trou où pourriraient ces deux porcs.
Je me suis rappelée alors avoir lu dans le bouquin de cette Française qui avait si bien vu l'histoire en écrivant « Et elle se trouve renvoyée à la solitude. »
10:10 | Commentaires (19)
dimanche, 05 février 2023
Dernière manif’.
Ce matin, Adrienne m’a surpris.
Je ne pensais pas qu’Adrienne fut d’un naturel à participer à la manifestation d’une grogne collective.
Sa note d’aujourd’hui a donc ravivé chez moi le souvenir de « ma dernière manif’. »
La dernière fois que j’ai manifesté, c’était pour protester contre l’attentat de la rue Copernic.
Feu le Premier ministre de l’époque, alors que l’attentat avait fait quatre morts, avait maladroitement remarqué qu’il « aurait pu tuer des Français innocents »…
Ce fut la dernière fois que j’ai manifesté.
Il me faut vous dire que placé derrière la camionnette du MRAP (Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour l’amitié entre les peuples, depuis, antisémitisme a été supprimé...) « l’aboyeur » dit à un moment « on est un peu sec, là, z’auriez pas un slogan ? »
Le Libé du matin, en référence à Cohn-Bendit avait titré « Nous sommes tous des juifs français ».
Cette version du « Nous sommes tous des juifs-allemands » de 1968 m’avait plu, je la lui ai donc suggérée.
Là, le type me dit « Ah... Ça me fait un peu ch... ! »
Bêtement, je demande « Pourquoi ? »
Et là, il me répond avec un air faux-cul flagrant « Ben, passque chuis pas un... juif... »
À entendre son hésitation, je l’ai même entendu penser « youpin ».
Je lui ai demandé ce qu’il faisait là, il n’a rien dit et a demandé un autre slogan.
Alors j’ai continué, dégoûté malgré tout, jusqu’à la place de la République.
Là, comme souvent dans les manifs, du moins celles que j’avais suivies jusqu’en 1980, car on était en 1980, une sorte de vague à l’âme est tombé sur la foule.
Bien que n’ayant pas digéré les mots de « l’aboyeur » j’avais faim.
Saisi de l’inspiration subite du farceur, j’ai hurlé, comme un slogan « Nous voulons dî-ner ! Nous voulons dî-ner ! ».
À la troisième reprise, des voix ont commencé à s’élever de la foule, quelques secondes plus tard, la place entière scandait « Nous voulons dî-ner ».
Puis le silence s’est soudain abattu sur la place.
Certains se sont sans doute demandé quel imbécile avait lancé ce slogan, quasiment un blasphème.
Hélas pour eux, j’avais disparu.
Cette preuve que le panurgisme n’est jamais loin et qui explique sans doute quelques atrocités m’a inquiété.
En attendant, ça m’a dégoûté des manifs…
10:08 | Commentaires (5)