mardi, 14 février 2023
La réalité dépasse l’affliction.
Le devoir d’Heure-Bleue m’a rappelé un articulet, sans doute écrit par un « Dr ès arnaque » œuvrant dans l’art de faire prendre des vessies pour des lanternes.
La connaissance profonde du langage si particulier de l’agent immobilier par Heure-Bleue lui permet de décoder avec aisance ce que cache cette « ravissante studette avec coin kitchenette ensoleillée avec vue imprenable sur la Tour Eiffel, impeccable pour un jeune. »
Son entraînement lui permet de traduire en ce nettement plus objectif « Minuscule piaule au sixième étage sans ascenseur avec évier et plaque électrique sous la mansarde »
On y entrevoit la Tour Eiffel en montant sur le lit, on y gèle l’hiver et y étouffe l’été, tout ça pour un demi SMIC.
Le succès de ce genre d’annonce s’émoussant avec le temps à mesure que le prix lui s’envole, le besoin de la nouveauté dans l’argumentation se fait cruellement ressentir.
Avec l’envolée du prix du m2, l’agent immobilier, toujours courant après sa commission a trouvé un nouvel appât.
Ainsi naquit le concept ébouriffant du « mètre carré ressenti »...
Ainsi, la constatation qu’une pièce vide de dix mètres carrés donne une impression d’espace autrement grande qu’une pièce de vingt-cinq mètres carrés pleine de meubles et de tables diverses est vue aussitôt comme le piège qui allait permettre d’attraper le gogo peu attentif...
L’avantage est immédiat, surtout pour celui payé à la « guelte ».
Imaginez un peu le galetas de dix mètres carrés vendu au prix de l’année précédente de la chambre de vingt-cinq mètres carrés !
C’est plonger dans le Pactole !
Le « mètre carré ressenti » !
Avouez que c’est quand même une trouvaille autrement plus rentable que la réforme des retraites.
Ne prenez pas l’agent immobilier pour une andouille.
C’est peut-être le cas.
Mais une chose est sûre, lui vous prend pour une andouille…
10:25 | Commentaires (7)
lundi, 13 février 2023
Devoir de Lakevio du Goût N°153
Cette photo me serre le cœur, il s’en dégage une impression, que dis-je des impressions diverses et opposées.
Mais à vous ?
Qu’inspire-t-elle ?
Bah… On verra ça lundi…
Je suis passé dix fois devant cette maison.
Dix fois… Plutôt cent fois !
Je ne sais pourquoi elle m’attristait.
L’impression de désolation qui se dégageait de ce toit qui perdait ses tuiles, peut-être.
Aujourd’hui, je n’ai pu tenir.
Je suis entré dans la maison.
J’ai été assailli !
Ce fut soudain et m’amena au bord des larmes.
Habituellement d’un heureux caractère et prenant les choses comme elles viennent, qu’elles fussent bonnes ou mauvaises, j’ai été soudain saisi.
Un terrible sentiment de solitude m’étreignit, une sensation d’abandon rarement ressentie même après ces fins d’amours adolescentes où on se dit « tout est fichu, je vais me tuer ! »
Là c’était pire.
Ça donnait une sensation de « vrai », quelque chose comme une perte irrémédiable.
Quelque chose qui ne pouvait provenir que des drames passés.
Drames forcément affreux qui s’étaient produits dans cette maison.
Pourtant elle « suait » pas le malheur, non…
Elle ne faisait que laisser cette impression de solitude.
Cette impression désespérante suintait de tous les murs, du plafond dégradé par les infiltrations d’eau de pluie.
Les mur eux-mêmes pleuraient de tous leurs graffiti, hurlant à la face d’un monde sourd « Je suis seul ! Tout seul ! »
J’ai donné un coup de pied dans un morceau de plâtre tombé du plafond.
Il a glissé sur le plancher sans même faire un semblant de bruit…
Ce sentiment de solitude devenait de plus en plus oppressant.
Si je restais là encore cinq minutes, j’allais me mettre à pleurer.
Pleurer à gros sanglots, des sanglots issus d’un chagrin irrépressible.
Je me suis retourné vers la porte, à peine calmé par la vue d’une campagne herbeuse plutôt triste elle aussi.
Je me suis précipité dehors.
Là, rassuré par un soleil assez pâle, j’ai repris le chemin qui menait vers la vie.
Qui m’emmenait là où je n’étais plus seul…
09:10 | Commentaires (21)
samedi, 11 février 2023
Rencontre agréable.
Nous avons vu une blogueuse et son petit camarade de jeux.
Je dis « petit » mais il est grand, plus exactement plus grand que moi.
Je dois le dire, il a de la veine d’être plus fort que moi, sinon… Hein…
Nous les avions déjà rencontrés il y a trois ans et fûmes, du moins la lumière de mes jours et moi, ravis de les revoir.
Je dois aussi vous avouer que Célestine a des yeux magnifiques.
Aussi chouettes que ceux d’Heure-Bleue.
Après un dessert qui a passé cinq minutes sur la langue avant de passer ses prochaines années sur nos hanches, nous sommes tous tombés d’accord sur un point délicat.
Point délicat en ce sens qu’il montre bien que nous ne sommes plus des « perdreaux de l’année »…
Le point délicat est délicat mais je l’aborde tout de même.
Nous avons tous quatre en commun, outre le fait que si un matin nous n’avons mal nulle part, c’est que nous sommes morts, la similitude du langage du début et de la fin de journée.
Le soir, regardant avec amour la personne qui a partagé notre vie de ce jour, juste avant de nous endormir, nous nous tournons et avons un dernier mot.
Le matin, regardant avec amour la personne qui va partager cette nouvelle journée, nous avons un premier mot.
Et c’est là que nous sommes tous quatre tombés d’accord.
Le même mot nous est venu aux lèvres.
Avant de nous endormir et en nous réveillant, nous disons « Aïe ! »
Et nous sommes d’accord sur un fait biologique désormais indubitable : Un vieux, c’est juste un jeune qui a mal partout…
09:50 | Commentaires (10)
vendredi, 10 février 2023
153 ème Devoir de Lakevio du Goût.
09:51 | Commentaires (15)
lundi, 06 février 2023
Devoir de Lakevio du Goût N°152
Mais à quoi diable pensait Mark Keller en peignant cette jeune femme ?
Il me vient plein d’idées à regarder cette toile.
Mais à vous ?
Je me dis que ça devrait commencer par :
« Ma tante a dit : t’as perdu ta langue, Anne ? »
Et finir sur :
« Et elle se trouve renvoyée à la solitude. »
« Ma tante na dit : t’as perdu ta langue, Anne ? »
J’ai fermé le bouquin et je me suis demandé ce qu’aurait fait Annie Ernaux dans ma situation.
Elle me la baillait belle, la môme !
Facile pour elle !
Elle était d’un pays où normalement les filles « perdaient leur capsule » comme elle dit, dans les fêtes foraines, après plein de questions, d’hésitations, tout ça.
Ça se passait plus ou moins bien mais dans l’ensemble, elles étaient d’accord pour le truc.
Pas comme moi parce que mon père a cru avoir tous les droits après avoir abusé du bourbon…
Bon, tout ça c’est bien beau mais qu’est-ce que je vais faire maintenant ?
Debout ma vieille ! Arrête de gémir ! Au boulot !
Dans mon malheur, j’ai de la chance qu’il ait pris la mauvaise habitude de disparaître pendant des jours voire des semaines après une engueulade avec ma mère.
Quand il avait un coup dans le nez, enfin un coup plus gros que d’habitude car il avait un coup dans l’aile tous les jours, il décidait qu’il allait la sauter là, dans la cuisine.
Chaque fois c’était pareil, il lui collait une baffe et partait « faire un tour ».
Souvent, « faire un tour » c’était aller au café de la station-service et après un bourbon de plus il disparaissait.
Ce soir, hélas, il s’est tourné vers moi et m’a vue, il s’est avancé vers moi avec un regard que je ne lui avais jamais vu et a passé sa grosse main sur mes seins et a voulu en prendre un.
J’ai crié « Mais !!! Papa ! Je suis ta fille !!! »
Ça ne l’a pas arrêté. Ma mère s’est relevée difficilement, c’est qu’il avait la main lourde, la vache !
Il ne s’est pas arrêté et a tiré sur ma robe, l’a relevée.
Adossée au buffet du salon, j’ai tâté derrière moi et ai attrapé la lampe.
Celle « en fer forgé pour faire antique ».
Je l’ai attrapée et, alors qu’il essayait de relever ma robe, je l’ai abattue sur son crâne luisant.
Il a juste soupiré et est tombé à mes pieds.
Là, ma mère m’a accusée d’avoir blessé « l’amour de sa vie » et à voulu me gifler.
C’en était trop ! Alors à elle aussi j’ai donné un coup de lampe.
Bon sang qu’ils étaient lourds !
Mais j’ai réussi à les mettre dans le coffre de la vieille Buick.
Le plus gros restait à faire.
Le trou où pourriraient ces deux porcs.
Je me suis rappelée alors avoir lu dans le bouquin de cette Française qui avait si bien vu l'histoire en écrivant « Et elle se trouve renvoyée à la solitude. »
10:10 | Commentaires (19)






