dimanche, 19 septembre 2010
Lettre de motivation.
Afin de participer activement au jeu de madame Akynou, mais, comme d'habitude en laissant libre cours à ma libre interprétation du jeu, voici la lettre de motivation demandée.
L'approche en est bien sûr différente de la forme demandée mais j'aime aller dans un sens inattendu.
Partant du principe que "c'est déjà bien assez d'être pauvre, si en plus il faut se priver" je préfère, comme l'enseignent les arts martiaux, laisser l'adversaire faire l'effort qui le foutra par terre en poussant dans le sens où il tire.
L'efficacité du piège est d'ailleurs démontrée avec éclat par la réponse de l'employeur sollicité.
Je sais, comme d'habitude j'en fais trop en me laissant aller avec délices à ma propension naturelle à tartiner pour pas grand'chose, mais bon, après tout c'est mon blog, pas la mine. Mmmh ?
Monsieur le Directeur des Ressources Humaines de "Mourez, nous ferons le reste La retraite enchantée"..
Si je tiens absolument à travailler dans votre mouroir résidence pour seniors, c'est qu'après avoir pesé les avantages et les inconvénients du poste de brancardier que vous proposez vis a vis des postes d'hôte de caisse chez Casifour ou de manutentionnaire manager de rayon chez Carrechan il m'est apparu que vous l'emportiez haut la main.
Ce n'est évidemment pas le salaire qui est l'élément déterminant puisque vous proposez tous le même, soit 8.86 €uros bruts de l'heure.
Pas plus le fait que, pour maintenir chez les salariés une obéissance de bon aloi, vous et vos pareils proposez des horaires qui, pour réduits qu'ils soient, mobilisent entre huit et douze heures par jour pour un horaire effectivement payé ne dépassant pas vingt à trente heures par semaine étalées parfois sur six jours.
Non, ce qui m'a conduit à opter pour l'emploi passionnant que vous proposez, c'est l'absence de risque inhérent au métier de brancardier dans une maison de retraite telle que la vôtre.
En effet, considérez, Monsieur le Directeur des Ressources Humaines, que le poste d'hôte de caisse, outre la tentation bien compréhensible, vu la modicité de la rétribution allouée, de confondre le tiroir caisse avec sa poche, il y a le risque inacceptable de prendre un mauvais coup dû à la panique d'un braqueur au son de la sirène déclenchée par un collègue, héros à peu de frais, le braqueur n'étant pas devant sa caisse mais devant la mienne.
Considérez aussi, Monsieur le Directeur des Ressources Humaines, que la tentation est bien grande, pour un manutentionnaire Manager de Rayon, de chaparder la boîte de cassoulet qui lui permettra le seul repas un peu nourrissant de la journée, repas que ses maigres émoluments ne lui permettraient qu'une fois par semaine. Toutes tentations qui conduisent inéluctablement au licenciement pour faute lourde…
Tandis que dans votre petite entreprise de pompage des ressources des vieillards maison de retraite, Monsieur le Directeur des Ressources Humaines, le risque encouru par le brancardier est quasiment nul.
En effet, dans votre mouroir Résidence pour Seniors, qui irait se plaindre de la glissade fatale d'un impotent ? Qui songerait à réprimander le brancardier qui échappe malencontreusement la vieillarde qui a un pied dans la tombe et du coup le deuxième, celle-là même qui appelle à longueur de journée les trois infirmières qui s'occupent de vos deux cents pensionnaires ? Le fait de ramasser un porte-monnaie qui traîne négligemment sur une table de nuit n'est pas répréhensible, d'autant que les vieux perdent souvent la tête et donc leur porte-monnaie.
Voilà pourquoi, Monsieur le Directeur des Ressources Humaines, je tiens absolument à travailler dans votre Résidence pour Seniors.
Surtout que vous serez absolument assuré de ma discrétion si, par un hasard malencontreux, j'en venais à remarquer, comme lors de mon premier entretien avec vous, que certaines de vos infirmières, surmenées par des journées de douze heures, dont trois heures supplémentaires rémunérées 10,08 €uros brut, ne peuvent se retenir de gifler certaines pensionnaires baignant dans leurs déjections.
Et puis il y a la prime impromptue de ce métier: Le brancardier ne travaille pas en permanence pendant sa vacation. Ce qui amène le salaire réel par heure de travail quasiment à des émoluments de cadre supérieur.
Cette dernière remarque montre bien que je suis tout à fait conscient des impératifs qui s’imposent à toute entreprise moderne et soucieuse du dividende versé.
Direction des ressources humaines de "Mourez, nous ferons le reste La retraite enchantée".
Monsieur Le-gout-des-autres.
Votre candidature, extrêmement spontanée, et votre lettre de motivation ont retenu mon attention.
Toutefois, je me dois de vous dire que l'approche que vous avez du noble métier de brancardier n'est pas tout à fait conforme à celle que nous nous faisons de ce métier qui tient plus du sacerdoce que de l’emploi courant.
Ce qui nous a, la direction et moi-même, le plus troublé dans votre lettre de motivation est la légèreté avec laquelle vous prenez les impératifs comptables, sévères mais justifiés, qui sont imposés à toute entreprise soucieuse du bien-être et du niveau de vie de l'actionnaire.
Dans cette lettre vous remarquez, à juste titre d'ailleurs, qu'un brancardier n'accorde pas la totalité de son temps au travail pour lequel il est grassement rétribué aux dépens des profits nets de l'entreprise.
Vous allez même jusqu'à comparer le salaire réel du brancardier aux émoluments d'un cadre supérieur.
Cette saine perception du travail en général et de celui de brancardier en particulier a attiré l'attention de la direction générale.
Celle-ci, lassée par le laxisme du personnel de surveillance du personnel, s'est posée l'éternelle question "Quis custodiet ipsos custodes ? " et a abouti à la conclusion que vous êtes le mieux placé pour assumer cette tâche, noble entre toutes: surveiller vos pareils.
Vous semblez en effet prompt à remarquer tout chapardage, toute tentative de tirer au flanc et à repérer le fumeur de chichon entre deux transports à l'hôpital le plus proche.
Connaissant tout comme vous les tentations induites par la modicité des salaires et sentant en vous l'entrepreneur né, prêt à se sacrifier pour l'entreprise pour peu que celle-ci sache le voir et le récompenser, la Direction Générale a décidé, dans sa foi dans la libre entreprise et l'efficacité de la récompense des mérites du travailleur dévoué, de vous allouer, en plus du généreux salaire de 8.86 € bruts de l'heure passant à 10.08 € bruts de l'heure au delà de 35 heures par semaine, la prime exceptionnelle de 10% sur les heures retenues à vos collègues moins assidus ainsi que 5% sur la totalité des heures non payées pour cause de non travail effectif, travail non effectué que vous aurez la charge de vérifier et noter heure par heure pour la totalité de vos collègues.
Bienvenue chez "Mourez, nous ferons le reste La retraite enchantée ", Monsieur le-gout-des-autres.
Nous attendons, une réponse positive à notre offre, réponse que vous ne manquerez pas, j’en suis sûr, de nous faire parvenir par retour du courrier…
11:43 | Commentaires (8)
dimanche, 12 septembre 2010
Caen vous présente ses meilleurs vieux…
Hier, Heure-Bleue, en veine de socialisation, avait décidé de me traîner sur les quais de Caen où une fête était donnée en l’honneur d’on ne sait trop quoi.
Il y a avait, outre le « coin culture » où des jeunes femmes habillées bizarrement tentaient de faire comprendre à un public méfiant les arcanes du théâtre « moderne » (tu prends Molière, tu habilles les acteurs en clown et en cadre de société de crédit et tu les fais éructer avec l’air sérieux…), le coin « créativité » (c’est le coin où, à la place des Maliens habituels qui essaient de te fourguer pour 2 € des bracelets en plastique fabriqués en Chine, des Caennaises BCBG les exposent sur des tissus « ethniques » et essaient de les placer pour 10 €).
Et enfin, après avoir traversé des nuages de graisse particulièrement difficiles à respirer, le truc qui t’imprègne la veste qu’après tu sens comme une allée de la Foire du Trône, nous sommes arrivés au stand des associations.
A peine entré dans le stand j’ai eu peur.
Un vrai mouroir ce coin. Des vieux à la recherche de bénévoles pour des tas d’associations.
J’ai pensé un moment m’être fait piéger par Heure-Bleue.
Elle m’avait fait venir à Caen pour me transformer en infirmier bénévole de petits vieux virés par les maisons de retraite trop chères !
Pour me rassurer elle m’a traîné auprès d’une mamie souriante qui nous a remis un prospectus chargé de nous soutirer 70 € de cotisation annuelle pour avoir le droit de jouer au bridge avec des bourgeois et probablement entendre dire du mal de ceux de notre « boulevard des Assoiffés » qui se piquent le nez avec le RMI…
11:11 | Commentaires (8)
samedi, 11 septembre 2010
On vit une époque formidable.
La magistrature dite « debout », celle qui est chargée de défendre la société contre les exactions diverses, d’où qu’elles viennent, chargée statutairement en premier ressort de présenter des réquisitions s’arroge assez souvent ces temps-ci le rôle habituellement dévolu au juge d’instruction –celui qu’on veut supprimer-.
Habituellement, le procureur demande assez hargneusement que l’on cloue illico sur une planche celui qui est soupçonné d’avoir commis un acte contraire à la loi.
Tout aussi habituellement, le juge d’instruction est chargé, après enquête de décider si oui ou non, le procureur s’est lamentablement vautré en promettant la géhenne au malheureux soupçonné à tort.
Eh bien, de plus en plus il semblerait que si le soupçonné fait partie de la gent susceptible de bavurer, ce soit le procureur qui décide que non, il n’y a pas lieu de tracasser le pauvre porteur de chaussette à clous et le juge d’instruction est renvoyé à ses chères études…
Heureusement, il y a une amélioration en vue : l’introduction de « jurés populistes » « jurés populaires » dans les tribunaux d’instance.
C'est génial, sachant que le juré de base t'enverrait au massicot pour le vol d'un pain, ça revient juste à rétablir le lynchage.
Ce qui, évidemment est beaucoup sérieux que ces socialo-communistes de magistrats laxistes...
Encore quelques progrès de ce type et on verra bientôt le chapardeur pendu au platane devant la boutique où il se sera fait serrer à voler une canette de bière.
Puis, l’évolution sociale droitière aidant, ça va relancer l’élevage de chevaux de trait.
Car il faut bien prévoir de quoi écarteler sur la place de la Concorde ceux qui se seront rendu coupable de crime de lèse-majesté en contestant à haute voix une décision de notre souverain bien-aimé…
Nous quittons allègrement les rives de la démagogie voyante pour enfin aborder les rives du populisme outrancier.
10:23 | Commentaires (3)
mercredi, 08 septembre 2010
Ca pourrait être pire…
Heure-Bleue, pessimiste pour une fois, nous plonge dans le désespoir avec sa mauvaise fois habituelle en osant écrire :
« Le Patron des patrons de l'époque a dit cette petite phrase, que je n'ai jamais oubliée "Vous avez gagné aujourd'hui mais nous vous reprendrons tout", c'est fait ! »
Elle ment !
Elle oublie qu’il nous reste encore :
Un embryon de Sécu (qui rembourse de moins en moins).
Un peu d'hôpitaux publics (ceux qu'on ferme de plus en plus).
Un peu d'ASSEDIC (celui qui radie pour dix minutes de retard).
Il reste aussi un peu de Caisse d'Allocations Familiales (qui passe plus de temps à chasser le fraudeur qu'à aider – et de moins en moins– la famille).
Il reste même une Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse (celle qui réajuste le pouvoir d'achat avec des « augmentations » systématiquement inférieures à l'inflation).
Bref pas de quoi se plaindre, hein ?
Après tout, on pourrait être dans la calamiteuse situation d’une dame – dont je tairai le nom parce qu’elle le vaut bien– dont la fortune personnelle - dont elle n'a pas gagné le moindre centime - est supérieure au déficit des caisses de retraite.
Et même, je viens d’apprendre qu’on peut prendre des arrangements avec des dépenses biscornues d’argent public.
Le plus gros parti de la majorité vient en effet d’accepter de prendre à sa charge les trois quarts de la dette d’un ancien maire, contractée pour cause d’emplois fictifs.
Comme contribuable parisien, j’avais alors contribué au salaire de gens qui n’avaient rien à faire sur les fiches de paie de la mairie.
J’étais donc heureux d’apprendre que la mairie au moins –pas moi bien sûr…– serait remboursée.
Jusqu’à ce que je me rappelle que le budget du parti dont je parle était subventionné à hauteur de 70% par les contribuables.
Je tiens donc à signaler aux foules que comme nouveau contribuable caennais, et même avec une remise, je viens donc d’être désigné volontaire pour casquer une nouvelle fois pour les emplois fictifs de la mairie de Paris.
Même si ma dîme sera réduite parce qu’un squatter du quai Voltaire se saigne à blanc pour un quart de la somme.
Je me demande du coup si le Rachid de la cité d'à côté, qui s’est fait « serrer » pour un « emprunt » de scooter, s’en sortirait aussi bien en rendant le scooter à son propriétaire.
Heureusement qu’avec la diminution régulière de mes revenus, mes impôts vont aussi diminuer.
Et encore, car Heure-Bleue, décidément pessimiste aujourd'hui, me dit qu’elle n’en jurerait pas…
14:28 | Commentaires (4)
vendredi, 03 septembre 2010
Les cloches de Caen sont dignes d’un don…
Un monde sans Dieu est un enfer ! (Benoit XVI, Rome le 3 septembre 2010)
Surtout pour le clergé… (Le-Gout-des-Autres Ier, Caen le 3 septembre 2010)
19:16 | Commentaires (8)