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dimanche, 15 février 2015

Ce que les seins valent en teint…

La Saint Valentin est habituellement une fête qui pousse aux heures supplémentaires.
Chacun concourt à son succès avec enthousiasme.
Les fleuristes dans leurs boutiques et les amants dans leurs chambres.
Un économiste vient néanmoins de faire une découverte d’importance sur l’avenir de la croissance dans notre pays.
La modération salariale avait poussé les Français a serrer les cordons de leur bourse.
Cet observateur a remarqué que ce que serraient les Françaises, c’était leurs cuisses.
Plus exactement, qu’elles ne « faisaient que les entrouvrir » (sic).
Je me suis demandé d’où il tenait cette information farfelue.
Manifestement pas des statistiques de l’INED qui montrent une croissance démographique soutenue.
Croissance qui ne coïncide pas vraiment avec l’habitude prêtée aux Françaises de garder les genoux serrés en toute circonstance.
J’ai pensé un moment qu’il avait peut-être fait vœu de chasteté à moins que ses préférences l’aient conduit à ignorer ce qui se passe chez les dames.
J’ai écouté soigneusement l’argumentaire développé par ce spécialiste de l’éthologie plumardière.
Et j’ai compris.
Contrairement aux autres pays d’Europe, la France n’use que modérément de ces petits jouets qui sont censés envoyer les femmes au ciel sans passer par les chemins habituels.
La cherté de la main d’œuvre, me suis-je dis, sachant que pour un économiste, la compétitivité est un souci permanent.
Un éclair m’a un instant traversé l’esprit quand j’ai songé qu’il n’y avait pas que la main à œuvrer en cette affaire…
Mais non, « le ménage français est notoirement sous-équipé en matière de sex-toys » a dit doctement le monsieur.
Je me suis alors demandé si, emporté par cette habitude de juger autrui à son aune, il n’avait pas envisagé une déficience nationale du mâle français nécessitant un appui mécanique bienvenu.
En réalité, il ne s’agissait comme d’habitude, quel que soit le domaine abordé, que pleurer sur les profits bêtement perdus et censés s’envoler si chaque ménage français s’équipait d’un canard nerveusement animé par une pile.
Ce brave garçon nous voyait tous aider nos camarades de jeux à s’envoler vers le septième ciel avec ces accessoires qui, à ses dires, représentaient  chez nous à peine le tiers de ce dont dispose le ménage anglo-saxon.
Triste exemple ai-je encore pensé, me rappelant que les Anglaises préféraient nettement, selon une enquête peu flatteuse, le chocolat à une partie de jambes en l’air…
Telle Perrette, il voyait déjà les joujoux vendu par millions, le marché des piles reprendre la vigueur qu’il nous souhaitait, les pannes, grâce à « l’obsolescence programmée » maintenir actif un marché selon lui atone dans notre pays, sans compter le rebond des ventes de « boules Quiès » pour protéger les oreilles chastes de toutes les manifestations accompagnant le câlin réussi.
Ce type ne pense pas.
Ni à la débauche d'énergie fossile qui serait si bien remplacée par l’énergie pas fossile du tout.
Ni au gaspillage de matières premières alors que la véritable matière première est censée être l’amour.
Bref, ce type a tout faux, lectrices chéries.
Pensez à cet équipement de base, celui que les tartuffes voudraient voir dormir au fond des sous-vêtements jusqu’à la majorité et y retourner à chaque fois qu’un bébé s’annonce et ce jusqu’à la tentative d’amorcer le suivant.
Cet équipement, à la fiabilité éprouvée depuis des millénaires,
Cet équipement qui ne tombe finalement que rarement en panne.
Cet équipement qui se réveille tout seul dès qu’on croise la bonne personne.
Cet équipement qui ne nécessite pas de pile pour fonctionner.
Sa source d’énergie ?
Un mélange de protides, de glucides, de lipides et d’eau.
Dans un cas on le trouve souvent sur une assiette, c’est un repas.
Dans l’autre, on le trouve souvent sur un drap, c’est un délice.

samedi, 14 février 2015

Qui c'est, le roi des sons ?

Je suis en train d’écouter un disque qu’on m’a offert quand j’avais quinze ans.
Il est resté, malgré les accidents et les années, en assez bon état.
Il fait bien sûr entendre quelques bruits autres que ceux enregistrés.
Mais… Mais, lectrices chéries, il a une vertu incomparable que n’auront jamais les autres versions dont je dispose.
Que ce soient des « regravures » en CD ou des tentatives de trouver des interprétations au moins aussi émouvantes que celle que j’écoute.
Même un « repressage » du même disque, qui date de 1977, n’a pas la vertu de celui-ci, pressé en 1963.
Je l’ai écouté tant de fois, avec la chance insigne de le faire avec un phonolecteur qui n’était pas de l’espèce des « charrues » qu’on trouvait sur les Teppaz…
Il est, malgré les années, resté sans ces rayures qui transforment une symphonie en ces indicatifs brefs qui recommencent éternellement après une coupure au plus mauvais moment de la mesure.
Genre « je me ferais teindre en bl… Je me ferais teindre en bl… je me ferais teindre en bl… » ad vitam æternam, le truc qui vous fait croire que vous venez d’appeler EDF et vous donne envie de donner des coups de pieds dans une platine qui coûte un bras avec un phonolecteur qui coûte un œil.
Bref, ce disque est parfait, lectrices chéries.
Vous savez que je suis resté jeune mais pas à ce point là.
Alors vous imaginez bien qu’un disque qui me retire un demi-siècle est une aubaine que je ne laisserais échapper pour rien au monde.
Je profite qu’Heure-Bleue est dans la salle de bains pour écouter « Villanelle » et « Le spectre de la rose » sans entendre « c’est trop fort » ou « c’est bientôt fini ? Je voudrais te raconter un truc ».
Oui, Comme vous le savez, Heure-Bleue est imperméable à la poésie et la musique classique.
Son truc, c’est le roman et le jazz…
Cela dit, il faut admettre que si Théophile Gautier est une pure merveille dans « Absence » ou « Le spectre de la rose », pour « Villanelle » il ne s’est pas foulé.
A croire que la nana qu’il draguait à ce moment là ne l’inspirait pas vraiment…
Oui, Théophile avait, comme on dit chez les mal-élevés comme moi, « le feu au cul ».
Et puis, autour de ce disque, il y a tellement de choses.
Jolies, moins jolies, agréables, pénibles…
Alors, pendant qu’Heure-Bleue est sous la douche, j’en profite.
D’ailleurs elle en sort et râle « C’est trop fort ! »
Mais j'ai quand même eu le temps d'entendre, avec un frisson:
«
         Mon destin fut digne d’envie
         Pour avoir un trépas si beau,
         Plus d’un aurait donné sa vie,
         Car j’ai ta gorge pour tombeau,
         Et sur l’albâtre où je repose
         Un poète avec un baiser
         Écrivit : « Ci-gît une rose
         Que tous les rois vont jalouser 
»
Vous ne pouvez pas imaginer...

vendredi, 13 février 2015

Et elle me l’annonce, apostolique…

J’avais déjà remarqué qu’à la Poste il me fallait faire la queue pour me taper le boulot normalement dévolu à la postière.
Je viens de recevoir un mail de La Poste.
Sur le coup, il m’a estourbi.
La seule relation épistolaire que j’avais récemment eue avec La poste s’était limitée à l’alerte Colissimo.
Ce qui m’avait permis d’apprendre que le colis m’avait été livré alors qu’en réalité j’avais un avis de passage m’avisant que je devrais aller chercher au bureau de poste ce que le facteur aurait dû amener chez moi.
Justement j’étais chez moi quand le facteur est passé mais il a dû craindre de me déranger en sonnant à ma porte…
La Poste, donc m’envoie un mail.
Et de quoi me cause ce poulet ?
Eh bien, c’est là que La Poste a un comportement insultant.
Elle me propose d’imprimer moi-même mes timbres.
Ce qui était encore il y a peu assimilé à la fabrication de la fausse monnaie est carrément recommandé par La Poste.
Oui, lectrices chéries, la fabrication à domicile de timbres-poste relevait de l’article 139 du code pénal, célèbre pour l’entraînement des élèves à l’accord du participe passé avec les auxiliaires « être » et « avoir ».
Aujourd’hui, non seulement La Poste me le propose mais en plus me prend pour une andouille.
Pas n’importe quelle andouille, non, celle des romans où un touriste est capable d’acheter la tour Eiffel à un inconnu et de payer cash.
Et pourquoi ça ?
Parce que cette vénérable entreprise, encouragée par le manque de réaction de ceux qui étaient passés de la position d’usager à celle de client, a décidé d’aller encore plus loin dans la maltraitance de la clientèle qui le nourrit.
Si je mets un timbre sur une lettre, il m’en coûtera soixante-huit centimes.
Si je me prends par la main et imprime mon timbre, on m’offre généreusement deux centimes.
Oui, lectrices chéries ! On « m’offre » deux centimes pour :
- Mettre du papier dans mon imprimante.
- Allumer mon imprimante.
- Retrouver le « driver » de cette fichue bécane que je n’ai pas utilisée depuis trois mois.
- L’installer dans mon PC.
- M’apercevoir qu’il n’est pas compatible avec la nouvelle version de Windows.
- Aller effectuer une transaction sur le site de La Poste.
- Poireauter en attendant que la transaction soit dûment acceptée par la banque et La Poste.
Bref, je suis censé économiser deux centimes d’€uros pour me taper un boulot d’esclave alors que la postière se contente, elle de toucher bien plus de sous tous les mois pour sortir d’une planche de timbres celui dont j’ai besoin.
Mieux encore, elle est payée pour me regarder comme une m… en tendant le bras vers le mur où je dois mettre des pièces dans la machine qui me donnera un carnet de timbres.
Ils ont en plus le culot de m’expliquer que je suis gagnant et veulent me convaincre d’être apôtre de leur arnaque !

mercredi, 11 février 2015

Ça fait chorus quand c’est coruscant…

Oh ça ! Pour scintiller, ça a scintillé, lectrices chéries.
Pourquoi donc cette entrée en matière ?
Pas seulement pour pousser Mab à admirer le titre de ce billet. Non.
C’est qu’après avoir remarqué hier dans la vitrine d’une boutique de brocante de la rue de Saussure une petite fiole m’est revenu un souvenir qui prouve que les visites médicales à l’école n’étaient pas d’une fiabilité à toute épreuve.
La petite fiole était une bouteille de « Roja Flore », cette « brillantine » célèbre dans les années cinquante.
Et qu’avait donc cette bouteille pour attirer mon attention ?
Eh bien elle m’a servi, en pension chez mes fous.
Un jour, le Frère tortionnaire habituel est passé dans les classes des « petits » pour nous annoncer que « lundi il y aurait visite médicale » et que nous devions absolument amener avec nous une petite bouteille dans laquelle il y aurait un peu de notre pipi.
Comme d’habitude, j’étais convié à rester pour tenir compagnie à quelques compagnons d’infortune, cloués là que nous étions pour « conduite déplorable » ou « mauvais esprit ».
Le lundi, après un réveil somme toute agréable dans un dortoir quasiment désert, j’ai fouillé dans ma valise planquée sous mon lit quand le Frère nous a rappelé qu’il y avait visite médicale.
J’en ai sorti la petite bouteille de « Roja Flore » que j’avais amenée dans un but incertain, sans doute une ânerie, et l’ai mise dans la poche de ma blouse.
Bleue la blouse, et à col « mao » rouge. La honte… mais je vous en ai déjà parlé.
Quand les autres sont arrivés de chez eux, nous avons tous été réunis dans la cour.
Je sais maintenant pourquoi la visite avait lieu au printemps bien engagé.
C’est parce que la cour était plantée de tilleuls censés calmer les enfants, ça ne marchait pas vraiment mais ça sentait bon. Si bon…
On nous a mis en rang. Les grands sont sortis les premiers. Ils ont commencé à ficher la trouille aux plus petits en leur racontant à voix basse des trucs du genre « faites gaffe, ils y vont avec des grands couteaux et ya du sang partout ! »
C’est là que j’ai regardé la petite bouteille d’eau de Cologne de mon copain A.
Je vous en parlerai une autre fois, il m’a laissé une impression pénible et décevante un jour.
Mais bon, c’était mon copain parce qu’il était petit et que je l’avais défendu quand on l’avait embêté.
J’ai donc regardé sa petite bouteille et je me suis rappelé d’un seul coup que la mienne était dans ma poche. Vide. Désespérément vide.
La sienne était pleine.
Je lui ai dit « passe moi de ton pipi, j’ai oublié de faire pipi dans ma bouteille ! »
On a regardé si le Frère ne nous voyait pas.
On a aussi vérifié que pas un fayot ne nous surveillait.
Il a fait couler de son pipi dans ma petite bouteille de « Roja Flore ».
Des gouttelettes scintillantes sont tombées par terre. Certaines avec un vif éclat dans la lumière du soleil.
L’étiquette avec mon nom, ces petites étiquettes bordées de bleu qu’on met sur les livres, tenait mal mais bon…
On a su plus tard qu’on « avait tous eu bon à l’analyse ».
Les vitrines de brocante ont de ces vertus parfois, lectrices chéries…

lundi, 09 février 2015

Le jardin des piqûres…

La « libraire » qui a certainement montré quelques lacunes dans l’ignorance pour se faire embaucher chez notre libraire préféré du XXème m’a rappelé le fou-rire qui nous avait frappé, Heure-Bleue et moi à l’écoute de la radio, il y a très longtemps.
C’était encore l’époque où les « speakers » devaient avoir, à défaut d’un grand savoir, une élocution parfaite, le style oratoire qui eût dû leur faire décrocher un rôle au Théâtre Français.
Ce ton terriblement compassé et sérieux qui prête plutôt à sourire.
France Inter usait de ces speakers dès qu’il était question de musique et de théâtre classiques.
Un soir donc, où pris d’une subite envie de culture nous écoutions la radio au lieu de nous livrer au stupre, nous écoutions religieusement le type annoncer la pièce qui serait donnée incessamment.
Et c’est là que nous avons fait tressauter le lit pendant de longue minutes.
Mais non, pas ça…
Le rire, lectrices chéries. Le fou rire inextinguible qui nous a saisis en entendant le « speaker » annoncer de sa voix grave et de son ton compassé « Nous avons ce soir le plaisir de donner «  On ne badine pas avec l’amour d’Alfred ».
Il termina gravement après un silence par « de Musset »…
Rien qu’à y repenser, ça égaie ma journée…