vendredi, 26 juin 2015
La recherche…
Vous savez quoi, lectrices chéries ?
L’Ours m’a envoyé une photo qu’il a trouvée sur le Web.
Une photo de la classe de CM2 de 1930 dans une école primaire de Ménerville, devenue Boumerdès.
J’y ai repéré mon père à l’âge de neuf ans.
Il était né à Mostaganem et je ne sais pour quelle raison ses parents avaient déménagé à Ménerville.
Mon père, c'est le petit garçon N°25.
J’ai été surpris de voir que mon père avait eu l’air sage un jour.
Ce ne pouvait être qu’apparemment seulement. Je le connais.
Je me rends compte avec stupeur que mon père était un petit garçon très mignon.
Il l’était moins quand il est mort.
Mais lui, au moins, s’il a perdu des morceaux, il a gardé ses deux yeux…
Il est mort trop tôt. Vraiment trop tôt.
Franchement, l’amiante, ça dévaste…
Bon, il n’était jamais devenu adulte, c’est vrai.
Mais il était drôle, cultivé, sensible et poète à ses heures.
D’accord, les vues de ma mère et de mon père divergeaient sensiblement en la matière….
Je me rappelle ma mère regardant discrètement mon père, parfois amoureuse malgré des pommes de terre à l’eau un peu trop fréquentes.
Plus souvent houspilleuse, les jours où elle avait envie de le jeter par terre et de danser dessus.
Il m’arrive de penser qu’ils se sont mariés parce que chacun savait qu’il aurait un sujet d’expérience sous la main.
Je me suis souvent demandé ce qu’il faisait avec ma mère
J’ai bien une idée.
J’ai entendu mes tantes, les sœurs de mon père, en parler.
Mais si, vous savez bien, lectrices chéries, comment sont les sœurs quand une fille s'approche de leur frère.
Elles sont comme des mères quand une fille s’approche de leur fils...
Je l’ai appris à mes dépens, je sais bien comment faisaient mes sœurs et ma mère quand j’avais une chance d’échapper à la solitude.
De ces digressions, je retire que mon père a eu bien du mérite à rester ce petit garçon drôle, cultivé et poète parce qu’avec une mère, cinq sœurs, une femme et trois filles, ça n’a pas dû être facile tous les jours…
16:05 | Commentaires (15)
jeudi, 25 juin 2015
Gueule de bois ou « woody haleine » ?
C’est décidé, lectrices chéries, je vais divorcer.
Pas question pour autant de rester seul. Je déteste la solitude.
Jolie peau diaphane ? Pfff… Pas important !
Cheveux roux et bouclés ? Je m’en fous !
Superbes yeux verts ? Rien à battre !
Mignonne ? Rien à cirer.
Jambes de reine ? Je regarde même pas !
Je vais donc faire ce que j’aurais dû faire il y a… Pfiouu…
Établir des critères de choix un peu plus sérieux que le coup de foudre ou se laisser avoir à un regard ou des mèches indisciplinées qui volètent.
Sans parler d’une allure de liane qu’un Newman noir accentue, mal tenu qu’il est grâce à une épingle à nourrice censément invisible.
Newman qui n’est pas hélas, cette fois là, tombé sur ses chevilles quand elle s’est levée pour m'accueillir... Enfin, on n'a pas toutes les chances le même jour...
Cela dit, lectrices chéries, ne me sortez pas d’âneries genre « ouais mais quand même, y a l’amour ! »
Faut savoir être sérieux !
Donc, à partir d’aujourd’hui :
De bonnes dents, pas d'asthme, pas d’allergie et des pieds qui marchent !
Voilà, c’est décidé, je vais m’acheter une Kurde de Syrie.
Une nana qui peut survivre à daesh et à Bachar el Assad ne peut avoir qu’une santé de fer et des besoins réduits.
Imaginez, lectrices chéries, la vie de votre Goût adoré avec une femme habituée de longue date aux privations et à l’obéissance.
Parce qu’Heure-Bleue, rien que du point de vue de l’obéissance, pour l’expérience que j’en ai, c’est pas gagné.
Cela dit, un doute m’étreint.
Pour le peu que je sais des femmes et ce que j’ai pu constater à les écouter, rien que leur donner à manger est une bévue car elles se mettent alors à exiger des trucs qu’elles n’auraient même pas oser penser auparavant.
Et puis je suis habitué à papoter.
Mis à part l’approfondissement de mes connaissances en zyva, et en « neuf-trois », j’ai perdu l’habitude d’apprendre des langues depuis une quinzaine d’années.
Vous comprendrez donc, lectrices chéries que l’idée d’apprendre le kurde, ne m’attire pas plus que ça.
Pourquoi diable ai-je eu cette idée saugrenue.
J’ai autant de difficultés à comprendre Heure-Bleue que la première Kurde venue. Finalement, je ne gagnerais peut-être, car ce n’est que peut-être, que sur le dentiste.
Et j’y perdrais énormément…
13:33 | Commentaires (21)
mercredi, 24 juin 2015
Le prénom...
Vous savez quoi, lectrices chéries ?
Gamin, mon prénom ne me plaisait pas.
Mais alors pas du tout.
Vous vous en foutez, je le sais…
Maintenant je me suis habitué mais mettez vous à ma place, deux secondes.
A part un copain de pension qui s’appelait « Loïc » et qui me tannait avec la Bretagne, j’étais entouré dans mon quartier d’une foule de Michel, André, Roger, Jean-Pierre, Jean-Jacques et pire, de Philippe.
Je n’avais évidemment pas le droit de parler à la foule des Mohammed, Mouloud et autres Rachid, des fois qu’être arabe, ça soit contagieux…
D’ailleurs ils ne cherchaient pas non plus à me parler.
Depuis ma rencontre de la maternelle avec Malika, celle aux yeux si bleus qui me donnait la main, la méfiance s’était installée…
Pour les « Philippe », nés juste après guerre, je me demande à quoi avaient bien pu penser leurs parents pour les appeler « Philippe », parce que franchement…
Ma mère m’avoua bien plus tard avoir choisi mon prénom parce qu’elle était tombée amoureuse, avec un manque de clairvoyance désastreux, de Jean Marais dans « L’éternel retour »…
Je n’étais pas le snob que je suis devenu après des années de ce lycée de bourges.
Alors, lectrices chéries, si vous saviez comme j’aurais aimé que des « potes » et pas des « copains », m’appellent « Dédé », « Gégé » ou « Nanard » en me donnant des claques sur l’épaule.
Oui, « Nénesse » et « Bébert » étaient déjà passés de mode…
En foi de quoi, j’ai détesté mon prénom jusqu’à ce que je devienne copain avec un garçon de la rue Championnet.
Je vous ai déjà parlé de Bernard R. à propos du square Saint-Lambert quand nous étions plus vieux.
J’avais fait sa connaissance quelques années auparavant, alors que je faisais les courses dans le coin avec ma mère et que je regardais les photos du cinéma « Ornano Palace », là où j’avais vu « Les dix commandements ».
Bernard était un garçon brun et mat, comme votre serviteur mais en plus timide.
Nous avions engagé la conversation timidement sur Stewart Granger car évidemment, « l’Ornano Palace » proposait un vieux western.
Tout aussi évidemment nous ne fûmes « pas d’acc’ » parce que « Robert Vaughn, quand même, y tire mieux ! »
Un peu qu’il tirait mieux, d’ailleurs « Les sept mercenaires » le prouvaient…
Quand sa mère vint le prendre, on se donna rendez-vous pour le jeudi.
Ma mère ne dit rien mais n’agréa pas franchement jusqu’à ce que Bernard lui dise poliment « Au revoir madame ».
Ma mère, bien qu’elle n’appréciât pas vraiment pas vraiment que je devienne copain avec des garçons du quartier, dans sa hantise de « l’accent faubourien des voyous de la Porte de Clignancourt », fut satisfaite de mon nouveau copain.
Quelques années plus tard, s’il quitta l’école pour un travail d’apprenti mécanicien à la RATP toute proche, nous restâmes copains.
Et c’est lui qui, un après-midi d’été de sa dernière année d’école me confia quelque chose qui me fit considérer autrement mon prénom.
Bernard R. me confia tristement un jour qu’on était assis sur un banc du square Clignancourt, ce havre de paix quasiment bourgeois :
- Pfff… T’as du pot, toi.
C’était bien la première fois qu’on me disait que j’avais du pot.
J’allais au lycée, j’avais des devoirs, j’avais perdu un œil avec une fusée et ma mère m’achetait des habits choisis rien que pour me faire honte.
- Pourquoi j’ai du pot ?
- Ben tu t’appelles pas Bernard…
- C’est chouette Bernard ! Yen a plein !
- Ben justement… Toi au moins…
- Quoi moi ?
- Toi, ton nom « y fait classe », d’abord y en a pas beaucoup…
- Ah ?
- Ben t’es le seul que je connais…
Il est vrai que dans le coin, on croisait plus de Jeannot et d’Abdel que d’Alexandre ou Ismaïl…
Depuis, j’aime bien mon prénom. Il n’était devenu courant que vers les années soixante et a recommencé à se raréfier à partir des années soixante-dix.
J’aurais donc passé ma vie dans la rareté…
07:01 | Commentaires (27)
mardi, 23 juin 2015
Valls a mis le temps…
Aujourd’hui, vers chez moi, il y a un ciel de Boudin.
Un joli bleu.
Bleu ciel, justement.
Avec des nuages blancs.
Comme c’était sympa et que je ne savais pas quoi vous raconter, lectrices chéries, j’ai posé mon bouquin et erré sur le Web.
Mal m’en a pris.
J’ai appris qu’avec la clairvoyance qui le caractérise, le PS venait de nommer « Secrétaire National à l’Intégration Républicaine » un type qui s’était signalé à l’attention de la justice pour avoir battu sa femme à coups de ceinturon.
Le lascar avait payé sa dette à la société et était en principe peinard.
Hélas, déjà que ce garçon était affublé d’un patronyme qui fleurait bon « la diversité » assez mal vue ces temps ci, le PS a cru bon le sortir de l’oubli alors qu’il dormait tranquillement, la tête sur ses lauriers d’adjoint au maire du XIXème.
Ce n’est pas la première fois que le PS se méprend sur la cécité ou la surdité d’une opinion menée plus souvent par des mouvements de rejet que par la réflexion.
Pour une fois néanmoins, la raison avancée me semblait plutôt raisonnable. Il y était question de « donner une seconde chance » à quelqu’un qui a commis une faute et a payé sa dette.
On ne peut pas en dire autant de la bêtise précédente où furent avancées deux raisons pour expliquer la bévue ministérielle.
La première m’avait fait bondir.
Le « C’est une erreur de communication » nous avait carrément tous pris pour des andouilles.
Genre « M… ! Ils n’ont pas plongé dans notre carabistouille ! »
La seconde était plus drôle qui affirmait « le Premier Ministre est obligé pour des raisons de sécurité d’emprunter les avions du GLAM lors de ses déplacements. »
Là, je me suis demandé si les avions du GLAM étaient vraiment prévus pour aller voir des matches de foot mais bon…
Désolé, j’ai clos la fenêtre du navigateur et ouvert Word en me grattant le menton.
Oui lectrices chéries, le matin, je me gratte le menton, comme tous les types qui se rasent tous les matins.
Pour remplir le vide de ma cervelle j’ai alors allumé la radio.
Je suis tombé de Charybde en Scylla en entendant une dame qui se préoccupe de l’intégration de jeunes immigrées.
Eh bien, figurez vous, lectrices chéries, que pour parvenir à ce résultat elle m’assène sans sourciller « Pour elles, apprendre le français c’est un début de commencer à devenir… ».
Je crois que je commence à comprendre bien des choses sur les ratés de l’intégration…
10:33 | Commentaires (4)
lundi, 22 juin 2015
Passe un père, et manque…
Hier, c’était la Fête des Pères.
C’était aussi la Fête de la Musique, alors j’ai eu envie de trucs qui secouent un peu.
J’ai voulu écouter « whole gotta love » de Led Zepp’
Ça m’avait été rappelé par la publicité « Dior Homme ».
Je l’ai mis, hélas à un niveau de chuchotement ecclésial car Heure-Bleue n’aime pas Led Zeppelin.
C’était une écoute bien trop confidentielle pour que je me risquasse à me dandiner sur ma chaise.
En plus, les chaises, chez moi…
Et vous savez bien, lectrices chéries, comme ma tendance à la digression me frappe aussi bien dans la pensée que dans le papotage.
Ce chouette morceau m’a rappelé évidemment l’année 1969 et ses activités effrénées.
Ludiques ou non.
Ce fut une année agitée, bien sûr mais pas seulement à cause de l’arrivée du LEM sur la Lune.
J’avais d’ailleurs une affaire de ce genre moi aussi.
L’ambiance chez moi étant calme ce matin, de rêvasserie en souvenirs fumeux, Led Zepp’ m’a rappelé autre chose, plus ancien.
Vous vous rappelez j’en suis sûr, le batteur de Led Zeppelin, un type plein d’énergie dont je suis surpris qu’il soit encore vivant avec un mode de vie qui amène l’individu standard sous une dalle de granit vers cinquante piges…
Eh bien, lectrices chéries, cet type s’appelle –encore- « John Paul Jones ».
Et évidemment ça m’a ramené dix ans avant « Whole gotta love ».
Mon père m’avait emmené au cinéma « Le Fantasio », au bout du boulevard Barbès.
Mais bon sang quel rapport avec Led zeppelin ?
Le Goût est ce matin encore plus cinglé que d’habitude !
Ben voui… C’est comme ça que fonctionne et erre la pensée de votre Goût adoré lectrices chéries.
Souvent elle est vague et là elle divague.
Donc, quel rapport entre « Gaby », « Le Fantasio » en 1959 et le batteur de Led Zeppelin ?
Eh bien, accrochez vous !
Mon père, dont c’est aujourd’hui la fête, dit « Papa », dit aussi « Lemmy » quand ça allait bien, mais « Gaby » quand il avait fait une connerie ou que ma mère pressentait qu’il allait la faire, « Papa » donc, m’avait emmené au cinéma voir « John Paul Jones, Le Maître des mers ».
Film dont je n’ai jamais su vraiment si c’était un hommage à un marin héros de la Guerre d’Indépendance américaine ou un « film de pirates » destiné à occuper les gamins du quartier Clignancourt…
Oui, l’exégèse des films d’aventure de série Z est rare et difficile à trouver.
Hier, à ma manière erratique mais affectueuse quand même, moi aussi j’ai fêté mon père.
Je me rappelle même lui avoir dit bien plus tard et à propos de quelqu'un d'autre :
- Tu vois bien que j’avais raison quand je te disais « Tant que quelqu’un pense à toi, tu n’es pas mort »…
06:30 | Commentaires (11)