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mardi, 26 mai 2015

Les loges de la folle lient...

Pendant une retraite dont il n’aura pas hélas profité longtemps, mon père avait trouvé à s’occuper dans une boîte qui vendait de l’outillage pour joailliers.
Il était en bons termes avec le patron de la boîte, ce qui lui permettait de prendre son travail comme il avait toujours pris la vie.
C’est dire comme quelque chose qui n’est pas forcément drôle tous les jours mais en aucun cas quelque chose de sérieux.
Il en profita pour parfaire l’éducation de l’Ours.
Il lui apprenait à se servir de certains outils, ce qui m’a toujours fait peur car les outils et mon père avaient quelque chose des relations entre chien et chat.
Souvent l’outil gagnait…
Il lui apprenait aussi des choses beaucoup plus intéressantes.
Il était assez sage pour lui montrer que, même si on est plus un enfant, on n’est pas obligé d’être un adulte.
Il l’initia donc dans l’art de se faire des relations.
Il commença alors par lui montrer que bien qu’il s’entendît mal avec la concierge de l’immeuble en face, il était possible d’entretenir avec elle des relations presque cordiales.
Tendues certes, mais propres à mettre de bonne humeur pour le restant de l’après-midi du mercredi.
La cour dont la concierge prenait soin était une de ces nombreuses cours du Marais, pavées de petits pavés ronds qui donnaient l’impression au marcheur qu’il était chaussé de semelles glissantes et instables.
Les interstices entre les pavés étaient pleins de mousse verte.
Le détail a son importance.
Tout comme l’interdiction de toucher ces pavés protégés par l’Architecte de la Ville comme la prunelle de ses yeux.
La chose n’arrangeait pas la bignole…
D’autant moins qu’elle avait eu le malheur de houspiller mon père un jour qu’il avait lancé une de ces remarques acides dont il avait le secret.
Un de ces jours bénis où l’Ours était parti « bricoler avec papy », la bignole partit se remonter le moral au Brelan, le bistrot du coin de la rue Beaubourg.
Elle avait, pour ce que m’en avait dit mon père, un goût marqué pour « un p’tit blanc sec ! » rapidement suivi d’un « remets moi ça, tu veux ? »
Je la connaissais de vue et l’avais déjà entendue expliquer avec un sérieux médical que « Vous comprenez, c’est diurétique , oui ça me fait aller ». C’était une de ces Parisiennes qui ont fait la célébrité de la Ville Lumière, le pas mal assuré, le pif bleu marine et le regard vague.
Ce mercredi là, je ne sais ce qu’elle avait fait à mon père pour qu’il montre à l’Ours comment on s’amuse bien pour pas cher.
Il acheta une dose de « mini Mir, mini prix mais il fait un maximum ».
Il en coupa le coin, emmena l’Ours dans la cour de la bignole, versa entre les pavés du milieu la dose de détergent, ressortit et attendit.
La bignole revint. Mon père tenant l’Ours par la main lui lança « Ah la la… Il y a vraiment des cochons, ils ont renversé de l’huile ou je ne sais quoi dans la cour… »
Elle regarda, se précipita, prit le jet d’eau et l’ouvrit en grand pour nettoyer.
Plus elle rinçait, plus ça moussait. Ils l’ont laissée se débattre avec ses mètres cubes de mousse.
Ils ont bien ri, mon père et l’Ours, ce jour là.
Même si ma mère à pesté après mon père en disant que « quand même, c’est plus de ton âge… »
Et je tiens de ma mère et de l’Ours qu’ils ont renouvelé la chose quelques fois.

lundi, 25 mai 2015

La belle et le bête…

Hier après-midi nous étions peinards, Heure-Bleue et votre serviteur, profitant d’un dimanche calme et quasi ensoleillé.
Heure-Bleue me dit, d’une voix melliflue qui me surprend toujours venant d’elle :
- Minou, tu me fais des « rico » ?
Je vais vers la cuisine.
Je passe derrière la lumière de mes jours et, comme chaque fois que l’occasion se présente, je passe la main sur son cou.
Et non, lectrices chéries, je ne peux toujours pas résister à l’envie de toucher la peau diaphane d’une moitié que même moi j’hésite à qualifier de douce.
Comme chaque fois itou, elle peste :
- Minou ! Arrête de me patouiller !
Elle dit toujours ça.
Au début…
- Oh, ça va te manquer, tu verras…
- Aaahhh… Ah oui, quand tu seras mort ? C’est ça hein, c’est ça ?
Elle me jette toujours ma mort à la face, forte de statistiques impitoyables en matière d’espérance de vie.
J’insiste.
- Hon hon, oui, tu verras, ça va te manquer…
Elle va vers la fenêtre pour récupérer du linge, s’arrête et se tourne vers moi.
Plein d’espoir, j’attends un de ces serments qui marquent la vie d’un couple.
Le truc genre « nous partirons ensemble, Minou, je ne pourrais pas vivre sans toi ! »
Elle me dit, d’une façon étonnamment gentille pour qui connaît Heure-Bleue et son caractère de… Bref, on va dire vif…
- Tu sais quoi, Minou ?
- Hmmm ?
- Tu sais ce qui va vraiment me manquer, quand tu seras mort ?
La hyène ! Elle accepte déjà de bonne grâce l’idée de me voir avec des fleurs sur le ventre.
Néanmoins, plein d’espoir, j’ose :
- Moi ? Ton petit déjeuner ?
- Non. Toutes les « rico » que tu me prépares à longueur de journée. Ça, ça va me manquer…
Et elle agrémente ça d’un soupir de regret.
Pour les ricorés, j’en suis sûr.
Puis elle a eu ce petit sourire.
Le genre de sourire qui a sans doute poussé Henri VIII aux extrémités regrettables qui ont fait sa célébrité.

La garce !

dimanche, 24 mai 2015

Pas la peine...

Je voulais écrire une note mais je la sentais réac.
J’ai bien fait de ne pas l’écrire.
Heure-Bleue a fait ça très bien.
Et à ma place…
Le pire ?
Je suis d’accord avec la lumière de mes jours…

Vous savez pourquoi ?
Parce que, même pour l’école, gouverner, en théorie c’est prévoir.
Pour l’avoir souvent constaté, gouverner c’est surtout décevoir.
Et tous les jours je vois que pour ceux qui le briguent, c’est forcément trahir.

Bon, en réalité je dis ça parce que je fais la gueule.
Pas qu’à un parti qui n’a de socialiste que le nom.
Bien sûr un peu à cause le façon dont nous sommes roulés dans la farine au nom d’idéaux qui sont foulés aux pieds par ceux qui nous ont juré que « si, si mes chéris, on va arranger tout ça ».
Il y a ça aussi « mais pas que ».
Je dis « mais pas que » parce c’est une expression consacrée par la branchitude et que je me dépêche donc de l’utiliser avant d’être débranché.
Non, pour tout vous dire, lectrices chéries, je sors de la salle de bains.
Et malgré des efforts incessants pour ne pas boire plus de deux babies par semaine, ne me jeter que rarement et avec répugnance mais malgré tout avec appétit sur le saucisson, même le vendredi et bien que ce ne soit pas casher, rien ne va.
Oui, lectrices chéries, tous ces efforts ne servent à rien.
Ce matin, je me suis d’abord contemplé comme tous les matins.
Puis, pris d’un accès de clairvoyance, je me suis seulement regardé.
Et avec méfiance en plus.
Lectrices adorées, bien que je ne vive plus et ne cause plus « Porte de Clignancourt » je me suis écrié dans un vain espoir de rajeunissement , à considérer les valoches qui me pendaient aux mirettes :
 
« P… ! Mais j’ai les musettes à chagrin qui m’arrivent au milieu des guitares ! »

Reconnaissez tout de même que, malgré quelques retours à la langue de ma contrée d’origine, je suis un exemple d’intégration réussie, non ?
Voilà…

samedi, 23 mai 2015

« Les hommes naîtront libres et égaux en droit » qu’ils disaient…

Ce matin, je lisais quelque chose sur Clisthène.
Oui, je fais parfois des choses comme ça le matin quand une idée me titille et qu’un souvenir me traverse l’esprit.
D’où Clisthène.
Ce brave homme, que ses os ne tracassent plus depuis un bon moment, est censé être le père de la démocratie athénienne.
Entre autres idées, restées subversives dans plein de bleds, il a jeté celle, assez saugrenue, de « l’égalité de tous devant la loi ».
Quel farceur ! On voit bien qu’il ne connaissait pas la fable de « La voiture du pékin lambda et du scooter du fils du président »…
Au même moment mon poste, qui me truque les nouvelles du monde, me susurrait une info qui m’a laissé rêveur.
Je me suis dit que notre beau pays, dit « Des Droits de l’Homme » n’était pas loin de rejoindre la cohorte des nombreuses « républiques héréditaires » si ce n’est « républiques bananières ».
Une aristocratie qui, contrairement à ce que laisserait penser l’étymologie du mot, n’est manifestement pas « le gouvernement des meilleurs », s’est fait une place de choix dans le pays et s’y comporte, non comme le serviteur du pays qu’elle est censée être, mais comme une caste au dessus des lois qu’elle-même a pourtant concoctées.
Et c’est la « revue de presse » qui causa ma grogne.
Y étaient mises en parallèle deux affaires où le respect de la loi était piétiné et le principe de l’égalité devant la loi carrément cramé.
La première est celle de l’inénarrable présidente de l’INA qui claqua quarante mille €uros de taxi en dix mois alors que l’INA lui allouait une voiture de fonction.
Et pas une  « autolib » sale et rayée, non non non ! Une super charrette ! Avec un chauffeur !
Madame la Présidente s’en tira avec un poste de chargée de mission au Ministère de la Culture.
Madame sa ministre de tutelle nous expliquant qu’elle était sanctionnée puisque passant du statut de présidente à celui de chargée de mission.
Elle nous dit ça sérieusement genre « elle est punie ! Maintenant elle attend les allocs pour acheter du sucre, non mais quoi ! »
La seconde affaire traite d’un SDF qui « s’est fait un tronc d’église ».
D’accord, c’est pas bien du tout.
Mais est-ce vraiment pire que faire les poches des retraités et des salariés pour éviter de froisser la grosse poignée de ceux qui ont fait évader soixante à quatre-vingt milliards d’€uros des caisses de l’Etat ?
« Mais quel est donc le rapport entre ces deux affaires ? » Vous demandez-vous lectrices chéries.
« Mais où diable veut en venir notre Goût préféré ? » Vous esbaudissez-vous lectrices chéries.
Eh bien voilà, lectrices adorées que j’aime et tout, le pourquoi de ma mine scandalisée :
- Une, celle « de la caste d’en haut », s’est vue morigénée par son autorité de tutelle et recasée un bon prix dans son administration d’origine pour une broutille de quarante mille €uros.
- L’autre, un « de basse extraction », s’est vu illico précipité sur la paille humide des cachots pendant quatre mois, oui il a pris « quatre mois ferme », pour la somme rondelette, voire scandaleusement démesurée de… Dix-sep €uros !
J’ai cru à ce moment entendre Clisthène se retourner dans son mausolée en maugréant « Ben merde alors ! Et l’égalité de tous devant la loi, alors ? »

vendredi, 22 mai 2015

Qu’a-t-on du tic ?

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Cette note est longue et probablement ennuyeuse mais bon, hein...
J'ai le droit aussi, non ?
J’ai écouté. J’ai lu. J’ai tenté de comprendre.
Je ne suis pas sûr d’y être parvenu.
J’en ai néanmoins retiré une sensation.
Pas une sensation agréable.
Celle qu’on est en train de m’enfumer.
Qu’on essaie de me faire croire avec de belles paroles que l’avenir des enfants vient de devenir d’un seul coup tout rose.
Que les inégalités viennent d’un coup de disparaître de l’horizon des enfants, du moins à l’école.
On a tenté de faire passer pour des andouilles, vieilles et pas fraîches, les profs mis en cause et les brillants esprits qui ont fait la célébrité du pays dans divers domaines.
On a tenté de me faire croire, à coup de dénigrement de ceux qui ont bénéficié de l’enseignement qu’on ne veut pas supprimer, que non, que l’on ne supprimerait pas le latin, le grec, les classes bilangues, que l’enseignement de l’allemand ne souffrirait pas.
Il n’y a effectivement rien d’écrit sur une décision ferme de suppression.
Il y a juste une augmentation du nombre d’heures d’enseignement dans d’autres disciplines et un saupoudrage de vagues initiations.
Il y a certes l’enseignement en primaire de langues qu’on apprenait au collège.
Comment va-t-on y parvenir en diminuant le nombre d’heures à l’école ?
Comment va-t-on enseigner avec moins de profs ?
Où va-t-on trouver les heures et les profs qui manquent pour enseigner des disciplines dont chacun s’accorde à penser qu’elles sont indispensables à la compréhension du monde qui nous entoure, comment fonctionne notre propre langue et comment l’histoire nous a façonnés.
Va-t-on faire passer les enfants aux « 40 heures par semaine » alors que la durée légale est de trente-cinq heures ?
Que les plus forts dans une classe puissent entraîner les moins forts ne me semble pas impossible.
Que les moins forts soient incités à se dépasser pour rejoindre les meilleurs est probable si l’environnement s’y prête.
En vieux « laïcard » adepte de « Liberté Egalité Fraternité », j’aime assez l’idée et  suis favorable à cette vision même si elle me semble un peu angélique.
En revanche, je n’aime pas le ton comminatoire et les reproches adressés à ceux, dont moi, qui posent des questions sur certains aspects de la réforme.
On reproche à tort aux parents qui font des pieds et des mains pour mettre leurs enfants dans des classes où le niveau et le calme assureront au moins l’ambiance propice à de bons résultats.
« Vous êtes pour la perpétuation de l’élitisme ! » leur jette-t-on assez connement à la figure, comme s’il était illégitime que l’on souhaite que ses enfants sortent du lot.
Ceux qui leur lancent ce genre d’ânerie sont eux-mêmes le produit de l’enseignement qu’ils décrient mais ça ne semble pas les frapper.
Ce discours officiel sur la réforme de l’enseignement me paraît être plus une tentative d’empêcher ceux qui tentent d’échapper à la médiocrité de le faire qu’une tentative de faire de tous des prétendants sérieux à l’élite.
Le but d’une réforme de l’enseignement n’est il pas de faire de tous les élèves des représentants de l’élite ? Des citoyens aptes à analyser, comprendre et critiquer ce qu’on leur propose ?
La réforme, rien que dans les termes où elle est présentée sent le « laissez faire ceux qui savent, de toute façon on va le faire quand même, vous êtes trop cons pour comprendre ! »
C’est avec ça qu’on va « élever » les enfants ? En faire de futurs citoyens et pas des moutons ?
Bon, je reconnais qu’il est plus facile de mener un troupeau de moutons que gouverner un peuple intelligent.
Les militaires l’ont bien compris depuis longtemps qui disent « chercher à comprendre, c’est commencer à désobéir »…