dimanche, 15 décembre 2013
L'insoutenable légèreté de lettre...
J’arrive à la fin de mon bouquin.
Il y a des décennies que je ne l’avais pas lu et, ô miracle, il n’a pas vieilli.
Bon, vous me direz, lectrices chéries, que « Le lys dans la vallée » est vieux depuis que vous êtes entrées au lycée…
Mais lisez-le, ce n’est pas vrai.
Du moins pas si vrai.
Et puis ça prend du temps à lire. D’abord et surtout parce que ça ne se lit pas comme un polar.
Ensuite, il faut bien admettre que c’est merveilleusement bien écrit. Avouez qu’Honoré de Balzac, c’est autre chose qu’Emile Zola.
Je ne sais pas pourquoi on oppose toujours ces deux là.
Le premier écrivait pour gagner des sous, histoire de payer les huissiers qui se pressaient en foule pour les lui prendre.
N’oublions pas non plus qu’il avait le feu au cul ce qui n’allait pas sans trouer sévèrement son porte-monnaie.
Il écrivait donc pour gagner des sous tandis que le second écrivait parce qu’il avait plein de choses à dénoncer.
Bref, c’était un journaliste. Intéressant, certes, mais pas tip-top comme littérateur.
Tandis que l’Honoré de ces dames, alors là… C’était autre chose.
J’irais jusqu’à dire –alors que ce n’est pas mon job d’en juger- que c’est un cador du « poème en prose ».
Pas aussi fignolés que ceux de Baudelaire mais quand même, ce sont de brefs entractes qui tombent si bien dans le roman, et toujours au bon moment...
J'adore ces petits paragraphes sans rapport avec l’œuvre elle-même qui vous ouvrent un coin de ciel et vous font rêvasser alors qu’il y a d’autres choses à faire.
Venir vous lire, par exemple..
Nom de dieu ! Quelle écriture, quelle aisance, quel génie pour vous faire vivre des choses qu’il a seulement imaginées.
Bon, savoir qu’il en a imaginé la plus grande partie pour aller traîner entre les draps –et pas que les draps- de ses conquêtes n’enlève rien à son génie.
Non, non, lectrices chéries, il ne s’agit pas là de talent –même Johnny Halliday en a…- mais bien de génie.
Voilà ce que je tenais à vous dire qu’en cet avant dernier dimanche de l’Avent, que je ne fais pas qu’écrire des bêtises.
J’en lis aussi…
Mais un doute m’étreint.
Serais-je en train de devenir moins fainéant à cause du temps qui passe ?
Heureusement que je suis en vacances jusqu’à la mort.
Sinon j’irais jusqu’à penser qu’on m’a changé la cervelle en douce.
Une cervelle si experte dans l’art d’éviter l’effort.
Si je devais passer le temps qui me reste à me fatiguer, là je l’aurais mauvaise…
12:51 | Commentaires (7)
samedi, 14 décembre 2013
Les réseaux soucieux…
A la lumière des commentaires sur mon dernier billet, je me demande ce qu’aurait été la conversation –et vos commentaires, lectrices chéries- si j’avais dit à l’accorte dame du restaurant « Bonjour Isabelle ! »
Oui, elle s’appelle Isabelle.
Comment je le sais ?
Il suffit d’attendre en buvant son café et de jeter un mot de temps en temps en feuilletant son journal.
C’est bien le diable si, au second café, en disant « Je pourrais avoir un autre express serré, s’il vous plaît ? Euh… » vous n’entendez pas « Isabelle, je m’appelle Isabelle. »
En fait il suffit d’être bien élevé…
Pour ce que j’ai constaté, ça marche à chaque fois.
Après, il suffit d’écouter, c’est fou ce que les gens ont envie de parler. Surtout d’être écouté.
Ils ont plein de choses à dire et semblent n’avoir que rarement une oreille complaisante.
Je sais d’elle, par exemple qu’elle s’est fait jeter de son précédent boulot et que le tribunal des prud’hommes devrait lui rendre justice ces jours-ci.
Ne me demandez pas de détails sur les bisbilles entre son ex-boss et elle, je ne vais pas assez souvent boire un café dans ce salon de thé pour avoir tous les détails.
Pour en revenir à vos commentaires et à la propension des gens à parler à des inconnus, n’allez pas croire Brigitte ou Liliplume.
On ne peut pas dire qu’Heure-Bleue soit jalouse.
Je dirais plutôt qu’elle éprouve une certaine réticence à prêter ses affaires.
Surtout quand ses affaires, c’est moi.
Mais elle n’est quand même pas la femme de Catilina ni la version femelle d’Othello.
Bon, il arrive qu’elle me dise parfois, dans la rue ou le bus, là où mon attention est suffisamment sollicitée par la population pour que j’en devienne imprudent, qu’elle me dise :
- Tu as vu, celle…
Et je réponds trop vite, bien trop vite, mes hormones marchant plus vite que mes jambes :
- Celle à la jupe verte ? Avec les longues jambes et des cheveux ro…
- Ah… Je me disais aussi… Tu ne pouvais pas ne pas la remarquer. Tu ne changeras jamais.
Ce qui ne me déplairait pas si elle n’ajoutait « vieux machin ! Ne rêve pas, c’est pas du mouron pour ton serin… »
Me ramenant illico à ma triste condition de vieux gamin avec une cervelle d’un vingtaine d’années dans un corps d’une soixantaine d’années. Corps auquel il manque des pièces…
Heureusement qu’Heure-Bleue ne vaut pas plus cher.
Si elle croit que je ne la vois pas regarder en douce de jeunes hommes bruns, au teint mat, aux yeux de braise et au menton bleu…
En plus, ces salauds ont trente piges tout au plus.
La vie est cruelle.
Surtout quand elle s’allonge…
08:10 | Commentaires (9)
vendredi, 13 décembre 2013
Déjeuner à côté de chez Tiffany.
Hier nous avons déjeuné avec une blogueuse qu’on connaît depuis…
Bon, je ne dirai rien.
Oui, lectrices chéries, si je dis depuis combien de temps on la connaît, vous allez croire qu’elle est vieille, alors que pas du tout.
Elle est juste à peine moins brune que la première fois que je l'ai vue.
Oui, à l'époque elle était brune.
Surtout qu’elle aussi fait partie de mes lectrices chéries.
Je ne peux donc pas laisser entendre des choses qui risqueraient de me l’aliéner et faire sombrer mon blog dans le fond de la couche sédimentaire de trucs sans intérêt qui tapisse le Web.
La compagnie était agréable, la présence de deux femmes à table m’a évité de me mettre en frais de conversation.
Je ne sais pas si vous avez remarqué mais dès que deux femmes sont à table, il suffit d’écouter.
On apprend plein de choses sur des sujets aussi divers que les éviers ou le chauffage au bois.
Je fus déçu, je n’en ai entendu aucune « habiller » une troisième…
Et pourtant, j’en connais des qui…
Un moment, la dame qui aide le restaurateur est venue à notre table et j’ai échangé quelques mots avec elle.
Surprise d’Heure-Bleue qui la regarda de haut en bas :
- Tu la connais ?
- Bien sûr ! Je prends un café ici de temps à autre.
- Mais tu ne me l’avais pas dit !
Et notre blogueuse de rassurer Heure-Bleue d’un « Tu ne crains rien, elle n’est pas rousse… »
Heure-Bleue, toujours féroce, a lâché « Oh… Maintenant il est moins exigeant, il regarde un peu tout… »
Et après on viendra me parler de « couple fusionnel ».
Je t’en foutrais, moi, du « couple fusionnel »…
09:41 | Commentaires (7)
mercredi, 11 décembre 2013
Drame inattendu : Juliette vient de flinguer Roméo.
Le commentaire que Juliette a laissé sur ma note d’hier m’a quelque peu estourbi.
Voyons Juliette, si tu avais lu « Le nouvel inconscient » de Lionel Naccache tu aurais remarqué un détail épouvantable dans l’espèce humaine.
Nous avons été, contrairement aux animaux, doté d’intelligence, même si c’est très relatif chez certains.
Du coup, nous avons été amenés à agir plutôt que réagir...
Ce qui ne va pas sans difficultés. Notamment sur la façon qu’a notre cerveau de « scénariser » le monde pour pouvoir appréhender la réalité d’une façon qui nous permette d’y vivre.
Ce préambule tarabiscoté pour te dire, d’une façon plus simple, que nous sommes des bestioles qui ont inventé les sentiments en plus de l’eau chaude et du tire-bouchon.
J’ai déjà longuement tartiné sur le tire-bouchon, ce truc qui prouve merveilleusement l’inexistence et l’inutilité du bon dieu.
Non Mab ! Pas sur la tête !
Et dis à Lakevio que j’ai des lunettes !
Pour en revenir à ce commentaire de Juliette, je comprends bien, ma grande que nous sommes menés par nos hormones.
Je le constate en regardant la sortie des élèves du collège qui fait face à l’école primaire chaque fois que je vais chercher Merveille.
Cela dit, Juliette, tu t'étais déjà rendue célèbre en clamant à la face du monde une information que tu aurais dû garder pour toi.
Alors imagine un peu comme nous devrions réécrire quasiment tout ce qui fut écrit, récité, chanté et filmé depuis que Mr de Cro-Magnon a griffonné sur les murs de sa grotte.
Imagine un instant Pétrarque parlant de Laure.
Non comme on a pu le lire :
Ce fut le jour saint où, en deuil du Créateur,
Le soleil vint à décolorer ses rayons,
Quand, ne me gardant pas, je fus fait prisonnier,
De vos beaux yeux, Dame, je me vis enchaîné.
Mais avec ta vision de la chose ça donnerait :
Je la croisai alors, du plus bel ADN,
Elle put me tenter et ne s’en priva point
Son joli patrimoine, habilement caché,
Pour génétique qu’il fut m’a tout à fait tenté
Franchement, est-ce sérieux ?
En tout cas, ça perdrait salement de son intérêt.
Imagine Tristan et Isolde, au lieu du philtre d’amour bu par erreur un truc du genre « Elle a vu tout de suite qu’ils étaient compatibles alors ils se sont accouplés au lieu d'aller la marier bêtement avec le roi Marc. »
Pareil avec Roméo et Juliette.
On sait bien que c’est affaire d’hormones et, plus tard, d’accord de névroses, mais quand même…
Dis moi, Juliette, tu t’es précipitée sur le patrimoine génétique de ton mari ou bien t’es tu laissée tenter par son ramage ? Hmmm ?
09:37 | Commentaires (8)
mardi, 10 décembre 2013
Pourquoi tu m'aimes ?
Hier, soir, après avoir convenu qu’à quatre-vingt-quinze ans, Nelson Mandela avait largement l’âge de faire un mort et qu’on n’allait quand même pas se taper une semaine de cérémonies funèbres.
On ne se sentait pas non plus une folle envie de déclarer une semaine de deuil à la maison.
Alors Heure-Bleue et moi, peu adeptes de nécrophilie hystérique, avons décidé de regarder autre chose que des informations qui n’en sont pas.
Après avoir zappé, nous somme arrivés sur M6.
Et là nous avons été agréablement distrait par des histoires de ménage.
Une saynète nous a amusés un moment.
N’a amusé votre Goût adoré qu’un tout petit moment seulement car je vois venir de loin les chamailleries…
L’héroïne de cette saynète, une Lily, demande à son mari :
- José ? Pourquoi tu m’aimes ?
Et notre José de s’embarquer dans des « Oui tiens au fait… » qui vont l’amener directement à « l’Hôtel du cul tourné » pour trois semaines au moins.
Hélas, trois fois hélas, votre serviteur avait bien subodoré.
L’attaque d’Heure-Bleue n’a pas tardé, doucereuse et vicelarde.
- Au fait, Minou, pourquoi tu m’aimes ?
Puis, se ravisant :
- D’abord, est-ce que tu m’aimes ?
Entre une bouchée de pain et une bouchée de chou chinois braisé, il n’était pas aisé de donner à la réponse le côté tendre et romanesque voulu.
Mais bon, j’ai rattrapé le coup, croyant en être quitte pour la peur.
- Alors ?
- Oui ?
- Pourquoi tu m’aimes ?
- Parce que c’est toi.
- Ah mais non ! Tu ne vas pas t’en tirer comme ça ! Ça fait plus de quarante ans que tu me dis ça !
J’ai contrattaqué :
- Et toi ?
- Ben euh… Parce que ! Voilà ! Mais toi ?
- Je te l’ai dit, parce que c’était toi, parce que c’était moi…
- Ah non ! Ça ne va pas recommencer ! Tu ne vas pas me la jouer « Montaigne et La Boétie » !
- Bon…
- Avec toi il n’y a jamais moyen de savoir !
J'ai été sauvé par le gong qui a sonné sur Arte qui donnait « Un mariage de rêve », un très chouette film tiré d'une nouvelle de Noel Coward.
Je me suis bien gardé de dire qu’en la matière, si on savait, ce serait un très mauvais plan…
D’ailleurs elle le sait bien puisqu’elle ne sait pas.
Ou fait semblant de ne pas savoir.
Allez savoir, lectrices chéries…
07:32 | Commentaires (11)