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mercredi, 26 décembre 2012

Mais ce met délicat de mai se remet...

Bien sûr, j’avais remarqué que quelques jeunes et moins jeunes gens me regardaient parfois bizarrement, on n’atteint pas dix-neuf ans sans acquérir quelques lumières sur les décalages qu’il peut y avoir entre ce qu’on apprend et la réalité du monde.
Et pas qu’en matière de répartition des efforts ou de richesses.
Mais ces regards ne m’avaient pas ému plus que ça.
Eh ! J’ai quand même lu « Thérèse et Isabelle » et « Les amitiés particulières » et je sais que l’attirance prend parfois des chemins inhabituels !
Mais le fait que Violette Leduc et Roger Peyrefitte risquent la taule pour leurs préférences en matière amoureuse ne me frappe pas outre mesure.
Je suis peu au fait de la législation en la matière, sachant tout juste qu’il faut que les deux soient d’accord et qu’il faut éviter que l’un ait plus de vingt-et-un ans quand l’autre n’en a que dix-huit.
Surtout si les parents voient la chose d’un sale œil…
Il est à noter que les parents voient toujours ça d'un sale œil quand on n'a pas encore de diplôme.
Surtout votre mère quand vous êtes un garçon.
Si vous êtes le plus jeune, vous avez droit à « cette vieille s… veut juste s’envoyer un gamin mais elle va voir que le détournement de mineur c’est mal vu ! »
Si vous êtes le plus vieux vous avez droit à « cette petite trainée ne pense qu’à te coincer pour se dégotter un mari ! ».
Bref, que des ennuis en perspective, d’où l’utilité d’une discrétion de notaire vis a vis des parents quant à vos histoires d’amour…
Toujours fainéant mais moins que je ne le deviendrai, je persiste à lire Sartre, Balzac, Châteaubriand et autres.
Avouez que se taper les Mémoires d'Outre-tombe en y prenant plaisir, faut être un peu masochiste...
Il faut reconnaître quand même que c'est une époque assez saine, où les forces de l’ordre jouent un rôle actif dans la discipline sportive de la gent estudiantine, toujours à la recherche d’une bonne raison de glander, si ce n’est de s’avachir.
Nous ne sommes pas encore le 13 de ce joli mois de mai, jour d’une manifestation mémorable qui vit la maréchaussée surprise de voir autant de monde lui crier des méchancetés.
Et les hommes politiques inquiets d’un coup de constater que les étudiants avaient des parents et que ces parents non seulement étaient dans la rue mais qu'ils avaient le droit de vote.
Fort heureusement, le premier ministre, ancien professeur avait dit clairement à son ministre de l’intérieur que « non, vous ne vous imaginez quand même pas que je vais donner l’ordre de tirer sur mes élèves ! ».
Je dois même admettre, le temps ayant longuement passé, que celui qui nous permettait de manifester aux cris « Gri-maud-sa-laud ! », le préfet Maurice  Grimaud évita une dérive dramatique à ce mouvement de grande ampleur.
Quelques cocktails molotov avaient déjà volé et n’avaient réussi qu’à mettre le feu à quelques voitures.
Votre serviteur, déjà privé d’un œil par une expérience maladroite et ayant à son actif suffisamment de journées d’hôpital, avait peu de goût pour des exploits qui risquaient d’estropier son prochain.
En effet, au cours de ces séjours, j’avais pu observer les dégâts que peuvent causer toutes sortes d’accidents. Normalement, ça vous guérit tout personne sensée de l’envie d’abîmer les autres.
D’autant que, maladroit, je risquais de finir une fois de plus à l’hôpital en m’envoyant une giclée de mélange inextinguible sur un Newman quasi neuf.
Ces mélanges d’essence et de savon ont en effet la particularité, intéressante en temps de guerre où on veut vraiment du mal au mec d’en face, de coller partout et de résister à l’extincteur.
Bref, encore une histoire à coller un coup fatal à une carrière amoureuse qui s’annonçait pourtant brillante.
Or, en ce merveilleux début d’une grève générale qui allait paralyser le pays pendant plusieurs semaines, cette carrière s’annonçait riche.
La disponibilité de filles sans cours à la fac, sans usines où aller « perdre sa vie à la gagner » promettait des jours  riches en expériences diverses et parfois traumatisantes pour le pauvre petit cœur –quand même d’artichaut- de votre Goût préféré…

mardi, 25 décembre 2012

L’homophobie ne rend pas gai…

Mais fait parfois bien rire quand même...
Car j'ai dégotté cette perle, lectrices chéries.
Et je vous l'offre  pour votre petit Noël, mes amours.

Eh oui, en ces jours de concorde générale et d'amour répandu à profusion sur la Terre, il se trouve encore quelqu’un qui vient de nous administrer avec brio la preuve éclatante qu’il n’y a pas que l’homme qui peut vivre sans cerveau.
Il y a aussi la femme.
Entre autres celle qui vient de nous asséner une idée qui laisse pantois.
On aurait pu penser, si on n’y prenait garde, que la grâce de la largeur de vue venait de la frapper, mais non.
Elle a simplement trouvé une solution idiote à quelque chose qui n’est un problème que pour elle –et ceux qui partagent ses préjugés assez réac'-.
Elle commence par un rassurant « Oui… Les homosexuels peuvent se marier… ».
Là on se dit «  Tiens ? Elle vient de s’acheter un cerveau ! D’habitude elle n’a pas l’esprit aussi large… ».
C'est vrai qu'elle a vite fait de voir le péché partout et de courir sus à « l'inverti ». 
Malheureusement, elle continue « Mais pas avec des personnes de même sexe. »
On se dit illico « Mais qu’a-t-elle encore inventé ? »
Ben ça ! Elle a inventé ça : « Les homosexuels peuvent se marier, naturellement ! »
Bon, alors, où est le problème ?
Le problème est là, parce qu’elle ajoute « Mais il faut qu’ils se marient avec une personne d’un autre sexe, pas avec le même sexe ».
Et ça, ça me troue !
Parce que s’il m’arrive de dire de quelqu’un qu’il est « de sexe ambigu », je ne connais que deux sexes.
Quelles que soient leurs préférences amoureuses.
Ou bien, et c’est là qu’on voit qu’elle est de l’ignorance crasse de celles qui font leurs ablutions dans les bénitiers plutôt que dans les salles de bains où elles pourraient mater leur mari tout nu.
Que diable veut-elle exactement ? Qu’un gay épouse une lesbienne ?
Elle rêve ! D’autant que, bigote et vipère de bénitier (Merci F.Mauriac de la connaître si bien)  comme elle est, ce n’est certainement pour approuver ensuite le ménage à quatre comportant deux couples du même type, chacun s’arrangeant avec la Moitié de l’autre...
Entre les billevesées de cette dame et les trouvailles rhétoriques de Nadine Morano, on se prépare des soirées comiques de haut niveau…
Ce sera de la même qualité involontaire que les concerts donnés par Florence Foster-Jenkins...

 

lundi, 24 décembre 2012

Ces tannées là...

Comme votre serviteur préféré et qui espère être le seul à être aimé comme lui seul le mérite (évitez, lectrices chéries, les remarques qui me ramèneraient à une réalité désobligeante et douloureuse.) beaucoup se sentent un peu gênés à l’idée de vivre pauvrement mais suivent malgré tout des études supérieures tandis que d’autres rament péniblement en espérant gagner de quoi manger.
En foi de quoi nous avons décidé de changer le monde ! Oui… Encore…
En ce début du mois de mai, on avait donc décidé d’un commun accord avec nous-mêmes, de tenir une réunion à la Sorbonne.
Pour dire vrai, à part quelques siphonnés partisans du coup de poing qui règle tout, nous étions assez inquiets parce qu’on avait entendu dire que « les fachos d’Occident avaient décidé de casser la gueule aux gauchos ».
Et ces mecs d’Occident étaient des durs, des experts de la barre à mine.
Tandis que nous étions surtout des mômes à lunettes, sauf moi mais je n'avais qu'un oeil et il fonctionnait très bien.
Surtout pour regarder les filles...
Là où ça s’est gâté, c’est quand la maréchaussée, à la demande du recteur de l’université, a décidé de nous « protéger ».
Bonjour la protection ! On a pris une de ces raclées…
Grâce à une agilité qu’il ne soupçonnait pas et un souffle disparu depuis, votre serviteur réussit à échapper au coup de filet mais avec un cœur qui, même au cours d’amours dévastatrices, n’avait jamais cogné aussi fort.
Ce qui amène à passer des nuits à courir devant une maréchaussée acharnée à attraper votre Goût adoré et ses camarades semeurs de balagan.
S’il ne s’était agi que de hurler « Cé-hèr-esse ! esse-esse ! », tout aurait pu finir par une dispersion sans histoire.
Hélas, sûrs de notre bon droit à « jouir sans entraves » et notre entêtement à penser « soyons réalistes, demandons l'impossible »nous finîmes tous par échanger quelques horions.
Là où ça s’est gâté, c’est quand un étudiant, probablement le seul du quartier latin doué en travaux publics et surtout à ne pas hésiter à risquer un ongle retourné voire abîmer ses doigts de fée, réussit à desceller un pavé de la rue.
Bon, ça a un peu dérapé…
C’est là que le fait de savoir calculer avec précision la trajectoire d’un « mobile animé d’un mouvement uniformément varié », si bien vu en physique, est de peu d’utilité dans le feu de l'action.
Un cerveau, habitué à l’évaluation d’une trajectoire parabolique, si bien modélisée par l’équation du second degré, est hélas malhabile à doser l’amplitude et l’azimut adéquats de la force à appliquer au mobile  qu'on veut soumettre à une trajectoire déterminée.
Surtout quand on a assez de biceps pour manier un stylo... 
Quelques vitrines et voitures en firent les frais.
Ça s’est aggravé quand les CRS se rebiffèrent en envoyant des volées de grenades lacrymogènes.
Non seulement ça fait pleurer mais ça contribue aussi largement à casser les pare-brises et les vitrines épargnées par les pavés.

Le lendemain, comme tous les matins avant d’aller à la fac, j'écoute France-Inter.
J’apprends que suite aux manifestations quelque peu « vives » de la veille, la rue Gay-Lussac est un champ de ruines.
Comme toujours, la radio, aux mains de Peyrefitte, « représentant stipendié d'un pouvoir fantoche à la solde des grands monopoles capitalistes » exagère.
Bon, il est vrai que c’est assez mal rangé et que quelques vitrines ont souffert d’erreurs de tirs tant de la maréchaussée que de notre part, peu experts encore dans le lancer de pavé. Mais ce n’est quand même pas Hiroshima après l’explosion de « Little Boy ».
J'entends Alain Geismar et Daniel Cohn-Bendit, qui n'est encore que « Dany le Rouge » renvoyer Charles de Gaulle à ses chères études.
Un « Dany le Rouge » relayé par un Charles de Gaulle qui m’explique, alors que le temps est superbe, que je dois renoncer à « courir le risque de l'aventure », retourner en cours au lieu de faire des « assemblées générales » tout ce qu’il y a de révolutionnaire.
Mon Général va jusqu’à, piquant le mot à Rabelais, s'exclamer « Mais c'est la chienlit ! ».
Pfff... Vieux con, va...
Il a ce tremblotement dans la voix qui indique que sonne l’heure de la retraite.
Nous savons tous que le mot « retraite » dérange un général mais ça le reposerait et nous aussi.

dimanche, 23 décembre 2012

Non solum cogito ergo sum, sed etiam memini ergo dubito…

J’ai peur.
Non, lectrices chéries, ce n’est pas que je sois d’un naturel craintif sinon je ne me serais jamais mis dans l’idée de passer ma vie avec Heure-Bleue.
Je pressentais que ce serait risqué et plein d'embûches.
Ça s'est vérifié...
Seulement, cette vie a des conséquences.
Nous avons finalement décidé, plus exactement Heure-Bleue  a décidé d’un commun accord d’elle toute seule, de sacrifier à la tradition de l’arbuste qui n’avait rien demandé et qui se retrouve à semer des aiguilles partout dans la maison.
Merveille est à la maison.
Elle décore l’arbre de Noël avec Heure-Bleue.
Heure-Bleue, indiscrète comme d’habitude, entame un interrogatoire en règle de Merveille.
Oui, Heure-Bleue est très jalouse de ses secrets mais aime bien connaître ceux des autres.
Elle se livre donc à un interrogatoire dont elle entend bien tirer toutes les informations intéressantes, à commencer par celles qui ne la regardent pas.
Elle semble particulièrement avide de renseignements sur la vie sentimentale de Merveille.
Je connais –un peu, très peu, pas assez hélas- l’Heure-Bleue en question et je sais qu’elle espère que Merveille a une vie sentimentale aussi agitée que possible.
Car vie sentimentale agitée implique des récits palpitants à rebondissements.
Avec peut-être à la clef, chagrin d'amour, toujours attendrissant chez une petite fille.
Et donc bulletin d’information riche à souhait, ce qui fera d’Heure-Bleue une chroniqueuse informée avec autant de détails qu’il est possible.
Et voilà donc mon Heure-Bleue préférée, l’air faussement indifférent du gamin en train de regarder un bonbon sans surveillance, demandant à Merveille.
- Au fait où est passé Julien ? Toujours dans l’école ?
Merveille, l’air indifférent, air piqué à Heure-Bleue sur l’instant.
- Mmmmouiii…
Gros sabots d’Heure-Bleue, indiscrète comme un chat.
- Alors ? Qui est ton amoureux en ce moment ? 
Merveille, l’air un peu timide.
- Ben… C’est Julien…
Et là Heure-Bleue a cette réflexion à la fois superbe et inquiétante.
- Ah la la… Elle est fidèle en plus…
Ce qui aurait pu passer pour un compliment et me rassurer.
Les choses n’étant jamais aussi agréables qu’on le souhaiterait, j’ai ressenti un pincement au cœur quand Heure-Bleue a ajouté, l’air désespéré « Pfff… Pauvre petite… »
On dirait que ça la dérange, cette histoire de fidélité…

 

samedi, 22 décembre 2012

Le doute...

Alors voilà, Père Noël, c’est la mine !
D’abord il faut s’habiller en Père Noël, et puis il faut assister, en applaudissant à bon escient, au spectacle de petits enfants qui chantent et qui dansent avec leurs maîtresses.
Un moment mon attention s’est relâchée, attirée par autre chose que les enfants en train de danser et de chanter.
Une classe de petits essayait de suivre tant bien que mal les mouvements d’une maîtresse.
Blonde, la maîtresse.
Vêtue d’une jupe noire.
Mais une jupe noire en voile.
Donc parfaitement transparente.
Et la maîtresse était à contre-jour.
Bien fichue, la maîtresse…
 Vous savez bien, lectrices chéries, qu’un tel spectacle ne pouvait pas échapper à votre Père Noël adoré.
Un joli mais bref instant de distraction...
Mais comme je suis raisonnable, je suis rapidement revenu à mon boulot de Père Noël.
Le spectacle terminé, j’ai fait le tour du préau avec un énorme panier de bonbons.
L’horreur ! On aurait dit une fermière dans sa basse-cour à l’heure de la distribution de graines !
De vraies volailles affamées !
A un moment, il m’a fallu me rebiffer et protéger mon stock.
Un petit Indien de l’Inde avait plongé deux mains minuscules dans le panier pour en tirer le plus de bonbons possible.

« Eh ! Oh ! Tu veux ouvrir une boutique ? Tu fais ton stock ? Un seul bonbon, sinon ils vont avoir quoi les autres ? Tu crois qu’ils vont venir te l’acheter ? Hmmm ? »
Il a reposé les bonbons, n’en a gardé qu’un et m’a dit « Merci Père Noël » d’une toute petite voix.
Ils sont mignons à cet âge, ils croient encore qu’il faut obéir au Père Noël…
Et j’adore qu’on m’obéisse !!
A un moment, avec mes bonbons et entouré de petites filles pleines de mains avides, je me suis fait la réflexion que s’il n’y avait pas les maîtresses et la directrice, j’étais bon pour finir entre deux gendarmes. Un vieux avec des bonbons et des petites filles autour, c’est un mauvais plan…
Et puis, hier nous sommes allés faire quelques courses avec Merveille.
Et nous nous sommes un peu renseignés, Heure-Bleue et moi.
Car nous savons faire cracher ses secrets à Merveille.
- Alors ? Il était comment le Père Noël ?
Air émerveillé de la Merveille.
- On ne sait pas comment il est rentré dans l’école, les fenêtres étaient fermées, et d’un coup il était là avec nous !
- Il était habillé comment ?
- Il avait un pantalon rouge, une grande veste rouge avec une capuche rouge qui avait un bord blanc.
- Et…
- Il avait aussi une grande barbe blanche et des moustaches blanches.
- Et c’est tout ?
- Ah non, il avait des bottes…
Ouf ! Elle ne m’a pas reconnu !
Puis elle s’est ravisée, comédienne, va !
- En fait, non, il n’avait pas de bottes, le Père Noël.
- Ça s’est bien passé finalement.
- Oui, il a donné des bonbons à tous le monde.
- Il est gentil, alors le Père Noël.
- Ah oui, mais il avait les chaussures de Papy.
Aïe !
Eclair malicieux dans les yeux de Merveille…
- Il avait aussi le pull rouge de Papy, le pull doux.
Re aïe !
Sourire de Merveille…
- Et puis, quand la barbe glissait, on voyait aussi la barbe de Papy.
Et ?
- Et j’ai vu aussi les dents de Papy quand il souriait.
Et Heure-Bleue de tenter « Oh ! Tu sais, le Père Noël est obligé de déléguer car il y a beaucoup d’enfants et il ne peut pas être partout… »
-Bien sûr Mamie…
A ajouté Merveille avec un air de doute mâtiné de désespoir devant tant de naïveté.

Merveille est si gentille qu’elle a même fait semblant d’être convaincue par l’argument de Mamie et le jeu d’acteur de Papy…