lundi, 04 mars 2013
La poupée ruse...
Dites-moi, lectrices chéries, vous ai-je déjà parlé de Merveille ?
Ce petit être délicieux comme un chaton, c'est-à-dire plein de griffes et prêt à tout pour obtenir ce dont elle a envie ?
Eh bien, je suis allé chercher Merveille à l’école vendredi dernier.
Parents démissionnaires quasiment puisqu’ils ont laissé aux grands-parents le soin de s’occuper de leur progéniture pendant, ô merveille du langage institutionnel, « la pause méridienne ».
Vous connaissez mamy, plus connue sous le nom d’Heure-Bleue.
Vous savez donc que midi tapantes ne fait pas partie de sa période de veille.
Non, elle n’est plus au lit mais elle erre dans ces limbes mystérieux remplis de vos billets et de Ricoré préparées avec amour et eau chaude par son camarade de vie.
Le rôle de récupérateur de Merveille échoit donc, de façon aussi habituelle qu’obligatoire à votre Goût préféré.
Vous remarquez j’espère, et j’espère itou avec admiration, l’art de délayer de votre serviteur à qui sa grand’mère déjà disait « mais d’une merde de chien tu fais un pain de sucre, mon garçon ! ».
Bref, me voici donc sur le chemin de l’école, réfrigéré comme un excrément maghrébin –Oui, « Political correctness » oblige, on n’a plus le droit de dire « gelé comme une merde arabe »-, vouant aux gémonies mon fils, sa moitié, la mienne et l’hiver qui se prolonge. Je me hâte vers l’école maternelle car au moins, les écoles sont chauffées, pour combien de temps encore, je ne sais pas mais j’en profite.
Et je retrouve une Merveille pas trop en forme, elle copie Elisabeth Windsor.
Oui, vous ne le savez peut-être pas mais Madame Sa Majesté a une gastro. Yahoo m’en a averti dès l’ouverture de mon navigateur.
Merveille donc, à vomi dans son lit mais est tout de même allée à l’école.
Avec entrain malgré tout, il était question de cinéma, perspective autrement palpitante que la mise à jour du « cahier de vie »…
Et nous voilà tous deux sur le chemin de la maison.
Merveille tenant absolument à me donner la main. Signe indubitable qu’elle veut me dire quelque chose d’important.
- Papy…
- Oui Beauté ?
- Tu sais, Hatim, eh bien…
- Oui, qui donc est Hatim ?
- C’est celui qu’a des…
- Non ! C’est celui qui a !
- Bon, Hatim, c’est celui qui a des « naillques grises », enfin gris-clair.
- Et ?...
- Alors Ibrahim s’en va pour soigner sa grand’mère.
- Ah bon ?
Etrange coq à l’âne…
- Oui, il s’en va au Maroc.
Là, je me dis que la grand’mère d’Ibrahim est mal partie mais je commence à entrevoir un secret qui a du mal sortir.
- Et donc ?
- Eh bien Hatim il a drôlement mal au pied, il boîte.
- Il est blessé ou il a un pied de travers ?
- Ah non ! Il n’a pas un pied de travers ! Il s’est blessé en marchant sur un gros bout de verre ! Tu te rends compte ? Ça a traversé sa chaussure !
- Ah… Alors…
- Oui, il a eu très mal, voilà, alors Hatim…
- Eh bien, qu’est-ce qu’il a Hatim ?
- Hatim il a très mal.
- Oui, je sais, le pauvre… Mais je ne le connais pas, il ressemble à quoi, Hatim ?
Silence de plusieurs secondes puis « Hatim… », long soupir et enfin « Hatim, il est très bôôôô »…
Sur cette confidence importante, elle a serré la main de papy et s’est serrée contre lui.
J’ai vu, le soir même, Hatim sur la photo de classe.
Vous savez à quoi ressemble Merveille.
Eh bien Hatim est un petit garçon, très brun, avec le teint mat. Comme Julien, l’abonné à « la chaise des punis », parti depuis sous d’autres cieux.
Cette famille est une fabrique de cœurs d’artichauts « label rouge »…
07:58 | Commentaires (13)
dimanche, 03 mars 2013
Que serais-je sans toi…
C'est l'anniversaire de Merveille.
Elle devient vieille aujourd'hui, elle a six ans et, comme la racaille de base, elle a deux dents en moins.
Nous devisions en regardant le télé sur les méfaits des ans, pas sur nous évidemment...
Avec Heure-Bleue, nous regardions Dany Brillant et Hélène Segarra.
Bon, aucun intérêt, la télé était restée allumée après les infos.
Avec Hélène Segarra, c’est un peu comme avec Lara Fabian, j’ai toujours peur qu’elle se mette à hurler.
Lara Fabian, c’est pas pareil, c’est la seule qui réussit à crier plus fort que ma mère quand j’avais fait une connerie, et ça, ça fait peur.
Enfin, là ça allait, Danny Brillant et Hélène Segarra chantaient une chanson de Montand, « A Paris ».
Heure-Bleue m’a dit, l’air étrange « Tu ne m’as même pas fait danser un slow ! »
Je lui ai fait gentiment remarquer « Euh… Tu sais, tu étais enceinte jusqu’aux dents… »
Elle a eu l’air de me croire. Genre trois secondes…
Puis, l’illumination lui vint d’un coup « Mais non ! Tu ne m’as même jamais emmené en boîte ! »
Je lui ai alors fait remarquer « Que si si ! Nous sommes allés en boîte ! Avec des copains ! Ils nous ont même emmenés et que si, on y était allé avec des copains, en 4L, oui ! En 4L ! »
C’est alors qu’elle a daigné se souvenir que non seulement nous étions allés en boîte mais qu’en plus nous avions l’Ours dans son couffin.
Et sans mettre le couffin dans le coffre…
Et l’Ours dans le couffin, avec une Heure-Bleue qui ne le quittait pas des yeux, pour danser, c’est pas top…
Nous n’avons pas dansé de slow.
Les slows, c’est avant les bébés…
07:20 | Commentaires (9)
samedi, 02 mars 2013
Delly de fuite...
Berthoise, dans sa dernière note, nous parle de ses amours et nous en dit « sans doute furent-elles singulières, uniques et incomparables, mais pas bizarres, ni curieuses. »
Mais comme toutes les amours, Berthoise ! Comme toutes !
Il semblerait qu'il n'y ait problème que dans leur évocation...
Ça donne de si chouettes bouquins qu'il est heureux que certains se soient lancés dans ce boulot.
Toutefois, si on y regarde de près, dès le lycée, les profs d’Histoire s’échinaient autant à nous expliquer, grâce à la vertu de l’exemple, comment s’entretuer par peuples entiers qu’à capter un semblant d’attention.
Les profs de Lettres eux, de façon sournoise, grâce à l’étude de célèbres passions nous instillaient l’idée que c’était vachement bien cette affaire d’amour.
Eh oui, nous nous sommes fait avoir ! Il y a eu de tout temps collusion entre l’Histoire et les Lettres ! Sinon, le combat aurait rapidement cessé, faute de combattants. Eh oui, comment aurions nous pu continuer à nous étriper pour remplir les livres d’Histoire si les Lettres ne nous avaient incité à engendrer de nouveaux belligérants ?
Je suis sûr que vous n’aviez pas vu les choses sous cet aspect. Hmmm ?
Imaginez un peu, lectrices chéries, la vie sans Tristan ni Yseult ou simplement qu’ils n’aient pas bu ce foutu philtre, sans Othello ni Desdémone ou qu’il ne se soit pas laissé abuser par ce fumier de Iago !
Pensez un peu comme on se serait emmerdé sans Roméo ni Juliette, sans Marion ni Robin.
Et Renaud sans Armide pour lui jeter des sorts afin qu’il l’aimât comme elle le rêvait.
Sans compter Phèdre qui en pince sévère pour Hippolyte, Phèdre sans la fièvre et autres Titus et Bérénice.
Pire encore, imaginez-la sans ce chef d’œuvre qui, à n’en pas douter traversera les siècles, j’ai nommé Angélique, Marquise des Anges !
Heureusement, pour nous guérir, il n’y a pas que le temps.
Si Heure-Bleue voulait éviter de me lâcher, l'air de rien « il y a aussi le mariage... », ce serait parfait.
Je n’étais pas arrivé à la même conclusion que mon Heure-Bleue préférée, je pensais plutôt à une guérison assurée par la lecture assidue de Back street, le truc qui vous casse le moral pour des siècles et vous invite à éviter l’amour comme la peste…
Avez-vous réfléchi un instant à cet état pathologique qui vous bouche les yeux et l’entendement, vous ouvre le ventre à coups de couteau et vous écrase le cœur à coup de pincements et de marteau ?
Bienheureux quand en plus il ne vous fait pas trembler les mains, ou pire, les jambes.
Enfin, tant qu’il ne vous fait pas bafouiller, ce n’est pas grave.
Bon, en même temps, ça fait de beaux souvenirs.
Souvenirs qu’il est bien vu de garder pour soi…
13:11 | Commentaires (6)
vendredi, 01 mars 2013
Mauvais esprit…
Hier soir, Heure-Bleue et moi sommes sortis.
C’est notre gymnastique quotidienne. Nous nous musclons les doigts avec nos claviers et nos souris dans la matinée, puis le déjeuner avalé et l’après-midi entamé, chacun vaque à ses occupations.
Traduisez « le Goût glande » et « Heure-Bleue fait le ménage ».
Eh ho ! Le matin j’ai quand même préparé le petit déjeuner, fait le lit, essuyé et rangé la vaisselle et fait les seize mille deux cent trente deux Ricoré d’Heure-Bleue ! Puis, vers midi je suis allé chercher le pain.
Après cette journée épuisante nous sommes donc sortis
Il nous fallait acheter les journaux, les quelques babioles pour l’anniversaire de Merveille. La dame de la maison de la presse expliquait à son fils que « non il n’a pas oublié de retenue dans son addition. »
Puis le petit a souri, ce qui a permis de constater qu’il est brèche-dent.
Notez, lectrices chéries, la lente montée du suspense dans ce récit terrifiant de banalité.
Heure-Bleue a alors saisi la balle au bond et a cloué la marchande de journaux d’un « il a quel âge ? » imparable.
« Il a huit ans et vient de perdre deux dents » a rétorqué fièrement la mère.
On voyait bien là tout l’orgueil d’une mère qui sentait son fils capable de perdre d’un coup vingt-quatre dents pour faire honneur à la famille.
Un peu plus fière, Heure-Bleue a vanté la précocité de Merveille en assénant « la nôtre en a perdu deux, mais elle a six ans ! »
C’est là que votre serviteur, admirant la lutte de ces deux amazones, fières de leur progéniture, directe ou une génération plus tard, s’est dit « Aïe ! Ça sent le combat de mères poules ».
J’ai craint un instant qu’on aille jusqu’à évoquer hâtivement le prix Nobel de comédie de Merveille, ou qu’emporté par l’enthousiasme on évoque sa ménopause extrêmement précoce.
Ne ricanez pas, c’est le genre de chose qui rassurerait son père, n’oubliez pas qu’une Merveille avec un petit camarade, c’est le genre de chose qui dépiaute un cœur paternel comme de le dire…
Rapidement tout de même, la tension baissa et chacune composa et dit sagement « ils ne vont pas tous au même rythme, ils n’apprennent pas tous à la même vitesse. »
Chacune pensant sans doute que sa progéniture était la plus vive…
C’est peut-être là que j’aurais dû me taire.
Oubliant un instant que j’avais affaire à deux libraires et que le bouquin est aussi un gagne pain, j’ai cru malin d’abonder dans leur sens en disant « C’est tout à fait vrai, regardez, à son âge Marc Lévy ne sait toujours pas écrire… »
La fraîcheur de l’accueil m’a fait penser que je n’aurais peut-être pas dû…
09:23 | Commentaires (15)
jeudi, 28 février 2013
Psychanalyse des comptes de faits…
Hier j’ai passé un après-midi agréable.
Je sais bien, lectrices chéries que vous n’en avez rien à cirer mais j’aime bien digresser sur des informations sans intérêt.
En plus, je sais qu’à me lire vous vous direz « aaahhh… Le Goût à écrit ! Qu’est-ce qu’il a encore fait ! Si tout se passe bien, Heure-Bleue va se précipiter pour le gifler, depuis le temps qu’on attend ça ! »
Eh bien non. Je suis simplement allé chez une copine de forum qui a quelques problèmes avec une chaîne haute-fidélité qui lui a été refilée par un autre audiophile et lui a coûté un œil pour avoir la qualité sonore d’un Teppaz de 1962. Oui, ceux avec un petit haut-parleur dans le couvercle, ceux qui vous flinguaient un 45T , même pas EP en cinq passages.
Il faut vous dire que l’audiophile est une espèce bizarre, toujours à la recherche d’une perfection illusoire, généralement un mâle tendance caractériel, se gargarisant de termes techniques empruntés à la physique, termes d’autant plus ronflants qu’ils sont éloignés de son domaine de connaissance et supportant d’autant moins la contradiction qu'elle est proférée par quelqu'un dont la physique est le métier et sait donc de quoi il parle. Bref, l'audiophile est une engeance bizarre.
La copine en question, qui commence à me connaître, sait qu’il faut m’attendre au troisième étage, faute du souffle qui me permettrait d’atteindre le quatrième étage sans escale.
(Je ne pourrais tromper Heure-Bleue qu'avec quelqu'un qui habite au rez-de-chaussée...)
Elle sait aussi qu’il lui faudra se ruer à la cuisine pour faire du café.
Tasse en main, elle me fit écouter les « améliorations » concoctées par celui qui l’a conseillée et par celui qui lui a vendu le bouzin.
C’est effectivement moins pénible que la fois précédente, « mais bon… » comme dirait un vrai diplomate…
C’est moins pénible, jusqu’à ce que, fière, elle brandisse un enregistrement de Maria Callas interprétant Carmen. Un enregistrement connu où Carmen est dirigé par Georges Prêtre. Et c’est là que ça se gâte.
C’est là que j’ai l’oreille déchirée par une Callas chantant « chur les remfarts de Chéviiiiillleee, chez mon ami lilach pachtia, jirai dancher la chéguedille et voire du manjanillaaa ».
Je n’y crois pas mais quand même je ne peux m’empêcher de dire « Mon dieu ! »
Et la, copine :
- Quoi ? Ça va pas ?
- Ben euh…
- Allez, dis moi quoi !
- Ben, dans mon souvenir, elle n’était pas enrhumée et n’avait pas de claquoir…
- Attends, je le remets.
Re-rhume et re-claquoir…
- Je crois franchement qu’avec ce truc tu t’es fait b…avoir.
- C’est quoi bavoir ?
- Je me suis rappelé au dernier moment qu’on ne dit pas « tu t’es fait baiser » à une femme qu’on connaît depuis un mois, on lui dit « tu t’es fait avoir ».
- Bref, c’est pas encore ça !
- Ben non ma grande…
Alors, après ça, on a bu le café et on est parti à une expo à Montmartre où un de ses copains montrait ses « créations ». Là, je n’ai rien dit. Du moins sur les œuvres. J’ai vu là-bas un certain nombre de gens que je connaissais sous leur pseudonyme, audiophiles fréquentant assidûment deux fora. Le forum qui m’accueille et l’autre, celui dont on bannit les ingénieurs, ces andouilles qui empêchent de raconter des âneries en rond. En fait c’était assez sympa, j’ai fait la connaissance d’une dame qui passait là par hasard, une dame qui connaît le lycée Jacques Decour et a usé ses jupes sur les bancs du lycée Jules Ferry. Bref quelqu’un qui n’avait rien à voir avec la hi-fi et qui gagne sa croûte en écrivant des bouquins et des scénarii. Ça repose…
Avouez, lectrices chéries, que ça valait le coup de poireauter deux jours pour lire ce tas de platitudes, non ?
09:31 | Commentaires (9)