Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 05 février 2023

Dernière manif’.

la-jeunesse-sera-dans-la-rue-ce-samedi-a-paris_7211240_676x407p.jpg

Ce matin, Adrienne m’a surpris.
Je ne pensais pas qu’Adrienne fut d’un naturel à participer à la manifestation d’une grogne collective.
Sa note d’aujourd’hui a donc ravivé chez moi le souvenir de « ma dernière manif’. »
La dernière fois que j’ai manifesté, c’était pour protester contre l’attentat de la rue Copernic.
Feu le Premier ministre de l’époque, alors que l’attentat avait fait quatre morts, avait maladroitement remarqué qu’il « aurait pu tuer des Français innocents »…
Ce fut la dernière fois que j’ai manifesté.
Il me faut vous dire que placé derrière la camionnette du MRAP (Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour l’amitié entre les peuples, depuis, antisémitisme a été supprimé...) « l’aboyeur » dit à un moment « on est un peu sec, là, z’auriez pas un slogan ? »
Le Libé du matin, en référence à Cohn-Bendit avait titré « Nous sommes tous des juifs français ».
Cette version du « Nous sommes tous des juifs-allemands » de 1968 m’avait plu, je la  lui ai donc suggérée.
Là, le type me dit « Ah... Ça me fait un peu ch... ! »
Bêtement, je demande « Pourquoi ? »
Et là, il me répond avec un air faux-cul flagrant « Ben, passque chuis pas un... juif... »
À entendre son hésitation, je l’ai même entendu penser « youpin ».
Je lui ai demandé ce qu’il faisait là, il n’a rien dit et a demandé un autre slogan.
Alors j’ai continué, dégoûté malgré tout, jusqu’à la place de la République.
Là, comme souvent dans les manifs, du moins celles que j’avais suivies jusqu’en 1980, car on était en 1980, une sorte de vague à l’âme est tombé sur la foule.
Bien que n’ayant pas digéré les mots de « l’aboyeur » j’avais faim.
Saisi de l’inspiration subite du farceur, j’ai hurlé, comme un slogan « Nous voulons dî-ner ! Nous voulons dî-ner ! ».
À la troisième reprise, des voix ont commencé à s’élever de la foule, quelques secondes plus tard, la place entière scandait « Nous voulons dî-ner ».
Puis le silence s’est soudain abattu sur la place.
Certains se sont sans doute demandé quel imbécile avait lancé ce slogan, quasiment un blasphème.
Hélas pour eux, j’avais disparu.
Cette preuve que le panurgisme n’est jamais loin et qui explique sans doute quelques atrocités m’a inquiété.
En attendant, ça m’a dégoûté des manifs…

samedi, 04 février 2023

152ème Devoir de Lakevio du Goût

 

Devoir de Lakevio du Goût_152.jpg

Mais à quoi diable pensait Mark Keller en peignant cette jeune femme ?
Il me vient plein d’idées à regarder cette toile.
Mais à vous ?
Je me dis que ça devrait commencer par :
« Ma tante a dit : t’as perdu ta langue, Anne ? »
Et finir sur :
« Et elle se trouve renvoyée à la solitude. »

jeudi, 02 février 2023

L’ordre sans loi…

Photo 010.jpg

La note d’Adrienne m’a amené à me poser le problème du rangement qu’elle aborde.
Mais que doit-on ranger ?
D’abord sa cervelle ?
D’abord ses affaires ?
Et quel lien y-a-il entre « l’ordre » et « le rangement » ?
Le but est-il le même ?
Doit-on savoir où trouver chaque chose ou bien tout doit-il être aligné comme sur les rayonnages d’une boutique ?
D’ailleurs, « l’ordre » et « le rangement » ont-ils en commun cette idée de parade militaire ou policière ?
Cette idée de « rangs » bien alignés, en « ordre » en somme…
Néanmoins, plus éloigné de cette idée fascisante de « l’ordre », cette déviance qui veut, comme pour l’argent, que l’ordre ne soit pas un moyen mais un but.
Le rangement, à y regarder de plus près et de façon plus courante, dépend de nombre de facteurs.
- Vous êtes des « jeteurs » ou des « entasseurs ».
- Vous avez de la place ou vous n'en avez pas.
- Vous êtes ordonné ou non.
Si vous êtes de l’espèce des entasseurs désordonnés dans un appartement minuscule, vous finissez par dormir debout, comme les chevaux, si ce n'est comme les hérons...
Si vous êtes de l’espèce des jeteurs ordonnés, vous allez bientôt vivre dans un bloc opératoire ou un cabinet de dentiste maniaque.
Entre les deux, il y a le mélange plus ou moins harmonieux des deux.
Je connais un couple où l’une et l’autre sont tous deux des « entasseurs-jeteurs ».
Elle et moi jetons quand nous avons trop vu quelque chose.
Nous en amenons d’autres pour occuper la place laissée vacante par les objets jetés.
Hélas pour elle, elle est ordonnée et hyper « clean ».
Hélas pour je suis bordélique et moins « clean ».
Je me demande si l’attrait supposé entre extrême n’est pas la raison de la durée de notre couple…

NB : La photo ne vient pas du Web, c'est celle du bureau d'une connaissance...

lundi, 30 janvier 2023

Devoir de Lakevio du Goût No151

Devoir de Lakevio du Goût_151.jpg

Cette toile d’Adela Burdujanu montre l’allée d’un parc un jour de printemps.
Ce doit être l’approche du printemps qui me dit que cette toile ferait un chouette « Devoir de Lakevio du Goût ».
C’est du moins ce qui m’a poussé à vous le proposer.
Nous avons tous, j’en suis sûr, quelque chose à dire sur la fin de l’hiver ou les premiers soleils « efficaces ».
Nous avons tous un jardin ou un parc préféré, celui qui nous a vus, assis si ce n’est « avachis » sur une chaise.
Nous avons alors, soit un livre sur les cuisses, soit, comme disait Lakevio « L’œil balayant ».
Le regard attaché à un texte ou à l’affût d’un spectacle intéressant ou attendrissant.
Je le sais, vous avez toutes et tous quelque chose à dire sur une allée de parc à l’orée du printemps.
Alors à lundi, lectrices chéries et trop rares lecteurs chéris…

******

Je ne sais pas si je vous l’ai dit mais j’aime le jardin des Tuileries.
Bien sûr que je vous l’ai déjà dit !
Que les Tuileries sont belles !
Même sous un pâle soleil d’hiver, c’est dire…
Bien sûr qu’au printemps elles sont plus confortables, surtout pour quelqu’un de frileux.
Mais en ce matin de printemps où le réchauffement climatique donne une allure de mois de juin d’antan à ce mois de mars habituellement frais, ça me va.
Rien que l’idée de traîner les pieds dans le sable de l’allée de Diane me ravit.
Et puis, les Tuileries…
Toutes ces allées, mille fois arpentées, mille fois parcourues.
Tous ces jours où je les ai arpentées, le désespoir accroché à l’âme.
Tous ces jours où je les ai parcourues, l’allégresse accrochée à la gorge.
Quand vous vous sentez si malheureux que ça vous étrangle et que vous n’osez plus dire un mot de peur d’éclater en sanglots.
Et quand vous vous sentez si heureux que ça vous serre la gorge ? Hein ?
Vous les connaissez, ces moments où vous n’osez plus dire un mot, de peur de dire une bêtise qui va tout gâcher ?
Dans cette lumière de printemps, quand je vois ces gens assis sur les chaises, sans crainte de voir arriver une chaisière qui nous fera nous envoler comme une volée de moineaux, il me vient une question.
Pourquoi parle-t-on toujours du cœur alors que ce n’est jamais là que ça se passe ?
Plus j’y pense, plus je me demande pourquoi c’est toujours la gorge ou le ventre qui semblent être les seuls aptes à transformer les sentiments en sensations…
Et je ne le sais toujours pas.
Mais d’aussi loin que je me souvienne, ce fut toujours ce que j’ai ressenti.
Des fois c’était bien.
Des fois c’était douloureux.
Bon, plus souvent à l’automne mais toujours dans ces grands jardins que sont les Tuileries, le Jardin des Plantes ou le Sacré-Cœur.
C’est peut-être l’effet des bancs ou des chaises.
Allez savoir…

samedi, 28 janvier 2023

Yé t'aime, yé té toue !

Ce matin, j’ai « allumé » mon ordinateur, comme tous les matins.
J’écris, « allumé » entre guillemets car après certaines « bidouilles » un poil hâtives, il est arrivé que le verbe « allumer » ne soit pas une figure de style.
J’ouvris ensuite mon « navigateur » pour voir ce qui se passait dans le monde, trop tard qu’il était pour écouter la radio.
Il me semble illico que contrairement aux ordinateurs, les êtres humains reculent à marche forcée vers Cro-Magnon…
Hormis un coin du globe où une milice violente poursuivait, battait et dénudait des femmes au prétexte que leurs jupes étaient trop courtes, le truc finalement courant, un articulet entièrement parisien me frappa.
La nouvelle me sauta aux yeux comme un pavé sur un casque de CRS.
Figurez-vous, lectrices chéries, qu’un olibrius, étudiant en médecine de son état, a planté un couteau dans une jeune fille.
Et c’est en lisant l’article que j’en ai déduit que la marche arrière entamée par l’humanité allait bon train.
L’étudiant, se prenait-il pour Don José qui tua Carmen par jalousie ?
Que nenni ! Il n’était que possessif et un poil chatouilleux de l’amour-propre, quoi...
Ce Don José avait une camarade de classe qu’il trouvait fort mignonne.
Le premier trimestre passé à la fac il en fut si amoureux qu’il mit un genou à terre et demanda l’élue en mariage.
Hélas, bien qu’élue, la belle n’était point candidate et le lui fit savoir.
Genre « Euh… Tu es mignon mais non, je n’ai pas envie de me marier, tu vois… »
Blessé, Don José l’attendit à la sortie et entama sa carrière de chirurgien en ouvrant la petite assez sauvagement pour qu’elle finît entre les mains de vrais chirurgiens.
C’est là que je me suis dit pour la millième fois de l’année « Mais où donc ont été élevés ces sauvages et par qui ? »
Parce que, si mes souvenirs sont exacts, et ils le sont, quand un jeune homme demandait à une jeune fille si elle voulait partager sa vie, ce n’était pas une camarade de classe dont on ignorait tout en dehors de son comportement en classe mais une camarade de classe qui avait déjà autorisé quelques privautés et dont on connaissait au moins le goût des baisers et la sensation de ses doigts mêlés aux nôtres.
La « veste » était la mésaventure courante des jeunes gens à partir de treize ou quatorze ans et s’il arrivait qu’on donne un coup de pied de déception, c’était dans une boîte de conserve qui traînait là.
Pas dans la figure de la demoiselle soudain passée au stade de proie qui s’échappe.
Bref, la journée commence sur une déception qui devient courante : L’Homme n’est pas une espèce dont le mâle évolue mais régresse et la femelle fait les frais de la régression.
Parmi les choses stupides en la matière, je me suis rappelé cette version de Carmen où un metteur en scène qui se voulait « évolué » avait modifié la fin de l’acte IV de sorte que Carmen flinguait Don José au lieu d’être poignardée par lui.
Quelle belle idée de progrès de l’humanité !
La version originale n’était pas à l’avantage des hommes.
La version « revisitée » n’est pas à l'avantage des femmes.