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mercredi, 20 mai 2020

Ascension dans le bus...

Heure-Bleue me lance :
- On va être tranquille pendant quatre jours !
- Ils vont tous être partis à cent bornes d’ici !
Ai-je ajouté sans réfléchir.
Puis, me penchant sur la question j’ai douché l’enthousiasme de la lumière de mes jours.
- Ouais mais hélas…
- Oui ?
- On est toujours à cent bornes de quelqu’un d’autre…
On en a déduit que l’Ascension était un weekend de confinement étalé et qu’on serait probablement envahi par des gens venus à Paris sans réfléchir.
Il n’y a pas de AirBnB ces temps-ci.
Ces voyageurs venus de la campagne devront se retenir d’aller faire pipi faute de bistrots.
Quoique…
De plus en plus d’encoignures exhalent un parfum de toilettes de gare des années cinquante.
Hier déjà, nous étions sortis dans l’idée d’aller du côté de la rue de Lévis.
Le bus, bien qu’il ne fut pas loin des seize heures fatidiques qui nous interdiraient de le prendre, était occupé.
De travailleurs partant s’échiner à gagner les sous de leur patron ?
Que nenni ! De vieux !
Arrivés, nous avions l’idée d’acheter des choses que nous n’avons pas achetées mais avec un bouquet de pivoines qui sentent délicieusement bon.
J’ai failli, sur les conseils d’Heure-Bleue, acheter des chaussures.
J’ai fait des économies, la chaussure dite « bateau », malgré un prix genre « Weston », était entièrement chinoise et explique très bien pourquoi les Chinoises ont eu longtemps les pieds dans un état lamentable…
Alors à la place j’ai acheté une bouteille de vin chez Nicolas.
Ça n’a rien changé à mes chaussures mais amélioré considérablement le repas qui sans ça eut été bêtement frugal.
Nous avions aussi prévu de revenir à pied.
Hélas il faisait trop chaud pour la lumière de mes jours et nous avons décidé de reprendre le bus.
L’heure était au-delà de celle autorisée par la loi pour ceux qui ne rentrent pas du labeur.
Le Sacré-Cœur dans le lointain du boulevard des Batignolles était magnifique vu au travers d’un air transparent comme rarement.
Le 30 est arrivé et nous y sommes montés en priant le sort que ce voyage ne nous coûte pas deux prunes de 135 € chacune.
La maréchaussée aurait pu renflouer l’industrie automobile d’un coup rien qu’à monter dans ce bus.
Le bus était plein de vieux ! Que des vieux !
Le vieux est décidément désobéissant…
Nous, nous étions contents.
Nous avons toujours été désobéissants.
Et nous prenons peut-être des années, mais sauf pour les genoux, on n’arrive pas à être vieux.
À moins que, comme disait Brel, « il nous fallut bien du talent pour être vieux sans être adulte. »

mardi, 19 mai 2020

Pari sera toujours pari.


Je sais, Mab, je sais...
Il y comme ça des jours néfastes.
Aujourd’hui en est un.
Un de ces jours qui font comprendre Charles de Gaulle.
Charles de Gaulle qui fut un temps soupçonné de vouloir supprimer du calendrier un mois de mai qui vit vaciller sa certitude d’avoir compris les Français.
Comme je comprends ce pauvre homme, poussé à laisser tomber toutes ces histoires de pouvoir l’année suivante, pile poil avant l’arrivée d’un mois de mai qu’il pressentait tout aussi funeste que le précédent…
« Whatsoever » comme disent les rosbifs, « quoi qu’il en soit» comme je préfère dire, le 19 mai est funeste pour moi aussi.
Moins que le 18 mai qui le fut pour quelqu’un d’autre, mais tout de même.
Non, il ne s’agit pas de Beaumarchais, qui s’éteignit le 18 mai 1799.
Vous savez lectrices chéries, qu’Heure-Bleue et moi avons toujours une compétition en route.
Les sujets en sont multiples mais un défi reste permanent.
Il y en avait trois mais depuis que je lave les cheveux de la lumière de mes jours, un des trois défis s’est éteint.
Je viens de perdre la compétition qui sourdait depuis hier matin.
Hélas, trois fois hélas, cette fois encore c’est moi qui ai dû jeter le tube de dentifrice vide dans la poubelle.
Je dois maintenant faire attention à ne pas me faire avoir.
Ma vigilance doit être maximale.
Oui lectrices chéries, le défi est à la hauteur de ma réputation.
Je dois absolument éviter d’être celui qui devra sortir de la salle de bains, nu comme ma maman m’a fait, en moins neuf toutefois, pour jeter la miette de savon et déballer la nouvelle savonnette avec des mains trempées et glissantes, des mains qui ne demandent qu’à voir le savon s’échapper et glisser derrière le pied du lavabo.
Je n’ai pas encore mal au dos, mais l’idée de poser des genoux délicats sur un carrelage glacé ne m’enchante pas.
Je dois donc me montrer vigilant et impitoyable en cas de victoire.
Oui, je dois car comme souvent je risque d’entendre « Minouuuuu… J’ai le papier du savon dans les mains, tu veux bien le jeter ? Minouuuuu… »
C’est comme ça que je me fais avoir trop souvent.
Le réflexe masculin me mène.
Celui qui me dit directement dans la cervelle « Tiens ! Une femme nue m’appelle ! Youpee ! »
Alors je me précipite et je me retrouve au choix avec un papier de savonnette, un tube de dentifrice vide à jeter.
Ma vie est un tissu de déceptions…
J’ai donc jeté aujourd’hui le tube de dentifrice vide.
Bon, j'ai quand même vu Ève dans la tenue éponyme mais j’ai perdu la bagarre.
Je perds toujours avec elle…

lundi, 18 mai 2020

Devoir de Lakevio du Goût N° 39

Devoir de Lakevio du Goût_39.jpg

Cette femme attend, mélancolique.
Dites moi, lectrices chéries.
À quoi pense-t-elle ?
Dans votre histoire il y aura ces dix mots :
- Bibi.
- Légèreté.
- Trait.
- Tomenteux.
- Envie.
- Nourrain.
- Gypaète.
- Nyctanthe.
- Physique.
- Nuage.


J’attends…
Je meurs d’envie de retirer un gant pour caresser mon chapeau.
Il est doux.
Aussi doux que j’espère le sera la peau de Jules.
Parce que Jules est doté d’un physique agréable mais je ne sais pas, du moins pas encore pas encore, si j’aimerai sa peau…
J’adore mon chapeau.
Et Jules…
Ce petit bibi tomenteux attire la caresse, rien qu’à le regarder.
Jules aussi…
J’ai bien vu l’autre jour que ce n’est pas sur le chapeau que Jules voulait passer du bout des doigts…
Je sais qu’il aurait aimé laisser un trait de douceur sur mon cou.
Lui savait à coup sûr que j’avais hâte de sentir sa main passer avec légèreté sur mon cou.
J’attends…
Je l’attends à l’abri du porche d’où je vois l’obélisque.
L’obélisque me rappelle ce poème de Théophile Gautier, celui qui justement raconte « L’obélisque de Paris » qui se rappelle qu’il vit, dans les jours passés, « l’ibis rose et le gypaète au blanc plumage au serres d’or ».
Je me demande soudain, souriant pour moi seule, si Jules ne voudrait pas me prendre comme nourrain pour peupler sa maison…
Je le revois me demandant de me revoir et soudain l’idée de peupler sa maison me semble intéressante…
Je pense à un confinement délicieux.
Il me préparerait un bain de pétales de fleurs de nyctanthe dont je sais qu’il aime l’odeur.
Je rêve m’en être parfumée et je l’attends…
Il arriverait enfin et, déjà séduite, je le laisserai me dévorer.
Enivré par mon parfum, il me picorerait de baisers des paupières aux orteils.
À cette idée, je me sens déjà plus légère, flottant sur un nuage de rêves pleins d’envies très secrètes et de caresses indiscrètes…

vendredi, 15 mai 2020

39ème de voir de Lakevio du Goût.

Devoir de Lakevio du Goût_39.jpg

Cette femme attend, mélancolique.
Dites moi, lectrices chéries.
À quoi pense-t-elle ?
Dans votre histoire il y aura ces dix mots :
- Bibi.
- Légèreté.
- Trait.
- Tomenteux.
- Envie.
- Nourrain.
- Gypaète.
- Nyctanthe.
- Physique.
- Nuage.

À lundi…

mercredi, 13 mai 2020

La gifle.

pensionnat.jpg

Yvanne disait lundi dans son commentaire « Quelle humiliation de recevoir une gifle devant tous ses camarades. Et sur l'estrade en plus ! »
Quand tu sais que les baffes étaient libéralement dispensées dans les pensionnats religieux de l’époque, ça relativise vachement la notion d’humiliation.
On ne peut pas parler d’humiliation, lors de la première gifle on était vexé mais surtout surpris pour cause de nouveauté et d’ignorance des règles en vigueur.
Cette vexation disparaissait rapidement car tous y avaient droit à un moment ou un autre de la journée.
Avec le recul de l’âge, je me dis que les Frères devaient avoir mal au mains avant le fin de la journée…
De ces gifles on ne retirait que la douleur qu’il fallait éviter le plus possible grâce à un mouvement de tête qui accompagnait le geste auguste du semeur de tarte.
La technique, qu’on finissait tous par acquérir avec un peu d’entraînement, consistait à relever la tête de façon à présenter le bas de la joue pour éviter que la baffe n’atteignît l’oreille et te laissât la tête bourdonnante et la joue brûlante.
Sinon, l’imagination étant au pouvoir en matière de sadisme éducatif, parmi les punitions courantes en cas de bêtises, si vénielles fussent-elles, il y avait cette façon de nous convaincre que la pesanteur était une idée idiote.
Vous faisiez en classe ce que vous ne pensiez pas un instant être une bêtise comme tourner la tête vers votre pote alors que le Frère disait quelque chose d’important.
Par un mystère que je n’ai jamais éclairci, le Frère s’apercevait toujours que vous n’étiez pas attentif à ce moment-là.
Il descendait alors de son estrade, marchait vers vous d’un pas lent puis, à côté de vous, toussotait.
Pile au moment où vous leviez la tête vers lui, il vous attrapait par les petits cheveux sur la tempe.
De toute façon il n’y avait pas de cheveux autres que petits sur nos têtes.
Les mieux lotis avaient « les cheveux en brosse », les autres, comme moi justement, avaient la coupe de l’époque, entièrement prévue antipoux, « courts devant, ras derrière et bien dégagé autour des oreilles »…
Et le Frère tirait. Il tirait et vous vous leviez, vous suiviez.
S’il levait le bras ? Eh bien démerdez-vous mais flottez !
Le sadique vous traînait ainsi jusqu’à côté de l’estrade et vous aviez d’un coup écopé de « Une heure ! »
Une heure à genoux sur le carrelage de la salle.
La fatigue s’installait et au bout d’un quart d’heure à vingt minutes, il vous venait l’idée de vous reposer un peu.
La première idée qui vous venait à l’esprit était de vous asseoir sur vos talons.
Vous étiez alors, au choix, remis à la position « normale » par un nouveau « tirage des petits cheveux » ou d’un magistral coup de pied dans le bas du dos.
Bref, Yvanne, le souci n’était pas, tu le vois « l’humiliation » mais la survie en milieu hostile.
Sachant que les récrés n’étaient pas plus calmes, ça forge un caractère…