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mardi, 08 septembre 2020

Quand le sexe tape...

Ouais, bon mais Mab n’est plus là pour hausser les épaules…
Lectrices chéries !
Je suis célèbre dans le monde entier !
Un Américain vient de me contacter et de me jeter en travers de son mail le mot de passe de mon fournisseur d’accès – ce qui en dit long sur la qualité apportée par icelui à la protection de son système…-
Et pourquoi cet Américain inconnu qui écorche sa langue maternelle m’écrit-il ?
Pour exercer sur moi un chantage à la « sex tape » !
Je vous demande un peu où il a la tête.
Bon, il a des besoins modérés. 300 US$.
Et qu’a-t-il en main pour exercer ce chantage ?
Je vous le donne en mille !
Il aurait réussi à mettre en route ma « webcam » et m’aurait surpris en train de me livrer au stupre devant mon PC.
Pire ! Avec une femme qui n’est pas Heure-Bleue.
Pour qui connaît la configuration des lieux, la chose est simplement comique.
Et c’est là qu’on voit que ce garçon est victime de l’éducation anglosaxonne qui inculque que « le sexe c’est sale et honteux ».
Il me menace de montrer cette « sex tape » à quatre de mes proches.
Il m’explique que je vivrai « le reste de ma vie dans la culpabilité » après qu’il aurait montré la vidéo à mon père, ma mère et surtout mon patron.
Si tout se passe bien, il va montrer à je ne sais qui une vidéo où je serai jeune et brun en train de forniquer avec une brune ardente car, comme beaucoup d’Américains, il est persuadé qu’en Europe, il n’y a que des Arabes au sud de Bruxelles.
J’ai renoncé à l’idée de lui dire que :
- Je n’ai pas de « webcam »
- À mon âge, je ne me livre pas à ce genre de débordement devant mon PC, ce qui est évident pour qui connaît la configuration des lieux.
- Mes parents sont morts depuis longtemps.
- Mes employeurs étant la CNAV et l’AGIRC, il y a peu de chance qu’ils se soucient de mes activités en dehors des heures ouvrables.
L’ignorance de la mentalité latine chez ces gens est surprenante.
Il ne leur vient même pas à l’esprit que leur mail puisse tomber sous des yeux qui n’entendent rien à la langue de Shakespeare.
Bref, ce pauvre idiot vient de s’y prendre comme le bandit illettré qui entre dans une banque en criant « Haut les mains ! C’est un hot-dog ! » et s’étonne de ne soulever qu’un éclat de rire…

lundi, 07 septembre 2020

Devoir de Lakevio du Goût No 47.

devoir de Lakevio du Goût_47.jpg

Traverser le pont du Carrousel un matin de printemps et découvrir l’entrée du Louvre sans une voiture.
Qu’en pensez-vous ?
Aimeriez-vous voir ça ?
Je l’ai vu et fait mais il n’est pas sûr que le rêver soit moins beau
Si vous ne l’avez pas fait, imaginez-le et dites le lundi, racontez votre rêve.

Ce matin-là, il faisait frais mais beau quand je suis sorti de la rue des Beaux-Arts.
Arrivé à la rue Bonaparte, j’ai aimé le soleil éclairant la rue.
Les flots de lumière qui passaient par les grilles de l’école des Beaux-Arts auraient embelli n’importe quelle boutique ou immeuble, même les plus sordides.
Je me suis dirigé à pas lents vers la Seine, le nez au vent.
Il y avait dans l’air un parfum de printemps qui m’a poussé à allonger le pas et l’a rendu plus vif et joyeux.
Arrivé au quai Malaquais j’ai regardé un moment le rideau d’arbres qui peinaient encore à masquer le Louvre.
Pour un peu, j’aurais été frappé par le « syndrome de Stendhal »…
J’ai avancé sur le quai Voltaire avec l’idée de rentrer à la maison en traversant le Louvre.
Il n’y avait personne, absolument personne sur le Pont du Carrousel.
J’ai regardé à ma gauche, vu le Musée d’Orsay, j’ai pensé alors à ce tableau de Courbet.
Un effet du printemps sans doute…
J’ai regardé à ma droite, juste pour me rappeler combien Notre Dame était belle.
Puis j’ai regardé devant moi, avant de traverser le quai François Mitterrand
J’ai levé les yeux et me suis demandé comment on s’y était pris pour accrocher « Apollon chevauchant Pégase » qui semblait faire un bras d’honneur au monde, protégé par la « Marine Guerrière » et la « Marine Marchande » à ses pieds.
Je suis passé sous l’arcade puis, au lieu de continuer sur le trottoir, je suis passé sur l’esplanade sableuse devant l’Arc de Triomphe du Carrousel.
Ça m’a rappelé une visite au Louvre, ancienne, très ancienne…
Alors j’ai regardé vers le Jardin des Tuileries et repensé à l’allée de Diane et son exèdre.
C’était le seul endroit où on pouvait être tranquille, il n’y avait jamais personne.
Aujourd’hui, à la place du silence et des rares amoureux qui se mangeaient des yeux ou regardaient ailleurs « pour faire croire que », il y a un « café-brasserie » qui s’appelle « La terrasse de Pomone ».
On a manifestement préféré Pomone, l’agricultrice rentable à la Diane chasseresse, plus risquée...
C’était l’époque où le quai François Mitterrand s’appelait encore en « Quai du Louvre ».
C’est à ce moment que j’ai ressenti cette sensation bizarre, celle qui vous laisse indécis.
Ce serrement dont on ne sait si le souvenir vous laisse heureux ou vous a simplement parfumé pour un instant d’une petite bouffée de jeunesse.
Je me rappelle, au coin de la rue des Beaux-Arts et de la rue Bonaparte un bistrot, aujourd’hui remplacé par un marchand d’art.
On pouvait y déjeuner, pour une quinzaine de francs, d’un « poulet basquaise » suivi d’un café.
Ma carte Visa frémit encore au prix d’un café aujourd’hui un peu plus haut dans la rue…
C’est fou ce qu’un soleil de printemps peut faire comme effet…

samedi, 05 septembre 2020

47ème devoir de Lakevio du Gout

devoir de Lakevio du Goût_354.jpg

Traverser le pont du Carrousel un matin de printemps et découvrir l’entrée du Louvre sans une voiture.
Qu’en pensez-vous ?
Aimeriez-vous voir ça ?
Je l’ai vu et fait mais il n’est pas sûr que le rêver soit moins beau
Si vous ne l’avez pas fait, imaginez-le et dites le lundi, racontez votre rêve.

vendredi, 04 septembre 2020

J'espère faire plaisir à Alainx...

C’était la dèche.
La vraie dèche, celle des années cinquante…
Il est sorti de « la 3M » boulevard Sérurier et est allé jusqu’à la station de métro « Porte de Pantin ».
Il a tendu d’un air absent sa « carte de semaine » au poinçonneur.
Le disque rayé qu’il avait dans la tête lui répétait sans cesse « mais comment on va faire, bon dieu ? Comment on va faire… »
Il ne faisait pas chaud en ce soir d’avril et il gardait la main dans la poche de son pantalon, palpant les quelques pièces qui traînaient dans le fond de sa poche.
Quand la rame est arrivée à Gare du Nord il a sorti la main de sa poche et ramassé le « sac seau » bleu foncé posé à ses pieds, celui qui contenait son « bleu » et sa gamelle.
Dans le long couloir qui menait à la ligne « Porte de Clignancourt-Porte d’Orléans » il marchait lentement.
Il n’était pas seulement fatigué, il marchait lentement parce qu’il faisait bon dans les couloirs du métro.
Il se sentit mieux, au détour de l’embranchement « Direction Porte de Clignancourt » et eut même soudain ce petit sursaut de joie qui lui étreignait le cœur quand survenait quelque chose quand ce qu’il voyait lui redonnait foi en l’avenir, même si ces temps-ci l’avenir semblait plus fait d'une poignée de pâtes que de gigot d’agneau.
Les fleurs !
Ce sont les fleurs qui l’ont rasséréné.
Celles que la dame essayait de vendre, fleurs jetées en vrac sur une clayette qui tenait sur deux tabourets.
Il s’est arrêté, heureux de son idée.
Il était tellement sûr que ça lui ferait plaisir.
Il a regardé les branches de lilas déjà fripé.
Les jonquilles étaient tristes à pleurer, aux pétales déjà bruns.
Il a posé son « sac seau » sur l’asphalte du couloir et plongé la main dans sa poche.
Puis il les a vues.
Fraîches, il les a montrées à la dame et a demandé « elles sentent bon ? ».
La dame a saisi le petit bouquet et lui a mis sous le nez.
Il a humé longuement l’odeur de printemps, a serré les pièces dans la main qu’il a sortie de sa poche et dit « c’est combien ? » inquiet de n’avoir pas assez d’argent dans la poche.
La dame a regardé et a dit « ça ira, va… ».
Il a donné ce qu’il avait et est reparti d’un pas plus vif.
Il est descendu à « Simplon », a traversé le boulevard Ornano, a pris la rue Neuve de la Chardonnière, est passé devant le passage Kracher et a tourné à gauche un peu plus loin.
Il a monté les quatre étages et a frappé.
- Tiens ma poule. 
- Mais t’es fou Lemmy ! T’es fou ! Des violettes !
- Oui ma poule, des violettes.
- Mais enfin Lemmy ! On n’a presque plus de sous !
- Ça va aller ma poule, t’en fais pas… On s’en est toujours sortis…
Elle a soupiré et a eu ce sourire bizarre qu’elle avait parfois, celui avec juste les lèvres qui remuent.
Puis elle l’a embrassé et dit « allez, déshabille toi et viens à table… »

jeudi, 03 septembre 2020

Monsieur Boulant.

Un jour Monsieur Boulant est mort.
Ça m’a fait de la peine car j’aimais bien Monsieur Boulant.
Il avait été « chef » dans une entreprise, « chef comptable » je crois.
Il en avait été poussé dehors car son métier s’accommodait mal d’une consommation excessive de vin.
Monsieur Boulant était notre voisin de palier et m’avait fait entrer chez lui un après-midi.
Oh, n’y voyez rien de risqué, c’est simplement que sa porte était ouverte car il était « occupé à « mi-étage ».
Que je vous dise, lectrices chéries, dans notre immeuble, il y avait souvent des clefs sur les portes et des portes ouvertes pour raison simple : Le « confort » était à mi-étage.
Trois appartements par étage, chacun mesurant environ vingt-cinq mètres carrés, soit un « lieu d’aisance » pour six appartements.
Ça me paraissait largement suffisant puisque l’école maternelle n’en offrait pas autant…
Monsieur Boulant, cet après-midi était donc « à mi-étage », j’ai regardé depuis la porte ouverte comment était sa maison.
On voyait, face à la porte, sa cuisine qui, comme chez nous était une sorte de boyau sombre à peine éclairé par une petite fenêtre au-dessus de l’évier et meublé d’un placard accroché au mur et d’une cuisinière à gaz « presque blanche ».
En tournant la tête, j’ai vu un salon qui me parut luxueux avec ses deux fauteuils de cuir et un buffet plein de sculptures, un peu comme  celui de ma grand-mère.
J’ai entendu la chasse d’eau alors je me suis reculé sur le palier.
Monsieur Boulant est arrivé d’un pas pesant, soufflant difficilement.
Il m’a souri de ses dents jaunies et m’a dit « Alors mon garçon ? Tu veux voir comment c’est chez moi ? »
Il m’a fait entrer et j’ai trouvé que chez lui il y avait de la place.
Puis je suis sorti tandis qu’il allait à la cuisine se servir du vin dans un verre comme celui de la cantine.
Comme disait ma mère « Lemmy ! Monsieur Boulant boit ! »
Mon père, lui disait « Ma poule, je ne suis pas une boule en bois ! » et elle haussait les épaules en levant les yeux au ciel.
Mais c’était vrai que Monsieur Boulant buvait.
Il y avait des matins où, quand ma grande sœur partait à l’école, elle ouvrait la porte et criait « Maman ! Le père Boulant a encore « dég…vomi sur le paillasson ! »
Il n’empêche que « le père Boulant » m’a donné un jour les quelques francs qui manquaient pour acheter un vieux machin aux Puces du Marché Malik.
Il était gentil Monsieur Boulant.
C’est peut-être pour ça qu’il buvait beaucoup de vin.
C’est du moins ce que disait mon père.
Ma mère était moins indulgente.
Un jour, la porte de Monsieur Boulant est restée ouverte trop longtemps.
Ma mère a dit à mon père « Quand même, Lemmy, c’est ouvert depuis hier soir, tu devrais aller voir. »
Mon père est allé voir, il est revenu à la maison et a dit « Empêche les enfants d’aller voir, je descend téléphoner aux flics, le père Boulant est mort… »
Des gens sont venus, bruyants, j’ai entendu des craquements et ils l’ont emmené dans un grand cercueil de bois peint en ce « marronnasse » des couloirs de commissariat de l’époque.
J’y pense encore parfois, « au père Boulant ».
Il avait un gros manteau comme on en voit aujourd’hui dans les films sur « l’Occupation », de ces gros manteaux de laine, lourds, épais et rêches.
Il était gentil Monsieur Boulant.