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dimanche, 25 octobre 2020

Kistchissime !

J’avais déjà remarqué sur certaines gens avec qui je partage le 95, une chose laide et surprenante.
Oui lectrices chéries, la « doudoune sans manches » m’a toujours surpris.
Outre que je trouve ce machin terriblement laid, il me paraît étrange.
Porter une « doudoune sans manches » me semble aussi déplacé que porter des chaussures de ski en maillot de bain ou mettre un pull pour plonger dans la piscine…
Mais hier, j’ai vu pire.
Quand vous avez peur et que vous imaginez quelque chose d’abominable, il se peut que l’Enfer tel que peint pas Jérôme Bosch vous vienne à l’esprit.
Eh bien, hier j’ai vu quelque chose de pire que la « doudoune dans manches ».
Hier, nous avions rendez-vous au « Grand salon » du Hilton – ne frémissez pas de crainte, le café y est plus cher qu’au comptoir du bistrot de la place mais reste tout à fait abordable- pour y rejoindre des amis.
Nous sommes arrivé entiers à l’arrêt du 95.
Ne prenez pas cet air surpris, lectrices chéries.
C’est une performance quand on sait qu’Heure-Bleue n’hésite pas à faire remarquer à un type de trente ans qui mesure un mètre quatre-vingt-dix et pèse quatre-vingt-quinze kilos « qu’il porte son masque autour du cou et que ce n’est pas bien du tout et qu’il devrait avoir honte ! Non mais ! »
Surpris d’être assis normalement dans le 95 et pas allongé dans une ambulance, je regardais la rue défiler, admirant la constance du Parisien, toujours prêt à arpenter sa ville quelles que soient les décisions prises par les autorités pour l’en dissuader.
Arrivés à la station « Place de Clichy » une femme est montée dans le bus.
Et là, j’ai failli tomber de mon strapontin !
Elle portait « un haut » de la famille de la « doudoune sans manche » mais absolument kitschissime.
Ouaip ! Lectrices chéries, elle portait une veste dont j’ignorais même que l’idée en pût venir à l’esprit d’un styliste.
Elle portait une veste de vison sans manches !!!
Ouais ! Et sur un pantalon de « rayonne » me sembla-t-il.
La « doudoune sans manches » en vison existe, je l’ai vu, de mes yeux vu !
La vêture improbable ! Le truc qu’on n’imagine même pas dans ses pires cauchemars !
Saisi que je fus par l’accoutrement de la dame, je suis incapable de vous dire à quoi elle ressemblait.
Comme disait Verlaine quand il regardait une femme « Était elle brune, blonde ou rousse ? Je l’ignore. »
En attendant, si elle vient dans mes rêves, à coup sûr ce sera « un rêve étrange et pénétrant ».
La preuve, je vous en parle ce matin.
Une « doudoune sans manches » en vison, je vous demande un peu…

vendredi, 23 octobre 2020

54ème devoir de Lakevio du Goût

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Cette photo de Walker Evans semble nous dire quelque chose.
Elle me rappelle quelque chose.
Mais quoi ?
Peut-être un film...
Ou autre chose.
Si vous avez une idée, dites le lundi.

jeudi, 22 octobre 2020

Un masque de zozos...

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Je vis dans une ambiance orageuse.
De plus en plus.
Le « confinement déguisé » dans lequel nous vivons nous tape sur les nerfs.
Les nerfs d’Heure-Bleue étant plus à fleur de peau que les miens, l’atmosphère s’électrise.
La maison est calme au point qu’on se demande si on ne risque pas d’être dérangé par l’odeur de viande avariée causée par la décomposition des corps des voisins.
Le temps s’y prête, le redoux et l’épidémie envoyant ad patres nombre de nos congénères…
Nous sortons donc pour des promenades palpitantes qui consistent essentiellement à ramener de quoi subsister quelques jours mais surtout pour voir à quoi ressemble notre quartier ces temps-ci.
C’est là que ça se gâte.
De là où nous vivons, deux directions s’offrent à nous pour acheter de quoi manger.
Environ six cents mètres vers le sud-est quand on cherche quelque chose de bon et un chemin agréable pour le trouver.
Environ six cents mètres en direction du nord-ouest quand on cherche le « tout venant » à prix raisonnable et autres produits à éviter le « linge entièrement rose » ou simplement des pâtes ou du vinaigre blanc.
Les différences essentielles résidant dans la population et les prix pratiqués par les échoppes.
Petites et chères au sud-est, grandes et abordables au nord-ouest.
Hier, c’était « tout-venant » à l’exception du vin chez un caviste.
C’est là que la différence de population joue son rôle et pousse Heure-Bleue à endosser la cape de Zorro en plus du masque de Castex.
Son côté « justicière du monde » prend le dessus et rend l’achat de lessive risqué…
Pourquoi ça ?
Eh bien parce que les gens « du bas de la colline » se foutent allègrement des règlements et consignes édictées par le gouvernements.
Les plus jeunes parce qu’ils pensent ne rien risquer et oublient papa, maman, papy et mamie…
Assez étrangement ce sont plus les hommes que les femmes qui se pensent immunisés contre les coups du sort et portent le masque sous le menton ou simplement n’en portent pas.
Et la lumière de mes jours peste, les apostrophe, râle tout le long du chemin, me tire par un bras d’un côté de la rue ou de l’autre, nous fait marcher dans le milieu de la rue comme si se faire renverser par une camionnette était moins grave qu’attraper le Covid…
Au hasard de mes pérégrinations, j’ai lu que si le covid-19 avait une action émolliente sur le membre viril, on aurait trouvé un traitement efficace en dix jours.
Bon, ce n'était pas dit en ces termes mais l'esprit y était.
Je retire de tout ça que si le Covid ne nous arrache pas prématurément à l’affection des nôtres, nous risquons de ne pas réchapper des désinfectants ou pire, de la vindicte des « sans masques » soulevée par les objurgations de la lumière de mes jours…
Comme Heure-Bleue, je trouve que 2020 est une année de m… !
Pire, je pense que 2021 ne sera pas plus clémente et que notre efficacité sur le cours des évènements sera nulle car, si je me fie à ce qui s’est passé au cours de quatre-vingts dernières années, cette pandémie fera comme les deux précédentes.
Elle causera, comme la grippe asiatique en 1958 et la grippe de Hong-Kong en 1968, environ deux millions de morts en deux ans, environ cinquante millions de malades et s’éteindra.
Cela dit, j’aimerais atteindre 2022 sans m’être fait écharper par un type « sans masque » agacé par les remarques d’Heure-Bleue.

mardi, 20 octobre 2020

C’est tombé dans l’oreille d’un sourd.

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Vous avez déjà remarqué, lectrices chéries, que je suis bavard le jour.
Heure-Bleue a remarqué que je parle la nuit.
Et a songé à se renseigner - plus exactement me faire avouer, n’ayons pas peur des mots- des choses que je préfère garder pour moi
Alors elle me pose des questions auxquelles parfois je réponds.
Il y a des années elle m’avait réveillé brutalement d’une gifle au prétexte qu’elle m’avait, au cours d’un rêve, serré dans une position dite « délicate » avec une de ses connaissances féminine qu’elle soupçonnait d’avoir des vues, même pire : les mains et plus, sur son Goût chéri.
Je ne sais pourquoi, il y a quelques jours, elle s’est mise en tête de me faire avouer nuitamment je ne sais quelle bévue.
Dormant du sommeil du juste, je m’endors aisément pour les huit heures qui suivent et ne me préoccupe que peu des questions qui me sont posées pendant mon sommeil.
Ce matin, la lumière de mes jours était en veine de confidence.
- Minou, tu sais quoi ?
- Non ma Mine…
- Tu parlais cette nuit, alors j’ai voulu savoir ce que tu avais fait ce jour là…
- Quel jour ?
- Tu sais bien...
- Hmmm… Et ?
Un peu tracassé tout de même car j’ai fait pas mal de bêtises dans ma vie, j’ai attendu la suite.
- Et tu m’as répondu !
- Ah !
Un peu plus inquiet cette fois.
- J’ai mal entendu alors je t’ai redemandé mais plus fort.
- Hmmm ? Et alors ?
Je ne me souvenais de rien.
- Alors j’ai parlé trop fort alors ça t’a réveillé.
- Et ?
- Alors rien, je suis devenue « dure de la feuille »…
Ça m’a rappelé Aimé De Mesmaeker, l’homme d’affaire à qui Gaston gâche toute perspective de contrat.
Mais si, je suis sûr que vous connaissez : « Naooon !!! Signerai jamais ces contrats !!! », version belge de « Caramba ! Encore raté ! »

lundi, 19 octobre 2020

Devoir de Lakevio N°53.

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Ça faisait longtemps.
Très longtemps.
Trop logntemps sans doute…
J’étais sûr qu’au sol il y avait des tomettes, de grandes tomettes rouges.
Quelqu’un avait dû faire des travaux car ces grandes tomettes avaient été remplacées par du béton nu, une bête dalle de béton…
Une dalle qui sonnait comme une chambre de HLM des années 60 sous mes pas tandis que j’arpentais lentement ce qui fut la chambre dans laquelle nous dormions, mes petites sœurs et moi pendant les vacances de Noël ou de Pâques.
J’ai regardé autour de moi, oubliant délibérément la réalité bien trop triste de ce qui ressemblait plus à un squat qu’à la chambre de nos vacances de Noël.
Un petit éclat blanc dans le coin gauche de ce qui était devenu un galetas sans mémoire ni avenir, révélé par un rai venu de la fenêtre, attira mon regard.
Je me suis approché lentement, espérant peut-être la découverte si ce n’est d’un bijou, au moins d’un souvenir…
Une petite boule blanche était restée dans le coin gauche.
Je me suis approché, étonné je l’ai regardée et l’ai ramassée.
Une « bombe algérienne » ! C’était une « bombe algérienne » !
Je me demandai par quel miracle elle était restée là, après des décennies, coincée dans la plinthe et comment elle avait pu échapper à des années de ménage manifestement approximatif.
Le genre de ménage qui faisait dire « si les coins veulent être nettoyés, il faut qu’ils s’approchent… »
Je ramassai cette petite chose qui ressemblait à un bonbon mal emballé et la tournai doucement dans mes doigts.
Je me demandais comment le papier pelure qui enveloppait ces graviers magiques avait résisté à tant d'années.
J’ai piétiné le matelas défoncé pour atteindre la fenêtre que j’ai ouverte et jeté sur la route cette « bombe algérienne ».
Une explosion sèche retentit dans le silence de l’après-midi.
Je m’attendais presque à voir sortir la voisine en face, celle de mon enfance, toujours plus ou moins fâchée avec ma grand’ mère, une louche ou une cuiller à pot à la main.
Elle m’a sautée à la mémoire, regardant comme toujours la rue d’un air méfiant, le sourcil froncé et la bouche amère.
D’aussi loin que je me la rappelle, je ne lui ai jamais connu que cet air revêche.
Même quand ma grand’ mère allait boire le café chez elle, elle gardait cet air coléreux.
Plus tard, j’appris qu’elle avait une fille et je me suis demandé qui avait été assez téméraire pour lui faire un enfant…
Encore plus tard, je me suis dit que peut-être elle avait un jour su sourire et s’était laissé aimer.
Je ne sais pas ce qui s’était passé, je l’avais toujours connue seule, dans la maison tout juste de l’autre côté de la rue.
Tout le monde que je connaissais était mort.
La cousine qui vendait les « illustrés » et les « bombes algériennes » sur la place.
La voisine revêche de ma grand’ mère, elle aussi « avait passé » comme on disait.
Elle était sûrement allongée sous les cyprès du cimetière.
Ce qui me vient à l’esprit en regardant cette chambre aux murs d’un rose écœurant, c’est le « Kiwi » numéro 1, avec « Roddy, le petit trappeur » et « Blek le Roc » collant des raclées aux « Tuniques rouges » en soutien « aux patriotes de Portland ».
Puis m’a sauté à la mémoire le souvenir aussi des premiers numéros de  « Meteor » et de « Sidéral ».
Mais qu’étais-je venu faire ici ?
Vérifier qu’il y a des endroits où le temps ne s’écoule pas ?
Que peut-être m’y accueilleraient ceux que j’ai aimés et qui m’aimèrent.
La tristesse du lieu m’a saisi alors.
Vivre ici c’est déjà être un peu mort.
Alors je suis parti sans me retourner, finalement convaincu de ce que je pensais depuis longtemps.
Convaincu de la seule chose que j’ai apprise et vérifiée au cours de toutes ces années.
Tant que, les jours et les nuits, on peut toucher du regard et du bout des doigts une autre peau que la sienne, tant que l’on peut sentir d’autres doigts que les siens se poser sur sa peau, on fait partie des vivants.
Le reste n’est que littérature…