mercredi, 25 novembre 2020
Je reste serin.
Même lui n’est pas resté impassible...
Que je vous dise, lectrices chéries, pourquoi cette histoire de pigeon m’a sauté aux yeux comme un pavé sur un casque de CRS.
Il y a quelques années, nombreuses les années, j’étais à Londres avec Heure-Bleue, l’Ours et sa petite camarade de jeux de l’amour et du hasard.
Je ne sais pour quelle obscure raison, nous nous sommes retrouvés devant Buckingham Palace avec quelques autres, à peu près un milliard d’autres.
Nous y avions été attirés par le passage d’une armée de cavaliers, chamarrés tels des maréchaux mexicains, pleins de dorures, de rouge, de noir et de chevaux.
Nous avons donc parcouru « The Mall » jusqu’à la place qui fait face au palais.
Elle était pleine de monde aussi nous assîmes nous sur une des balustrades qui décoraient la place.
Tranquillement assis, la lumière de mes jours à mon côté, mon complet bleu nuit parfaitement repassé, au pli miraculeusement préservé et aux revers du pantalon impeccables, je regardais la place.
Un couple de jeunes gens, enfin plus jeunes que nous, était assis à côté de nous.
La jeune femme leva soudain la tête, inquiète à la vue d’un pigeon tournoyant au-dessus de notre groupe.
La lumière de mes jours me dit « Aïe ! Fais attention Minou ! »
La jeune femme dit « Ssshhh on dirait qu’il va… »
L’Ours la rassura d’une voix calme « Ne vous inquiétez pas c’est pour mon père… »
De fait, dans les quelques secondes qui suivirent, j’entendis le petit « ploc », sentis le petit choc puis l’humidité envahit mon genou.
J’ai dit « Et merde ! P… de pigeon ! »
La jeune femme a ri aux éclats.
Je l’ai regardée, même pas méchamment.
Elle a tenté d’avoir l’air sérieux et dit « Excusez-moi ! C’est juste nerveux ! » et a « re-ri ».
Je n’ai toujours pas de prévention particulière envers les Anglais.
Envers leurs pigeons, en revanche…
10:20 | Commentaires (7)
lundi, 23 novembre 2020
Devoir de Lakevio du Goût N° 58
Mais que diable se disent-ils.
Mais que diable ont-ils vu ?
J’espère que nous aurons une idée d’ici lundi…
Je me suis approché d’eux, en retard comme d’habitude.
Mais bon… Après tout, on était venu là passer une semaine, on n’était pas à une demi-heure près…
Comme toujours, celui de nous trois que nous appelions « le sérieux » était habillé comme s’il allait « au bureau ».
Même celui qu’on appelait « le poète » avait certes fait un effort mais une chose me surprenait tout de même.
Lui qui était frileux comme un vieux chat portait négligemment sa veste sur l’épaule malgré ce temps de début de printemps.
Et le début du printemps à Venise, je peux vous dire que c’est frais, même très frais…
Tous deux regardaient attentivement la place.
Je me suis demandé si ce qui les intéressait vraiment était la rouquine qui sortait de la basilique ou l’envol de la nuée de pigeons.
Puis j’ai entendu « le sérieux » qui disait « Quand même, tu le fais exprès ou quoi ? Ça n’arrive qu’à toi ces trucs-là ! »
Je les ai salués et ai demandé « Il a quoi « le poète » aujourd’hui ? »
« Le poète » a pris sa veste, l’a tendue devant lui et nous avons su pourquoi il la portait sur l’épaule.
Le dos de sa veste était décoré en plein centre d’une énorme fiente de pigeon…
Poète comme on peut l’être dans ces moments, il a ajouté un commentaire peu délicat sur le transit intestinal des pigeons…
10:22 | Commentaires (28)
dimanche, 22 novembre 2020
Plat de pauvre.
Il est difficile de trouver quelque chose à raconter ces temps-ci.
Quand on a une vie normale, on n’a pas toujours le temps d’écrire.
Quand on a cette vie anormale, on n’a rien à écrire.
Bilan ? Alors que les jours continuent de raccourcir, les journées semblent de plus en plus longues…
Même la cuisine ne semble plus un dérivatif suffisant.
Du moins pour notre génération car les plus jeunes, à constater le nombre de naissances prévues, ont trouvé de quoi s’occuper…
À propos de cuisine, j’ai préparé un « pot au feu » hier.
Bon, vous n’en avez rien à cirer, c’est évident.
Néanmoins, en déballant la viande achetée avant-hier après-midi, je dois dire que je suis resté un poil estourbi.
Vendredi, je n’avais pas prêté autrement attention en tapant le code de la carte, au montant affiché sur le petit terminal astucieusement placé sous une lampe digne d’un bureau du KGB.
Ma pente naturelle me poussant à la confiance, les balances émettant des tickets dûment renseignés et les marchands, même s’ils ont parfois une « morale élastique » ne vont pas jusqu’à donner des facturettes au montant différent de celui indiqué par les balances, j’ai donc tapé mon code sans inquiétude ni curiosité particulières.
Je fus d’autant moins curieux que tout avait été conseillé et choisi par le boucher sur la demande de la lumière de mes jours.
Nous avons continué les courses d’un pas léger et d’un sac lourd.
Et voilà…
Hier soir, je me lance dans une séance d’épluchage proprement dantesque.
Après avoir face à moi une montagne, bon , un monticule, de légumes, j’ouvre la porte du réfrigérateur et prends les paquets de la boucherie.
Je regarde le ticket.
La tête me tourne.
J’ai failli me précipiter sur mon PC et me connecter à la banque pour savoir combien d’années de prison je risquais pour un dépassement de découvert autorisé.
Eh bien, lectrices chéries mes amours, je peux vous dire que le « pot au feu », que je prenais naïvement pour un « plat de pauvre » est devenu un « plat de pauvre doté de moyens conséquents »…
Certes, la viande – élevée dans les prés de Montmartre- et les légumes, eux aussi superbes exemples de la « production locale » aux dires du marchand, tout était délicieux.
Néanmoins… Néanmoins insisté-je, il eut été préférable que nous nous orientassions vers quelque chose comme un « cheese burger » acheté en « click and collect » au McDo de la place de Clichy.
Parce qu’après y avoir regardé de près, ce « plat de pauvre » coûte pour deux dîners, le prix d’un dîner libéralement choisi chez « Gallopin » ce restaurant du côté de la Bourse où nous devons aller fêter notre prochain anniversaire de mariage ou la prochaine sortie du confinement.
Je me demande seulement si jeter les épluchures à la poubelle ne fut pas une bêtise…
10:03 | Commentaires (8)
vendredi, 20 novembre 2020
Leurre de la promenade...
Ouais... Mais c'est exactement ça...
Vous savez quoi, lectrices chéries ?
J’ai envie de prendre le bus.
Non que j’aie un but particulier en tête, non…
Plus exactement, je n’ai pas de destination géographique précise en vue.
Un but, en revanche, j’en ai un : Voir, voyager.
Bien sûr, comme souvent depuis… Depuis huit mois, je monte.
Je monte la rue qui me mène vers la place des Abbesses.
Je descend la rue qui me mène vers la place de Clichy.
Je monte la rue qui me mène au cimetière Saint Vincent.
Je passe parfois rue d’Orsel où je vois ce restaurant qui est devenu un « restau à couscous » alors qu’il servait de la cuisine dont je n’avais rien à faire, occupé que j’étais à regarder les yeux de ma convive.
Je m’arrête parfois place Charles Dullin que je m’entête à appeler place Dancourt.
Chouette place ou je pouvais m’asseoir sur un banc, mon cartable entre les jambes, puis m’asseoir ma main tenant une autre main, puis assis contre la lumière de mes jours.
Il n’y a plus de bancs.
Ils ont été retirés parce que la vue de clochards assis et buvant heurtait la vision qu’avaient de Paris des touristes mal renseignés à coups de clichés pleins de peintres et de Tour Eiffel.
Alors je veux prendre le bus.
Voir le boulevard de Bonne Nouvelle, le boulevard Poissonnière, y voir la station qui s’appelait « Boulevard Montmartre » rebaptisée « Grands Boulevards » pour rappeler quelque chose à des gens de passage.
J’ai envie de traîner, de flâner le nez au vent.
Lire ce qu’ont écrit sur les murs des poètes de passage.
Même si l’inspiration leur fait souvent défaut.
J’ai envie de m’appuyer au parapet du pont de la Concorde et regarder la Seine.
Voir au loin la Tour Eiffel et le pont Alexandre III quand je regarde vers l’ouest.
Voir les Jardin des Tuileries et au loin les tours de Notre Dame quand je regarde de l’autre côté.
Ressentir ce petit pincement quand je regarde la place de la Concorde et l’entrée des Tuileries.
J’ai envie de prendre le bus pour retourner dans les rues du Marais ou du Quartier Latin.
J’ai envie d’errance.
L’enfermement ne me vaut rien.
Et le reste de la famille me manque.
Terriblement...
Se voir allouer une heure de promenade dans une rayon limité vous a un côté Fleury-Mérogis qui me pèse chaque jour un peu plus…
On va finir par croire les vieux qui se lamentent « C’était mieux avant ».
10:26 | Commentaires (16)
58ème devoir de Lakevio du Goût
07:55 | Commentaires (3)