dimanche, 11 octobre 2020
Ce monde meurt en fous…
Ouais, bon, je sais…
Je me suis levé de ma chaise.
J’étais, comme souvent, dans une position qui agace la lumière de mes jours.
Je n’étais pas assis comme on devrait l’être, non.
J’étais accroupi sur ma chaise.
Je fais ça depuis toujours.
Enfin, depuis que je sais m’asseoir.
Les uns me demandent « Mais ça ne de donne pas de crampes ? »
D’autres me disent « Mais comment tu te tiens ! »
Heure-Bleue me dit « Assieds toi correctement, s’il te plaît ! Tu abîmes les chaises et en plus tu mets tes chaussures sur le coussin ! »
Alors, pour un instant, je m’assieds correctement sur la chaise.
Puis, au bout d’un moment je me remets dans ma position préférée.
Je me suis levé de ma chaise vous disais-je donc.
J’ai dit « Aïe ! »
Heure-Bleue m’a demandé « Tu as mal où ? »
Après un moment de réflexion, histoire de ne pas entamer une longue litanie, je lui ai dit, assez content finalement, « Je n’ai pas mal à la main gauche ! »
J’ai constaté à l’instant que l’adage « Si, après cinquante ans, un matin tu n’as mal nulle part, c’est que tu es mort ! » me semble de plus en plus fondé…
« Du coup » comme c’est la mode de dire, mes douleurs ont disparu, refoulées par la vague de bien-être qui s’était abattue d’un coup sur ma main gauche.
Alors je tenais absolument à vous le raconter, lectrices chéries.
Hier, ma foi, il a fait beau mais assez frais, nous avons marché plus de trois kilomètres dans notre quartier, histoire de montrer un peu de Paris à des « amis de province ».
Oui, des « amis de province » car nous ne sacrifions pas à la novlangue qui voudrait que nous ayons bêtement des « relations amicales avec des habitants des territoires de la ruralité ».
On voit qu’ils sont plus jeunes que nous car ils ont été surpris que le lycée Jules Ferry pût auparavant être appelé le « Lycée de jeunes filles Jules Ferry ».
Et ce pour le plus grand bonheur de votre serviteur qui affina dans ce coin, il y a hélas trop longtemps, les techniques permettant d’éviter un célibat pesant.
Nous avons fait un détour par le cimetière Saint Vincent où nous avons vu que feue « Nicole Foret » avait pris racine dans le quartier mais était née « Poupon » comme tout un chacun...
Puis sommes revenus à la maison, lesté d’un fromage « Saint-Félicien » car la lumière de mes jours tenait à saluer le courage de la fromagère du haut de la rue Lamarck qui avait tenu à ouvrir sa boutique malgré une chalandise clairsemée.
Maintenant ne reste plus qu’à savoir qui va manger ce Saint-Félicien…
Je sens bien le Goût « désigné volontaire » pour ça…
10:33 | Commentaires (5)
vendredi, 09 octobre 2020
52ème devoir de Lakevio du Goût
08:49 | Commentaires (7)
jeudi, 08 octobre 2020
Ils se foutent du « care » comme du tiers.
Ouais… Je sais mais vous avez vu le temps qu’il fait ?
Ce n’est même pas un temps d’automne comme j’aime, gris et empreint de la vague nostalgie d’on ne sait quoi.
Cette ambiance qui me ramène vaguement à la rentrée des classes et aux coups de pieds dans les feuilles de marronniers et de platanes qui jonchaient les trottoirs et les cours d’école.
Maintenant, non seulement les arbres sont encore verts à un moment où ils devraient être sérieusement déplumés mais dès qu’une feuille tombe sur un trottoir, elle est ramassée illico dans la crainte de la mairie de se voir traînée en justice pour un col de fémur ou un pare-chocs arraché…
Ces temps-ci, on mène une vie si palpitante que je n’ose pas écrire une phrase de peur de vous foutre le moral par terre…
Quand on sort, la lumière de mes jours peste après ceux qui ne portent pas le masque ou mal.
Il faut avouer qu’après avoir fait les deux-cents mètres qui nous séparent de la boulangerie, le temps est si agréable qu’il donne envie de se jeter sous le 95.
Nous optons plutôt pour « rentrer tout de suite à la maison ».
Ce que nous faisons…
Une fois que nous vous avons lues et lus, nous lisons ou traînassons sur FB.
Ce qui ne dure pas car tous ces coups de pieds dans la grammaire, dans le bon sens, l’orthographe et dans l’intelligence nous lassent rapidement.
Je regarde la lumière de mes jours et me dis que nous n’avons même plus l’âge de passer nos journées à essayer de faire des bébés.
Alors à la place on écoute France Inter, cette radio de gauchistes qui fait rien qu’à dire du mal de Donald Trump et de ceux qui ne pratiquent pas bien les « gestes barrières ».
Je vois écrit partout, sur les affiches, dans les bus, dans la gare Saint Lazare « gestes barrières ».
Et je me demande évidemment pourquoi si peu les mettent en pratique mais surtout pourquoi on met une « s » à « barrières ».
Les gestes eux-mêmes sont-ils des barrières ou les gestes sont-ils une forme de barrière ?
Je n’irais pas jusqu’à dire que ça me tracasse jour et nuit mais tout de même, comme disaient les psys dans les années quatre-vingts, « ça m’interpelle quelque part au niveau du vécu ».
J’espère trouver demain matin un sujet de devoir plus palpitant que notre vie ces temps-ci…
Cet après-midi nous allons chez le dentiste.
Je suis inquiet du résultat.
Allons-nous ramener « la » Covid-19 ou une super facture ?
Heure-Bleue penche pour « une super facture ».
Optimisme, quand tu nous tiens…
10:12 | Commentaires (9)
mardi, 06 octobre 2020
Le mec plus ultra…
Hier, Gwen m’a posé une question : Pourquoi « Lemmy » ?
Gwen, cette gamine qui a tout de même un peu de recul sur le cinéma des « fifties », pense que ça a un rapport avec Eddie Constantine, qui buvait la moitié de son cachet et jouait l’autre moitié aux « courtines ».
Gwen a raison, il y a bien un rapport avec le célèbre – du moins à l’époque – Peter Cheney et son héros « Lemuel Caution » dit « Lemmy ».
Quel rapport avec mon père ?
Mais vous ai-je déjà parlé de mon père ?
Pas trop mais je vous ai parfois dit, au gré de mes souvenirs, que ma mère l’appelait « Lemmy » quand ça allait bien car, quand ça allait moins bien il redevenait « Gaby ».
Il me faut vous dire que mon père, ce héros au sourire si doux, était, jeune homme, doté d’un caractère ombrageux.
Caractère forgé par cinquante-trois mois de campagne ponctués par diverses haltes comme le débarquement en Sicile, le débarquement en Italie, la bataille de Monte Cassino, le débarquement en Provence et la bataille des Vosges qui lui a laissé son plus mauvais souvenir.
Mon père, d’une netteté de salle d’opération, avait passé soixante-deux jours sans se laver, au fond d’un trou gelé dont on ne pouvait sortir la tête sans se faire canarder.
On comprend bien que ça esquinte la psyché et que les médailles récoltées sur les champs de bataille n’y changent rien...
Mon père donc, au sortir des rigueurs de l’hiver, aperçut ma mère sur qui « il fit une fixette », comme disent les djeun’s.
Comme « il la kiffait grave » et qu’elle était d’accord, ils décidèrent de se marier.
J’appris plus tard grâce à une erreur de chronologie qui sauta à l’oreille d’Heure-Bleue que contrairement à ce que prétendit longtemps ma mère qui fut, à l’écouter, au moins deux fois vierge, ils prirent quelques acomptes histoire de vérifier qu’ils n’allaient pas se fourvoyer, du moins dans les draps.
C’est là que « Lemmy » apparaît.
La veille du mariage, ma mère dut aller le chercher au commissariat car il avait baffé un type et y gagna le surnom de « Lemmy ».
Pendant notre prime enfance, elle dut le calmer, le cajoler car il a fait des cauchemars épouvantables jusqu’au milieu des années cinquante.
Elle dut aussi faire attention à ne pas susciter l’attention d’autres mâles…
Il était, selon elle, l’Eddie Constantine du quartier, immortel interprète du rôle de « Lemmy Caution ».
Le seul souvenir que j’aie de ce rôle fut de voir mon père traverser la rue pour demander des explications à un homme qui avait eu l’imprudence de regarder ma mère avec trop d’insistance depuis le trottoir d’en face.
Heureusement, il était doté d’un assez solide sens de l’humour.
Qui hélas faisait dire de lui « il préfèrera perdre un ami plutôt que rater un bon mot »…
11:03 | Commentaires (18)
lundi, 05 octobre 2020
Devoir de Lakevio du Goût N° 51.
Comme disait une chanson de la première moitié du XXème siècle à propos des baisers : Méfiez-vous des pêcheurs mesdemoiselles car il y a pêcheur et pécheur…
Je suis sûr que vous avez beaucoup de souvenirs des uns.
Ou des autres…
Je pense que nous aurons tous quelque chose à dire et à lire lundi…
Papa me l’a dit.
Il m’emmènera à la pêche dimanche.
Depuis j’attendais dimanche.
Plus que quatre jours.
C’est normal parce qu’il m’avait dit ça le mercredi en rentrant du travail.
Le mercredi j’avais le droit d’attendre Papa parce que demain c’était jeudi.
Dimanche est arrivé et Papa m’a réveillé.
Il fait ça doucement parce qu’il ne faut pas réveiller mes petites sœurs.
On est parti et on a pris le métro à Simplon.
On prenait presque toujours le métro à la station « Simplon », c’était la plus près de la maison.
J’avais encore un peu sommeil mais une fois dans le métro ça a été mieux.
J’ai voulu monter dans le wagon rouge du milieu, Maman ne voulait jamais mais Papa a regardé sur la petite pancarte émaillée vissée sur la porte du wagon.
Elle disait qu’on avait le droit de monter dans le « wagon rouge » avant huit heures.
Avec Maman, il était toujours trop tard…
Papa a regardé sa montre, une belle montre que ma grande sœur et Maman lui ont offerte pour la fête des pères, nous on pouvait pas, on n’avait pas de sous.
Il a dit « vas-y mon fils, on peut. »
J’étais content et fier, j’ai regardé toutes les stations.
Même entre les stations, il y avait des choses peintes sur le mur, au milieu de tous les fils et ça marquait « Dubo » puis plus loin « Dubon » et après « Dubonnet ».
Je l’ai dit à Papa qui a été fier aussi que je lise si bien.
On est arrivé à la station « Cité ».
Elle sentait très mauvais, un peu comme les égouts.
Papa m’a dit que c’était parce que la station est sous la Seine.
J’ai eu un peur alors il m’a pris la main.
C’était bien parce qu’il est fort.
« Il a fait la Guerre » comme dit Maman quand il fait des mauvais rêves.
On a monté des tas et des tas de marches et on est arrivé tout en haut.
Tout en haut c’est la rue.
Papa m’a dit « Là, tu vois, c’est le marché aux fleurs » et il m’a pris par la main et on a marché jusqu’au pont.
J’ai vu la Seine le matin, c’est bien, il n’y a presque personne.
On a traversé le pont et on est descendu au bord de l’eau.
On a marché un peu et d’un coup, Papa s’est arrêté.
Il m’a dit « regarde le Monsieur, il va faire une cobêtise… »
J’ai demandé « c’est quoi une cobêtise ? »
Papa m’a dit « c’est un gros mot pour dire comme bêtise. »
J’ai dit « Tu ne veux pas me le dire à l’oreille ? »
Il s’est penché et a dit tout doucement « une connerie. Mais ne le dis jamais. » et il m’a fait un bisou.
Le Monsieur à levé sa canne à pêche et s’est tourné vers nous.
Il a fait un grand geste et Papa a crié « Ah le con ! Il a accroché mon pull neuf ! »
J’ai regardé, un fil pendait avec un hameçon accroché au bout et le petit fil de pêche cassé.
J’ai eu du mal à retirer l’hameçon j’ai dit à Papa « C’est grave ? »
Papa a dit « Pour moi non, mais tu vas entendre Maman… »
Quand on est revenu, Maman a dit « Lemmy ! Qu’est-ce que t’as encore fait à ton pull ! Mais c’est pas dieu possible ! Un pull neuf ! »
08:29 | Commentaires (28)