lundi, 01 juillet 2013
Un partout !
Hier, c'était notre dimanche de bonté.
Celui qui avait commencé par le marché de la Réunion.
Nous l'avons prolongé par une visite.
Nous sommes allés voir Léontine.
Oui, celle qui, pour être « in », préférait jusqu’il y a peu qu’on l’appelât Lucette.
Quelle idée…
Elle garde encore, suite à une fêlure du bassin, un pas hésitant.
Nous ne vîmes pas le serpent vicieux de la vengeance se glisser dans nos vies.
Vous vous rappelez, bien sûr, que Léontine s’était foutue en l’air dans son jardin parisien, ce qui lui avait valu plus d’un mois de séjour dans une clinique pour cause de fêlure du bassin et de fracture du poignet et une fracture du coude.
Pour le bassin, donc, les progrès sont là mais le pas est resté hésitant.
En revanche, Léontine a trouvé une méthode de rééducation du poignet et du coude efficace quoique risquée pour le non-initié.
Elle s’est mise à la dégustation effrénée de champagne.
Pour ce qui est de récupérer le lever de coude et la rotation du poignet, c'est impeccable...
Et c’est au cours de cet après-midi dominical et ensoleillé que la vengeance de Léontine, que j’espère involontaire, a pris corps.
Pendant les deux heures et demie à trois heures que nous avons passées chez Léontine, une bouteille de champagne s’évapora dans nos trois gosiers.
Majoritairement dans celui de Léontine à qui le beau temps donnait soif…
Pendant que je faisait griller d’autres toasts pour accompagner le foie gras qui nous servait de « petit quatre heures », elle insistait auprès d’Heure-Bleue « Voyons, une petite demi-bouteille encore, ça ne peut pas faire de mal »
« Madame, ce n’est pas sérieux, c’est trop, voyons, et puis je prends des médicaments » insistait Heure-Bleue pour échapper au champagne –elle ne prêche pas la tempérance, c’est seulement qu’elle n’aime pas le champagne à quoi elle préfère le Bordeaux-.
Pendant que j’amenais les toasts grillés et me préparais à les tartiner de foie gras, Léontine insistait « Mais si voyons ! Vous n’allez pas manger ça comme ça, vous allez vous étouffer ! »
Heure-Bleue a cédé « D’accord, mais pas trop hein ! ».
J’ai ouvert la demi-bouteille.
J’ai servi Heure-Bleue, Léontine et moi.
Heure-Bleue, après y avoir à peine trempé les lèvres, m’a tendu sa flûte pour que j’en répartisse le contenu entre nos deux flûtes, à Léontine et moi.
Léontine avait déjà salement écorné la sienne.
J’ai donc rempli de nouveau celle de Léontine et ai allongé légèrement la mienne.
Résultat ?
Après avoir avalé plus des deux tiers d’une bouteille de champagne, Léontine bégayait à peine.
Heure-Bleue et moi sommes revenus chez nous en tanguant tranquillement….
Tels l’ivrogne et son vélo.
L'un ne peut tenir debout sans l'autre...
17:04 | Commentaires (11)
dimanche, 30 juin 2013
La loi du marché…
Aujourd’hui nous allons sur le marché.
Heure-Bleue a décidé que le marché du dimanche c’était sacré.
Chacun ses sacrements, pour d’autres, le dimanche matin c’est l’Eucharistie.
Comme nous ne sommes pas cannibales, nous nous contentons de l’Epicerie…
Pour nous rendre au marché, nous passons devant l’église Saint Germain de Charonne.
Comme elle est fermée pour cause de travaux depuis des années et pour des années encore, les fidèles se massent au bistrot en face…
Ce n’est pas que j’aie envie de faire œuvre pie, non, j’ai plutôt envie de donner mes sous au marchand de produits italiens du marché de la place de la Réunion.
On ne peut pas appeler ça la « séquence de générosité dominicale », non.
Quoique… Savez-vous, lectrices chéries, que je suis parfois la proie d’accès de générosité ?
Accès qui se retournent généralement contre moi.
J’en veux pour preuve cette mésaventure qui me revient en mémoire.
Au retour d’Israël, dans un état de fortune bien coincé entre désastreux et désespérant, nous habitions rue du Temple. Nous allions souvent boire un café, soit du côté de la République soit du côté de l’Hôtel de Ville.
Un dimanche matin, nous nous rendions chez une amie avec les courses faites rue de Bretagne. Il faisait beau, j’avais encore un peu de sous dans la poche et j’étais d’heureuse humeur.
Nous sommes passés devant l’église Sainte Elisabeth.
Devant cette église, près du porche, un type attendait, debout, l’air un peu triste, les cheveux gris pisseux, un sac à dos en ruines aux pieds et un gobelet de carton au bout du bras.
Je l’ai pris pour un clochard. J’ai fouillé dans ma poche et ai lâché d’un geste auguste une pièce de cinquante cents.
Tout se serait bien passé si je n’avais lâché la pièce de près de vingt centimètres au dessus du gobelet et si celui-ci n’avait été plein de Coca.
Ça aurait probablement évité une giclée de soda sur la chemise du type qui n’était pas plus SDF que moi et une engueulade de sa part.
« Non mais ! » Gueula-t-il « Ça va pas, non ! Me jeter un truc dans mon gobelet ! On peut plus boire peinard dans ce bled ? Tu crois que j’fais la manche ou quoi ? »
Avec la mauvaise foi que vous me connaissez –surtout quand j’imite Heure-Bleue- j’ai quand même eu le culot de lui dire que cette mésaventure ne lui serait pas arrivée s’il était moins négligé dans sa tenue.
Heureusement il était soufflé d’un tel culot que ça s’est terminé platement avec une vague excuse de ma part.
C’est vrai quoi, on ne se met pas à la porte d’une église, un gobelet à la main et vêtu négligemment si on ne fait pas la manche !
Depuis je ne jette plus de pièce dans les gobelets.
Enfin, j’exagère, il m’arrive de mettre des pièces dans la main d’un malheureux.
Je mets des billets dans la main des marchands.
Heure-Bleue et moi sommes en route pour la distribution…
11:41 | Commentaires (7)
samedi, 29 juin 2013
L’alibi d’eau…
Hier, nous sommes allés à la banque, eh oui, on ne peut faire le changement d’adresse via le Net ou par téléphone.
Bon, c’est rassurant quand même, même si la NSA connaît maintenant notre nouvelle adresse…
En attendant le bus, on a eu la chance de bénéficier du papotage à haute voix et sans interlocuteur bien défini d’une dame au langage fleuri. Elle m’a rappelé la mère de Michel Sardou.
Une fois dans le bus, la dame s’est calmée un moment mais a été remplacée par une autre.
Fervente adepte du « c’était mieux avant », genre je rêve… Persuadée qu’elle était que justement « avant » les gens étaient gentils, les enfants ne pleuraient pas et « on n’encombrait pas les bus avec les poussettes, bon les fauteuils roulants encore, je veux bien mais les poussettes faut pas non plus » etc.
La mamie atrabilaire gardait sur les genoux un de ces micro-clébards mauvais comme tout et continuait à se chamailler avec deux jeunes femmes debout près de nos sièges, à Heure-Bleue et moi.
J’ai dit à la plus proche de moi « si l’exégèse de la poussette dans le bus vous semble trop longue, je peux lancer un débat sur le chien trop grand pour monter dans le bus avec sa maîtresse, ça devrait l’occuper jusqu’à la Bastille ! »
La jeune femme, à ma grande surprise ne savait pas ce qu'était une exégèse, elle avait pourtant l'air à savoir.
Pour le reste elle semblait d'accord...
Mais voilà, Heure-Bleue, ennemie du dialogue en bus m’a dit « Oh non ! Laisse tomber ! Sois sérieux au moins une fois dans ta vie ! »
Alors j’ai laissé tomber. Pourtant je suis sûr que c’eut été drôle. Mais bon…
Nous sommes évidemment passés par le BHV.
Au retour de la banque, nous sommes tout aussi évidemment passés par le Monop’ , il faut savoir retourner aux sources.
Puis nous avons repris le bus. Ce bus qui nous fait passer devant la boutique de meubles Roméo. Cette boutique qui remonte le moral rien qu’à voir ces meubles qui font assaut de mauvais goût au point de faire rire…
Une dame sympa m’a cédé sa place et est partie avec Heure-Bleue au fond du bus.
Heure-Bleue a eu de la chance. Plus que moi qui ai eu l’accoudoir squatté par un type qui, non seulement sentait l’aisselle négligée mais était bavard. Ça m’a permis d’apprécier son haleine de chacal…
Quand nous sommes descendus, Heure-Bleue m’a dit « Tu sais quoi ? La dame, eh bien c’est la femme de Mélac ! Tu te rappelles Mélac ? »
Bien sûr que je me rappelle Mélac, il tient un bar à vin rue Léon Frot. Il y a des années nous y sommes allés un samedi midi. Heure-Bleue à trouvé le Beaujolais Villages de luxe très bon, trop bon. Hélas, le manque d'habitude est plein de risques.
Son siège était devenu collant...
J’ai dû aller moi-même en métro ouvrir la libraire à sa place, le temps qu’elle se décolle.
Alors si je me souviens. Vous pensez…
06:45 | Commentaires (8)
vendredi, 28 juin 2013
La vie en rosse...
Il y a des jours comme ça où se taire est une excellente initiative.
Initiative que je devrais prendre plus souvent.
Ça éviterait de prendre en pleine figure des réflexions dites censément « mine de rien » mais qui vous font mordre la langue juste trop tard.
Nous regardions un téléfilm avant-hier soir.
Un truc plein de mélo, guimauvesque à souhait mais le rôle principal est tenu par Marius Colucci.
Heure-Bleue craque sur ce rouquin au teint pâle.
Quand elle change soudainement de position esthétique, je devrais me méfier.
Son côté sorcière fait qu’elle a dû pressentir une situation où elle aurait l’avantage sans discussion possible.
J’ai beau le savoir, vivre avec elle depuis plus de quarante ans, je n’y prête attention que trop tard.
Toujours trop tard.
J’aurais justement dû me méfier ce soir.
Une demi-heure avant elle craquait sur le type d’homme plus habituel pour cette rouquine à peau claire : Takiedine.
Je n’ai jamais su si elle aimait le type moyen-oriental ou le type milliardaire.
Je penche pour la première version.
Je ne suis pas milliardaire.
Mais je ne suis pas sûr non plus qu’elle m’aime.
Le mystère reste donc entier et c’est aussi bien.
Le téléfilm continue. Un moment, une scène qui lui semble importante se déroule pendant la montée des marches du Sacré-Cœur.
Je regarde quelques minutes.
Puis je lâche « Tiens, il y a combien de temps que nous ne sommes pas allés au Sacré-Cœur ? ».
Heure-Bleue lance, sûre d’elle, d’une voix melliflue « Jamais avec moi ! »
J’ajoute, toujours imprudent « Je ne me souviens pas, ça fait un moment mais je suis sûr que c’était avec toi… »
Heure-Bleue dit mezzo voce « Ça doit faire un moment, je ne m’en souviens pas… »
Je regarde l’écran qui montre une jeune femme monter les escaliers de la butte qui sont durs, etc…
Je dis à Heure-Bleue « il y a quand même un moment et… »
Et là, celle qui n’est pas rancunière mais n’oublie rien et n’est pas jalouse pour deux sous m’interrompt et jette d’une voix plutôt acide « C’était sans doute avec Dulcinée… Tu es souvent allé au Sacré-Cœur avec Dulcinée, non ? »
Je continue à regarder le téléfilm en faisant semblant de rien.
06:45 | Commentaires (8)
jeudi, 27 juin 2013
Il marche au « Pas de loi. »…
Je savais que nous étions « espionnés » pendant nos voyages sur le Web par une bande de vautours prêts à tout pour nous faire cracher nos sous dans des achats stupides et inutiles.
Je savais aussi qu’une bande de truands essayaient sans cesse de me faire cracher mes coordonnées bancaires en me disant que la CAF me devait des sous qu’elle avait oublié de me donner.
Les pauvres andouilles, la CAF est radin mais ne truffe pas ses avis de fautes d’orthographe ni de tournures de phrase anglo-américaines et n’oublie jamais mes coordonnées bancaires…
Je n’ignorais pas non plus que le membre supplémentaire gracieusement fourni par la mâle condition pouvait être allongé de quatre pouces (101,6 mm) si j’achetais une machine de torture de 300 US$.
Que diable ferais-je d’un outil propre à féconder une jument ?
On me prévient régulièrement que je suis en bonne place pour le tirage qui me verra l’heureux gagnant d’une luxueuse berline dont je n’ai que faire, que je vais rayer en tentant de la garer à la place mal foutue assignée par mon bailleur.
Tout ça, quoi…
Mais je pensais néanmoins que le secret de la correspondance privée était, sauf suspicion judiciaire, garanti par la Constitution.
Eh bien non !
La NSA –rien qu’à écrire ça, paf ! Un nouveau fichier vient d’être créé dans leur monstrueuse base de données- s’arroge le droit, pour garantir la sécurité des Etats-Unis, de stocker toutes les communications privées, qu’elles soient téléphoniques ou via le Web, qu’elles soient « vocales » ou « alphanumériques ».
Il suffisait, il y a peu, que certains mots soient prononcés pour que la communication soit enregistrée, datée, identifiée et tout et tout.
Exemple :
Un type demande des nouvelles de sa machine à laver en panne à un service après-vente .
- Allo ? Ma machine ! Elle est où ça, ma…
- Où ça ma quoi ?
- Oui ! Où ça ma… ma… ben… Laden ?
Sur un coup comme ça, vue l’étroitesse d’esprit et le crâne ossifié à cœur du préposé à la « sécurité du pays de la liberté, de la démocratie et de la libre entreprise », le pauvre type qui a un lave-linge en panne n’a pas intérêt à réclamer un visa pour aller passer un week-end à New-York.
Passé la cahute de « l’Immigration Service » il se retrouve avec les poucettes et mis au secret sous le coup du « Patriot Act ».
Heureusement, comme le remarque un Américain au tempérament moqueur, grâce à la NSA, plus de risque de perdre vos données…
Ce qui prouve la stupidité profonde de ce genre de paranoïa, c’est que la possibilité de stocker un siècle de communications mondiales, dans environ trois mille langues, sans compter le codage de ce qui doit être caché, donne une telle quantité d’informations qu’il est impossible de les traiter, voire simplement de trouver celle qui est significative. Rien qu’à divulguer l’existence de ce système contribue à le remplir de mauvaises farces et de ces rumeurs dont le Net est si fertile.
Quels farceurs ! Que dis-je, quels cinglés !
Des paranoïaques sévères veulent tout savoir sur tout et tous.
Et c’est censé nous protéger.
Mais de quoi ? Et qui nous protégera d’eux ?
Georges Orwell l’a rêvé. La NSA l’a fait !
06:43 | Commentaires (5)