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mardi, 04 septembre 2012

Terre Promise n'est pas toujours Terre Due...

Ça y est. J’ai un contrat de consultant. Je pars en Israël.
Enfin un coin où il fait beau. Enfin on le dit. Le pire ? Quatre heures sans fumer…
Heureusement que j’ai une grande aptitude à dormir n’importe où. « Le c… dans une bassine » dit Heure-Bleue, envieuse de cette propension génétique à glander efficacement. Elle, est restée à Paris, histoire de fermer sa librairie et ne pas abandonner brutalement l’Ours.
 

Quand l’avion arrive à Tel-Aviv, il est tard. Je suis parti de Paris par une température sibérienne, genre 4°C  à environ 15 Heures et j’arrive déçu à 21 heures. Il ne fait que 11°C à l’aéroport Ben Gourion. L’avion avait du retard, l’immigration est une foire d’empoigne et je saurai désormais qu’il faut courir vite pour descendre de l’avion, monter dans le car et rester devant la porte avant pour arriver dans les premiers face aux fliquettes, mignonnes certes, mais surtout malgracieuses. Tout juste si on ne me demande pas si j’ai des accointances avec Yasser Arafat, et que « qui t’a appris le mot  Alya » ? Et « pourquoi tu viens en Israël » ?
Là, éviter de répondre « finalement je me demande… »,  c’est très mal pris.
Je le sais je l’ai fait lors de mon nième voyage en Europe et ça m’a coûté deux heures de questions stupides.
Ceux  qui étaient chargés de me recevoir étaient sur le point de tourner les talons quand j’arrive enfin dans le hall. En plus, il pleut. On se croirait à Paris avec des palmiers. Je ne sais pas encore que c’est la dernière fois qu’il pleut avant le mois de décembre. Si ce n’est février de l’année d’après…
On m’emmène à Tel-Aviv même, dans un appartement assez sympathique dont malheureusement je n’aurai pas tellement le temps d’apprécier le confort spartiate.
Dès le lendemain matin, on vient me chercher. On était déjà allé me chercher pour mon « expertise » dans deux domaines : l’opto-électronique et le magnétisme. Je ne sais pas trop ce qu’ils veulent de moi mais pour dix mille US$ par mois, je ne vais pas chipoter. Je m’apercevrai bien assez tôt ce qui fait le charme de ce pays attachant –et parfois suscite une furieuse envie de noyer le pays sous une marée de rôti de porc- c’est cette faculté de vendre la peau de l’ours alors qu’on a seulement vu un vague truc marronnasse passer au loin.
Et de t’expliquer en plus que ça sert à rien de chasser l’ours si t’a pas vendu la peau.
Bref, j’ai l’impression  de m’être fourvoyé dans une start-up qui a vaguement eu une idée, à trouvé un pigeon pour la transformer en montagne de dollars et que ce pigeon c’est moi…

 

lundi, 03 septembre 2012

Le déserteur.

Monsieur le Président, je vous fais une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps. Entre deux voyages en train et une visite d’usine qui va quand même fermer.
Nous savons, enfin je sais, quand je vais voter, que je serai lésé.
Lésé avec un grand « B ».
Mais habituellement, c’est moins rapide. On nous dit que bon, pour la vaseline, on étalera les paiements, que l’Etat en prendra une partie à sa charge, tout ça.
Là on nous avait très vaguement parlé d’un lubrifiant de marque inconnue mais efficace. Et finalement ça finit plutôt pire que d’habitude.
On nous apprend dès aujourd’hui que pour ce qui est d'être lésé, toujours avec ce grand « B » ça se fera comme prévu.
Mais que finalement, faute de moyens, ce sera lubrifié avec une poignée de sable.
La renégociation du traité qui nous condamne à l’austérité pour des générations ? Envolée.
La TVA « sociale » envolée. Mais la CSG la remplacera.
La justice sociale ? J’entends ce matin une femme seule avec trois enfants. Ses revenus ? Toutes aides confondues, six cents € par mois. Une fois retirés le loyer, la cantine, etc. il lui reste pour faire tout un mois environ deux cents €. Et vous nous dites, par la voix de vos ministres, qu’il faut améliorer la compétitivité des entreprises.
Ne me dites pas que le Parti Socialiste, censément de « goche » veut pratiquer la politique de Thatcher !
Vous écoutez le MEDEF pour qui la compétitivité des entreprises ne sera correcte que quand on ne paiera ni les salaires ni les fournisseurs ni les matières premières et surtout pas les charges sociales.

 

Vous vous foutez de qui ?

Que vous ne teniez pas toutes vos promesses, c’est courant, tous vos prédécesseurs ont fait de même. Mais que vous nous mentiez d’entrée, ça passe mal.
Oui. Même par là…
Quatre mois seulement que vous avez signé ce bail précaire à l’Elysée.
Et j’en ai déjà marre, Monsieur le Président.
Soyez un peu moins « normal », ne soyez pas agité comme votre prédécesseur qui confondait excitation et action.
Mais de grâce, soyez un peu efficace !
On vous a élu pour que vous nous défendiez.
Pas pour que vous nous vendiez…

dimanche, 02 septembre 2012

Arrachage.

Arracher des bras d’un concurrent celle qu’on sait être « celle-là », « la vraie », « the last one », n’est pas chose aisée.
Il faut de la ténacité et surtout de la patience.
Beaucoup de patience.
Et faire attention.
Très attention.
Extrêmement attention.
Certes, je vous l’ai dit, elle a bouche douce.
Mais je ne vous ai pas tout dit.
Elle a aussi la langue pointue.
Il y a pire encore.
Elle a en plus la dent dure.
Liliplume disait « tu es pris, elle n’a plus qu’à ferrer le poisson ». Elle s’est trompée. Il n’y avait pas de ligne ni d’hameçon. Heure-Bleue n’était pas partie à la pêche. Elle est juste entrée dans mon cœur par inadvertance. Elle l’a transpercé sans même s’en rendre compte…

Toutefois, je ne devais pas lui être totalement indifférent puisque plusieurs fois par semaine nous déjeunions dans un de ces petits restaurants nombreux à Paris dans ces années-là. Pour huit francs on avait un repas complet ! Huit francs ! On perdait des sous puisque nous ne buvions ni vin ni bière  mais bon, c’est la vie…
Et nous ne sommes toujours pas allés au cinéma.
Pendant quelques semaines nous avons déjeuné de cette façon, le soir j’allais la chercher et je la raccompagnais, parfois jusque chez elle. Mais rien de plus.
Un jour, elle me dit que si je veux bien la voir ce soir là, elle passera me chercher au petit restaurant de routiers en face de chez elle. Elle ne sait pas à quelle heure parce qu’elle a quelque chose de très important à faire.
J’attends donc. De longues heures. Je ne sais pas où elle est. Vers dix heures je prends mon courage à deux mains, je traverse la rue, je monte jusqu’à sa porte et je frappe.
Elle est là. Elle ouvre. Elle claque la porte et me prends dans ses bras.
Je peux enfin l’embrasser autrement que sur la joue et j’en profite honteusement.
Seulement voilà, il est tard.
Je ne me rends compte que le matin que je n’ai ni rasoir ni brosse à dents…
En plus je n’ai plus un sou sur moi, ils se sont envolés avec les dix mille cafés que j’ai bus chez « le routiers en face ».
Elle m’avait donné tout ce qu’elle avait à m'offrir hier soir, il a pourtant fallu le lendemain matin qu’elle partage ses maigres sous et ses tickets de métro avec moi.
J’ai vraiment un comportement de gigolo.
Elle prétend parfois que je n’ai pas changé, qu’il me manque toujours dix-neuf sous pour faire un franc, que je lui pique ses tickets de métro et que ça dure depuis plus de quarante ans…
Elle m’apprendra un peu plus tard qu’elle avait ce soir là jeté son petit camarade. Un peu plus tard encore qu’il l’avait invitée au restaurant et non seulement elle avait mangé son dessert mais englouti le sien car il avait l’appétit coupé…
J’ai cru discerner une menace voilée dans l’histoire du dessert. La vie avec « voix sérieuse » promettait de n’être pas une mince affaire.
Ce sera tout car « voix sérieuse » n’aime pas qu’on aille regarder dans ses affaires sans sa permission. Et ne croyez pas que je fasse exception…
J’ai néanmoins le droit de vous dire que les années n’ont chez elle eu de prise que sur son pied gauche…
Elle ne vous a jamais déjà parlé de son « petit rôti de dinde que juste il manque que la ficelle » ?
Hé hé hé…

samedi, 01 septembre 2012

Une soirée d’angoisse.

Oui, je suis comme ça, moi, je n’angoisse que pour les choses importantes.
Pas des bêtises comme les études, l’argent ou le travail. D’abord je n’ai ni argent ni travail, ensuite les études se passent bien. Et parfois même sans moi… En revanche, les histoires d’amour qui, comme chacun sait, finissent toujours mal, m'angoissent.
J’ai un cœur certes grand mais qui souffre d’une fragilité de l’enveloppe qui me fait craindre les plaies qui ne manquent pas d’arriver si on n’y prend garde.
Jusqu’à présent j’avais évité de tomber amoureux en général et d’une fille « pas  libre » en particulier.
Mais on ne fait pas toujours ce qu’on veut. D’ailleurs on ne fait jamais ce qu’on veut…
Et puis d’abord c’est elle qui a commencé ! Pourquoi ces cheveux roux, hein ? Pourquoi ces yeux verts, hein ? Pourquoi ce regard et cette petite bouche ?
C’est dingue ! On ne devrait pas laisser sortir des filles comme ça dans la rue !
Toujours est-il que pour la première fois –enfin pas forcément la première, je ne sais pas, mais la première en le faisant exprès- pour la première fois donc, je veux arracher une fille aux bras de quelqu’un d’autre.
Je ne le sens pas si facile. Ce qui est à la fois très bien et très ardu.
Je l’attends donc près de la Bourse et nous irons au cinéma puis au restaurant. Puis je la raccompagnerai.
Epais comme des Biafrais, nous commençons par le restaurant. J’ai un compte chèque au  Crédit Lyonnais et j’ai tapé ma grande sœur pour éviter le « bout de bois » toujours délicat à expliquer au banquier.

Nous allons en direction des Arts et Métiers, il y a, rue Beaubourg, un restaurant genre fausse auberge normande, là où aujourd’hui il y a le Quartier de l’Horloge, là où se trouve le Centre Pompidou, il y avait un vaste terrain qui servait de parking sauvage.
A cette époque bénie, le bordel ambiant généralisé et incessant du quartier n’existait pas encore. Couvre feu vers dix-neuf heures…

Ce petit restaurant était accueillant, mal éclairé à souhait, bref tout à fait adéquat pour ce que j’avais en tête. D’abord, qu’on ne me regarde pas de trop près au départ. Donc, d’abord écouter, puis essayer d’intéresser la belle. J’essayais de n’avoir pas l’air trop fier de sortir avec une pin-up pareille, j’ai pris l’air « cool », genre « vous en faites pas, j’ai l’habitude d’aller au restau avec des stars »…
Quand elle a fini de me dire tout ce qui l’intéressait, en picorant comme un moineau, c'est-à-dire énormément, elle me demanda ce qui m’intéressait, moi. Piège trop évident. Je n’allais certainement pas lui dire tout de suite « mais vous, Heure-Bleue !».
Une émission de radio récente avait parlé de l’indétermination liée au temps et à la position –justement mon programme- mais je n’allais pas discourir sur le principe d’incertitude décrit par Heisenberg, je m’embarquai donc dans une tentative de vulgarisation de laquelle il ressortit que ce qu’il y avait de plus incertain était le succès de mon entreprise. Elle m’a dit plus tard que sur ce coup, elle avait pensé « qu’est-ce qu’il est intelligent ce garçon ». Elle a révisé son jugement souventes fois depuis…
Je ne me souviens plus de ce qu'on nous a servi. De toute façon on l'a englouti. Et puis j'ai passé mon temps à la regarder.
Je l'ai raccompagnée et nous nous sommes quittés sans autre marque d'intérêt réciproque qu'un baiser sur la joue.
Elle a la bouche douce...

jeudi, 30 août 2012

Un après-midi de perdu ? Dix de retrouvés ?

Je n’arrive pas à partir de cette microscopique fausse multinationale. Que voulez-vous, il y a des entreprises qui attirent plus que d’autres.
De fait, j’y passe l’après-midi.
J’y aurais bien passé la nuit mais « voix sérieuse » me signifie que les heures supplémentaires ne sont pas son trip et que si je voulais bien l’accompagner jusqu’à la porte ce serait bien, merci.
Comme je suis moins timide que je ne le pensais –et le pense encore- je lui demande si aller au cinéma avec moi la tenterait. Elle réserve sa réponse.
Nous nous reverrons car j’ai une excellente raison, et tout à fait sérieuse, de revenir admirer cette merveille. Pffioouuu… Ces yeux ! Cette liane ne quitte plus mes pensées.
Pourtant je devrais penser à plein d’autres choses, son adresse par exemple, ou lui donner la mienne, mais non. Je ne pense qu’à elle. Au moins ça prouve que je ne suis pas si égoïste.
Au lieu de penser à mes hamiltoniens, au modèle de Ebers-Moll, aux travaux de Mr Shockley, devinez à quoi je pense. A « elle ».

Et j’attends bêtement des nouvelles de quelqu’un à qui je n’ai donné ni une adresse ni un numéro de téléphone où me joindre.
Une semaine passe. Mes connecteurs manquants devraient être arrivés. En fait je m’aperçois que mon prototype m’intéresse moyennement mais qu’il a un avantage majeur : Une bonne raison de retourner voir « voix sérieuse ».
Et j’ai un film à lui proposer, je suis sûr qu’elle est de gauche –au feeling- et que l’extermination des Séminoles par les tuniques bleues va la scandaliser et l’attrister à tel point qu’elle ne manquera pas de se jeter dans mes bras pour se faire consoler.
Idiot que je suis. Il y a loin de la coupe aux lèvres. Surtout les siennes…
Je retourne donc chercher mes connecteurs et surtout me remplir les yeux de « voix sérieuse ».
Ces sombres histoires de connecteurs et de semi-conducteurs évacuées, je repars à l’attaque avec l’offre cinématographique.
Cette fois, elle est d’accord.
Nous irons donc voir « Soldat bleu », c’est décidé.
Je passe encore l’après-midi dans la « nano-multinationale », un type rouquin d’un âge certain passe la tête par la porte de son bureau, me salue assez fraîchement et referme.
Il a jeté un œil que je trouve intéressé sur « voix sérieuse ». Toujours assise à son bureau, je ne sais pas encore ce qui a suscité tant d’intérêt chez lui.
L’heure de la sortie sonne, « voix sérieuse » se lève et moi je manque tomber. Elle porte une robe bleu-vert qui ferait passer la minijupe pour un niqab.
Avec ça, grâce à un « col claudine » assez bizarre sur une robe aussi courte, c’est un truc à causer des accidents de la circulation en sortant dans la rue.
Non seulement « voix sérieuse » à une chevelure rousse et des yeux verts à tomber mais je peux constater que ses jambes sont là pour parfaire un tableau idyllique.
Boticelli peut aller se rhabiller avec la « Naissance de Vénus ».
Reprenant difficilement mes esprits, j’accompagne cette fois-ci « voix sérieuse » jusqu’au métro. Evidemment nous ne prenons pas la même ligne…
Mais cette fois, n’ayant aucune raison aussi peu sérieuse que les composants pour continuer à la voir, je ne trouve guère qu’une raison sérieuse pour lui dire « demain soir, je viens vous chercher ».
J’ai absolument besoin de voir « voix sérieuse ».
Ça c'est une bonne raison.
Vous en connaissez une meilleure ?