Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 06 avril 2011

Les meilleurs canards sont déconfits…

Ce matin, en ouvrant ma boîte à lettres, j’eus la surprise d’y trouver, bien que j’aie supprimé mon abonnement il y a quelque temps,  deux numéros de Libération.
Evidemment, celui d’hier et celui d’avant-hier.
Sans doute dans le but louable de m’éviter un changement d’habitude toujours traumatisant.
Vous connaissez mon tempérament taquin.
Je me précipitai donc illico pour faire la réclamation qui  s’impose.
Je reçus un premier courriel assez laconique

De : Service abonnement Liberation [mailto:abonnements@liberation.fr]
Envoyé : mercredi 6 avril 2011 10:31
À : Service Abonnements
Objet : Contactez nous

Bonjour,

Vous venez de recevoir un message en provenance de la gestion de compte de LIBERATION .

ce message a été envoyé par  Le goût des autres 


Sujet : J'ai reçu une relance de réabonnement injustifiée


Bonjour,

veuillez nous excuser et ne pas en tenir compte.
Bien à vous.
Le service abonnement de Libération.


 

Puis un second, plus amène et, pour tout dire, passablement em…bêté.


From: sceabo@liberation.fr
To: Le goût des autres @boite-à-lettre.fr
Date: Wed, 6 Apr 2011 05:19:08 -0700
Subject: RE: Contactez nous

Bonjour,
Nous sommes désolés que vous désiriez nous quitter. Auriez-vous l'amabilité de nous en indiquer la raison?
Toutefois, si vous persistez dans votre décison**, nous vous demandons de bien vouloir nous adresser un courrier dûment signé à :

Libération Abonnements,
69-73 avenue Victor Hugo
93585 Saint-Ouen Cedex.


Bien à vous.
Le service des abonnements de Libération

 

**Qu’est-ce que je vous disais… 

 

Je m’empressai donc d’accéder à leur demande.
Le client du canard se fendit donc du poulet suivant...

Bonjour,

La raison de mon désabonnement est très simple: je ne reçois mon Libé que par paquets.
Manque de chance, ils n'arrivent jamais avec une semaine d'avance, ce qui me permettrait de spéculer à coup sûr en Bourse ou de jouer au Loto avec la certitude de gagner.
Non, bien sûr que non, ils arrivent plusieurs jours après.
Et celui du jour n'est même pas dans le paquet...
Je vous l'ai signalé dès les premiers jours de mon abonnement.
Vous avez promis de vous renseigner auprès de la Poste.
Puis j’ai déménagé.
Je suis désormais à une demi-ligne de bus de votre dépôt de Saint-Ouen.
Croyez-vous que mon Libé arrive mieux ?
Que nenni !
Ce canard, je le lis depuis que J.P.Sartre, S.July et quelques autres l'ont fondé, que je continue d'apprécier, car comme lui, je me suis adouci.
Ce canard que j'aime bien pour ses trouvailles en matière orthographique, lexicale et grammaticale (je n'ai jamais réussi à savoir si vous disposiez d'une machine à créer de nouvelle fautes dans les sous-sols de la rue Béranger ou si vous importiez vos articles sans les vérifier  d'un pays non francophone mais œuvres d'étudiants qui vous ont bien eu avec de faux diplômes de lettres françaises).
Je continuerai donc à le lire, mais en l'achetant  chez mon marchand de journaux, qui sera bien content, malgré la pingritude des messageries de presse, de gagner quelques cents en me le vendant chaque matin.
Quant à moi, je serai enfin mis au courant de nouvelles sans intérêt du parti que je ne soutiens pas et de disputes toujours palpitantes qui montrent à l'envi que la gauche fait tout son possible pour se faire bouler à la prochaine élection du président de la République...

Je me précipite donc afin de vous envoyer illico la lettre que vous réclamez.
Lettre dont j'espère qu'elle vous sera déposée avant la fin de mon abonnement ce qui me permettra de faire de substantielles économies.
Car votre journal, que je suis censé recevoir à un tarif préférentiel, se trouve grevé d'une taxe de 1,40 € que je suis obligé d'acquitter si je veux le lire le matin de sa parution 

Veuillez agréer, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, mes salutations.

Le goût des autres

Abonné N° xxxxxxx2 

 

samedi, 26 mars 2011

Les quartiers d’Orange

On peut penser ce que l'on veut des « hot lines » mais elles ont un mérite énorme:

 

Outre qu'elles permettent de sous-payer des jeunes gens à se faire engueuler à longueur de journée -ils s'en fichent, ils sont à dix ou douze mille kilomètres de chez vous-, elles font plus pour le respect de la langue française que les media, qui auraient plutôt tendance à la faire descendre au niveau du pidgin.

Figurez-vous en effet qu’Orange, mon fournisseur d’accès (non, non, je n’écrirai pas « access provider ») a, comme assez souvent, des problèmes avec la transcription des données de ses clients en cas de déménagement, ce qui entraîne immanquablement chez moi des problèmes pour vous lire.
Pensant d’abord à un problème technique,  j’appelai donc le service adéquat (à 0.154€/mn) et, au bout de près de dix minutes d’attente, une voix charmante s’enquit de ma demande.

Elle s’exprimait dans un français parfait et resta néanmoins interdite quand je lui demandai en français de la rue courant « votre truc est encore tôlé ? »

Comme cette jeune fille était aussi étrangère que bien élevée, je réitérai donc ma réflexion en un français plus académique. Elle répondit à ma question en remarquant qu’elle avait des difficultés avec le système informatique mais qu’elle écoutait ma requête avec intérêt.
Céline –oui, elle dit s’appeler Céline, malgré un accent qui m’aurait amené à l’appeler Malika- m’assura donc qu’elle procédait immédiatement à une vérification de ma ligne et de mon contrat.

 

Il ressortit des vérifications que ma ligne, liée au central de Puteaux était certes moins performante que celle de Caen où le central était à cinq cents mètres de la maison mais acceptable tout de même.

Mieux, il me fallut moins d’une minute pour savoir qu’il s’agissait en fait d’une erreur de mon fournisseur d’accès qui, comme d’habitude est incapable, en cas de déménagement, de se contenter de changer l’adresse et le numéro de téléphone du client sans  changer les termes du contrat et avait  abaissé le débit de ma ligne à 1 Mb/s alors que son débit admissible est de 8 Mb/s…

 

J’ai donc passé 16 minutes et 24 secondes, sur la foi de l’horloge du téléphone pour avoir deux minutes significatives, soit 14 minutes et 24 secondes pour je ne sais quoi.

 

Sur 2,5256 € de communication,  2,2176 € sont distraits pour écouter des musiquettes sans intérêt (sauf pour Orange) et pour constater que les « hot lines » ne disposent que du Littré.

 

Je me demande, à la lumière du français peu académique que j’entends dans le bus, comment font certains pour appeler Orange ou autres opérateurs en cas de problème…

 

samedi, 26 février 2011

Un richard sinon rien.

Une nouvelle vient de me sortir de ma torpeur post-anesthésie : Le plus grand CHU d’Europe, l’AP-HP, vient une fois de plus de changer de mains.
Et qui c’est-y qui a récupèré cette institution fin 2010 avec la charge d’en faire « une affaire rentable » ?
Madame Mireille Faugère.
Cette brillante gestionnaire issue de HEC, est célèbre pour avoir fait de la SNCF, ce bijou du transport européen,  une entreprise soucieuse avant tout de son résultat financier, soucieuse de licencier et d’économiser sur un service de plus en maigre, de plus en plus mal rendu, avec des trains de moins en moins propres, de moins en moins ponctuels, de plus en plus chers et dont le prix du billet ressemble à s’y méprendre à une loterie.

Donc, ce brillant exemplaire de l’école dont la devise cachée est « make more money, the rest, don’t care ! » va devoir désormais expliquer aux malades que non, ils ne seront plus soignés en fonction de leurs besoins mais en fonction de leurs moyens et du résultat net de l’hôpital.
Et ça commence très fort par une baisse des personnels soignants mais une hausse des activités hôtelières de l’hôpital public.
Vous savez que depuis le début de la politique de modernisation de la santé et du souci du confort du patient, la tendance est à remplacer les salles communes et chambres à plusieurs lits par des chambres individuelles.
Pas folle, notre guêpe s’est illico rendu compte qu’il y avait là un « gisement de profit », comme disent les « top managers », ceux qui conduisent au suicide les « les managés de la France d’en bas » .

Elle a donc immédiatement décrété que la chambre individuelle serait facturée 45 € par jour, en plus du forfait hospitalier, bien sûr, on n’est pas là pour rigoler.

Pour éviter tout risque de contestation, sa lettre de mission est volontairement non divulguée car sa mission ne se limite pas à faire payer 45 € par chambre aux mutuelles, qui vont bientôt coûter aussi cher que les assurances santé américaines.
Et cette divulgation pourrait bien coûter son bail élyséen à notre énervé en chef en 2012…
Nous avons, selon certains quolibets  « un président des riches », il semblerait qu’il ait en plus pris pour habitude de ne plus utiliser des gens du corps de métier pour assurer les missions de service public mais des « winners » plus expérimentés à préserver  les intérêts et faire croître les avoirs des possédants qu’à assurer le fonctionnement normal d’un service public : Assurer  le meilleur service possible à l’usager pour un coût raisonnable pour les finances publiques, il n’est pas question de gagner de l’argent mais d’en dépenser raisonnablement. .
Là, au contraire, on voit qu’il est surtout question d’assurer une marge confortable aux entreprises privatisées de façon furtive et ce, quels que soient les dégâts causés au service public.
Et nous pouvons le constater avec EDF dont le président, issu lui aussi de HEC, s'est rendu célèbre pour avoir voulu cumuler le post de PDG de sa multinationale, sa retraite chapeau et un traitement de PDG d'EDF copieusement augmenté (près de 47%) en regard de celui de son prédécesseur.
Nous avions des hauts fonctionnaires issus de l'ENA choisis pour servir.
Nous avons des gestionnaires issus de HEC manifestement là pour se servir.
On sent bien là, que ces gens-là, monsieur, sont guidés par le sens de l'Etat et de l'intérêt public...

mercredi, 16 février 2011

Télé à chats…

Au hasard de mes pérégrinations, je tombe parfois sur des réactions qui, si je les comprends sur le coup, me laissent tout de même pensif et me poussent à y réfléchir à deux fois.

Ce n'est pas la première fois que je lis des réactions outrées au « libertinage » dans la publicité nuitamment diffusée.
Ce qui me frappe c'est qu'une majorité semble considérer comme allant de soi que les gamins se complaisent à regarder des gens s'entretuer à coup de gourdin, de flingue, s'achever à coups de pied dans la figure et autres méthodes raffinées d'égorger son prochain sans pour autant tenter d’y mettre le holà.

Mais ce qui me frappe encore plus, c’est que la même majorité soit affolée, voire absolument scandalisée, à l’idée que ces chérubins puissent apercevoir  l’aréole d’un sein, entrevoir le haut d’une cuisse ou le sommet d’une paire de fesses.

Je crains fort que, sous la pression du « tu gagneras plus », les exhortations « tu ne tueras point » et « aimez-vous les uns les autres » ne soient devenus « tuez-vous les uns les autres » et « tu n’aimeras point ».

On peut –et on doit- ergoter sur le côté peu délicat de l’approche et la place faite à la femme qui souvent ne peut vaquer à son gré que dans le couloir qui mène de la cuisine à la chambre à coucher.
Mais je constate que ce que n’importe quel être humain normalement constitué pratique régulièrement dans l’huis clos de sa chambre  semble relever du secret d’Etat.
L’idée même d’effleurer le sujet –on n’en est pas (encore) à la description clinique de l’acte de chair, n’exagérons pas- semble toujours soulever beaucoup plus d’indignation que les séances d’étripage généralisé offertes gracieusement aux yeux chastes – chastes mon œil !- de nos chers petits.

Je vais bientôt en venir à penser, pour paraphraser Jacques Brel, que
«  Chez ces gens là, monsieur, on ne baise pas, on tue »...

lundi, 07 février 2011

Le crépuscule des vieux.

Je ne sais plus exactement à quoi nous rêvassions hier soir, Heure-Bleue et moi pendant le dîner.
Il était vaguement question de souvenirs et, de souvenirs en attendrissements, nous en vînmes à parler de jean’s.
Pourquoi ?
Mystère…

Je me souvins d’un coup qu’elle et moi portions, à l’orée des années soixante-dix, des jean’s Newman, en velours milleraies.
Je lui en parlais aussitôt.
Nous nous rappelâmes, un rien bêtasses, le sien. Elle était si mince qu’elle portait un ceinturon monstrueux pour le faire tenir.
En fait j’ai surtout souvenir que derrière la boucle il y avait une épingle à nourrice pour lui éviter d’avoir le pantalon sur les chaussures en pleine rue…
Elle m’a rappelé le mien, un 36 qui ne me serrait pas.
Je lui ai rappelé le sien, un 34 qui tenait grâce à la fameuse épingle.

J’ajoutai, un rien pensif « on ne pourrait plus mettre ces jean’s Newman aujourd’hui. »

Et là, Heure-Bleue m’a fait tomber de ma chaise en assénant cette sentence grandiose « Ben, c’est normal, c’est plus la mode… ».

Qui a prétendu qu’on vieillissait ?