jeudi, 29 octobre 2020
Ausweis.
On nous l’a dit très fort « Vous êtes consignés ! »
Puis, plus doucement « Sauf que… Et… Ainsi que… Mais… »
Il nous a dit en substance « La vie est plus importante que les considérations financières ! »
Comme il faut bien éviter une hécatombe, il faut donc rester chez soi.
Tout en travaillant quand même.
Donc chacun chez soi.
Sauf les enseignants qui doivent enseigner dans les écoles.
Sauf les élèves qui doivent être enseignés dans les écoles.
Sauf les maçons qui doivent maçonner, les livreurs livrer, les caissières encaisser, les usines tourner et surtout les soignants soigner.
Ceux qui doivent travailler chez eux – « télétravailler » - n’ont pas forcément de la chance.
Pour avoir exercé mon métier à la maison, je sais que le débordement du temps de travail sur la vie de famille est fréquent et ne va pas sans problèmes quand ça devient fréquent.
Bref, il faut quand même aller au charbon pour les uns et à l’école pour les autres…
Une nouvelle mauvaise passe se dessine dont ne sait comment on se sortira car c’est bien connu : Une mauvaise passe, c’est un piège.
C’est un peu comme une femme amoureuse.
Mais en moins agréable…
Il est facile d’y entrer et on a beaucoup de mal à en sortir...
Bref, on est parti pour l’incertitude habituelle.
Mais en pire…
11:35 | Commentaires (12)
lundi, 26 octobre 2020
Devoir de Lakevio du Goût N°54
Cette photo de Walker Evans semble nous dire quelque chose.
Elle me rappelle quelque chose.
Mais quoi ?
Peut-être un film...
Ou autre chose.
Si vous avez une idée, dites le lundi.
J’ai vu pour la première fois cette photo de Walker Evans en allant à une exposition au Centre Beaubourg.
J’y ai vu des photos, certaines épouvantables, d’autres attendrissantes mais celle-ci m’a sauté à la mémoire.
Pas parce que cet homme est un bel homme à l’air malheureux.
C’est tout autre chose, quelque chose de quasiment insignifiant mais qui a attiré mon regard et m’a tiré par le fil de ma mémoire.
Car c’est bien ce qui s’est passé.
Ce n’est pas moi qui ai tiré le fil pour ramener un souvenir, non, c’est le détail qui m’a tiré par la mémoire et entraîné dans les méandres d’un passé par moments mouvementé.
Le détail ? L’agrafe de la salopette de l’homme.
Mon père avait une salopette comme ça.
J’ignorais tout de la rudesse de l’époque.
Je ne la voyais que rarement, cette salopette car mon père mettait un point d’honneur à être habillé en « homme normal » quand il sortait de l’usine Boulevard Sérurier.
Comme pour beaucoup d’ouvriers de l’époque, la « gamelle » restait souvent à la maison pour cause de vacuité et, ces jours-là, le déjeuner se résumait à faire un tour sur le boulevard en mangeant une demi-baguette…
Il est toutefois arrivé qu’il revint à la maison « en bleu ».
Ma mère détestait autant que lui qu’il fût dans la rue autrement qu’en « homme normal ».
Il y avait de bonnes raisons à ça car quand mon père arrivait « en bleu » c’est que quelque chose de désagréable se profilait à l’horizon.
Ce jour-là, celui où l’agrafe de la salopette m’a frappé, je me le rappelle bien parce que j’ai encore honte de ce que j’ai pensé.
Ce soir-là, donc, mon père est arrivé à la maison, a posé son « sac-seau » par terre et a dit « Ma poule ! Je travaille de nuit samedi et dimanche… »
Et il n’était pas content parce que le dimanche était le seul jour de la semaine où il se reposait.
Et j’ai eu le culot de dire quelque chose comme « Youpee ! C’est bien, papa ! »
- Pourquoi ça, mon fils ?
- Ben, peut-être que maman pourra acheter un gâteau.
Je mentais effrontément mais mon père m’a passé la main dans les cheveux.
Ma mère a dit « Lemmy ! Il a plein d’épis ! J’ai un mal fou à le peigner ! »
Je rougis encore à me rappeler ce que j’ai réellement pensé à ce moment-là.
Vous ne le savez pas mais le dimanche, « mon » dimanche, était régulièrement gâché par la sieste de mon père épuisé après des nuits de neuf heures agrémentées de deux ou trois « heures sup’ ».
Mon père avait alors besoin du football à la radio pour dormir.
L’émission commençait toujours par la chanson « Chantons pour le sport » par André Dassary.
Dès que j’entendais
« Chantons pour le sport !
D'un cœur joyeux, chantons l’essor de la jeunesse
Qui se moquant de la gloire,
Vole vers la victoire ! »
je savais que mon dimanche était mort.
Mon père dormirait tout l’après-midi et je ne pourrais rien faire d’autre que lire.
J’avais tout essayé.
Rien n’y faisait.
Je baissais la radio petit à petit mais dès que le niveau devenait trop faible, il se réveillait en sursaut et disputait tout le monde…
Ma mère remontait le son de la radio et mon père se rendormait...
Depuis ?
Depuis, mon père me manque.
Pas les salopettes ni le sport à la radio, seulement mon père…
07:55 | Commentaires (29)
dimanche, 25 octobre 2020
Kistchissime !
J’avais déjà remarqué sur certaines gens avec qui je partage le 95, une chose laide et surprenante.
Oui lectrices chéries, la « doudoune sans manches » m’a toujours surpris.
Outre que je trouve ce machin terriblement laid, il me paraît étrange.
Porter une « doudoune sans manches » me semble aussi déplacé que porter des chaussures de ski en maillot de bain ou mettre un pull pour plonger dans la piscine…
Mais hier, j’ai vu pire.
Quand vous avez peur et que vous imaginez quelque chose d’abominable, il se peut que l’Enfer tel que peint pas Jérôme Bosch vous vienne à l’esprit.
Eh bien, hier j’ai vu quelque chose de pire que la « doudoune dans manches ».
Hier, nous avions rendez-vous au « Grand salon » du Hilton – ne frémissez pas de crainte, le café y est plus cher qu’au comptoir du bistrot de la place mais reste tout à fait abordable- pour y rejoindre des amis.
Nous sommes arrivé entiers à l’arrêt du 95.
Ne prenez pas cet air surpris, lectrices chéries.
C’est une performance quand on sait qu’Heure-Bleue n’hésite pas à faire remarquer à un type de trente ans qui mesure un mètre quatre-vingt-dix et pèse quatre-vingt-quinze kilos « qu’il porte son masque autour du cou et que ce n’est pas bien du tout et qu’il devrait avoir honte ! Non mais ! »
Surpris d’être assis normalement dans le 95 et pas allongé dans une ambulance, je regardais la rue défiler, admirant la constance du Parisien, toujours prêt à arpenter sa ville quelles que soient les décisions prises par les autorités pour l’en dissuader.
Arrivés à la station « Place de Clichy » une femme est montée dans le bus.
Et là, j’ai failli tomber de mon strapontin !
Elle portait « un haut » de la famille de la « doudoune sans manche » mais absolument kitschissime.
Ouaip ! Lectrices chéries, elle portait une veste dont j’ignorais même que l’idée en pût venir à l’esprit d’un styliste.
Elle portait une veste de vison sans manches !!!
Ouais ! Et sur un pantalon de « rayonne » me sembla-t-il.
La « doudoune sans manches » en vison existe, je l’ai vu, de mes yeux vu !
La vêture improbable ! Le truc qu’on n’imagine même pas dans ses pires cauchemars !
Saisi que je fus par l’accoutrement de la dame, je suis incapable de vous dire à quoi elle ressemblait.
Comme disait Verlaine quand il regardait une femme « Était elle brune, blonde ou rousse ? Je l’ignore. »
En attendant, si elle vient dans mes rêves, à coup sûr ce sera « un rêve étrange et pénétrant ».
La preuve, je vous en parle ce matin.
Une « doudoune sans manches » en vison, je vous demande un peu…
10:23 | Commentaires (14)
vendredi, 23 octobre 2020
54ème devoir de Lakevio du Goût
09:21 | Commentaires (15)
jeudi, 22 octobre 2020
Un masque de zozos...
Je vis dans une ambiance orageuse.
De plus en plus.
Le « confinement déguisé » dans lequel nous vivons nous tape sur les nerfs.
Les nerfs d’Heure-Bleue étant plus à fleur de peau que les miens, l’atmosphère s’électrise.
La maison est calme au point qu’on se demande si on ne risque pas d’être dérangé par l’odeur de viande avariée causée par la décomposition des corps des voisins.
Le temps s’y prête, le redoux et l’épidémie envoyant ad patres nombre de nos congénères…
Nous sortons donc pour des promenades palpitantes qui consistent essentiellement à ramener de quoi subsister quelques jours mais surtout pour voir à quoi ressemble notre quartier ces temps-ci.
C’est là que ça se gâte.
De là où nous vivons, deux directions s’offrent à nous pour acheter de quoi manger.
Environ six cents mètres vers le sud-est quand on cherche quelque chose de bon et un chemin agréable pour le trouver.
Environ six cents mètres en direction du nord-ouest quand on cherche le « tout venant » à prix raisonnable et autres produits à éviter le « linge entièrement rose » ou simplement des pâtes ou du vinaigre blanc.
Les différences essentielles résidant dans la population et les prix pratiqués par les échoppes.
Petites et chères au sud-est, grandes et abordables au nord-ouest.
Hier, c’était « tout-venant » à l’exception du vin chez un caviste.
C’est là que la différence de population joue son rôle et pousse Heure-Bleue à endosser la cape de Zorro en plus du masque de Castex.
Son côté « justicière du monde » prend le dessus et rend l’achat de lessive risqué…
Pourquoi ça ?
Eh bien parce que les gens « du bas de la colline » se foutent allègrement des règlements et consignes édictées par le gouvernements.
Les plus jeunes parce qu’ils pensent ne rien risquer et oublient papa, maman, papy et mamie…
Assez étrangement ce sont plus les hommes que les femmes qui se pensent immunisés contre les coups du sort et portent le masque sous le menton ou simplement n’en portent pas.
Et la lumière de mes jours peste, les apostrophe, râle tout le long du chemin, me tire par un bras d’un côté de la rue ou de l’autre, nous fait marcher dans le milieu de la rue comme si se faire renverser par une camionnette était moins grave qu’attraper le Covid…
Au hasard de mes pérégrinations, j’ai lu que si le covid-19 avait une action émolliente sur le membre viril, on aurait trouvé un traitement efficace en dix jours.
Bon, ce n'était pas dit en ces termes mais l'esprit y était.
Je retire de tout ça que si le Covid ne nous arrache pas prématurément à l’affection des nôtres, nous risquons de ne pas réchapper des désinfectants ou pire, de la vindicte des « sans masques » soulevée par les objurgations de la lumière de mes jours…
Comme Heure-Bleue, je trouve que 2020 est une année de m… !
Pire, je pense que 2021 ne sera pas plus clémente et que notre efficacité sur le cours des évènements sera nulle car, si je me fie à ce qui s’est passé au cours de quatre-vingts dernières années, cette pandémie fera comme les deux précédentes.
Elle causera, comme la grippe asiatique en 1958 et la grippe de Hong-Kong en 1968, environ deux millions de morts en deux ans, environ cinquante millions de malades et s’éteindra.
Cela dit, j’aimerais atteindre 2022 sans m’être fait écharper par un type « sans masque » agacé par les remarques d’Heure-Bleue.
10:26 | Commentaires (8)