mercredi, 28 décembre 2016
Les « yeux miroir ».
Hier j’ai échappé de peu à une torture qu’aime m’infliger Heure-Bleue.
Oui, lectrices chéries, la lumière de mes jours aime me traîner dans les rues quand il fait un froid sibérien.
Elle n’a pas une bonne excuse à m’opposer tous les hivers alors je suis obligé de me traîner lamentablement, recroquevillé dans un manteau, emmitouflé au point d’à peine voir mon chemin, une écharpe me protégeant mal du vent, me cachant le visage du cou aux paupières inférieures.
Eh bien hier, j’ai échappé à ce qu’elle a le culot d’appeler « une promenade ».
Merveille et P’Tite Sœur sont venues à la maison.
L’Ours les a amenées avec probablement dans l’idée de passer un après-midi au calme avec JJF.
J’ai donc préparé aux petites ce qu’elles désiraient pour déjeuner.
L’œuf coque de Merveille avec des mouillettes de pain frais légèrement beurré.
J’ai goûté ces mouillettes et j’ai failli me faire un œuf coque.
P’Tite Sœur qui habituellement veut un « œuf soleil », celui qui a poussé votre serviteur à acheter la petite poêle exprès, celle qui permet de faire « l’œuf cinéma », au jaune parfaitement placé au centre d’un anneau de blanc dont le bord extérieur est doré.
Bref, l’œuf de compétition.
Eh bien non, P’Tite Sœur a voulu de mes spaghetti !
Le repas terminé, Heure-Bleue a commencé sa danse des sept voiles du manteau.
- On devrait les emmener au jardin, tu ne crois pas Minou ?
J’ai répondu prudemment « Grmmbllblbl… »
Sautant sur l’occasion de passer un moment tranquille avec son papy pour elle seule, Merveille a dit :
- Mamie, j’ai un peu mal au ventre, je vais avoir froid, je vais rester avec papy…
P’Tite Sœur, ravie d’avoir mamie pour elle seule, a pris son manteau et la main de mamie.
La porte à peine claquée, Merveille allait beaucoup mieux, elle a trouvé le « Boggle » et nous y avons joué un long moment jusqu’à ce qu’elle veuille faire une partie de « course d’escargots ».
C’est un peu comme le jeu des « petits chevaux » mais le galop d’escargot est moins effréné que celui des chevaux…
Heure-Bleue est revenue avec P’Tite Sœur.
Elles étaient superbes toutes les deux, les joues rosies par le froid et leurs yeux clairs encore plus lumineux que d’habitude.
Elles ont vraiment des yeux magnifiques.
Evidemment, elles ont les mains froides mais moins que les pieds de la lumière de mes jours.
P’Tite Sœur a tenu à monter sur mes genoux pour regarder les photos.
Alors Merveille a vu se réveiller son mal de ventre…
Heure-Bleue a raconté une histoire à Merveille tandis que j’ai préparé un gâteau au yaourt avec P’tite Sœur.
Qui a évidemment « tout fait toute seule »…
J’ai échappé à la promenade hivernale que je déteste.
Heure-Bleue a eu la promenade hivernale qu’elle aime.
Elle a bien joué avec P’Tite Sœur.
J’ai bien joué avec Merveille.
Comme dit ma blogueuse préférée, « c’était bien »…
10:29 | Commentaires (7)
lundi, 26 décembre 2016
Le jour de l’an douille…
Hier soir j’ai posé le dernier tome des « Brèves de comptoir ».
Oui lectrices chéries, il m’arrive de faire l’effort de lire des choses beaucoup plus sérieuses que « La dissociété » ou « Le Capital au XXIème siècle » que je n’ai pas encore ouvert alors qu’il est devant moi depuis des mois...
J’ai fureté dans le bordel qui encombre la petite console bancale qui me sert de table de nuit à la recherche de quelque chose à lire.
J’ai lu quelques pages de « La fille du train » et ça ne me branche pas.
J’ai repoussé, avant qu’il ne tombât, « Cent et un contes », que j’ai acheté d’occasion pour le lire à Merveille et qui depuis dort dans le tas de bouquins.
C’est un livre que ma grande sœur m’avait offert dès sa sortie il y a… Bref, c’était en 1956.
Je le sais, j’ai regardé sur la page de garde.
J’ai failli faire tomber la petite valise de carton bouilli, rouge, qui contient tous les bijoux d’Heure-Bleue.
Cette petite valise qui comble Merveille qui adore fouiner dedans et essayer les bracelets.
Un bouquin a glissé, je l’ai rattrapé au vol et j’ai été content parce qu’un livre qui atterrit à plat sur le plancher claque comme un coup de fusil.
Il est entouré de la bande rouge « Modiano Prix Nobel ».
J’avais aimé, il y a longtemps, très longtemps même, « La place de l’Etoile ».
Mais si lectrices chéries, rappelez vous cet officier allemand qui s’approche d’un jeune homme et demande :
- Pardon monsieur, où est la Place de l’Etoile ?
Et le jeune homme de lui montrer le côté gauche de sa poitrine.
Là, j’ai rattrapé au vol « Villa triste » juste avant que « Dora Bruder » ne tombe à son tour.
J’ai rêvassé un moment de cet explorateur expert de la mémoire.
Vous ne trouvez pas que la mémoire est quelque chose de fascinant ?
Quelles ficelles sont tirées pour qu’une odeur fasse surgir une image ?
Quel miracle fait qu’une image fasse revivre un pan entier d’existence ?
Je n’ai rien pris dans le tas de bouquins, je les ai remis tant bien que mal à leur place.
Je n’ai rien dit à Heure-Bleue, je lui ai juste fait un bisou et je me suis tourné.
En fermant les yeux, je me suis dit que j’aimerais vraiment retourner à Paris.
Je crois bien que je sais ce qu’est Paris.
Comment ça se vit, comment on y erre comme dans un espace étrange, fait de temps, de sensations, ou le temps lui-même est quelque chose d’instable, fait d’allers « normaux », vers le futur, de regards derrière soi, vers un passé si présent qu’il vous serre la gorge.
Alors je me suis endormi en flânant, à moins que je n’aie flâné avant de sombrer dans le sommeil.
11:43 | Commentaires (10)
dimanche, 25 décembre 2016
Même les bals hivernent…
C’est le jour de Noël mais je sais que le boulanger est ouvert alors je suis descendu chercher du pain.
Ô surprise !
Pas un gosse dehors.
Pourtant il ne fait pas vraiment froid, ce n’est pas un jour de Noël avec de la neige partout mais la rue est vide.
J’ai repensé aux lendemains de réveillon de mon enfance.
A la même heure, vers onze heures, il y avait plein de gosses dehors.
Emmitouflés de gros manteaux à capuche, pas des « duffle coats » non, simplement de gros manteaux à capuche avec l’écharpe qui entourait le cou autour de la capuche.
Les filles derrière de petites poussettes bleu marine aux roues de tôle peinte.
Les garçons tirant des camions rouges qui faisaient un potin épouvantable parce que de la tôle, même peinte en rouge, sur des roues pas très rondes brinquebalant sur des pavés disjoints, ça fait du bruit…
Il y en avait même avec un vélo rouge, ceux avec les petites roues à l'arrière.
Ils ne le prêtaient pas facilement mais des fois, oui, quand même...
Ça ferait la même chose plus tard avec les mobylettes, mais pas pour jouer aux mêmes jeux.
Voilà à quoi je pensais en allant chercher le pain.
Sans doute parce que Heure-Bleue m’a lu ce matin de Noël un article où le docteur Cyrulnik parlait de la socialisation des enfants qui se faisait dans la rue.
Lui aussi habitait vers la Porte de Clignancourt et a joué dans la rue.
Je suis sûr qu’il avait un camion rouge lui aussi…
10:44 | Commentaires (7)
jeudi, 22 décembre 2016
Faire tourner l’étable...
Je suis passé devant la ferme.
Tout était éteint.
C’est un peu plus loin, devant une des dépendances, peut-être bien une étable, que j’ai entrevu une lumière vacillante.
Je me suis approché, craignant qu’un incendie ne se soit déclaré.
J’ai jeté un regard à l’intérieur, entre les planches disjointes de la porte.
Et non, ce n’était pas un incendie mais compte tenu de la société, probablement une longue vie d’emmerdements débutait là.
Un môme, vaguement enroulé dans un chiffon, était posé sur la paille.
Un bœuf, se penchait sur lui, soufflant.
Ça commençait bien, j’étais sûr que le môme allait débuter directement par la fièvre aphteuse.
Ou il allait finir piétiné par le bœuf.
A moins que ce ne soit par l’âne qui attendait que le bœuf ait fini de lui souffler ses miasmes pour en faire autant…
Pour ne rien arranger, sa mère était voilée et le mec à côté, probablement son père, portait une djellaba et avait l’air très emmerdé.
C’était mal barré pour ce gosse, à tous les coups, encore un petit rebeu…
Ça sentait le couple « d’étrangers en situation irrégulière ».
Des migrants moyen-orientaux.
En plus, ça avait beau être silencieux, ça faisait quand même un peu nouba, dans l’étable.
Et puis il y a ces trois autres types bizarres.
Déjà il y a un black, ça détonne parce que dans ce bled, si t’es pas blanc, tu te fais salement regarder de travers.
Déjà rien que si t’es basané t’es mal vu.
A tous les coups, demain on va lancer un avis de ratonnade…
En plus, il y a un « noich », le troisième, c’est un Gaulois, comme vous et moi.
Ils sont fringués zarbi mais bon, aujourd’hui tout le monde s’en fout.
Quand même, je ne peux pas laisser ce môme comme ça.
Maté par des types bizarres et mal surveillé par des parents complètement paumés.
Je sors mon portable et j’appelle Emmaüs avant qu’il y ait un drame.
Sinon ce gamin va mal finir, c’est sûr et on va encore en parler pfff… des siècles...
11:05 | Commentaires (18)
mercredi, 21 décembre 2016
T’as d’beaux vieux tu sais…
De rien Mab, de rien...
Quand j’ai entendu hier que Michèle Morgan était morte, je dois avouer à ma grande honte que j’ai pensé fugitivement « Ah quand même ! Aznavour va pas traîner…»
Reste Danielle Darrieux qui est quand même née pendant la guerre de 14-18…
Y penser m’a réveillé car je dormais depuis des jours.
Endormi près du radiateur comme tout cancre qui se respecte.
Interpellé par une Heure-Bleue bonne élève, je fus sorti de mes rêves le temps de faire le devoir de Lakevio.
Je m’y suis mis de mauvaise grâce.
Je dois même avouer avoir bâclé le travail.
Aujourd’hui c’est autre chose.
Tout va mieux, du moins va aller mieux.
Non que la paix se soit soudainement étendue sur le monde, non.
Mais quelque chose d’important tout de même.
Aujourd’hui, ou hier je ne sais exactement, c’est le solstice d’hiver.
Et ça, c’est vachement bien lectrices chéries.
Parce que ça veut dire qu’à partir de maintenant si ce n’est de tout de suite, les jours allongent.
Oui ! Les jours allongent dès aujourd’hui !
Encore trois ou quatre mois de patience et les jours auront tant allongé que les habits vont raccourcir.
Même si depuis plusieurs années mes espoirs ont été bizarrement déçus.
J’attendais le passage des ourlets au dessus des genoux des filles.
Hélas, trois fois hélas, c’est la ceinture des jeans qui descendait jusqu’à montrer le sillon fessier des garçons.
Mais je fais contre mauvaise fortune bon cœur.
Les jours allongent...
09:34 | Commentaires (10)