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lundi, 19 décembre 2016

Postraphaélite…

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Quand j’ai vu ce tableau la première fois, je me suis dit « tiens, le « peintre des femmes » vieillit ! »
Je me rappelle ses toiles plus anciennes.
Il y peignait des femmes plus minces et plus souriantes.
Aussi belles que celles des Préraphaélites.
On pouvait les prendre pour celles si tentantes et si bien peintes sur les toiles de lord Alma-Tadema.
Mais ce détail d’Eurypyle a quelque chose « d’Eurypylant ».
Oui, le cou de cette femme.
Et le tissu qui couvre les salières de la reine des Amazones.
Il n’est pas à la portée de n’importe qui de rendre aussi bien la texture et l’aspect du « linon ».
Ce tissu qui est si doux qu’il était réservé aux petites chemises des nouveau-nés et au « linge de corps » des dames.
Cette chemise…
Et ce col qui incite à l’indiscrétion.
Avec ces plis parfaits et un peu lâches qui laissent juste de quoi y passer un doigt et tirer légèrement pour admirer ce qu’il cache.
Et ce cou ! Mon dieu, ce cou !
Penché juste ce qu’il faut pour montrer qu’il n’attend que les lèvres qui ne manqueront pas de se poser délicatement dessus.
Je suis sûr qu’il l’a peinte comme ça, exprès.
Exprès pour qu’on ait envie d’y passer un doigt et tirer sur ce col.
Histoire de vérifier qu’on a autant envie d’embrasser la peau qu’il y a dessous que celle du cou, largement exposée.
Bien sûr, il faudra retirer ce collier...
 

jeudi, 15 décembre 2016

Les mères veillent…

Heure-Bleue est malade et elle a eu envie de croissants.
Alors ce matin, je suis allé chercher le pain et deux croissants au beurre.
Là, j’ai croisé un chat qui traversait la rue.
Ça m’a rappelé que non, ma mère n’avait pas toujours été étouffante, jalouse et indiscrète.
« Rrrhhhoouuuu !!! Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu ! »
On ne l’a jamais vraiment su.
Ma mère était comme ça.
On était des enfants, on faisait des bêtises.
Bon, des fois des grosses.
Comme le jour où on a failli tuer le chat.
Oui, on a voulu voir s’il pouvait faire comme notre père, sauter en parachute.
Alors on l’a pris, on l’a attaché aux coins du plus grand carré de soie que ma mère avait et on l’a jeté par la fenêtre.
Il s’en est tiré sans mal.
Pas nous parce que quand on est remonté avec le chat, il a bien fallu expliquer pourquoi le chat était dehors attaché à son écharpe et pourquoi il s’est précipité sous le lit à peine arrivé à la maison.
Evidemment ça s’est gâté, on a tous pris une volée, enfin ceux qui étaient là.
Et c’est là que ma mère a recommencé ses « je ne vous souhaite pas de mal mes p’tits enfants ! Seulement d’avoir des enfants comme vous ! »
On n’a rien dit sur le coup parce qu’on savait que quand suivait le « Je ne vous laisserai pas devenir comme ces voyous ou ces filles de la Porte de Clignancourt ! », on avait intérêt à se faire oublier.
On savait qu’elle s’était un peu calmée quand arrivait ce « Rrrhhhoouuuu !!! Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu ! »
On attendait le « pour avoir des enfants comme ça ! »
Là on ne disait rien.
Mais si ça s’arrêtait avant le « pour avoir des enfants comme ça ! », on savait qu’on pouvait jouer au lieu de faire semblant d’être sage.
Pour être franc, comme j’étais beaucoup plus crédule qu’aujourd’hui, je me suis longtemps demandé ce qu’elle avait bien pu faire au bon dieu.
J’ai failli le savoir une fois quand mon père était là.
On avait encore fait une bêtise.
Ma mère a dit le « Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu ! »
J’ai demandé tout bas à mon père « mais qu’est-ce qu’elle a fait au bon dieu maman ? »
Il m’a dit à l’oreille « maman s’est mariée avec moi, alors il a été jaloux. »
J’ai regardé mon père avec admiration.
Ma mère a dit :
- Pas de messes basses sans curé !
- Rien ma poule, il a juste demandé ce que tu avais fait au bon dieu.
- Et qu’est-ce que tu as encore inventé, Gaby ?
« Gaby », c’était un mauvais plan.
Mon père le savait mais il lui a répété.
Ma mère a secoué la tête avec une espèce de sourire bizarre, avec juste les lèvres fermées qui bougent comme si elles tremblaient et elle s’est contentée de dire « Aaah… Lemmy… Tu ne changeras jamais… »
Là, j’ai compris le bon dieu…

mercredi, 14 décembre 2016

Boulevard du rhume.

Aujourd’hui comme hier, Heure-Bleue et moi mourons tranquillement.
N’attendez rien de moi.
Elle agonise à grand bruit.
Je meurs en silence.
Si, si, lectrices chéries, en silence !
Elle a 38.5 °C au réveil.
Tant que ce n’est pas 39.6 °C, elle vit.
J’ai 37.2°C, je suis à l’article de la mort.
Je soupçonne que le ciment de notre mariage, c’est ce degré d’écart entre nos températures centrales.
Assez curieusement, celle qui a le moins tendance à s’enflammer est normalement
à 37.2°C alors elle a besoin de fraîcheur.
Celui qui rêvasse, qui s’enflamme, tout ça, eh bien, lui est normalement
à 36.2°C alors il a besoin de chaleur.
Alors peut-être à demain…

lundi, 12 décembre 2016

L’humeur et l’art gent d’humeur…

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J’ai failli faire le devoir de Lakevio.
Puis j’ai failli ne pas le faire.
Non que l’image ne fût pas belle, non, c’est seulement que ça me semble trop difficile d’écrire quelque chose sur la tristesse automnale des autres.
En regardant cette aquarelle je me sens incapable de traduire ce qui me semble l’image des larmes qu’on devrait verser sur le monde.
Ce ne sont pas les étrangetés qu’on peut relever sur le papier détrempé qui m’importent.
Non, c’est cette traduction de la peine, du souvenir, du passage des saisons, des sensations perdues.
Ou simplement oubliées et ramenées là par la vertu du pinceau.
Cette Chinoise a quelque chose de japonais.
Elle me fait penser à Kawabata.
Elle a si bien traduit avec ses tubes de gouache la poésie de celui qui m’a ravi avec « Les belles endormies » ou « Pays de neige ».
Je vais arrêter là parce que tartiner sur le sentiment d’automne qui se dégage de cette aquarelle va m’amener à rêvasser à des choses passées et heureuses alors que je dois faire le lit « en grand » comme tous les dimanches.
Pourtant j’aimerais bien me noyer dans cette aquarelle.
En même temps, je donnerais n’importe que pour voir la lumière de mes jours se battre avec l’enveloppe de couette.
Elle fait ça si bien, ça m’amuse tellement.
Et en même temps...
C’est sûrement ça, l’automne…

dimanche, 11 décembre 2016

La muse gueule !

De rien, Mab, de rien…
Je viens de lire qu’on a inauguré le tunnel du Saint-Gothard.
Un tunnel qui va pousser Heure-Bleue à prendre l’avion.
Un tunnel de cinquante-sept kilomètres de long.
Il est censé raccourcir le trajet entre Zurich et Milan d’une demi-heure.
Je me pose quelques questions.
Que vont faire les voyageurs de cette demi-heure ?
S’en apercevront-ils seulement ?
Parce qu’une demi-heure passée à la lumière des tubes fluorescents et entouré de béton , ça doit paraître beaucoup plus long qu’une demi-heure à contempler les paysages magnifiques entre Zurich et Côme.
Ça m’a amené à me demander pourquoi il fallait se lancer dans des travaux pharaoniques qui durent quinze ans pour gagner une demi-heure qui sera perdue de toute façon dans des démarches administratives plus longues car il y aura plus de monde à s’y soumettre.
J’arrive tout doucement à la conclusion que c’est seulement pour nous occuper. Histoire sans doute d’éviter que nous mangions, nous logions et nous distrayions sans sortir de sous durement gagnés à faire des travaux qui ne servent à rien d’autre qu’à faire étouffer sous la richesse des gens qui n’en ont pas plus besoin que nous.
Au lieu de chercher à améliorer le bien commun, évoluer la médecine, favoriser les arts, éviter qu’une majorité ne vive dans le dénuement pour qu’une minorité s’étouffe au caviar, on nous fait faire des choses dispendieuses à l’utilité discutable pour nous faire gagner un temps qu’on perdra autrement.
L’espèce humaine est-elle une espèce intelligente ou seulement une espèce cinglée ?