vendredi, 16 mai 2014
Je n’aurais pas dû perde un œil, pourtant j’étais né pas laid…
Non, le confort n’est pas une notion relative !
À ceux qui, sous prétexte d’un séjour en prison ou dans un camp de réfugiés, prétendent que « le confort, bof, ça dépend » j’oppose ,un démenti formel.
Le T-shirt, par exemple, montre quelque rugosité à l’état neuf.
Au bout de quelques années, il atteint à cette douceur qu’on regrette dès qu’on a quitté le ventre maternel.
Au point que j'ai un mal fou à le laisser transformer par la lumière de mes jours en chiffon à poussière.
Pourquoi diable laisserais-je une commode ou un meuble quelconque profiter de la caresse quasiment sensuelle de ce T-shirt alors qu’elle est si agréable à ma peau ?
Il n’y a que la cruauté d’une épouse pour vous priver de ça !
A moins que ce ne soit la jalousie.
Allez savoir…
Bon, honnêtement, je réussis tout de même à préserver du goût d’Heure-Bleue pour le neuf –ça m’inquiète par moment quand je croise un miroir- , ces nids de douceur pendant un certain temps.
Cela dit, il va me falloir les quitter pour aller subir le « néphro-test » concocté et vicieusement amené par une mini-néphro qui s’est enfin décidée à apprendre comment manipuler les hommes –ce qui lui donne un air heureux qu’elle n’avait pas-.
Voilà pourquoi je suis obligé de mettre autre chose que ça :
Juste pour éviter la honte du siècle, non à moi mais à une Heure-Bleue qui a l’amour-propre ménager assez sourcilleux…
10:10 | Commentaires (4)
jeudi, 15 mai 2014
Les jours d'heureux pas sage...
Mon père, ce pied-noir au sourire si doux, avait parfois décidé dès le lever de taquiner.
« D’emmerder le monde » selon ma mère qui n’avait pas toujours soin d’éviter le « langage Porte de Clignancourt » dont elle nous protégeait à coup de taloche.
Elle ne disait pas toute la vérité qui était plutôt de l’emmerder, elle.
Et elle le savait. Aussi s’arrangeait elle pour ne pas passer trop de temps dans la même pièce que mon père.
Et ça ne marchait jamais.
Il commençait alors la journée par quelques piques soigneusement ajustées.
Les deux ou trois premières étaient accueillies par le sourire maternel.
Là, on pouvait être sûr que le piège se refermait et que le but indéfendable visé par mon père allait être atteint sous peu.
Au début, il pestait à mots couverts contre l’idée de faire le lit tout seul.
Il faut dire que ma mère était quelqu’un de très frileux, ne soupçonnait pas l’existence des couettes et aimait les couvre-lits épais, molletonnés et lourds comme des ânes morts.
Mon père avait un souffle rendu court par des années de clopes et le travail dans des produits qu’on n’oserait même pas regarder aujourd’hui.
Inutile donc de vous dire que l’idée de faire « au carré » un lit plein de couvertures, de draps épais comme l’humour de Canteloup et d’un couvre-lit de dix kilos ne l’enchantait pas. Il s’y mettait en pestant. S’arrêtait le drap du dessous à peine posé. Allait dans la cuisine fumer une cigarette. Disait à ma mère « tu sais que je t’aime toi ? »
Ça commençait insidieusement comme ça, vous dis-je.
Ma mère haussait les épaules, soupirait et grommelait « tu ferais mieux de finir le lit… »
Il y retournait en ayant posé sa cigarette sur le bord de la table et se faisait rappeler à l’ordre illico. La machine infernale démarrait insidieusement.
« Voyons ma poule ! Bon, je finis ma cigarette et j’y retourne. »
Tout se passerait bien si, au passage, alors qu’elle tenait une casserole sous le robinet, il ne profitait de l’occasion pour l’embrasser légèrement sur l’oreille.
Elle détestait ça et il le savait…
Elle se mettait alors « après sa peau » et l’engueulait de belle façon.
Lui la regardait d’un air enamouré –un peu faux-cul en réalité- et étonné.
Vous voyez le genre, l’air ébloui, plein d’amour et un peu niais.
Quand elle avait fini l’homélie, il la regardait encore silencieusement une dizaine de secondes.
Il retrouvait alors son accent pied-noir et déclamait « Ti sais que ti es belle, comme ça ma poule ! Ti es belle quand ti es en colère ! Ti as les étincelles qui sautent de partout ! Ti as les yeux qui rélousent ! Aïe aïe aïe ! Qué ti es belle ! Houuuu ma poule ! Viens m’embrasser ! »
Il s’en fallait de peu qu’elle ne l’estourbisse d’un coup de casserole ou ne le troue d’un coup de couteau.
Elle avait les yeux déjà très noirs, ils fonçaient encore plus. Elle se taisait, haussait les épaules et retournait à sa tâche.
Mon père, satisfait, allait finir le lit…
Il était heureux que nous autres, les enfants, ayons pu sortir après cette représentation d’une pièce que nous connaissions tous sur le bout du doigt et qu’on donnait régulièrement. Heureusement, la vie agitée de mes parents et leur absence courante nous rendait indulgents.
Jusqu’à ce que la mort de ma mère nous apprenne, à Heure-Bleue et moi, que deux de mes sœurs n’avaient pas cette indulgence.
C’est là que j’appris que je n’étais pas le seul à avoir quelques griefs envers ma mère.
Vous ne serez pas surprises, lectrices chéries, d’apprendre que c’était pour des raisons totalement opposées…
08:01 | Commentaires (10)
mercredi, 14 mai 2014
La grande vadrouille.
Hier nous étions le 13 mai.
« Et alors, Goût adoré ? Nous aussi on a un calendrier ! » vous exclamez-vous lectrices chéries.
Je le sais bien, voyons, mais ce n’est pas de la veille que je voulais vous parler mais d'un 13 mai un peu plus ancien.
Le 13 mai 1968.
Je vous assure, lectrices chéries, qu’il faisait un temps splendide.
Ce fut aussi la première fois que j’allais hurler « Dix-ans-c’est-assez ! Dix-ans-c’est-assez ! ».
Et pas tout seul.
Non parce que nous fûmes un million selon les organisateurs et deux cent mille selon la police mais parce que c’était la première fois que je manifestais avec mon père.
Il marchait bien pour un vieux de quarante-sept ans ! Bon, il ne courait pas vite.
Ce qui manqua lui valoir un coup de bâton ou un jet de canon à eau.
Il me surprit même car, extrêmement légaliste, c’était la première fois que je le voyais crier à la haie de CRS qui protégeait le Palais de Justice « v’nez-y ! C’est pas des gosses, là ! V’nez-y ! On a posé les fusils ya pas longtemps ! »
Bon, la fin de la guerre avait tout même vingt-trois ans mais il y a des évènements, comme ça, qui vous redonnent un petit coup de jeune.
C’était sympa…
Il y eut un moment d’émotion tout au long du boulevard Saint Michel quand la foule se mit à chanter l’Internationale.
Même la maréchaussée eut l’air admiratif devant ce chœur de centaines de milliers de chanteurs qui, pour une fois, disaient la même chose et réussissaient à chanter à l’unisson.
Ce qui est très rare quand on sait que la CFDT, la CGT, la CFTC, FO participaient à la manifestation alors qu’ils ne sont habituellement d’accord sur rien et sont ennemis depuis leur création.
Ce fut une belle journée. J’ai craint un instant que l’affaire ne dégénère et d’être obligé de traîner mon père bien plus lourd que moi.
Oui, si je l’avais laissé, il se serait en plus fait engueuler par ma mère sur l’air de « T’es bien resté gamin ! Et ton fils, hein ? Ton… MON fils ! Tu y as pensé ? »
Oui, ma mère était comme ça, dans l’ordre de l’amour qu’elle dispensait, il y avait d’abord elle, puis moi, puis mes sœurs et enfin mon père.
Et mon père pas trop…
J’imagine la sérénade s’il était revenu sans moi de la manif’, trempé jusqu’aux os d’un jet de canon à eau.
Non que la douche eut dérangé ma mère mais l’idée de gaspiller des francs pour porter au pressing un costume détrempé par mon père lui aurait arraché un sein.
Ce fut quand même un chouette moment même si, vers la fin de l’après-midi, nous pleurions et ne trouvâmes un bistrot ouvert que vers le BHV.
Ceux du Quartier Latin avaient eu la prudence de fermer dès midi.
Mon père remarqua benoîtement que les Auvergnats n’étaient pas si malins qu’on aurait pu le croire en se fiant à Pompidou, Auvergnat notoire et intellectuel brillant.
Mon père me dit pour l’occasion « Tu vois, fils, le mastroquet ne réfléchit pas ! Tu as vu tous ces flics ? Comme on sait qu’ils boivent comme des trous, avec ce mois de mai, ensoleillé et agité, rien qu’en ouvrant les jours de manif ils auraient fait fortune… »
Il s’est arrêté une minute pour reprendre un souffle qu’il avait court et a ajouté en secouant la tête « Je suis sûr qu’ils n’ont pas pensé aux milliers de pastis à servir… »
Oui, mon père avait ce souci de l’autre. C’était un type gentil.
Chiant parfois mais gentil, vraiment gentil…
07:07 | Commentaires (7)
mardi, 13 mai 2014
Ils ont sauvé les appas rances...
« Une traque mondiale pour retrouver les lycéennes enlevées ! »
Qu’ouïs-je ? Qu’entends-je ? Mes sens seraient ils abusés ?
Mais non… La radio vient de me jeter dans l’oreille cette ânerie tout même monumentale : « Une traque mondiale pour retrouver les lycéennes enlevées ! »
Ben voyons…
Cette façon de lancer de « l’information » -tiens, au fait, je n’ai jamais entendu de leur bouche « de simples journalistes »…- m’amuse au plus haut point.
Je vois d’ici « la traque mondiale » et ai une assez bonne idée de la réalité de la chose.
En réalité, il s’agira de millions de « résistants au terrorisme » en train de se ruer sur leur clavier pour remplir les écrans d’autres « résistants au terrorisme ».
Chacun bien sûr, mobilisant ses neurones à la recherche du slogan qui sera le plus répercuté de « twitt » en « like »…
Du coup, j’ai un peu honte ce matin.
Non que je ne compatisse au « sort peu enviable encouru par ces simples lycéennes injustement victimes de l’arbitraire d’un islamiste qui veut faire de la sharia la loi universelle. »
Mais franchement, est-ce sérieux ? Est-ce que ça a la moindre chance de succès ?
À part faire une publicité gratuite et de grande ampleur à ce mouvement et donner des idées à des siphonnés qui verront là le moyen de se faire entendre du monde entier sauf du village à côté de chez eux, quel est le but réel de ce chahut ?
J’ai le sentiment diffus que le sort de ces gamines n’intéresse pas du tout les grands de ce monde. Pas plus que les un peu moins grands mais plus puissants que les grands.
Je pense, mauvais esprit désenchanté que je suis, qu’il est surtout question d’occuper l’esprit des petits de ce monde.
Rien que dans notre beau pays, l’alinéa 11 du préambule de la Constitution semble un coussin confortable qui permet de s’asseoir à nozélites.
Je suis sûr que c’est l’idée de nous faire oublier que le chômage et l’absence d’avenir ravagent la jeunesse qui les a fait nous lancer dans une croisade illusoire.
Un clavier pour hurler « c’est pas beau d’enlever des enfants, rendez les ! » ça ne coûte pas cher et ça occupe.
Et ça fabrique des « produits dérivés » qui vont servir dans les jours qui viennent.
Pensez donc à toutes les indignations qu’on pourra nous servir.
Oui, il se trouvera bien quelques dérangés pour hurler sur le Net « Yen a marre de ces bougnoules qui font rien qu’à être terroristes ».
C’est bien le diable si un terrassier ne fait pas les frais de cette indignation…
09:12 | Commentaires (7)
lundi, 12 mai 2014
Ces cocottes sont parfois attachantes.
Je ne voudrais pas avoir l’air de dire mais…
C’est à propos de cocotte.
De cette histoire de cocotte.
Non, pas de celles à qui l’on s’attache mais de celles qui attachent, lectrices chéries.
Je sais bien que dès que je parle de cocotte vous me pensez tombé dans des rêvasseries salaces.
Il s’agit de la cocotte, la vraie, celle qui parfume, pas celle qui se parfume.
La cocotte en fonte, celle qui permet de réussir des « ragougnasses », dixit mère-grand-à-moi.
Celle qui permet d’oublier totalement qu’une poule ne se trouve pas qu’au bois de Boulogne et même que ça a pu avoir des plumes et courir partout en caquetant.
Naturelles, les plumes et poussées toutes seules sur le croupion, pas ajoutées de main de maquerelle.
D’écrire ça pour être sûr d’être clair me fait comprendre avec acuité pourquoi on appelle « cocottes » les dames qui vivent de leur croupion justement.
Bon, revenons à celle que j’ai achetée chez Leclerc. Non, il ne s’agit pas d’accuser ce géant de la grande distribution de maquereautage.
Quoique le magasin où nous sommes allés soit quand même assez bordélique.
J’avais donc traîné Heure-Bleue dans ce super-souk pour y trouver une sauteuse pour remplacer celle dont le revêtement avait disparu au fur et à mesure des lavages. Cette sauteuse, « la poêle qui n’attache pas » selon la marque qui la fabrique, attachait, était venu le temps de la remplacer.
Ce supermarché, où mon Ours m’avait une fois traîné, me semblait abondamment fourni en ustensiles de cuisine et les proposait à un prix raisonnable.
Nous voici donc, Heure-Bleue et moi, bras dessus, bras dessous, déambulant dans les allées de ce Leclerc à la recherche de la gamelle adéquate, que dis-je, idoine.
Je furète, regarde les gamelles, en vérifie la qualité du revêtement, hésite entre le téflon, sujet à rayures qui rendent la gamelle attachante dans le mauvais sens du terme, et la céramique, remarquable invention d’un type du CNRS probablement parti vendre ailleurs son talent car méprisé chez nous comme d’habitude.
Je soupèse, j’exagère un peu nos moyens pour l’occasion.
Bref, je me casse la nénette pour trouver l’outil qui ira bien.
Hélas, trois fois hélas, la lumière de mes jours, qui se pique parfois de connaissance ébouriffante en métallurgie s’est mêlée de l’affaire.
Et a jeté son dévolu sur une gamelle.
Cette gamelle eut l’heur de plaire à Heure-Bleue pour cause de passage par une période « design campagnard vintage ».
La gamelle « a-do-ra-ble » est une gamelle en tôle à ferrer les ânes.
Elle est émaillée comme savent émailler les industriels d’Extrême-Orient, toujours à la recherche de la roupie ou du yuan qui les rendra milliardaires et moi agacé.
Il faut avouer que son couvercle équipé d’une poignée qui permet de se brûler jusqu’à l’os quand on veut vérifier la cuisson, était charmant.
Le corps de la gamelle était lui émaillé d’un beige doux, agrémenté de poulettes sur tout le tour.
Ça vous avait un côté champêtre qui vous rappelait votre grand’ mère.
Comme je ne sais pas résister à la lumière de mes jours, j’ai reposé ma gamelle à revêtement de céramique.
Mais que voulez-vous, c’est comme ça.
Cette gamelle, dès la première utilisation a montré d’excellentes dispositions.
Elle a la particularité d’attacher immédiatement, quel que soit le produit que vous y mettez.
Sauf, l’eau, soyons honnêtes…
07:31 | Commentaires (7)