lundi, 05 mai 2014
Ce quartier est généreux, il était né faste…
Samedi, Heure-Bleue et moi sommes allés à Paris.
Encooooore ??? Vous écriez vous, lectrices chéries.
Oui, encore, lectrices chéries…
Ce fut quand même un voyage studieux, il était en effet fortement question d’être sûrs que le manque de thune allait bien transformer nos choix cornéliens en manque de choix draconiens et pas en débâcle financière.
Cela dit, ce fut une promenade plutôt sympa. Heure-Bleue a découvert avec stupeur que le plus vieux métier du monde s’exerçait toujours en approchant la rue Saint-Denis.
Le nombre et la bonne humeur apparente des péripatéticiennes montraient qu’à l’évidence, la reprise économique approchait…
J’ai été ravi de constater que ce coin, malgré les offensives des agents immobiliers avait gardé quelque chose d’immuable.
J’ai traîné Heure-Bleue rue du Faubourg Saint-Denis, chez un Turc dont l’adresse m’avait été donnée par un autre Turc avec qui j’avais engagé la conversation devant « notre » kebab de la rue des Batignolles.
J’ai été ravi. La viande était du veau et non de la dinde. Le soleil et la présence de touristes mêlés à la population habituelle du quartier, plutôt mate, brune et mal rasée me convenait tout à fait.
Heure-Bleue, elle, n’a pas été conquise. Mais elle est assez « bêcheuse XVIIème » et n’apprécie pas trop les coins dits « mélangés ».
Un moment, nous parlions de ce quartier qui, depuis que je le connais c'est-à-dire une cinquantaine d’années, a toujours été « le quartier turc ».
Il est délimité au nord par la rue de Petites Écuries, à l’ouest par la rue du Faubourg Poissonnière, à l’est par les boulevard de Strasbourg et « le Sébasto » et au sud par la rue Réaumur.
J’ai machinalement dit à la lumière de mes jours :
- Le quartier a peu changé finalement…
- Ah bon ?
- Oui, c’est un quartier sympa qui commence à vivre vers cinq heures du matin.
- Et comment tu sais ça ? Comment tu connais ce quartier ?
- Oooohhh làààà… Je le connais depuis longtemps.
Notre promenade fut agréable. Heure-Bleue m’a dit « tu me referais des pâtes comme hier ? » sur un ton qui m’aurait plutôt fait penser à tout autre chose que des pâtes…
Mais j’ai quand même refait des pâtes comme hier en rentrant à la maison.
Elles n’avaient pas le même goût que la veille.
C’est l’avantage de la cuisine à la maison sur l’industrie, on ne fait jamais deux fois la même chose…
07:26 | Commentaires (6)
dimanche, 04 mai 2014
Louvre boîte…
Vendredi matin, comme souvent, j'ai été scandalisé par ce que j’ai entendu dans mon transistor qui me truque les nouvelles du monde.
Je l'aurais volontiers jeté contre le mur mais un récepteur FM à synthèse de fréquence, c’est quand même cher .
Ces petits bijoux qui existent depuis qu’est devenu abordable le PLL, cet « Oscillateur à bouclage de phase » en français, enfin en français pas de tous les jours…
Bon, d’accord, moyen le français, du français de Français qui cause l'électronique dans le texte.
Pour être honnête, la vraie raison en est que ça risquait de réveiller en sursaut une Heure-Bleue à qui on peut presque tout gâcher, la vie, un pull-over bleu layette à coup de taches, un repas, tout ça…
Mais surtout pas le sommeil.
Jamais le sommeil.
Ne jamais tenter de gâcher le sommeil d’Heure-Bleue. Ça la rend féroce.
Revenons à nos scandaleux moutons.
Et ne me dites pas, lectrices chéries, que je me scandalise trop facilement et trop souvent.
Le monde est scandaleux.
Non, je dis une bêtise, le monde n’est pas scandaleux.
La société dans laquelle on nous fait vivre, plutôt survivre, est scandaleuse.
Mais pourquoi diable votre Goût adoré est-il ce matin scandalisé ?
Parce que ce matin-là, lectrices chéries –et mes deux lecteurs chéris, merci jeanmi et clodoweg- j’écoutais le directeur-président du musée du Louvre expliquer aux auditeurs ce qu’étaient le Louvre, ses expositions, les choix du thème des expositions, le pourquoi des périodes de gratuité, l’exportation de « l’idée Louvre ».
Et là, je suis interpellé par la réaction d’un auditeur.
Ce type m’a exaspéré.
Certes, il est dans l’air du temps, manifestement nourri au bon lait de « la compétitivité », « des économies », « de la dette » et autres mécanismes destinés à nous pourrir la vie pour rendre mielleuse celle d’une minorité.
Bref, ce type est un néophyte et, comme tout néophyte, c'est un prosélyte prompt à la fatwa contre tout ce qui n’est pas conforme à cette nouvelle bible qu’est l’approche comptable de toute activité, ludique ou non.
J’en soupçonne une de ne pas s’amuser tous les jours…
Donc, cet imbécile, à propos de la gratuité des musées offerte à certaines catégories de la population et durant certaines périodes, ce thuriféraire de l’économisme féroce nous sort cette merveille : « La culture est tout de même une activité économique, la gratuité menace l’équilibre budgétaire des musées et je ne pense pas que ce soit une bonne solution. »
Cet aimable couillon ne se souvient probablement pas que le contribuable paie déjà « la culture qui est une économie », il a probablement oublié aussi que les musées sont faits pour dispenser la connaissance auprès de tous, fortunés ou non.
Notre crétin ne s’est manifestement pas aperçu que les musées sont devenus des entreprises dont on exige des résultats nets confortables.
Je pense même qu’il n’y met pas les pieds.
Il aurait alors constaté que les prix d’entrée en ont démesurément augmenté au point qu’il coûte plus cher d’aller admirer la Joconde qu’aller voir le Da Vinci code, véritable insulte à Léonard…
La suite laissait la place à une émission qui a osé parler de « l’économie du bénévolat » et de « travail bénévole à but lucratif » oxymores dont j'ai retenu que l'esprit n’en avait rien à voir avec le fonctionnement d’Emmaüs.
Mais qui nous mettra à l'abri de ces malades qui de l'apparition du printemps n'en voient les bienfaits que sur le chiffre d'affaire des fleuristes ?
Qui nous sauvera de ces cinglés à qui la vue des amoureux n'évoque que le bénéfice futur des fabricants de couches ?
Dégoûté, j’ai éteint mon dispensateur de cupidité à piles…
06:53 | Commentaires (3)
samedi, 03 mai 2014
Pauvre cuisine...
Hier, Heure-Bleue a émis un souhait.
Elle en émet souvent, « Tu ne veux pas me laver les cheveux ? », « Mon PC rame, tu ne veux pas l’arranger ? », parfois elle va jusqu’à oser « c’est ton tour de changer l’enveloppe de couette ! » alors que c’est toujours mon tour.
Sauf quand j’ai envie de rire.
Hier, elle m’a surpris en réclamant « du steak haché avec des coquillettes ».
J’ai demandé quelques explications.
- Et comment tu le veux ?
- Revenu avec des oignons, le steak.
- Et les coquillettes ?
- Ben… Cuites. Après tu les mets dans le steak et après tu mélanges.
- Où as-tu entendu parler de ça ?
- Je ne sais pas, c’est peut-être toi…
Il m’est revenu qu’à la maison, quand j’étais gamin, certains mois, environ onze mois par an, la fin du mois, arrivait plusieurs fois par mois, ma mère concoctait alors des choses de ce genre.
Elle envoyait une de mes sœurs ou moi, chez le boucher chercher de la « viande hachée », ce n’était pas de la viande pour animaux, non, mais ne croyez pas que c’était du filet de bœuf…
Elle faisait cuire une louche de coquillettes qu’elle transformait en vingt minutes en honte pour la maison Rivoire et Carret. N’allez surtout pas croire qu’elle allait donner ses sous à des Italiens genre Panzani ou Barilla. Quand il y avait un bloc de colle à papier peint dans la gamelle, elle mettait une noix de margarine dans la poêle de tôle noire et faisait revenir la « viande hachée ». Elle y ajoutait un oignon émincé et quand la viande était, selon ses termes « décharpillée » et les oignons roux, c’était cuit.
Je trouvais ça bon.
Que voulez vous, on avait faim. A ces âges là, on a toujours faim. Alors on trouve tout bon…
J’ai reconstruit la recette dans ma tête et m’y suis mis avec entrain.
J’ai pris du steak haché, un oignon, du beurre.
J’ai fait cuire les coquillettes. Cuire correctement. Puis j’ai fait cuire le steak , j’ai surveillé les pâtes pendant que les oignons friaient dans la poêle.
Quand tout fut prêt, j’ai fait le mélange adéquat.
Les produits étaient bien meilleurs. Il y avait eu aussi le soin apporté à la cuisson.
Heure-Bleue en a pris.
J’en ai pris.
Heure-Bleue en a repris.
Moi aussi.
Heure-Bleue a fini le plat.
J’ai regardé Heure-Bleue manger avec plaisir cette « cuisine de pauvre » en me disant bizarrement « quand même, de la cuisine de fin de mois en début de mois… »
Quant à moi, je pensais qu’il manquait quelque chose à ce plat.
Et puis j’ai compris.
Il ne manquait pas quelque chose.
Il y avait quelque chose en trop pour que ce soit aussi bon que quand j’étais gamin.
Quelque chose qui pèse.
Il y avait cinquante-cinq ans de trop dans la gamelle…
07:31 | Commentaires (12)
jeudi, 01 mai 2014
La cigarette des vrais tumeurs...
Pauvres vapoteurs.
La « cigarette électronique » est assaillie de toutes parts !
D’abord par les pouvoirs publics.
Ils lui reprochent ses maigres 20% de taxes, qu’ils comparent, avec des sanglots dans la loi de finances, aux 80% prélevés sur les cigarettes.
Je peux comprendre la déception de ces impécunieux perpétuels, éternellement à l’affut d’un moyen de récupérer des sous et sans cesse navrés que le contribuable trouve le moyen de ne les pas donner…
Ensuite par les plus craintifs acteurs de la santé publique.
Ces derniers craignent que les enfants, voyant les vapoteurs téter leur « e-cigarette » ne se précipitent illico sur un paquet de clopes. Eux sont carrément aveugles.
Malgré bien souvent un âge que seul le respect empêche de qualifier de canonique, ils n’ont pas encore saisi que les gamins font preuve d’une imagination débordante dès qu’il s’agit de faire des bêtises préjudiciables à leur santé. Il n’est qu’à voir les « soirées cartables » pour constater qu’ils sont tout à fait aptes à se défoncer sévèrement sans l’aide d’une « e-cigarette » quelconque et que les avertissements ne les retiennent pas plus que ça.
Puis par les plus intégristes des écologistes.
Ceux-là craignent de voir les vapeurs des « e-clopes » pourrir un environnement déjà largement salopé par des « écolo-carburants » qu’ils avaient appelés de leurs vœux et ne les émeuvent pas plus que ça bien que ça occupe des terres agricoles et pollue autant que la combustion du pétrole.
Mais bon, eux, on a l’habitude.
Aussi par des militants anti-tabac.
Braves cinglés pour qui, si tout se passait bien dans le meilleur de leur monde, il faudrait couper le pénis de tout mâle car sa forme, au mieux de sa forme justement, n’étant pas sans rappeler celle d’un cigare, est un appel à fumer. Que ce soit le « ninas » des uns ou le « Montecristo » des autres, tout cela a un parfum illégal de pipe…
Enfin par les inévitables moralistes qui sont prêts à interdire tout ce qui peut adoucir la condition humaine surtout si on peut en tirer un plaisir quelconque.
Pour ces derniers, l’idée même que la planète puisse être vue et ressentie comme autre chose qu’une géhenne particulièrement pénible de la naissance à la mort est insupportable depuis toujours.
Je dois avouer que tous me gonflent particulièrement…
06:40 | Commentaires (15)
mercredi, 30 avril 2014
Heure-Bleue vire adroite…
Les années passant, les choses changent, comme disent les politiciens, histoire de nous faire croire qu’ils ne sont pour rien dans nos misères.
Les draps surtout qui étaient changés plus souvent qu’à leur tour.
Oui, Heure-Bleue avait pris l’habitude de s’endormir en sursaut quand les vapeurs de Ricor la plongeaient dans le ravissement.
Ce qui n’allait pas sans dommage pour les draps qu’il fallait changer sur le champ…
Le matin, après avoir porté un petit déjeuner réclamé avec l’optimisme qui sied à celle qui pense être éveillée, il arrivait que je sois rappelé d’une voix angoissée par une Heure-Bleue réveillée brutalement par un bol de Rico absorbé, non par elle mais par les draps.
Seulement voilà, avec l’âge, à moins que ce ne soit avec la rareté des enveloppes de couette disponibles, Heure-Bleue est devenue plus adroite. La Rico prend le chemin prévu, sans ces détours gênants pour la literie et surtout la tranquillité de votre Goût adoré.
Bon, d’accord, changer seul une enveloppe de couette n’est pas l’épreuve du siècle.
Mais changer une enveloppe de couette trempée de Rico chaude alors que vous étiez en train de sombrer dans le premier sommeil, ça c’est une autre affaire.
Là, le vrai problème n’est même pas de changer cette p… d’enveloppe de couette de m… avec cette f… couette de remplacement à sortir du placard.
Non, le vrai problème, c’est de ne pas se précipiter à la cuisine pour s’y saisir de l’énorme couteau à rosbif pour transpercer le sein gauche de la lumière de vos jours en espérant qu’elle est fichue normalement.
C’est à dire avec le cœur placé justement sous ce sein gauche.
Puis, le cœur, le mien cette fois, ramené à ses 64 p/mn, un autre problème se pose.
Celui de ne pas éclater de rire en regardant la lumière de ses jours, trempée, affolée et gémissante.
Tous ces petits drames semblent faire désormais partie d’un passé révolu.
Il arrive encore, de temps à autre, une erreur d’azimut qui conduit Heure-Bleue à poser la tasse pile poil juste à côté de la table de nuit. Évidemment, sûre de ses capacités, elle n’attend pas la confirmation de la présence de la table de nuit et lâche de confiance la tasse.
Ce qui ne va pas sans dommages pour son bouquin, posé par terre à son chevet.
Mais même ça devient rare…
Alors, comme je sais qu’elle est de gauche tendance parfois féroce voilà quelque chose qui aurait plu à Heure-Bleue quand elle avait affaire à ses malfaisants…
09:23 | Commentaires (8)