vendredi, 18 avril 2014
Traitement des os usés…
J’ai bien peur de froisser Ludovic mais tant pis. J’ose…
Garcia-Marquez vient de mourir.
Ça m’embête.
D’abord parce que je ne voulais pas de mal à l’auteur de « L’incroyable et triste histoire de la candide Erendira et de sa grand’mère diabolique ».
Ensuite parce que si j’ai la peau aussi dure que lui, ça ne me laisse qu’une vingtaine d’années avant d’aller me retrouver avec des fleurs sur le ventre.
Si on n’oublie pas d’en mettre.
Et je connais ma famille, nous ne sommes pas des amateurs de nécropoles…
Or donc, je viens d’entendre l’homélie médiatique rendue en l’honneur de feu Garcia-Marquez.
Qu’il ait été un grand littérateur ne fait pas de doute, du moins pour ceux qui, comme moi, apprécient la luxuriance, la verve et la grandiloquence latines .
On peut même être sûr qu’il n’a pas acheté son prix Nobel de littérature.
Là où j’ai un doute, c’est quand la radio m’annonce, avec le manque de jugeote qui la caractérise dans ses raccourcis en matière de culture, que Garcia-Marquez a enfin amené des auteurs sud-américains à la connaissance du public.
C’est donc malheureusement grâce à ce prix Nobel de littérature qu’on a pu entendre dans les salons et les librairies, des dithyrambes enflammés en l’honneur de Paulo Coelho.
Qui n’a jamais entendu des évaporées s’esbaudir en interminables « Oooohhh… Mais c’est un vé-ri-ta-ble-bi-jou ! » ne sait pas ce qu’on peut ressentir face à l’admiration de ce Marc Lévy sud-américain…
Que celui qui a lu l’Alchimiste sans un rire désespéré me jette le premier encrier à la figure !
13:59 | Commentaires (6)
jeudi, 17 avril 2014
Timeo Helvetios et dona ferentes…
Virgile se méfiait des Grecs, moi c'est des Suisses…
Heure-Bleue a acheté je ne sais quoi chez le trio helvète.
Du coup, elle ne reçoit pas ce qu’elle a commandé mais le censément fournisseur remplit notre boîte aux lettres de courrier qui nous propose de claquer plein de sous chez lui.
Mais de façon curieuse.
Un examen attentif de leur dernier poulet, tout de même constitué de trois feuillets, m’a laissé perplexe.
Il lui propose, assez étonnamment, un « cadeau gratuit ».
La formulation m’a semblée hasardeuse mais, en y réfléchissant, il y a des cadeaux qui coûtent si cher qu’il est bon de préciser « cadeau gratuit ».
Allez savoir, lectrices chéries…
Cela dit, j’avais raison de me méfier, pour qu’elle puisse jouir rapidement de ce « cadeau gratuit », le trio helvète a prévu tout de même de lui faire « profiter d’un paiement à son rythme »…
Je vous écris ça, lectrices chéries, pour occuper mon clavier car, ce matin, je suis dans la colère noire du type à qui on a vendu un cadeau qui lui coûte très cher…
Bref, on m'a fait « un cadeau de Grec ».
07:02 | Commentaires (5)
mercredi, 16 avril 2014
Et c’était rat, et c’était rat…
Trois économistes censément « de gauche » sont tombés d’accord sur une approche résolument moderne de l’esclavage.
De quoi ont-ils parlé ?
De vous, lectrices chéries et vos mecs préférés qui avez la chance de vous échiner pour payer ma retraite.
Et quelle question ont-ils posée qui m’a sorti de ma torpeur matinale ?
« Est-il logique que le SMIC soit identique en Corrèze et à Paris ? »
J’ai rattrapé mon bol de café in extremis qui sautait tout seul sur mon pantalon.
Puis, j’ai ri à la pensée de René Teulade, qui a la chance d’être président du conseil économique du PS et la malchance d’être sénateur de la Corrèze.
J’imagine sa tête à l’annonce que dans le cadre du rétablissement de « l’abattement de zone » ses indemnités et autres émoluments vont être passés au rabot de la justice sociale…
Dans la même veine, j’ai entendu J.Peyrelevade, célèbre pour l’ardoise que le C.L. nous a laissée alors qu’il en était le président.
Cet homme qui ne sait que les mois ont une fin que parce qu’il a un agenda, a émis, j’allais écrire « une réflexion ». Il a déclaré, avec l’aplomb qui sied à celui qui ne manque de rien « Les salaires sont trop élevés et augmentent trop vite, les patrons ont acheté la paix sociale au détriment de l’économie ! »
Oui, il dit ça, celui qui nous a laissé une toile de deux cents milliards de francs à régler à sa place ardoise dont le solde est resté négatif de seize milliards d’€uros…
Et on nous demande d’être « raisonnables », on nous dit que « nous vivons au dessus de nos moyens » !
Bon, honnêtement, je suis sûr qu’en privé ils admettent qu’ils vivent au dessus de nos moyens.
Cela dit, ça ne les empêche pas de nous demander « des sacrifices », habillant tout ça de considérations oiseuses sur la « logique économique », « la vertu de la saine gestion » et autres carabistouilles. Même le patron du MEDEF, qui ne paie ses repas au restaurant que quand il déjeune avec son percepteur, plaide pour la modération salariale, la fin du SMIC et le retour aux 45H sans augmentation de salaire.
Il n’ose pas encore parler d’esclavage.
Mais ce n’est pas par pudeur, je le sais.
C’est seulement parce qu’il est allé à l’école et qu’il se rappelle qu’on doit loger et nourrir les esclaves alors qu’il est si simple de payer les salariés une misère…
En plus, ce couillon qui propose « un SMIC intermédiaire pour permettre aux jeunes d'entrer sur le marché du travail » a complètement oublié que les boîtes disposent déjà du stage, qui permet pour zéro €uro de dégoûter les jeunes d'aller bosser pour rien.
Leur rêve, à tous ces gens, c’est le « bénévolat obligatoire ».
OK, lectrices chéries, je sais que c’est un oxymore, mais nozélites ne sont pas à un paradoxe près.
Mais au nom de quoi ferions nous ça ? Hmmm ?
Pourquoi irions nous travailler dans le seul but d’augmenter la fortune de gens qui ont déjà tout et s’obstinent à racler le fond de nos poches juste pour faire déborder les leurs ?
Pourquoi diable nous échinerions nous pour que Lili Bett et le boss de JJF puissent s’acheter une île supplémentaire ?
D’autant qu’ils avouent songer à une possibilité intéressante : La création de SE.
Ce type de société anonyme qui peut s’établir dans n’importe quel pays de la communauté européenne.
Le siège se déplace ainsi le plus rapidement et le plus légalement du monde sans soupçon d’évasion fiscale de pays en pays.
Suffit de choisir le bled où les impôts sont les plus bas et la protection sociale la plus minable.
Sûr que la Suède ou le Danemark ne vont pas être les havres rêvés de ces rapaces.
Je me demande si le temps n’est pas venu d’accrocher les plus voyants de ces nouveaux aristos à quelques lanternes judicieusement placées…
08:26 | Commentaires (5)
lundi, 14 avril 2014
Souriez, vous êtes trompés…
Je viens de lire une nouvelle qui m’époustoufle quelque peu.
Nous avons un ministre du Commerce extérieur nouvellement nommé.
Cette pauvre chérie, horrifiée à l’idée d’échouer dans une aile de ce galetas qu’est le palais d’Orsay réclame en trépignant des locaux décents pour elle et ses esclaves.
Comme elle a malgré tout les goûts modestes qui siéent aux grands serviteurs de l’État, elle se contentera d’un hôtel particulier dans cet arrondissement populaire bien connu qu’est le VIIème arrondissement de Paris.
Elle montre là le courage qui honore chaque Français lorsqu’il accepte, au nom de l’intérêt général, de se frotter à des masses qui ne demandent qu’à devenir populaires, dès qu’on leur propose de faire partie de ceux qui seront touchés par la vague d’économies.
Là réside, me semble-t-il, la différence entre des gens qui œuvrent pour les citoyens et ceux qui appliquent les théories qu’ils ont apprises lors de leurs études d’économie.
Orwell est bien loin avec 1984. Il est largement dépassé.
Sa vision du totalitarisme est touchante de naïveté.
Nous avons pesté contre ce qu’on a longtemps appelé « l’État ENA », nous avions tort. Les gens qui en sortaient étaient, comme aujourd’hui, des gens déconnectés de la réalité mais au service de l’État et de ses citoyens.
Le miracle de l’enseignement des écoles de commerce dont est issue celle dont je vous parlais et qui façonne la plupart de nos gouvernants a fait son œuvre.
Aujourd’hui nous sommes sauvés.
Souriez Français, vous êtes gérés !
Il fut un temps où nous, citoyens, étions la richesse d’un pays.
Le temps est venu où nous, citoyens, sommes une charge pour le pays…
09:07 | Commentaires (9)
samedi, 12 avril 2014
April in Paris.
Nous sommes partis chercher Tornade à la gare du Nord, hier en fin d’après-midi.
Il faisait beau, la circulation était dense, le bus arriverait en retard.
Heureusement, des bandits, probablement d’Europe de l’Est si j’en crois la rumeur, ont eu vent de ma détresse et ont volé des câbles sur la ligne de l’Eurostar.
Le retard causé nous a permis d’arriver avant le train…
Comme souvent quand il fait beau, nous avons fait le chemin de Gare du Nord à Saint-Lazare à pied.
Un moment, Tornade a remarqué ce petit jardin dont je vous ai déjà parlé, place Franz Liszt. Elle aussi l’a trouvé chouette. Arrivés au square Montholon, Heure-Bleue, en panne des pieds, nous y a entraînés pour s’asseoir. Là encore, on était bien, on a échangé peu de mots, quelques minutes plus tard, nous avons repris notre route.
A la sortie du square, Tornade a dit « on peut passer par là ? »
Je savais que la rue de Montholon était courte et devenais la rue Lamartine jusqu’à Notre Dame de Lorette. Ce coin est non seulement plein de souvenirs mais de pièges. Tornade est tombée dans l’un d’entre eux. Une boutique l’a attirée comme un Levantin attire une blonde. Un Arménien vendait des produits turcs et des livres de cuisine ashkénaze. Tornade et moi sommes tombés en pâmoison devant des baklavas et des loukoums. Heure-Bleue devant les « beurek », ce que les Israéliens appellent les « bourikas ». Histoire de faire genre « moi je suis sérieuse », Tornade à complété avec une petite bouteille d’eau de fleurs d’oranger…
Arrivés au square d’Estienne d’Orves, Heure-Bleue a de nouveau parlé d’une panne de pieds. Là ce fut plus intéressant. Avril à Paris a toujours quelque chose, si ce n’est d’émouvant, au moins digne d’intérêt.
Nous étions tous trois assis sur un banc, à papoter. Votre Goût préféré avait pour une fois « le regard balayant » selon l’expression d’une blogueuse.
Toujours curieux des gens alentour, ignorant que dans son sac, le sirop des baklavas dans leur boîte mal scellée s’écoulait tranquillement sur le livre dont le dernier chapitre attendait d’être lu, il eut l’attention attirée par un couple de jeunes gens à deux bancs de là. J’ai failli écrire « la jeune fille ne savait plus comment attirer l’attention du jeune homme. » En réalité elle savait très bien. Je l’avais sans doute remarquée parce qu’elle était claire de peau et de cheveux. Lui avait le look méditerranéen qui plaît aux claires. Ce salaud était jeune, brun et mince.
Le jeune homme, avait l’attention nettement attirée. Tornade, Heure-Bleue et moi admirions le manège. En vieux routards des ressorts de l’humanité on commentait à voix basse les roucoulades.
Heure-Bleue, poétesse à ses heures lâcha « Un allumage en règle… »
Tornade ne dit rien.
J’attendais.
Enfin, après un dernier baiser, la jeune fille se leva des genoux du jeune homme.
Heure-Bleue a dit « Eh ben, elle l’a allumé… »
Tornade a acquiescé.
J’ai souri en remarquant, une fois de plus qu’il n’est pas si aisé de marcher avec trois jambes quand on est un garçon.
Il avait ce quelque chose qui rend le gisant de Victor Noir si célèbre…
Pendant que la jeune fille se pendait à sa taille et se collait contre lui, il se posait à coup sûr des questions que je connaissais sur le bout du doigt.
Je savais bien, moi, qu’avoir les sentiments à fleur de pantalon ne facilite pas la promenade en public…
08:43 | Commentaires (9)