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samedi, 05 avril 2014

Tous les garçons et les filles de mon âge…

Commencent à avoir de la bouteille.
La dernière note de Milky me plonge dans le désarroi des questions sans réponse.
Vous connaissez Milky, cette… fille ? Jeune fille ? Femme ? enfin, cette petite chose –elle n’est vraiment pas grande- du genre féminin à coup sûr. Ça je le sais, elle donnait le sein à une chose plus petite encore qui s’appelle Hiboute et ce qui sortait de sa chemise est un robert, pas un Robert *.
Avant de sortir un truc épouvantable du genre « elle emmène Hiboute en train » et me faire haïr par quelqu’un qui jusqu’ici était une amie, je vais revenir à mon propos qui était de savoir si on passe irrévocablement du stade d’enfant à celui de garçon, puis de mec puis d’homme puis de vieux et enfin de mort.
Pareil pour le camp d’en face. Passez vous sans espoir de retour, lectrices chéries, du stade d’enfant à celui de fille, puis de jeune fille, puis de femme, puis de vieille et enfin de morte ?
Maintenant que je suis entre « homme » et « vieux », malgré les objurgations d’Heure-Bleue qui prétend que je suis entre « vieux » et « mort », je me dis –non, je ne pense pas et je crois encore moins- que selon ce qui nous passe par la tête, on navigue entre toutes les catégories qui jalonnent notre courte vie.
J’en veux pour preuve votre serviteur qui, passant devant le marchand de « kouignettes » au bas du Sacré Cœur, passe du stade d’homme au stade d’enfant en deux pas.
Je ne vous dirai même pas par quels âges je passe quand je traîne dans les rues de Paris au printemps.
Je note que les filles ? Jeunes filles ? Femmes, non, il n’y a pas de vieilles ni de mortes en la matière sont soumises elles aussi à la tyrannie l’attirance.
J’ai comme ça, des exemples à la pelle.
Une blogueuse amie, qui n’est pourtant plus une enfant depuis quelques… semaines, passe ainsi, au hasard des saisons du stade de femme à celui de jeune fille si j’en crois un commentaire qu’elle me fit qui disait :
 « Moi je regarde plutôt les jolis petits culs des jeunes gens, quand ils ne sont pas perdus, les culs, dans un jean trop large. »
Il semble même que « le temps ne fait rien à l’affaire » car, selon la même :
« A 86 ans maman disait souvent que dans sa tête elle était toujours la jeune fille de 15 ans et plus ça va plus je suis d'accord avec cette façon de nous voir. »
Je ne citerai pas toutes les lectrices chéries qui, à un moment ou un autre, ont commenté en ce sens une note ou une autre.
Toutes corroborant l’idée selon laquelle on a plus l’âge de son cerveau que celui de ses artères et pas du tout l’âge de César Franck…
Ainsi, nous ne serions que des bagnoles avec des jeunes gens ou des jeunes filles au volant.
Au fil des années, il y toujours la même jeune fille ou le même jeune homme au volant.
Il n’y a que la carrosserie qui s’écaille et la mécanique qui se déglingue.
Il suffit de fermer les yeux pour que tout rentre dans l’ordre.
Et se rendre à l’évidence : Être adulte est au mieux une idée imbécile, au pire un vœu de philosophe sadique…

* Robert est une marque de biberon de la fin du XIXème siècle a qui le sein doit son appellation argotique.

vendredi, 04 avril 2014

La nostalgie n’est plus ce qu’elle était.

Heure-Bleue est partie voir une blogueuse. Je partis de mon côté voir ce qu’était devenu mon quartier préféré.
J’avais prévu de prendre le métro à Saint-Lazare, descendre à Bonne-Nouvelle et remonter le temps et la rue jusqu’au Sacré Cœur puis rentrer tranquillement après m’être baladé et avoir bu quelques cafés sur le chemin.
Arrivé avec Heure-Bleue à Saint Lazare, j’ai changé d’avis et pris le métro jusqu’à Pigalle. Je suis retourné en haut de Montmartre, ai traînassé puis suis redescendu à pied par le jardin du Sacré Cœur vers « mon » lycée.
Arrivé en bas, je me suis assis dans le jardin du Sacré Cœur. Las ! Tout avait changé. La grande étendue sableuse a laissé place à une surface goudronnée. Plus de chaises métalliques. Que des bancs. Un petit vieux est passé qui a ramené un souvenir à la surface de ma mémoire.
Ma sœur cadette et moi, petits, emmenés par mon père à cet endroit, probablement un dimanche de fâcherie entre mon père et ma mère.
Il faisait beau et nous étions tous trois assis quand mon père nous a dit « regardez le monsieur là bas ! » Un vieux monsieur voulait s’asseoir mais hésitait et trébuchait vaguement devant deux chaises.
Obéissants nous avons attendus, mon père a dit « regardez bien, vous allez voir… »
Nous avons regardé encore plus attentivement et nous avons ri tous les trois quand  le vieux  s’est assis, après beaucoup d’hésitation, entre les deux chaises.
Vexé il a jeté à mon père « Vous devriez avoir honte ! Vous auriez pu me prévenir et puis m’aider à me relever ! »
Mon père fut grandiose. Il le regarda et lui dit platement « Je vous l’aurais bien dit mais ça  amusait tellement les enfants… Ils ont attendu longtemps vous savez. »
J’en ai encore souri aujourd’hui. Mon père n'a jamais été quelqu'un de sérieux.
Si les derniers sous du mois étaient par hasard dans sa poche, il les dépensait dans un bouquet de violettes achetées dans le métro et se faisait du coup engueuler par ma mère, peu sensible à ça ou autres âneries du même genre...
Je suis reparti, ai descendu la rue de Steinkerque non sans avoir refait le plein de « kouignettes », ces petites fleurs grasses et sucrées qui tombent sur les hanches plus vite que par terre.
Et j’ai repris mon chemin. Je me suis arrêté au lycée, j’y suis entré. A cause de Vigipicrate on m’a arrêté, j’ai dû expliquer que j’y étais entré plus facilement il y a plus de cinquante-cinq ans. Alors on a bien voulu me laisser voir la cour d’honneur. Qui n’a pas changé.
La statue de Rollin me regarde. Je t’aime, je t’aime, je t’aime…
« Trois fois je t’aime ? »
Je suis sorti, me suis tâté pour savoir si j’allais boire un café là où un censeur avait piégé quelques élèves « jouant au billard électrique en écoutant des jazz-bands »
J’ai finalement renoncé et ai descendu la rue de Rochechouart jusqu'au petit carrefour des rues de Rochechouart, Turgot et Condorcet. Ça forme une petite place fort agréable où se trouve un café que je connais depuis mes dix-sept ans.
Je me suis assis à la terrasse.  Puis allé au comptoir réclamer un express serré.
Là, je me suis aperçu que tout avait changé, pas que la décoration. Manquait le recoin avec sa table, sa banquette, sa vue sur l’arrêt du 85 qui me ramenait chez moi. Même l'arrêt a été déplacé.
Le café était resté bon. Après avoir bu mon café, je suis reparti, passé par une autre rue à souvenirs et arrivé à la gare Saint Lazare, retrouver une Heure-Bleue fort occupée avec une blogueuse inconnue.
J’ai rebu un café avec elles. L’autre blogueuse est sympa.

jeudi, 03 avril 2014

Au printemps le bus t’attire…

Hier après-midi je suis allé ailleurs pour de sombres affaires de paperasse histoire de confirmer un statut de bancal.
Ce n’est pas tant le côté bancal qui me branche que les menus avantages qu’il m’octroie et auxquels je tiens d’autant plus que je les partage avec la lumière de mes jours.
Ce statut m’a coûté des pièces vraiment détachées mais me permet de ne pas faire la queue aux guichets des musées, mieux encore d’y entrer sans payer avec mon accompagnatrice, accompagnatrice avec qui je me permets pleins de trucs qui m’enverraient au tribunal pour harcèlement si je n’étais pas marié avec…
Mais non, pas ça… Pfff… Lui demander de me repasser mes chemises, laver mes affaires, tout ça…
 Ce statut, vaillamment gagné à force de délabrement, me permet normalement de ne pas faire la queue aux guichets de la SNCF mais ceux-sont si rarement équipés d’un guichetier que ça ne m’a jamais servi.
Revenons à mon périple d’hier. A l’aller, malgré une oreille et un œil attentifs, je n’eus rien à me mettre sous le clavier pour nourrir ce blog.
Au retour, en revanche, une charmante saynète, telle que peut en réserver le 378, bus de banlieue plein de gens et de surprises, m’a captivé.
Je suis entré dans le bus au terminus, je suis resté seul un certain temps que je mis à profit pour poursuivre la lecture de mon bouquin. Quelques minutes avant le départ, six pour être précis, un jeune homme est monté, un petit pot à la main, qu’il a commencé à déguster.
Que je vous dise : Le terminus est à deux pas d’un Monop’ ce qui explique en partie la suite.
A peine assis, une jeune fille, très brune et plutôt bien faite, est montée d’un pas décidé et s’est assise face au jeune homme. J’ai pensé qu’au vu des places disponibles, elle avait en vue la compagnie du gamin…
Lui, a levé les yeux de son petit pot, l’a regardée et s’est exclamé :
- Waouh ! On a pris tous les deux « caramel salé » ! C’est marrant, on doit être du même signe astro !
La môme a avalé sa bouchée de crème et, l’air intéressé, a répondu :
- C’est quoi ton signe ?
Les choses étaient bien engagées m’a-t-il semblé, j’ai replié mon bouquin et fait semblant de ne pas exister, attendant la suite que je subodorais, parti comme c’était, plutôt drôle.
- Verseau ! A dit le gamin plein d’espoir.
La môme a rosi de plaisir, si si, il y en a encore qui rosissent, ça m’a surpris mais j’ai vu ça hier.
- Oh ! Moi aussi ! A dit la gosse.
- Waouh ! On est fait pour s’entendre !
Le jeune homme, poussant son avantage, a osé :
- C’est quoi « ton 06 » ?
Fiérote la gamine a sorti un smartphone et a dit :
- C’est 07… A-t-elle commencé.
- Ah ben m… ! Chuis pas au top alors, j’ai qu’un 06…
Elle lui a donné quand même et a noté le sien.
Le bus est parti. Ils ont continué à papoter.
J’ai repris ma lecture.
Les mois d’avril sont comme ça…

mercredi, 02 avril 2014

Ce petit Pâques est de sucre…

Hier, Heure-Bleue est partie se faire « décafouillonner » les cheveux.
Vaste programme voué à l’échec. Elle dort encore et je suis sûr que ses cheveux auront repris leur liberté désordonnée.
Mais… Hier il faisait beau et je profitais de ma solitude pour rêvasser en regardant l’arbre plein de fleurs blanches que je vois de ma chaise à travers la porte-fenêtre contre laquelle je suis.
J’ai repensé à des vacances de Pâques, pour autant que je me le rappelle, c’était en mars 1961, quelques jours avant les vacances de Pâques. Les profs avaient renoncé à enseigner quoi que ce soit à des gamins d’une treizaine d’années le lundi d’une semaine qui s’achèverait le mercredi soir.
Oui, comme mon fils, je ne me rappelle pas vraiment les dates, je me rappelle bien les jours et c’était un lundi de mars.
On avait eu le droit de jouer à la condition que le niveau de bruit ne dépassât pas le chuchotement. Dans « ma » rangée, nous avons décidé à quatre de « jouer au baccalauréat ».
Un moment, le sort désigna la lettre « U ».
Le prénom passa aisément, la ville aussi, la fleur itou, le fruit idem.
L’animal posa à tous un problème.
Sauf à moi qui avais vu il y a peu une bestiole peu engageante dans le Petit Larousse Illustré.
Fort de mon savoir tout neuf j’écrivis « Urubu » sur ma feuille.
Nous commençâmes à vérifier les résultats de ce « baccalauréat ».
Ça s’est gâté.
« Animal ? » à dit J.
- … A dit A.
- Pfff… A dit M.
- Urubu ! A dit Le Goût.
- Oaaahhh !! L’aut’ !!! Ça exissse même pas ! Ont dit les trois autres.
Un à même prétendu à voix basse « Eh ! Tu nous prends pour des cons ou quoi ? »
Oui, on n’avait pas toujours le langage espéré par les parents dès qu’on était loin de leurs oreilles.
J. a levé le doigt.
« Oui ? » a dit la prof d’anglais.
- Madame, S. il dit que l’urubu c’est un animal !
- Aaaahhh !!!  Monsieur S. et son imagination délirante ! « Urubu » ! Mais qu’est-ce que c’est que ça… Urubu… Non, je ne crois pas…
J. s’est foutu de moi. J’ai perdu. Mais j’étais sûr de mon fait et je n’ai pas lâché l’affaire.
Le lendemain j’ai apporté Le Petit Larousse Illustré pour « leur montrer ».
A la première récré, j’ai attrapé J. et lui ai montré l’article et l’image de l’urubu en question.
Ce salaud m’a dit
- P’têt’ mais tu l’as dans le cul mon p’tit pote ! J’ai gagné !
Alors on s’est battu.
Et j’ai gagné car si j’avais un an de moins, il était plutôt chétif.
N’empêche, je l’ai eu mauvaise…
Mais on s'est rabiboché.
On a bien fait.
C'est lui qui, des années plus tard, m'a amené à « La Casita ».

mardi, 01 avril 2014

Je viens acquis, elle va innée...

Hier, sur le banc, comme Carmen et La Hurlette, Heure-Bleue et moi avons déjeuné d’un kebab.
Oui, de temps à autre, pour nous rappeler les temps durs où nous faisions semblant d’appartenir aux « classes laborieuses, classes dangereuses », nous « déjeunons façon clochards ».
Je dois dire que je fais ça nettement mieux que ma camarade de vie.
Heure-Bleue goûte avec précaution et évite avec talent sa chemise, sa jupe, son cache-poussière là où je tente de manger, le papier sur les genoux, les morceaux de viande tombant, un coup par terre, un coup sur mon « milleraies » mais jamais sur le papier,
Que voulez-vous, lectrices chéries, je suis comme ça.
Vous et moi sommes d’accord, qui disons volontiers que les hommes sont des cochons. Nous ne pensons pas aux mêmes choses, c’est tout…
Les travers de porc peuvent être variés. (Ouais, bon…)
Nous nous sommes promenés longuement puis revenus à la maison.
J’étais, pour mon compte, enchanté.
Prêt même, dans la lumière du soleil couchant, à dire à la dame qui partage ma vie des trucs du genre :

J’adore sur ta peau, voir la douceur du soir
Tandis que peu à peu s’évanouit dans le noir
Ta silhouette pâle…

Ouaip ! Je suis tout à fait capable de lui sortir des trucs comme ça…
Au flan ! Sur l’inspiration du moment.
Mais j’évite. J’évite soigneusement.
Hélas, lectrices chéries, Heure Bleue n’a pas une âme à ça.
Il y a chez elle une nette scission entre la littérature et la poésie.
Que dis-je, une scission ? Un schisme !
Pour elle, ces « petits machins » sont un dévoiement de la littérature.
Puis, comme ce genre de chose me prend plutôt vers le crépuscule, si je ne veux pas entendre une réponse du genre « Euh… Minou… Le riz va être trop cuit. », je garde mes envolées pour moi.
Quand nous étions plus jeunes,  je tentais le coup régulièrement.
En m’entendant, elle me jetait un regard suspicieux.
Mais des fois ça marchait…