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dimanche, 22 septembre 2013

Congé payé...

Je suis absolument ravi,  lectrices chéries, de vous mettre en copie la lettre que je viens d'adresser à l'hébergeur insouciant de nos malfaisants.

Bonjour Monsieur xxxx le gérant de notre zone de guerre,

Je viens, grâce à ce courriel, vous soulager d’un grand poids.
Mon épouse et moi-même avons décidé de profiter de l’offre généreuse que vous nous avez faite, dans le mail que vous nous avez adressé le 17 juillet 2013, de quitter l’appartement avec un « préavis très réduit » selon vos propres termes.
Le préavis réduit étant communément d’un mois, nous en avons déduit, forts de notre connaissance de la langue française, si riche en nuances, que « très réduit » ne pouvait que signifier « inférieur à un mois ».
C’est donc avec regret, certes mais aussi avec un certain soulagement, que nous quitterons cet appartement situé « dans un quartier calme et arboré » ainsi que l’affirmait l’annonce à laquelle nous avions imprudemment répondu.
Vous trouverez dans un prochain courrier vous signifiant notre congé, recommandé, ainsi que l’exige la loi, un chèque de règlement de la somme que nous restons vous devoir.
Toutefois, la longue expérience que nous avons des relations avec les bailleurs nous a montré que la partie la plus délicate d’un déménagement ne résidait pas tant dans la préparation des cartons que dans la restitution de la garantie. N’étant pas certains que ce délai sera plus raisonnable que celui de la pose des grilles que les plus anciens locataires attendent depuis 1994, cette somme sera déduite du montant du chèque qui vous sera envoyé …
Vous ne pouvez donc que vous réjouir de voir disparaître de votre horizon deux casse-pieds qui ont eu l’audace, si ce n’est le mauvais goût, de faire remarquer qu’il aurait été bien vu que le produit proposé soit conforme à ce vous annonciez.
Relations qui se sont se surcroît dégradées quand, faute de  réponses à nos appels ou nos courriels, n’ayant pas un instant pensé que vous pouviez être occupé à ce point, nous en avons déduit que vous étiez surtout mal élevé.
D’autres informations nous sont parvenues, nous disant qu’en réalité vous étiez surchargé de travail, ce qui explique votre silence persistant.
Rassuré sur votre éducation, nous espérons néanmoins que cette surcharge n’est pas due à l’afflux de courriels émis par des hordes de locataires aussi mécontents que nous.
Nos relations avec vous peuvent désormais être détendues, rassurés que nous sommes quant au calme de la résidence que nous allons désormais habiter.
Vous serez j’en suis sûr, satisfait de recevoir nos salutations, sachant qu’elles proviennent de locataires désormais calmes et souriants.

 

Le-Goût & Heure-Bleue.
Nous signons tous deux car, unis dans la peine, unis dans la joie, n'est-ce pas ?

samedi, 21 septembre 2013

Lève toi et charme…

L’avantage d’une maison où « ya que des nanas » selon la « terminologie Heure-Bleue », c’est que le succès d’un papy est assuré à peu de frais.
Merveille, la seule, la vraie, la première, m’a traîné dans sa chambre et m’a chargé d’une mission éducative primordiale : Lui apprendre à faire des enveloppes à partir d’une feuille de papier.
Un avenir radieux de politicienne s’ouvre devant elle, vu la façon dont ça avait commencé.
J’étais assis dans la cuisine, face à sa mère et à son père lorsqu’elle est venue s’asseoir sur mes genoux, a passé son bras autour de mon cou, m’a embrassé et dit à l’oreille « Papy, tu viens voir dans ma chambre ? Je te montre comment on fait des enveloppes. »
Comment résister ? Hmmm ?
Je l’ai suivie et, avec le culot d’acier du député, elle m’a tendu une feuille de papier, un bâton de colle et une paire de ciseaux.
- Papy, montre-moi comment on fait une enveloppe.
- Tu n’étais pas censée me montrer comment toi, ma Merveille, tu les faisais ?
- C’est pour les autres, mais tu sais, à l’école j’ai que des TB, des « Très Bien ».
- Un de moins !
- Mais…
- Oui, on dit « je n’ai que », pas « j’ai que »…
- Je n’ai que des TB, mais montre moi pour l’enveloppe.
J’ai donc montré à Merveille comment on faisait une enveloppe et, quand elle en eut fait une un peu bancale mais fonctionnelle, je lui ai dit
- Et maintenant tu en fais quoi ? Histoire de tester ses connaissances, celles qu’elle cache, orgueilleuse qu’elle est parce que perfectionniste.
- Eh bien je l’envoie à maman.
- Et dans l’enveloppe ?
- Je mettrai une petite feuille. Comme une lettre tu vois ?
- Hon hon… Vas-y Merveille.
Elle m’a jeté un regard un peu inquiet, a pris un stylo et a écrit « Pour Maman » sur l’enveloppe, m’a montré le résultat, un peu angoissée.
- Mais c’est très bien ! Tu sais écrire !
- Non, je ne sais pas écrire ! Je ne sais pas lire !
- Et sur la lettre, tu vas mettre quoi alors ?
Elle a sorti le petit bout de papier de l’enveloppe, a écrit « Pour Maman » , a tenté d’ajouter « je t’aime ». Ça a un peu cafouillé mais l’idée y était. Elle a dessiné un cœur et remis le papier dans l’enveloppe.
- Bravo Merveille ! Tu te défends comme une reine !
Elle m’a jeté fièrement « le regard qui tue » et a dit
- Mais je suis une reine !
Nous sommes retournés dans la cuisine où Heure-Bleue tenait Numéro 2 dans les bras.
J’ai commencé à parler doucement à « l’intruse » qui m’a fait un sourire plein de gencives. Merveille s’est dépêchée de donner l’enveloppe à sa mère pour se précipiter sur mes genoux, m’entourer le cou de son bras et me tourner la tête.
Des fois que je regarde sa sœur…
Puis son père à remis Numéro 2 dans son couffin et nous nous sommes levés pour partir.
Il a bien fallu saluer tout le monde. Merveille me tenait la main. Je lui ai dit
- Dis-moi, je peux quand même dire « au revoir » à ta petite sœur, juste un bisou ?
Et là a retenti un « non ! » sans appel.

vendredi, 20 septembre 2013

Elle partit pas maligne, elle revint d’Inde…

En fait, c'était plutôt de Guyane, mais ça tombait à plat, alors...
Hier, comme vous avez dû le remarquer à ma note, j’étais d’humeur taquine. Cette humeur qu’Heure-Bleue, toujours prompte à exagérer appelle « l’humeur chieuse ».
Il faut admettre, lectrices chéries, qu’elle n’a pas que tort. Enfin pas tout le temps.
Après avoir constaté une baisse dramatique du stock de sous-vêtements propres, Heure-Bleue a décidé de façon unilatérale de son côté toute seule que je devais aller à la laverie. Obéissant, comme il sied à tout esclave bien dressé, je me suis exécuté.
L’opération « lessive extérieure » est parfaitement calibrée :
- lavage : trente-quatre minutes.
- Séchage : vingt minutes en deux séchoirs.
Pendant le lavage, trois opérations sont à mener à bien, aller chercher Libé, boire un café et acheter le pain.
Passionnant, ce matin, le Goût, non ?
Allez, lectrices chéries, dite-moi que oui ! Que je vous passionne !
Après avoir bu mon espresso serré, comme tous les espressos (espressi ?) serrés que je bois et avoir feuilleté mon Libé, en gardant la rubrique « Rebonds » pour le temps du séchage, je suis allé chercher le pain.
Jouxtant le café où depuis 2003 il m’arrive de boire cet espresso, il y a une boulangerie dont le précédent tenancier était si pingre que je suis sûr qu’il me fourguait des baguettes de 230 grammes. L’actuelle boulangère est une jeune femme d’une trentaine d’années à peine, blonde aux yeux bleus et avec une peau si pâle qu’il m’est illico venu une idée.
Mais non, pas celle-là ! Pfff… Vous ne pensez vraiment qu’à ça.
Je ne sais pourquoi les boulangères blondes me sourient facilement et me racontent volontiers leurs histoires. Je sais par exemple que celle-ci vient de Guyane où elle a passé son enfance et qu’elle regrette par moment le climat même si elle trouve qu’il est parfois trop moite et que sa peau, etc…
Tout ça parce que je lui ai dit « vous avez une trace d’accent qui n’est pas d’ici. Dites-moi, vous venez d’où ? Que faisiez vous ? » l’air innocent du renard qui mate l’échelle du poulailler. Bref, hier donc, je suis entré dans la boulangerie sans idée particulière si ce n’est d’embêter quelqu’un.
- Bonjour Madame.
- Aaahhh ! Bonjour monsieur.
L’accueil m’a donné l’idée, ma blondinette semblait joyeuse.
J’ai posé mon Libé sur la caisse, il était question de cette fameuse « pause fiscale », autre nom de « l’Arlésienne ». La blondinette m’a regardé de son œil bleu et m’a dit :
- Vous y croyez, vous ? Droite et gauche, c’est bien pareil…
- Bof, il faut bien vous dire nos intérêts ne sont pas les leurs et divergent parfois sévèrement...
Elle m’a re-regardé, mais bizarrement cette fois. J’ai simplifié.
- Oui, on va encore se faire avoir…
- Ah ça oui alors !
A-t-elle abondé dans mon sens, et, pour souligner le propos, elle a eu ces mots « là, on va encore se faire… » accompagné d’une des nombreuses et délicates représentations gestuelles de la sodomie. La main droite frappant le poing gauche fermé.
J’avais gagné !
Je l’ai regardée d’un air sérieux en lui disant « Non mais enfin ! C’est comme ça qu’elle vous a appris à parler, votre mère ? »
Hé hé ! J’avais bien deviné pour sa peau : Elle a rougi jusqu’aux oreilles.
Et m’a dit « Pfffrr… Oh ! C’est vrai ! Pardon ! »
Il y a des jours comme ça où peu de choses vous donnent bon moral pour la journée.

jeudi, 19 septembre 2013

Mon aîné me fait mal au sein…

Ce matin je chantonnais, après la réception d’un mail dont la tournure m’a collé la chanson « Que serais-je sans toi » dans la tête, sans doute pour la journée.
Merci Mab. Mais je me vengerai...
Après un moment de réflexion, je demande à Heure-Bleue « Mais il avait quel âge, Aragon quand il a écrit « Roman inachevé » ? Parce qu’écrire « dans cet enfer moderne » dénote quand même la réaction de vieux con… »
Je vous entends d’ici, lectrices chéries, maugréer devant votre écran « Toujours aussi gracieux, le Goût, on dirait Bacri… »
Je cherche, je trouve, je regarde et déclare doctement à Heure-Bleue :
- Aaaahhh ! Je me doutais bien ! Il est né en 1897 et a écrit ce truc en 1956 ! 
- Et alors ?
- Et alors, c’est tout. Et puis n’oublie pas qu’il a commis ce truc débile « Il nous faut un Guépéou ».
- C’est un peu succinct comme raisonnement de la part d’un grand génie comme toi…
- Bon, c’est déjà bien que tu reconnaisses que je suis un grand génie.
- La preuve, tu m’as épousée.
- Ah ça, en revanche ça relativise salement mon génie…
Comme elle s’est mise à écrire sa note quasi quotidienne, elle n’a pas prêté autrement attention à ma remarque.
Ça a évité de commencer la journée par un pugilat.
Car je ne sais pas si je vous l’ai dit, Heure-Bleue a le caractère vif…
Ces temps-ci, avec l’invasion quotidienne de nos malfaisants que rien n’arrête ni n’épuise, on rejoue « La fièvre monte à El Paris ».

mercredi, 18 septembre 2013

Lavage qui rit…

J’ai parfois, enfin, on va dire souvent, des problèmes avec Heure-Bleue.
Elle est plutôt « soupe au lait » et moi taquin –ce qu’elle traduit souvent par « emmerdeur »- d’où ces chamailleries.
Je passe sur la nervosité bien compréhensible d’une Heure-Bleue, prête pour la première fois de sa vie à faire des économies pour être en mesure de financer l’achat de cette Kalachnikov censée rendre ses nuits silencieuses à défaut d’enchantées.
Certains problèmes sont récurrents. C’est souvent ma faute si ça tourne mal mais il y a des perches que je ne peux m’empêcher de saisir. Et c’est ainsi depuis des années, que dis-je, des dizaines d’années.
J’écoute, par exemple, des émissions ou regarde des films qui lui semblent totalement abscons.
Elle me dit alors que j’aime les choses chiantes.
Et elle se ravise toujours trop tard…
Elle s’en rend toujours compte à mon regard.
Elle attend toujours à ce moment là que je lui dise « Je le sais bien, je t’aime… »
J’ai déjà fait. Ça fait des histoires.
Et justement dimanche alors que j’écoutais « 3D » l’émission censément « intello » du dimanche sur France-Inter, ça n’a pas traîné, elle m’a dit « Pfff… Tu aimes les choses chiantes… »
Mais là elle a immédiatement ajouté « si tu me le redis je te gifle ! »
Je n’ai donc rien dit. Si si, il m’arrive de me taire…
Hier soir, toujours en quête d’une maladresse,  j’ai parfaitement réussi mon coup.
Hier soir, c’était un des deux jours hebdomadaires où je m’accorde un baby. Oui, je bois. Du whisky. Et j’aime bien les bons whiskies. Les single malts du nord de l’Ecosse. C’est comme ça.
Celles de mes lectrices chéries qui font partie des ligues de tempérance me pardonneront j’en suis sûr.
Hier soir donc –admirez ce sens aigu de l’aporie-  j’étais en train de préparer le dîner, la sauce au poivre préparée la veille avec amour, talents et autres ingrédients indispensables était en train de chauffer doucement au bain-marie.
Une casserole d’eau chauffait pour cuire à la vapeur les petits légumes bio et le grill chauffait à la bonne température, de sorte que les steacks, « bio » s’il vous plaît, soient saisis quand le moment de les cuire arriverait.
J’ai servi un petit verre de vin à Heure-Bleue en apéritif, histoire de la faire patienter.
Puis je me suis alors servi ce « baby » tant désiré et ai posé la bouteille sur la petite table près de la fenêtre de la cuisine. Ce que je ne fais jamais. Vous aller savoir pourquoi.
L’eau s’est mise à bouillir. La vapeur à envahir la cuisine. Le drame se nouait vicieusement, secrètement et discrètement.
Je n’arrivais plus à voir mon journal. Je me suis levé, je suis allé à la fenêtre entrouverte et l’ai, sans plus faire attention, ouverte en grand.
Je me suis rappelé trop tard pourquoi rien d’autre n’était posé que cette petite plante  sur cette petite table. Le bas de la fenêtre à envoyé la bouteille de whisky sur le carrelage de la cuisine.
Pas plus surprise que ça, Heure-Bleue a demandé « Qu’as-tu encore cassé ? » et moi, effondré par la douleur d’une telle perte, d'autant que la bouteille était quasiment neuve, j’ai sangloté « ma bouteille de whisky ! »
Cette hyène a dit « Tant pis pour toi ! Tu n’en rachèteras pas maintenant ! »
Je me suis consolé en me disant que chez les Le-Goût-Heure-Bleue, on s’embourgeoise.
On lave par terre au single malt 15 ans d’âge.
On a les moyens ou on ne les a pas, hein…