samedi, 19 octobre 2013
Je ponce donc j’essuie...
Vous vous demandez souvent, lectrices chéries, comment votre Goût préféré s'y prend pour tartiner autant sur des choses sans aucun intérêt.
Eh bien, il suffit que me vienne à l'esprit une de ces corvées dont les femmes ont le secret dès qu'il y a un changement de nid...
C'est là que les emmerdements commencent.
Et je vais devoir m'y coller tout à l'heure.
Le sort me préserve de devoir faire des trous dans ces p... de murs plus durs que le regard d’Heure-Bleue quand je laisse traîner mes affaires.
Le sort ne semble pas enclin à m’écouter.
Et pourtant, je sens venir l’obligation d’y planter des chevilles.
En plus elles ne seront jamais à la bonne place.
Trop haut pour que « ce soit la bonne hauteur » selon Heure-Bleue.
Trop bas pour « que ça fasse joli » selon la lumière de mes jours.
Je sens donc venir des après-midi épuisants, faits de tentatives vaines, de perceuses à tenir droit, de poussière à ramasser, de trous à reboucher.
De quelques remontrances parce que la panthère qui habite avec moi, oubliant que c’est elle qui me guide, n’est jamais satisfaite.
Elle me guide à coups de conseils « Plus haut », « plus bas », « un peu plus à droite », « un peu plus à gauche », « non, là c’est pas bien », « là, oui là c’est bien ».
A quoi pensez-vous donc, lectrices chéries ? Hmmm ?
Oubliant donc que c’est elle qui me guide, elle remarquera d’abord et avant tout la poussière, dégât collatéral de l’imprécision de ses desiderata.
Puis, le –peut-être – dernier trou à peine percé, le foret même pas à la bonne profondeur dans le mur, mon ( ?) Heure-Bleue entamera le refrain que je connais déjà par cœur : « Quand est-ce que tu me bouches le trou, Minou ? Je ne vais pas pouvoir tenir longtemps comme ça ! »
Oui, Heure-Bleue est championne du monde de l’injonction à double sens.
Ce qui ravit généralement nos invités.
Invités d’autant plus ravis qu’elle a l’air étonné d’un chaton quand elle demande « qu’est-ce qu’il y a de drôle ? » et clôt le débat d’un « Franchement, vous ne pensez qu’à ça ! » consterné.
Bref, une fois les trous inutiles rebouchés, l’enduit posé et sec, il va falloir poncer jusqu’à ce que le mur recouvre son état originel.
Et le pire, essuyer par terre.
Vous avez déjà tenté, sans aspirateur, ce qui est aussi bien car un aspirateur plein de poussière d’enduit est un aspirateur bientôt mort, d’essuyer la poudre plus que pulvérulente résultant du ponçage d’enduit ?
Ecoutez l’avis de celui qui est déjà tombé dans le piège : Evitez de commettre l’erreur tragique de tenter le chiffon humide qui, sur du plancher brut, vous permettra de transformer une partie de la pièce en zone blanchâtre qu’on ne parvient à nettoyer qu’au bout de quinze ou vingt ans...
Quand ça vous est arrivé, vous savez pour la vie entière qu’il faut protéger le sol avant de tenter quoi que ce soit.
Le mieux c’est de scotcher du papier en forme de vasque sous l’endroit à poncer.
Comme ça, il ne vous reste qu’à fermer ce cornet avec du scotch® pour être débarrassé du problème.
Débarrassé du problème ?
Que vous croyez, hélas, naïves que vous êtes, lectrices chéries !
En effet, une fois fixés les pièces d’accrochage des tringles à rideau, vous apprenez avec stupeur que « finalement non, on va les mettre plus haut ».
Juste avant que son mari-portefaix-plombier-menuisier-homme-à-tout-faire ne se précipite sur son Armide avec une lueur meurtrière dans l’œil qui lui reste, douce moitié avance « Euh... Oui... Les rideaux sont trop longs et je ne voulais pas qu’en plus tu fasses un ourlet mon Minou... »
Genre « ça ne se voit pas mais je prends quand même soin de toi, qu’est-ce que tu crois. »
Vous voyez à quoi peuvent vous exposer des idées de rideaux ?
Enfin, j’espère que je vous aurais au moins démasqué le piège perfide de l’enduit...
06:44 | Commentaires (9)
mercredi, 16 octobre 2013
T'as d'beaux yeux tu sais...
Comme je ne savais pas quoi faire en attendant que les cartons s’ouvrent tous seuls et que leur contenu aille de ses petits pieds se ranger de lui-même là où ça va bien, je me suis mis à rêvasser.
Le chat des voisins intéressait Heure-Bleue.
Il a fait comme moi chez Heure-Bleue.
Il s'est installé sans prévenir, mine de rien, comme s'il était chez lui...
J’ai engagé la conversation avec la maîtresse du greffier dotée, elle d’yeux moins clairs que ceux du greffier mais d’une nuance de bleu assez intéressante. Des « zyeuxbleus », quoi...
En regardant « la pluie d’hiver, sur les carreaux », frapper ses gouttes d’eau -De rien, Mab, ça va te trotter par la tête toute la journée...- je me suis rappelé ma première rencontre avec des yeux qui n’étaient pas bruns.
C'est en octobre 1952 que je suis entré à l'école pour la première fois de ma vie...
Le nouveau logement dans lequel mes parents, après des mois d’errance d’hôtels en « garnis », avaient réussi à emménager début 1949 était situé au quatrième étage d’un immeuble assez lépreux proche de la Porte de Clignancourt. Ma mère avait du mal à accepter la population environnante et d’ailleurs ne l’accepta jamais. Mon père, quant à lui, étant né et ayant grandi en Algérie, une forte densité « d’Arabes », comme on disait à l’époque, dans les rues avoisinantes ne le gênait pas outre mesure.
Trois ans s’écoulèrent ainsi, calmement, du moins pour moi. Au cours de ces trois ans, j’avais vu arriver deux sœurs.
D’autres épisodes cauchemardesques à consoler, sans doute…
Suite aux conséquences de ces consolations, le logement passa du statut déjà peu enviable d’exigu et habité à celui désolant de minuscule et surpeuplé.
C’est pourquoi je vis arriver avec ravissement le moment d’entrer à l’école maternelle, moment auquel ma mère m’avait préparé depuis au moins un an. Il faut dire qu’elle était intéressée à la chose, toute place libérée dans le logement était bonne à prendre, tout comme l’occasion de se libérer de l’obligation permanente d’avoir des yeux dans le dos. Surveiller trois enfants en bas âge mais assez grands pour se faufiler partout, que ce soit en marchant ou en rampant, n’est pas de tout repos. Avec cette rentrée à l’école maternelle, j’arrivais enfin en un lieu où j’avais un peu plus de place qu’à la maison.
Et surtout, oui surtout, il y avait d’autres enfants que ma grande sœur qui me martyrisait car c’est le travail des aînés de martyriser leurs cadets et mes deux petites sœurs qui me cassaient les oreilles en piaillant le jour et la nuit.
Mes parents, ma grande sœur et mes deux petites sœurs, l’une était très brune, l’autre très blonde et la grande châtaine avaient, comme moi, des yeux très sombres et une peau mate.
J’ignorais totalement que la couleur des yeux pouvait être différente du marron que je voyais tous les jours, tant dehors qu’à la maison car dans la rue où nous habitions, près de la Porte de Clignancourt –qui sera un repoussoir et dont la population restera l’exemple de ce qu’il ne faut surtout pas devenir selon mes parents- il n’y avait pratiquement que des Algériens arabes, pas de Kabyles.
Dès mon arrivée à l’école je me vis assigner par la maîtresse une place à côté d’une petite fille. Elle s’appelait Malika et je ne pouvais détacher mon regard de son visage.
C’était la première fois que je voyais des yeux autres que des yeux bruns et les siens me semblaient extraordinaires. Ils étaient bleus ! Je les trouvais magnifiques et les regardais à la moindre occasion tant ils me semblaient beaux. Bien plus beaux que ceux de mes sœurs ou les miens. Ils me paraissaient même plus beaux que ceux de ma mère ! C’est dire à quel point j’étais impressionné.
Ce qui me paraissait une particularité aussi rare que merveilleuse entraîna chez moi un bouleversement qui me plongea dans un abîme de perplexité. C’était la première fois que je me surprenais à aimer quelqu’un qui n’était pas de mes proches. Cette affection pour une petite fille qui n’était pas une de mes sœurs était une bizarrerie qui n’avait pas fini de m’étonner.
Me voici donc assis à côté d’une petite fille aux cheveux aussi noirs que les miens mais frisés et aux yeux bleus. Ces yeux qui me feront me cogner dans les portes.
J’adorais grâce à elle, entrer en classe après la récréation, ce qui aura un effet bénéfique pour la suite de mes études.
Nous devions, à la fin de la récréation et dès l’appel de la maîtresse, nous mettre en rang par deux et, ô joie pour moi, donner la main à notre camarade pendant que nous rentrions.
J’étais toujours à côté de Malika pour entrer en classe et j'adorais lui tenir la main. En classe j'étais encore assis à côté d'elle à une de ces petites tables à deux places avec un petit banc attaché et je détestais lui lâcher la main. Heureusement pour moi, elle aussi.
Cette « romance » ne dura hélas qu’un peu plus de deux ans. L’enseignement de l’époque, qu’il soit public ou privé, avait l’habitude d’instaurer une sévère ségrégation entre les filles et les garçons dès le CP.
Cette pratique a mis fin brutalement, j’en suis sûr, à nombre d’amourettes qui avaient pris naissance sur les bancs de l’école maternelle.
16:00 | Commentaires (11)
mardi, 15 octobre 2013
Ménage à deux...
Hier après-midi, Heure-Bleue et moi sommes allés faire le ménage dans notre ex-ghetto.
Nous sommes partis en retard, comme d’habitude.
Comme d’habitude j’étais prêt à l’heure.
Je me suis donc, toujours comme d’habitude, posé la question de savoir ce que pouvait donner un rendez-vous entre retardataires compulsifs, chacun comptant sur le retard de l’autre pour éviter d’allonger le pas...
Nous nous sommes arrêtés Porte de Champerret pour déjeuner d’un « p’tit wrap » et d’une « petite frite », le tout généreusement arrosé d’une demi bouteille d’eau minérale.
Nous sommes ensuite passés au café à côté pour un express et un déca. Les dissensions ont commencé.
J’ai vu sortir quelques jeunes femmes du métro. Dont une avec un manteau très court, des bottes à mi-mollet et les jambes simplement vêtues d’un collant. J’en frissonne encore. De froid. J’ai eu le tort de dire à Heure-Bleue « pas mal les jambes de la fille ».
Elle a regardé et m’a asséné
- Mon pauvre minou ! Elle a des jambes horribles ! Tu baisses ! Tu regardes vraiment n’importe quel boudin, maintenant !
Ça ne m’a pas chagriné sur le coup car Heure-Bleue est myope comme une taupe et ne porte jamais de lunettes.
J'ai insisté:
- Tu exagères.
- Non, non, elle est vulgaire, je te dis !
- Mais comment tu peux dire ça ? Tu l'as à peine vue !
- Elle est vulgaire !
- Mais tu ne l'as vue que de dos !
- Elle est vulgaire de dos, voilà !
Que voulez-vous que je dise ?
Elle avait déjà, d'une autre, grasse comme un filet de vinaigre, trouvé le moyen de
dire « elle a une âme de grosse ! » alors...
Nous sommes montés dans le métro d’où ma moitié, claustrophobe par à-coup, est sortie comme un diable sur ressort à Saint Lazare. Nous avons continué en bus.
Une fois rassérénée, Heure-Bleue a repris la discussion sur ma supposée perte de tout sens esthétique en matière de femmes, tentant même un nouveau concept matrimonial : La jalousie par anticipation.
Au bout de quelques stations, j’ai sorti quelques bêtises qui au moins l'ont fait rire.
L'ambiance semblant un peu plus détendue, j'ai lâché d’un air presque sérieux
- Tu sais, Heure-Bleue, je vais chercher une autre femme...
- Ah bon ? Et tu vois ça comment, Minou ?
- Eh bien, je la verrais bien rousse...
- Mmmm...
- Yeux clairs...
- Mmmm...
- Peau claire...
- Mmmm... Tu en as déjà une...
- Jeune...
- Mmpppffff !!!
- Mais gérontophile et aveugle, quand même !
- Et sourde, surtout sourde, Minou ! Surtout sourde ! Ça lui fera le plus grand bien !
- Pfff... Tu ne m’aimes plus !
- Mais si, mais si...
- Ah ? Tu ne me jettes pas, alors ?
- Non.
- Ah bon, tu me soulages...
- Je suis trop petite pour faire les carreaux...
06:40 | Commentaires (12)
lundi, 14 octobre 2013
Le goût du pain...
Hier midi je suis allé chercher le pain.
Je suis passé dans deux boulangeries.
Celle qui est quasiment en bas de la maison faisait des choses qui ne me plaisaient pas trop, des gâteaux, pleins de crème les gâteaux, et du pain pas cuit.
Cher et pas cuit, le pain.
1,20 €uro pour une baguette aussi pâle que ma moitié quand elle regarde le prix du sac à main qui lui plaît vraiment -un machin qui coûte un œil- me paraissait exagéré.
La boulangère semblait aussi gracieuse qu’une contractuelle.
Je suis donc sorti en disant « Excusez-moi, j’ai oublié quelque chose. », en garçon bien élevé et je suis allé voir l’autre boulangerie, celle qui est près de la gare.
Là, l’accueil est agréable et les baguettes prévues pour tous les goûts. De pas cuites à très cuites, il suffit de demander.
J’ai eu la baguette que j’ai demandée, un sourire et un mot gentil de la boulangère.
Accorte, la boulangère. Une blonde, un peu comme l’autre, celle que je mettais en boîte un vendredi saint, mais moins « fausse évaporée », oui, celle-là, cette blonde aux yeux bleus «genre quinqua qui veut faire quadra mais a du mal » assez gentille.
Je suis revenu avec ma baguette à la maison.
Heure-Bleue m’a dit « Elle est bien ta baguette ! Où l’as-tu achetée ? »
Je le lui ai dit.
Elle a dit « C’est là que j’ai acheté une baguette la dernière fois ! Elle n’était pas bonne ! »
Elle a ajouté
- Pfff... Ah ! C’est bien encore une qui préfère les mecs !
Je me suis bien gardé de dire que son attirance pour les femmes ne m’avait pas frappé...
Elle a continué :
- Et t’es bien son genre ! C’est une claire, je le sais ! C’est pas bien, elle est bien comme les autres !
- On peut y aller ensemble, comme ça tu auras du bon pain quand tu iras seule.
Puis j’ai réfléchi cinq secondes. Si, si, ne riez pas lectrices chéries, je fais ça parfois. Pas assez souvent certes, mais quand même.
Et de cette courte période de réflexion est sortie cette sentence avisée :
- Ça dépend... Si on y va tous les deux, après on peut se retrouver soit toujours avec du bon pain soit toujours avec du mauvais pain tous les deux, qu’on y aille seul ou ensemble...
La vie de confectionneur de sandwiches est parfois bien compliquée...
08:51 | Commentaires (11)
dimanche, 13 octobre 2013
Ya pas qu'en Savoie, en Lorraine aussi il y a une fondue.
Franchement, Nadine, tu fais peine...
Bon, Bedos aurait dit « Nadine, deux qui la tiennent, trois qui la p... » j’aurais compris ta vindicte.
Mais là ! Enfin Nadine ! Il t’a traitée de « conne », ce n’est pas gentil certes, mais tu aurais pu, pour l’occasion tenter de lui prouver le contraire.
En ne relevant pas, par exemple, tu montrais à tous que tu étais intelligente.
Tandis que là, tu t’enfonces ! Que dis-je, il te traite de « conne » et tu viens, en piaillant de la sorte, apporter la preuve qu'il n'a pas forcément tort.
Admettons, Guy Bedos a eu tort, il faut savoir faire preuve de tact, le mensonge par omission a prouvé maintes fois son utilité.
Voyons, Guy ! C'est vrai quoi ! A ton âge, tu devrais savoir, et depuis longtemps, que toute vérité n’est pas bonne à dire !
De plus, Nadine chérie, tu vas nous contraindre à fermer les théâtres. Si toi et tes pareils persistez à traîner en justice tous les humoristes qui disent des choses qui ne vous plaisent pas, on ne va pas rire tous les jours.
Compte tenus du nombre impressionnant de bévues que vous commettez dans l’exercice de vos fonctions, il ne nous sera guère possible de nous amuser qu’en allant nous asseoir sur les bancs des tribunaux.
Sans parler des lapsus savoureux –pas tous aussi savoureux, au plein sens du terme, que celui commis par notre Rachida nationale- que vous nous servez régulièrement, qui risquent bien de conduire devant les juges les journalistes qui auront l’audace de les rapporter.
Ce n’est d’ailleurs pas idiot comme approche. Le public ne paie pas, les acteurs eux, du moins le perdant, paie.
Ne serait-ce qu’au titre de l’article 700 du NCPC qui condamne aux dépens le malchanceux qui vient de perdre une manche.
Ça peut même conduire le justiciable désargenté à faire la manche.
Oui, les effets de manche sont parfois dispendieux...
10:20 | Commentaires (9)