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vendredi, 01 novembre 2013

Le Jardin des Délices

Je viens de lire une note de Seringat  qui m’a beaucoup plu.
Vos notes, évidemment me plaisent toutes, lectrices chéries, mais celle de Seringat m’a poussé à réfléchir.
Ce qui est une performance en soi.
Elle est allée voir la FIAC.
La FIAC ne m’a jamais branché, je suis un flâneur, un « pignocheur » comme disait ma grand-mère quand elle parlait de quelqu’un qui picorait dans son assiette quand le plat lui semblait sans goût mais dont certains morceaux exerçaient néanmoins la convoitise.
Un peu comme ceux qui aiment la « peau du lait » mais détestent boire le lait, vous voyez ?
Seringat parle du jardin des Tuileries avec le talent du vrai flâneur.
Seringat donc, m’a poussé à me demander ce qui me plaisait, quand, et pourquoi dans les jardins et squares, grands ou petits, qui parsèment la ville.
Quand je dis « la ville » il s’agit bien sûr de Paris.
D’autres endroits revendiquent le droit d’être « la ville » mais aucun, que ce soit Rome, Venise, Berlin, Londres, New-York, Los Angeles, Hong-Kong, Genève, Tel-Aviv, Jérusalem, Copenhague, Bruxelles, Amsterdam, Madrid, Barcelone ou Detroit, n’est à mon sens « la ville ».
Et ne me cherchez pas d’histoires, « la ville » c’est Paris. Point.
Et pourtant, je vous dis que moi, moi-même personnellement, je connais même Souppes, Les Laumes-Alesia et Cepoy, sans parler de « Bourron-Marlotte-Grez », alors, hein...
Pour en revenir à mon propos, qui peut vous paraître assez fumeux à cause d’une tendance marquée à la digression, je voulais vous entretenir des jardins de Paris qui me plaisent, que j’aime, qui même m’émeuvent pour certains.
Et des saisons qui font qu’ils me plaisent, que je les aime ou qu’ils m’émeuvent.
J’aime certains jardins. Ne me demandez pas pourquoi, comment voulez-vous que je vous dise pourquoi, lectrices chéries ?
Vous savez pourquoi vous aimez votre moitié, vous ? Je ne sais pas, quant à moi pourquoi j’aime la mienne. Je me dis parfois que si on se pose la question, pire, si on y répond, c’est que c’est râpé...
J’aime beaucoup les Tuileries en hiver par exemple. Je n’y passe plus très souvent mais j’aime.
Le square Nadar au printemps, mais là, j’y ai beaucoup de souvenirs, de mes rares « séchages » de cours à mes nombreuses tentatives de nouer des relations plus ou moins diplomatiques.
Le Luxembourg en été, principalement pour ses concerts.
Le Jardin des Plantes en toutes saisons.
Mais là, ce jardin, c’est toute une partie de ma vie, que dis-je, depuis l’enfance jusqu’aujourd’hui, alors, lui cumule. Il me plaît, je l’aime et il m’émeut.
Quelle que soit la saison, que j’y sois seul, avec Heure-Bleue ou avec tout seul.
D’ailleurs je n’y suis, comme aux Tuileries, au Luxembourg ou au square Nadar, jamais seul.
J’y suis avec une armée de souvenirs.
Certains agréables, d’autres moins, d'autres plus encore.
Mais tous sont là.

jeudi, 31 octobre 2013

De la coupe aux lèvres...

Hier, nous sommes allés voir Léontine à la clinique.
Elle a de nouveau un poignet cassé.
Celui qui tient la coupe de champagne.
Terminé pour l’instant, le champagne. Nous avons acheté du raisin, du muscat.
Je lui ai donné la becquée, elle ne peut pas manger seule...
Et il faut bien qu'elle mange. Elle ne mange plus, trop mauvais, trop cuit, trop froid, trop chaud.
Bref, pas bon du tout...
Elle a la mémoire qui flanche, elle ne se souvient plus très bien.
De quelle couleur étaient ses yeux, étaient-ils verts ou bleu, mais de rien, Mab, de rien...
Après avoir passé un petit bout d’après-midi avec elle, nous sommes partis.
Et là, nous avons eu la surprise de la journée.
Dehors, près de la clinique, une librairie.
Nous sommes entrés, avons salué, avons regardé les livres, Heure-Bleue en a choisi deux. Je regardais autre chose.
Comme d'habitude.
Nous nous sommes approché de la caisse.
Heure-Bleue a dit « Avez-vous « le schmatt doudou » ? » puis a ajouté « nous venons d’aller voir une vielle dame... »
« Alors nous venons en voir de jeunes... » Ai-je dit à mon tour.
La conversation s’est alors engagée.
Elle a d’abord porté sur le collège face à la librairie.
Le jeune homme de la librairie a dit « Ah ? Vous le connaissez ? »
Je lui ai alors raconté une anecdote sur le sujet.
A la fin, j’ai dit « Franchement, j’ai une tête à connaître le Coran ? D’un Arabe ? »
Il a lâché tout de suite « Oui ! » puis, gêné « Euh... Non... Pas vraiment... »
La conversation a alors dérivé vers le dur métier de libraire.
Heure-Bleue a dit «  Pffiouu... Il y avait une librairie plus bas dans la rue il y a une quinzaine d’années... »
Et là, ce fut la surprise. La libraire, jeune la libraire :
- Cette librairie là ? J’en entends encore parler ! Ils ne l’ont pas oubliée, j’en ai entendu parler de façon dithyrambique ! 
Heure-Bleue, un peu fière quand même :
- Je ne l’ai même pas vendue, j’ai juste rendu les clefs.
- Ils disent que vous étiez une très très bonne libraire.
J’ai mis mon grain de sel, évidemment.
- J’aurais préféré qu’ils soient de très bons clients...
Je ne vous parlerai pas de la libraire.
Je ne suis pas sûr qu’Heure-Bleue l’ait vue.

Moi si...
Mais bon...

mardi, 29 octobre 2013

La mère est agitée...

Aujourd’hui, lectrices chéries, c’est séance de psy chez vous.
J’en veux encore à ma mère de m’avoir abandonné chez ces fondus de Frères.
C’était à coup sûr « pour mon bien ». J’eus aimé qu’elle se souciât plus de mon bien-être que de mon bien.
Mais, pour être honnête, je dois avouer qu’après mon passage chez ces cinglés, j’étais devenu un garçon plutôt « bien élevé » et s’il m’arrivait de dire « merde » c’était au maximum trois fois dans l’année.
Et ce fut comme ça jusqu’à mon entrée –tardive- dans la vie active.
Ce séjour chez les fous commença dès le départ de ma mère, me laissant couvert de honte après cette affaire de blouse bleue. Je suivis le Frère « économe-linger-préfet de police » en portant à deux mains cette petite valise épouvantablement lourde – oui, ma mère faisait de ces valises qui, pour petites qu’elles fussent, vous allongeaient un bras de dix centimètres comme de le dire- jusqu’à la lingerie où il ouvrit la valise, en sortit un pyjama, un gant, une serviette de toilette et un savon qu’il me tendit.
Il prit ensuite sur une étagère une paire de draps et une couverture marronnasse qu’il me jeta sans ménagement. Il m’amena ensuite, toujours d’un pas vif, là où les élèves devaient faire leur toilette le matin. J’eus un mouvement de recul. Ça ressemblait à l’endroit où on donnait à boire aux animaux dans une ferme. Je le savais car ma grand-mère maternelle m’avait emmené à la ferme chercher du lait, c’est là que j’avais vu un abreuvoir.
Voilà où je ferais ma toilette chaque matin, dans un abreuvoir géant ! C’était un long couloir, éclairé par des fenêtres haut placées donnant sur l’extérieur, sous lesquelles était placé un long « abreuvoir » où des prises d’eau étaient disposées à intervalle régulier.
Sur le mur opposé,  donnant sur le couloir que je venais d’emprunter, il y avait plusieurs rangées de casiers, dont l’écartement était celui des prises d’eau. Je parle de rangées mais représentez-vous plutôt de longues, très longues étagères dont l’écartement était maintenu constant par des planchettes équidistantes de façon à faire office de casiers. C’est dans un de ces casiers qu’on me fit mettre mes affaires de toilette. Seuls deux radiateurs en fonte placés aux extrémités du couloir en assuraient le chauffage. Avec la chance qui semblait me poursuivre depuis mon arrivée à la « grande école », le casier qui me fut assigné se trouvait quasiment au milieu du couloir. Je m’apprêtai donc à mourir de froid dès le lever…
Tandis que je posai avec un peu de soin, croyant que ça allait plaire, mes affaires dans le casier, le Frère s’impatienta et jeta d’un ton cinglant « Il va vous falloir apprendre à ne pas lambiner, monsieur ! ». Ce séjour s’annonçait déjà sous les meilleurs auspices.
Je suivis mon mentor au pas de charge jusqu’à une pièce dont je n’aurais jamais soupçonné l’existence : Un dortoir.
J’eus le premier grand choc de ma vie, si l’on excepte ma naissance et les yeux de Malika.
Mais vous en saurez plus demain...

lundi, 28 octobre 2013

Le p’tit mari y fait l’couscous...

Mais n’allez pas croire que par derrière « y s’la coule douce ».
D’abord parce que pour faire un couscous, il faut commencer par faire les courses.
Avec un caddy car il faut beaucoup de choses.
Or, si avec un caddy vide, il est aisé de passer de l’autre côté de la voie via la passerelle, cette passerelle est infranchissable avec un caddy plein.
Surtout un caddy plein de légumes, plein de viande, de boîtes de pois chiches et de tomates pelées.
Et plein de bouteilles car si un couscous est généralement apprécié des gens d'Afrique du Nord, ce n'est pas pour autant un truc de quaker ou d’abstinent.
Pourquoi des tomates pelées ? Me direz-vous. Eh bien parce que pour faire cuire la viande, les tomates doivent être pelées et si possible mûres.
Et les tomates pelées en boîte sont plus que mûres...
Donc, au moins trois kilomètres à pied pour ramener les ingrédients.
Ça vous met en jambes pour la suite.
Parce que les kilos de légumes ont un effet pervers redoutable : il faut éplucher ces kilos de légumes...
Comme j’ai un peu de jugeote tout de même j’ai pensé à aller chercher le SSD que j’avais commandé avant de faire les courses. Bien m’en a pris, la boutique relais chargée de recevoir ma commande était à deux cent mille kilomètres de la maison.
L’épluchage et les préparatifs faits, la cuisson des légumes les plus longs à cuire a été lancée
Et non, il ne suffit pas de tout jeter dans la gamelle et constater avec effroi quand les plus durs sont enfin cuits, que les légumes les plus tendres se sont transformés en bouillie et que la viande s'est « décharpillée » et tombée dans le fond en miettes immangeables.
Ça laisse du temps pour faire autre chose.
Je profite donc de la cuisson des légumes pour réinstaller mon W7 qui me fait des siennes.
Oui, n’oubliez pas que quand vous achetiez un disque dur de 200 Mo il y a vingt ans, il était garanti 300.000 heures. C’était cher, environ trois cents €uros d’aujourd’hui mais ça mourait dans la première semaine ou au bout de trente-cinq ans.
Je le sais, j’en ai un, et il fonctionne encore.
On peut aujourd’hui avoir un disque de 500 Go, pour environ soixante €uros.
Mais la notion de progrès étant sujette à interprétation, vous pouvez certes caser deux-mille-cinq-cents fois plus de données dans ce disque.
Disque qui, hélas, vous lâchera au bout de deux ou trois ans...
Le résultat auquel vous parvenez étant que vous aurez deux-mille-cinq-cents fois plus de données perdues en cas de problème et, d’expérience, ça vous arrivera dix fois plus souvent.
Je résume donc :  C’est pas cher mais ça ne vaut pas plus...
Mais ça coûte un bras en temps perdu...
Bref, ça m’a occupé pendant la cuisson des carottes et des navets.
Pour rien.
Les DVD des logiciels que je dois réinstaller sur ce SSD étant dans des cartons pour le moment inaccessibles.
Tout comme les blogs de « canalblog » à partir de « blogspirit ».
Alors, pour commenter chez vous j’ai ouvert un blog chez « canalblog »...
Ce n’est pas la peine de  vous y rendre, je n’écris que chez « blogspirit ».

Le couscous était semble-t-il bon. L’Ours et JJF ont vidé les gamelles.
P’tite Sœur s’est contentée d’un biberon.
Mais elle fait preuve d’un appétit qui laisse penser qu’elle ne crachera pas plus que sa grande sœur sur le couscous...

 

samedi, 26 octobre 2013

Vallotton prend sa faucille, larirette, larirette...

Hier, Heure-Bleue, une blogueuse qu’on aime et moi sommes allés au Grand Palais voir l’expo consacrée à Vallotton.
Ça m’a fait l’effet de l’expo Boudin au musée Jacquemart-André.
Heureusement qu’il y eut le « café gourmand » dans les deux cas...
La première partie de l’expo, au rez-de-chaussée, m’a intéressé.
On y voyait les trouvailles et la façon moderne d’aborder la peinture, les nouveautés dans le trait, l’abandon de l’impressionnisme pour un trait plus précis, quelque chose de Vuillard mais plus précis et  plus délicat. Et toujours la vivacité des couleurs et le grossissement du trait qui vont avec l’avancement en âge.
Heure-Bleue et la blogueuse qu’on aime –ne soyez pas jalouses, lectrices chéries, je vous aime toutes- ne sont évidemment pas d’accord, qui parlent 
 « d’accomplissement », « d’épure », « d’accentuation ».
Alors que, pour avoir vu ça chez mon père – un copiste de talent mais pas un génie- je sais bien que moins on voit clair, plus les couleurs deviennent vives et le trait épais. Gauguin étant l’archétype de cette « évolution de son art ».
Cela dit, ce rez-de-chaussée était intéressant quoiqu’encombré par une foule nombreuse.
Un conseil, lectrices chéries : N’allez jamais voir une expo en période de vacances scolaires, c’est le métro à six heures du soir.
Le Grand Palais étant un peu plus grand que ma cuisine, une certaine lassitude dans les mollets se fit sentir en arrivant à l’escalier monumental qui mène au premier étage, à la suite de l’exposition.
De part et d’autre des marches de pierre, des pilastres laissaient de quoi installer un fessier. J’ai tenté d’y poser le mien.
Un grand type, un Noir « des bennes »,  s’est précipité et m’a dit « Monsieur, il ne faut pas vous asseoir là ! »
J'ai eu brièvement l'impression que le type se la jouait vigile de supermarché plutôt que gardien de musée...
J’ai tenté alors la marche de pierre. Il a insisté « Pas là non plus ! »
Je me suis alors appuyé contre le mur en attendant mes deux accompagnatrices.
Une femme, appuyée contre le mur à côté de moi, attendait aussi je ne sais quoi.
Elle a dit « Il a peur qu’on les use ou quoi ? »
Je l’ai regardée. Au feeling j’étais sûr qu’elle allait bien prendre la réflexion qui venait de me venir à l’esprit.
J’ai tenté le coup.
«  C’est vrai ça ! Non mais, vous avez vu ça ? On se demande qui est le Blanc ici ! »
Ça a marché.
Elle a ri de bon cœur et a dit « Vous savez que c’est très politiquement incorrect, ce que vous avez dit ! »
Ce à quoi j’ai civilement répondu « Je le sais mais je pensais bien que ce serait compris, sinon je n’aurais jamais osé sortir un truc pareil. »
Elle a souri, s’apprêtait à dire quelque chose.
C’est là que qu’Heure-Bleue et la blogueuse sont arrivées.
Un type aussi qui a dit « qu’est-ce qui t’a fait rire, ma chérie ? »
Ce fut un moment intéressant de l’expo.
Parce que le premier étage était particulièrement emm...nuyeux.
Un vrai concours d’académisme...

Oui. Elle était rousse.
Reroussie par le coiffeur, certes, mais les yeux étaient d’origine, eux.
Clairs.
Je sais, lectrices chéries, ne dites rien, je sais...