vendredi, 03 avril 2015
Et l’appât comprit…
Je ne sais pourquoi on est allé se promener, Heure-Bleue et moi, dans ce chemin montant, sablonneux, malaisé.
Le dîner fut bon, agréable même et comme souvent nous papotions.
Agacés par le vide sidéral d’un bulletin d’infos qui nous ressassait les âneries lues dans la journée sur le Net, nous avons zappé.
Je ne sais quelle répartie sortie de notre télé mal en point a attiré mon attention.
La conversation a dérivé en contemplant Raymond et Huguette ou José et Lily, je ne sais plus.
J’ai lâché, dans le courant de la conversation :
- « Je t’aime » c’est un truc qui va tout seul, ça.
- C’est vrai, ça va tout seul…
- T’as remarqué ? Dès qu’on ajoute quelque chose, ça va pas.
- Hmmm… Tu as raison...
- Par exemple « Je t’aime bien », c’est mortel.
- Ah là, Minou on sent le spécialiste, là !
- Quelle garce tu peux faire !
- Mais non…
A-t-elle ricané.
Nous avons continué à converser en ne prêtant pas attention à la télé.
Le dîner à tiré à sa fin.
Ma camarade de vie a demandé rêveusement :
- Qu’est-ce que je pourrais me faire comme petite douceur ?
- Moi…
Ai-je tenté d’une voix douce.
Des fois que, comme souvent, elle ne prête pas attention à ce que je dis et plonge sans faire gaffe.
Bon, ça n’a pas marché.
Elle a juste soupiré et opté pour un de ces petits gâteaux au chocolat terriblement addictifs qu'on achète parfois...
06:51 | Commentaires (11)
jeudi, 02 avril 2015
J’aime bien les saindoux et les corsages mais je préfère les cornues…
De rien , Mab…
Pour en revenir à cet avertissement sur la porte de la banque, je suis surpris par vos commentaires.
Ce qui est à vos yeux de l’indulgence est aux miens, plutôt « au mien », du laxisme.
J’avais déjà écrit il y a longtemps qu’il ne me viendrait pas à l’esprit de moquer l’orthographe de quelqu’un qui n’est pas allé à l’école ou qui a appris le français « sur le tas », au hasard de conversations et de la lecture des boîtes de conserve.
En revanche, quand on fait profession d’enseigner le français ou de l’écrire, le minimum exigible, s’il n’est pas d’écrire comme Balzac et Hugo ou parler comme Thiers et Danton, il est bien vu de connaître son boulot.
Avez vous déjà réfléchi un instant, lectrices chéries, à ce qui adviendrait à vos petits corps fragiles si les chirurgiens bossaient comme certains imprimeurs, journalistes ou instits ?
Et je ne parle pas des dégâts sur les dividendes, déjà récemment mis à mal, de Lufthansa et autres compagnies si les gens d’Airbus ou Boeing bossaient comme les rédacteurs de journaux ou pire, ceux des mêmes journaux chargés des pages d’accueil sur le Web...
Sans compter votre surprise de voir votre petite lampe déconner parce qu’Areva a fabriqué ses centrales nucléaires comme Sarkozy parle…
Milky se rappelle sûrement ce qu’avait dit une caissière du supermarché de Bagnolet, confondant deux mots pour un travers familial qu’elle n’attribuait pas à la génétique.
Milky était sûre que j’en ferais une note dès le lendemain.
Une note savoureuse à coup sûr.
Que je n’ai pas écrite.
10:41 | Commentaires (8)
mercredi, 01 avril 2015
Lettre et le néant…
Le printemps est vraiment là, lectrices chéries.
On pense à moi.
Les Galeries Lafayette pensent à moi et m’écrivent.
Ouaip ! Monsieur Galeries m’écrit personnellement !
Et me fait des propositions qui devraient l’envoyer illico sur la paille humide des cachots pour incitation à la débauche si ce n’est « proxénétisme aggravé par moyen de communication électronique ».
Nos juristes ne savent pas parler simplement.
Il faut avouer qu’en ces temps de chômage massif, si la loi se lisait et se comprenait au premier coup d’œil, nombre de juristes iraient piétiner à Pôle Emploi.
Bon, de quoi s’agit-il exactement ?
De la photo d’une beauté asiate à laquelle je suis peu sensible, accompagnée de la légende « Monsieur Le-Goût ! Votre offre beauté avec -20% de réduction du 1 au 11 avril avec le code JDVC20 ! » qui m’invite à profiter de la chose.
La façon dont est tournée l’annonce est pour le moins ambiguë.
D’une part parce que « -20% de réduction », si mes cours de cinquième sur les nombres relatifs sont corrects, ça correspond exactement une augmentation de 20%.
D’autre part, quand on me propose de m’offrir la beauté et que l’offre est accompagnée de la photo d’une jeune femme, le premier réflexe du mâle au printemps est de penser « tiens, il y en a qui savent ce qui fait marcher les hommes… »
Manifestement, la course au moins cher conduit à accepter des boulots faits « à vue de nez, comme le bon dieu a fait les bossus ».
Si quelqu’un s’était donné la peine de relire la proposition qui m’est faite, il aurait soit éclaté de rire soit rayé de sa liste des fournisseurs la boîte de communication qui a osé lui facturer un truc pareil.
Hier déjà, en faisant le chemin avec Merveille, après l’avoir félicitée de sa place de quatrième sur près de quatre-vingts élèves, en m’arrêtant devant un distributeur de billets j’ai été estourbi par un avertissement collé sur la porte vitrée de l’agence.
Le genre de transparent « officiel » qui coûte un œil à faire rédiger et fabriquer.
Malheureusement, ce morceau d’anthologie se retrouve diffusé par milliers d’exemplaire sous les yeux des enfants qu’on vient d’engueuler pour une faute d’orthographe.
Et qu’est-il écrit sur cette affiche ?
« AUCUNS FONDS DISPONIBLES DANS CETTE AGENCE »
« AGENCE SOUS SURVEILLANCE ELECTRONIQUE »
Le tout agrémenté de fioritures «ATTENTION SECURITE » sur le bandeau rouge qui entoure ce triangulaire panneau.
Oui, lectrices chéries, c’est ainsi écrit.
« Aucun » avec un « s », c’est dire s’il y en a beaucoup quand même.
Il n’y a qu’un seul cas en français où on peut, et ce n’est pas là.
Ce n’est même pas la peine qu’ils aient honte. J’ai honte pour eux…
Et on s’étonne après que dès qu’il est question de sécurité, on entende couramment « quand t’as un muscle à la place du cerveau, tu fais vigile ».
10:46 | Commentaires (16)
mardi, 31 mars 2015
Je ne vois pas les sous venir…
Hier soir, après être sorti de la cuisine, nous avions dîné puis, la lamentable défaite d’un camp que le camp d’en face à prise pour la victoire de son camp contemplée, nous sommes allés au lit.
Oui, Heure-Bleue et moi dormons dans un lit. Pas par terre.
Nous avons pris chacun notre bouquin.
Je lis selon une méthode de fainéant.
Un livre chouette mais nécessitant un minimum d’effort.
Puis un livre nul mais nécessitant un effort minimum.
Le second me repose du premier.
Le premier me donne l’impression d’être intelligent une fois que je l’ai lu.
Le second me donne l’impression d’être très intelligent dès le premier paragraphe.
Hier soir, donc Heure-Bleue a pris son livre et a commencé à lire.
Une biographie de Sylvia Plath, poétesse et écrivaine américaine qui s’est suicidée à l’âge de trente et un ans.
Un truc hyper sérieux. Elle est bien, elle…
Un moment, la lumière de mes jours me demande :
- Minou ?
- Mmmhh ?
- C’est quoi un gypaète ?
- Un piaf, genre charognard du Moyen Orient.
- Comment tu sais ça ?
- Ben
« L’ibis rose et le gypaète
Au blanc plumage, aux serres d’or. »
- C’est qui ?
- Théophile Gautier, « Émaux et camées »…
- Alors là, Minou, tu n’es pas loin de lâcher la rampe.
- Pourquoi ça ?
- Tu es le seul mec de ton âge que je connaisse qui, à onze heures du soir, quand on lui demande « c’est quoi un gypaète » peut te le dire et citer Théophile Gautier comme exemple. Ça sent Alzheimer, ça…
Je me suis demandé d’un coup si Heure-Bleue passait beaucoup de temps au lit avec d’autres mecs de plus de soixante ans.
Puis je me suis rappelé qu’on était ensemble tous les soirs.
Mais du coup ça m’a rappelé quelques questions que je me pose souvent.
Quel est le sens qu'on donne à un souvenir ?
Qu'est-ce qu'il suscite le plus ?
Du regret ?
Du remords ?
Une impression de manque ?
Ou simplement la sensation d’entassement dans une mémoire quelquefois vague des évènements qui surviennent dans notre vie.
Et parfois la jalonnent…
06:43 | Commentaires (10)
lundi, 30 mars 2015
Ce blog dont le fil est mignon…
Mab, tu voulais du salé ?
En as-tu vraiment besoin ?
J’ignorais jusqu’à ce matin que tu fus dessalée…
Tu n’as pas l’air, à voir comme ça. Tu as même l’air assez sage.
Voilà donc ton souhait exaucé.
J’ai prévu pour toi quelque chose de mignon.
Le filet mignon de porc aux oignons.
Ce n’est pas casher ni halal mais tu t’en fous autant que nous.
Et rappelle toi qu’une cochonnerie doit toujours être faite avec patience si on veut que ça ne rate pas.
Boileau l’avait bien compris et on peut le mettre à toutes les sauces.
Il faut donc débarrasser le plan de travail de toutes les saletés qui subsistaient après le ménage sommaire fait par le Goût quand il eût préparé la crème au chocolat de Praline.
La préparation des ingrédients en est simple.
Il te faudra prendre chez ton boucher :
- Un filet mignon de porc d’environ 600g
Puis, comme je sais que tu adores perdre du temps à faire les courses, prends la voiture et va dans un Monop quelconque et achète :
- 150 g de champignons de Paris.
- Une petite botte de persil.
- Un petit pot de 33 cl de crème fleurette.
- Deux oignons.
Puis tu prépares :
- Deux verres à vin de vin blanc sec.
- Deux verres à vin mais d’eau du robinet.
- Tu sors la boîte de Maïzena.
Ce n’est pas que j’apprécie particulièrement la Maïzena mais je sais que le rond de veau donne mal à l’estomac de ceux qui ont dépassé les … vingt-deux ans ?
Je suppose –quoique parfois je doute- que tu as du sel, genre sel de Guérande et du poivre noir. Oui,Mab, noir le poivre !
Une fois tous tes petits machins rassemblés sur ton plan de travail, la suite est simple.
- Tu coupes le filet mignon en morceaux à peu près égaux.
Pour un filet mignon de six cents grammes, je dirais huit morceaux.
- Tu éminces les oignons.
- Tu éminces les champignons de Paris après en avoir retiré la « peau du chapeau » et coupé la base du pied.
Là, tu prends ta cocotte.
Et c’est là aussi que je piétinerais Heure-Bleue d’avoir choisi cette gamelle de m… mais bon.
Revenons à la préparation.
- Tu mets deux cuillers à soupe d’huile et une cuiller à soupe rase de beurre.
- À feu vif, tu fais revenir les morceaux de filet mignon.
- Quand ils ont une belle couleur dorée, tu ajoutes les oignons et tu touilles.
- Environ une minute plus tard, tu ajoutes les champignons, le vin blanc et l’eau.
- Tu sales et tu poivres à ton goût.
- Tu couvres et tu mets à feu doux pendant vingt-cinq minutes à une demi-heure.
C’est à ce moment que la patience entre en jeu, il faut éviter absolument de tenter de faire plus vite en mettant à feu plus vif ! Ça rend la viande plus dure et assez sèche malgré la sauce. Je le sais, je me suis planté hier en mettant à feu insuffisamment doux…
- Pendant que ça cuit, tu verses la crème dans un bol et en la touillant tu la saupoudres de Maïzena (avec les doigts, avec la cuiller, ça rate et ça fait des grumeaux qui sont chiants à réduire…)
- Tu cisèles quelques brins de persil assez finement.
- Tu mets la sonnette de ton réveil et tu vas lire tranquillement ou mieux : Tu viens faire un gentil commentaire chez moi.
- Quand le réveil sonne, tu mets à feu très bas et verses la crème dans la cocotte.
- Tu touilles et quand la sauce est homogène, tu remets le couvercle.
- Tu laisses mijoter cinq minutes.
- Tu mets un verre de riz dans une casserole, trois verres d’eau et tu mets à feu vif.
- Quand il n’y a plus d’eau, c’est cuit. Fais gaffe quand même parce que pas d’eau ça ne veut pas dire cramé. C’est bon quand la dernière goutte d’eau vient d'être absorbée.
Au moment de servir, tu mets le contenu de la cocotte dans un plat et tu saupoudres de ce persil merveilleusement ciselé.
Bon, si tu es seule avec Maky, tu mets la cocotte et la casserole sur la table et vous mangez.
Tu verras, c'est bon.
13:44 | Commentaires (14)