mardi, 17 mars 2015
Si ceux que j'associe sont secs...
Qu'ils soient Baudelaire ou Klimt...
Blanche fille aux cheveux roux,
Dont la robe par ses trous
Laisse voir la pauvreté
Et la beauté.
Pour moi, poète chétif,
Ton jeune corps maladif,
Plein de taches de rousseur,
A sa douceur.
Hier, Heure-Bleue et moi sommes allés à la Pinacothèque.
Je déteste ce musée.
En plus tout était prévu pour que ce soit raté.
Heure-Bleue avait même mis son « pull à taches », ce pull bleu layette que je hais et qu'elle met quand je sors avec elle.
Ce musée est mal fichu. Il est plein de murs superfétatoires. Tous ces murs ont été ajoutés, j’en suis sûr, pour accrocher le plus de tableaux possible et faire un dédale qui guide les visiteurs.
Chaque fois que j’y mets les pieds, j’ai l’impression de circuler dans un système digestif.
Un énorme intestin, plein de circonvolutions dans lequel nous avançons comme un magma.
Je me sens ravalé au rang de résidu de digestion.
Pour parfaire l’impression de cloaque, il y fait une température tropicale et j’ai l’impression –pas totalement fausse- de respirer un air pété cent fois.
S’il n’y avait pas eu cette exposition dédiée à Klimt, je n’y aurais pas mis les pieds.
Heure-Bleue elle-même, pourtant accro à Kokoschka et Egon Schiele, a râlé.
Je n’ai malheureusement pas vu le tableau de Klimt pour lequel je m’étais réellement déplacé.
Je dois vous avouer, lectrices chéries, que lui et moi partageons les mêmes goûts en matière de femme.
Je me demande si ce ne sont pas les lointaines origines austro-polak de, j’allais écrire « la mulier de mes jours » atavisme quand tu nous tiens, la lumière de mes jours, ses cheveux roux, ses yeux verts et sa peau diaphane qui m’ont ligoté sur l’instant… Il n’empêche que mon tableau préféré n’était pas là.
Regardez, lectrices chéries, d’après vous, pourquoi est-ce le tableau de Klimt que je préfère.
Non, ce n’est pas Paolo Malatesta matant Francesca da Rimini comme un gâteau.
C’est celui là, « Le Baiser », une pure merveille, même si la dorure lui confère une exagération « pied-noir » rare dans la peinture autrichienne.
Vous avez compris ?
Bien que j’en vis d’autres, notamment une fresque qui m’a poussé à venir, sachant qu’elle ne repasserait plus par Paris avant une ou deux décennies.
Tout ceci pour vous dire, lectrices chéries, que le printemps étant ce qu’il est, cette exposition m’a quand même amené à me poser quelques questions.
Notamment à propos de cette absence d’une ou deux décennies qui me tracasse car malgré un appétit de vivre pantagruélique, je dois avouer que j’ai comme un doute quant à la patience de la faucheuse, cette s… qui passe à la maison sans sonner à la porte…
De proche en proche, avec cette facilité de scénariser qui fait mon charme, je me suis fait la réflexion qu’en plus j’étais assez maladroit pour me trouver dans une situation délicate qui ferait hésiter la Faucheuse devant votre serviteur.
Avec le pot qui me caractérise, je me ferais serrer bêtement occupé avec une rousse.
Et dans ce cas, quel serait mon épitaphe ?
« Mort en état d’épectase » ou « Mort étripé par Heure-Bleue » ?
La lumière de mes jours vient de confirmer mes pires craintes en jetant d’un ton vif et pour tout dire hargneux
- Ce sera « Mort étripé par Heure-Bleue ! » un point c'est tout !
- Bon...
Ai-je dit platement. Et dire qu’on nous apprend à partager…
08:13 | Commentaires (9)
dimanche, 15 mars 2015
Jean Ferrat, et fit bien.
Que des blondes il a hameçonné Jeannot.
Regardez bien ses nanas, lectrices chéries, il a pécho que des blondes...
Bignoles comme nous sommes, Heure-Bleue et moi avons supputé un moment « a-t-il couché avec Isabelle Aubret ou non ? »
Avouez, lectrices chéries, que c’est quand même le signe indubitable que nous nous sentons concernés par les grandes questions qui agitent le pays ces temps-ci.
Bon, ça ne nous regarde pas, il s’en fout aujourd’hui et Isabelle Aubret est une jolie vieille dame qui, contrairement à Daniel Guichard, chante encore juste mais doit avoir oublié…
Même si j’ai écouté avec plaisir « Deux enfants au soleil », que je n’avais pas entendu depuis… Pfiouuu…
Je me suis tout de même fait la remarque qu’à l’époque, les enfants jouaient à des trucs que les parents de 1962 considéraient avec une certaine méfiance et une inquiétude certaine.
Surtout les parents de filles…
Oui, je pense à des détails comme ça, terre-à-terre que je suis.
Du coup je me dis qu’Isabelle Aubret n'a probablement pas oublié.
On n’oublie pas si facilement ce genre de truc.
La lumière de mes jours et votre serviteur nous sommes donc laissé aller à regarder Michel Drucker nous parler de Jean Ferrat samedi soir.
Je me suis brièvement demandé si, contrairement à Jean Ferrat, Michel Drucker n’était pas immortel, lui…
J’ai écouté avec plaisir des chansons qui ont bercé mon enfance puis ma jeunesse.
En écoutant « Ma môme » j’ai pensé à Patriarch, ce jeune homme, mort prématurément à la fleur d’un âge de quatre-vingts ans à peu près.
Un moment Heure-Bleue m’a dit « Tu sais que « Nuit et brouillard » ça me file des frissons… »
Idiot que je suis, j’eus préféré qu’elle s’émût et pensât à moi en entendant « Que serais je sans toi »
Je me demande s’il est si bien que ça finalement, Aragon…
Parmi les « repreneurs », un m’a convaincu, Hubert-Félix Tiéphaine.
Laurent Gerra, imitateur qui habituellement ne me plaît que moyennement, m’a époustouflé. Il me faut admettre que son interprétation de « Aimer à perdre la raison » avec la voix de Jean Ferrat était remarquable.
Voilà comment nous avons passé notre soirée.
On est « bobo », « intello Télérama », ou on ne l’est pas, hein…
10:32 | Commentaires (12)
samedi, 14 mars 2015
Les uns ferment d’autres Louvre…
Vendredi, je suis allé au Louvre avec mon ami, celui avec qui je n’ai rien de commun.
Nous avions plein de choses à nous raconter que je ne vous raconterai pas, lectrices chéries.
Ouaip, on a aussi nos secrets.
Comme chaque fois que je vais au Louvre, je suis surpris par la permanence des choses.
Celle qui me frappe le plus ?
Je ne vois pas le temps passer et, la sortie du musée franchie, j’ai les jambes sciées.
Nous avons passé des heures à marcher en parlant, à regarder essentiellement des tableaux. Le tout sans nous rendre compte de l’énergie dépensée.
Et ce n’est pas celle emmagasinée lors du déjeuner qui nous a servi.
C’est cher, pas terrible et à défaut de m’avoir fourni les watts nécessaires à la visite m’a donné de quoi me lamenter ce matin…
Bref, des m… qui ne font qu’engraisser l’imprudent convive…
J’ai, pour l’occasion, fait une découverte renversante : Ce restaurant a été capable de faire le café le plus immonde que j’aie jamais bu.
Nous sommes donc sorti, mon ami et moi, si déçus par le restaurant que ça nous en a collé un fou rire.
Heureusement, c’est sa boîte qui a réglé l’addition.
Si ç’avait été nous, on aurait inauguré le fou-rire jaune…
En parcourant la Grande Galerie du Louvre, une autre chose m’a étonné.
J’ai revu, au même endroit que quand j’avais six ans, « Le serment des Horaces » et, face à ce tableau « Le sacre de Napoléon ».
J’ai trouvé ça dingue !
Soixante ans à la même place ! Et même pas sales !
Je suis presque sûr que c’est le même tas de pitons qui les maintient à leur place…
Je ne suis pas allé vérifier parce que de nos jours, vérifier comment est fixé un tableau dans un musée vous amène directement au trou.
Puis on est allé faire un tour du côté des sculptures en passant devant la victoire de Samothrace fraîchement restaurée.
Adolescent, je l’avais vue noire, juste noire de crasse. Et ce n’est pas elle qui avait fixé mon attention, même si je l’avais trouvée belle.
Pour ce que je me rappelle, ce jour là, j’avais trouvé tout beau. Surtout l’objet de mon affection…
Je dois avouer que vendredi, j’ai été une fois de plus époustouflé par la beauté de la Victoire et la qualité du travail.
Puis nous sommes sortis, les jambes coupées, avons rejoint le café « Le Musset » et avons repris un café.
Bon, celui-là.
Nous avons encore papoté un moment jusqu’à ce que nous soyons chassé de nos fauteuils –ouais ! De vrais fauteuils de cuir- par les monstrueux nuages de fumée issus de clopes dont je me demande encore ce matin quel genre de moquette les garnissait…
19:08 | Commentaires (6)
vendredi, 13 mars 2015
Ce matin, je me magne et tique…
Ce matin il fait un temps froid mais ensoleillé.
Une lumière qui n’est plus enfin une lumière d’hiver mais pas encore une lumière de printemps.
Cette lumière si belle et si caractéristique de l’ouest de Paris, celle des impressionnistes.
Ce moment de luminosité m’a réveillé de ma somnolence hivernale et rappelé quelques uns des chemins que j’empruntais pour rentrer du lycée.
Le matin, je me dépêchais, surtout les jours où mon envie de garder des sous m’avait fait renoncer à l’achat de tickets de métro.
Le soir, en revanche, je traînassais.
Presque tous les chemins qui partaient du lycée menaient à Rome en passant par chez moi.
Quand je sortais du lycée, j’avais le choix.
Parfois je passais par le square d’Anvers et le plus court chemin traversait le boulevard, empruntait la rue de Steinkerque puis passait directement, moyennant une volée de deux milliards de marches à monter et les deux millions de marches de la rue du Mont Cenis à descendre, jusqu’à la mairie du XVIIIème.
Parfois je prenais plutôt la rue Gérando, je l’aimais bien car j’allais parfois chez un copain, B.. Un de ces « copains du jeudi matin » qui n’avait pas été plus sage que moi…
Toi Lakevio, qui connais le Paris d’aujourd’hui et ne vois sur le trottoir de droite à partir de la place du Delta qui est devenue une « verrue » appelée « Boulevard de Rochechouart », que des boutiques de « schmattès » et de coiffeurs « afro », dis toi que dans ces années là, il y avait bien d’autres boutiques.
Le Marché Saint Pierre, objet de ton affection était de l’autre côté et m’intéressait d’autant moins que ma mère y allait…
Parmi les boutiques du côté droit, il y en avait une qui retenait toute mon attention. J’y passais de longues minutes à admirer des choses dont j’étais sûr que j’arriverais à me les payer un jour.
J’y passais tant de temps que mon bras droit doit, aujourd’hui encore, mesurer plusieurs centimètres de plus que mon bras gauche. Il s’est allongé j’en suis sûr sous le poids de mon cartable.
Cette boutique exposait des choses merveilleuses, entre autres des magnétophones.
Les commerçants de l’époque étaient assez confiants dans l’avenir et fiers de ce qu’ils vendaient pour montrer volontiers aux enfants qui passaient ce qu’on pouvait faire.
Je fis là une des plus importantes découvertes de ma vie à part les filles.
Sa propre voix, celle que l’on entend quand on parle n’a rien à voir avec celle que l’on entend sortir d’une machine.
Voilà à quoi me fait penser la lumière de mon coin ce matin, lectrices chéries…
10:09 | Commentaires (5)
jeudi, 12 mars 2015
Socialisme ? Le coût de sans…
Comme je ne vous l’avais pas dit, hier nous sommes retournés à Paris.
Pas du tourisme, non, de l’utilitaire. Enfin presque.
Il nous fallait aller chez le médecin.
Une ordonnance simple à renouveler pour votre serviteur.
Un simple additif alimentaire à prendre en gélule, intéressant pour sa propriété à augmenter le pH de l’organisme.
Il reste que c’est un truc à creuser le fond du trou de la sécu parce que ce produit noté E330, à moins de deux €uros le kilo est facturé près de quatre cents €uros le kilo chez l’apothicaire…
Pour Heure-Bleue, le boulot était un peu plus difficile qui consistait à faire avaler une pilule au médecin.
Elle a réussi.
Du coup, nous sommes sortis guillerets de chez l’homme de l’art.
Nous nous sommes arrêtés prendre un café qui fut bien agréable et avons remonté la rue du Temple jusqu’à la rue Rambuteau.
Le pain, les éclairs au caramel chez « le bon boulanger », le vin chez Nicolas et nous avons continué jusqu’à l’arrêt du 29.
Quand nous sommes arrivés au carrefour des rues Beaubourg et Michel Lecomte j’ai regardé dans la rue Michel Lecomte.
On ne voyait plus les fenêtres de l’appartement de ma mère…
Une fois traversée la rue Beaubourg, j’ai quand même pris une photo pour que vous, lectrices chéries, voyiez le coin où j’ai passé une grande partie de ma vie.
C’était beaucoup plus noir dans les années soixante qu’aujourd’hui…
Le 29 est arrivé.
Comme souvent, il ne finissait pas normalement, nous avons attendu place des Victoires le 29 suivant.
Passionnant, non ?
Il vous faut néanmoins savoir, lectrices chéries que, bien qu’étant arrivés dans notre exil vers dix-huit heures trente, nous avons débattu de politique avec des militants qui non seulement étaient socialistes mais de gauche.
Ne ricanez pas lectrices chéries, ce n’est pas d’une évidence folle ces temps-ci.
Ça nous a pris près d’une heure.
Il fut même possible de faire avouer au candidat titulaire qu’il n’était pas aisé de faire avaler à l’électeur que François Hollande était socialiste.
A la fin, nous étions plus de sept à tenir meeting.
A défaut d’avoir une activité socialiste efficace, nous avons au moins une activité sociale vivace…
10:17 | Commentaires (8)