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jeudi, 12 juin 2014

Famille, je vous ai…

Une lectrice chérie m’a laissé hier un commentaire qui me laisse rêveur.
Il me donne l’impression qu’elle vivait dans un monde d’indépendance et de liberté d’aller et venir.
Alors que, pour le peu que j’en sais, elle vivait, comme moi et beaucoup d’enfants de notre génération, dans un monde ou la liberté se réduisait à une inscription au fronton des écoles où nous allions chaque matin.
Nous avions alors la fraternité à la maison et l’égalité nulle part…
Bon, d’accord, elle est plus jeune que moi mais, à part son mari, personne ne peut penser qu’elle a quatorze ans non plus, alors hein…
Voici donc ce qu’elle m’écrit avec la candeur qui sied si bien aux jeunes filles :

« mais pourquoi ne pas les avoir remis dans le porte-monnaie ? Pourquoi la boite aux lettres ? »

Voyons Lili ! Mais c’est la panique, Lili ! La panique !
En ce jour maudit, j'avais onze ans et deux mois. A quelques jours près, je sais seulement que c’était un lundi, dernier jour d’ouverture des Puces de Saint-Ouen, d’où la géante bévue de votre serviteur.
C’était un de ces débuts de mars dont rêve chaque gamin un peu frileux – vous aurez j’en suis sûr, lectrices chéries, reconnu votre Goût adoré- un début de journée merveilleux, avec un ciel sans même la tache d’un petit nuage blanc. Vous savez bien, ces petits morceaux de coton si blancs et légers qu’on ne peut décemment appeler ça des « cirrus ».
La température, douce quand je suis arrivé au niveau de la rue après la descente en hâte de quatre étages, a perdu au moins cent degrés quand j’ai ouvert la main.
Une panique terrible m’a saisi quand j’ai vu la coupure de cinquante francs dépliée.
Remonter quatre étages en courant n’était rien.
Remettre le billet dans le porte monnaie après avoir ouvert la porte sans faire de bruit ? Pfff… Même pas un exploit !
Seulement voilà, je n’avais pas les clefs. Seuls ma mère et mon père avaient les clefs.
Ma mère était censée être toujours à la maison et mon père au travail, ergo pas besoin de clefs pour les enfants…
Il ne me restait qu’à frapper à la porte. N’allez pas imaginer qu’il y avait une seule sonnette dans cet immeuble.
J’ai eu alors cette peur terrible, celle qui vous liquéfie le ventre et fait trembler les genoux.
Un peu comme ça arrive plus tard, quand on tombe irrésistiblement amoureux, vous voyez ?
Sauf que cette fois-ci, il était quand même question, après avoir remonté quatre étages en courant, de réveiller ma mère en sursaut, de trouver une excuse vaseuse qu’elle aurait aussitôt détectée. En plus, je la connaissais, elle ne m’aurait pas quitté des yeux, couvé de son regard inquiet. Regard qui se serait illico transformé en lance-flamme à la vue du billet caché dans ma main. Oui, elle avait l’œil pour ce genre de chose, ma mère.
Non seulement j’aurais entamé la journée avec une superbe raclée mais j’aurais eu droit à une mercuriale d’enfer, de laquelle serait ressorti que ce billet était destiné à nourrir toute la famille jusqu’à ma majorité.
En prime, elle m’aurait envoyé au lycée avec une dernière taloche, je serais arrivé en retard sans excuse, ce qui m’aurait donné droit à un séjour gratuit le jeudi suivant…
Et voilà pourquoi, en allant chercher la plus petite à l’école, ma mère eut d’abord la joie de trouver un Molière dans sa boîte aux lettres, puis la rage de s’apercevoir que le sien avait disparu de son porte-monnaie.
D’où les trois évènements du billet précédent.
Capisci Lili ?

Oh ! Je sais bien, lectrices chéries ! J’aurais pu me contenter du suffisant « Voyons Lili ! Mais c’est la panique, Lili ! La panique ! » au lieu de délayer sur plus d’un écran mais que voulez vous, je suis bavard.
Et puis j'aime tant quand une lectrice chérie me souffle le sujet de la note du jour.
Ça me repose…

mercredi, 11 juin 2014

Le grand ôteur...

Vous voyez le rapport entre Victor Hugo et Molière ?
Eh bien, je sais depuis ma deuxième cinquième qu’il y a un rapport 10 entre les deux.
1 Molière = 10 Victor Hugo…
Je vous avais parlé de mes démêlés avec les fous chargés de mon éducation.
Je vous avais aussi entretenu des injustices qui m’avaient blessé.
Je n’avais et n’ai toujours pas perdu malgré tout la néfaste habitude de faire confiance.
Quelques années après ma sortie de Frères & Co, mon monde faillit s’effondrer.
Suite à un accroc sévère à la morale enseignée, mes parents avaient résolu en trois étapes le problème.
Mon père m’engueula sévèrement. Mais c’est seulement parce qu’il n’avait pas le droit de nous taper dessus.
Ma mère me talocha durement. C’est tout bêtement parce qu’il avait été décidé en haut lieu qu’elle serait la seule à pouvoir se livrer à des voies de fait sur les quatre enfants de la famille.
La troisième étape fut la plus sympa : Il fut décidé que j’aurai droit à de l’argent de poche.
Et ne me dites pas que onze ans passés, c’est trop tôt pour donner des sous.
La décision fut prise par mon père. Ma mère n’osa pas s’y opposer mais n’en pensait pas moins. De ce jour, elle considéra que le maigre pécule que m’avait alloué un père optimiste valait bien qu’elle meublât de ce jour un porte-monnaie déjà hermétique de toute une ménagerie de scorpions, de hérissons voire d’oursins.
Je ne suis pas très fier –en réalité pas fier du tout- de la genèse de cette affaire…
C’est cette aventure qui amènera plus tard la déconvenue la plus affreuse de ma vie d’enfant.
Déconvenue que je vous raconterai une prochaine fois.
Pour en revenir aux causes de la relative générosité de ma mère, il vous faut savoir, lectrices chéries,  qu’en 1960, même si elles excitaient déjà ma curiosité, je n’étais pas intéressé que par les filles.
La perte de l’œil droit m’avait fait abandonner provisoirement la chimie pour l’électricité et ses multiples expériences.
Après avoir « fait sauter les plombs » moult fois, j’appris qu’on pouvait faire des choses super intéressantes avec le 110 V de l’époque.
Heureusement que le secteur était à 110 volts pour quelques années encore sinon vous vous passeriez de mes palpitants récits car je serais probablement resté collé à un de mes bidouillages s’il avait atteint les 230 volts actuels…
Toujours est-il que je fus intéressé au printemps de cette année-là par l’achat d’un moteur électrique vu sur un stand du Marché aux Puces de Saint Ouen que j’honorais de ma fréquentation dès que j’avais un franc en poche.
Le « vieux », un type tout maigre qui devait avoir quarante ans à tout casser mais avait des poils blancs dans une barbe mal rasée et sur les tempes, tenait ce stand bordélique rue Jules Vallès. Il m’avait à la bonne, probablement parce que j’étais poli, et acceptait de me voir fouiner dans le bric-à-brac le plus monumental que j’aie jamais vu.
A part la chambre de l’Ours en 1982 évidemment…
J’avais repéré ce moteur, une merveille laquée noir, avec ses deux fils torsadés, son axe poli. Il me semblait assez gros pour bricoler et assez petit pour que je puisse l’emporter pour le montrer. J’avais déjà en tête les machines délirantes que je pourrais réaliser si je l’avais.
Et puis, ô merveille, il n’avait même pas l’air vieux !
Bref, je le voulais.
Je suis allé voir le vieux.
- C’est combien, s’il vous plaît monsieur ?
- Dix balles mon gars !
- C’est cher…
- Cinq balles et tu l’emportes…
- Je les ai pas…
- Eh môme ! Faut quand même que j’aie un peu « d’affure » !
- Bon, je reviens demain alors. Au revoir monsieur.
Oui, le monsieur causait un peu voyou…
C’est le lendemain, avant le départ pour le lycée que se noua le drame.
Je me suis levé, vaguement lavé, genre « toilette de chat » ai pris mon petit déjeuner avec ma grande sœur, ai attendu qu’elle parte, ai regardé partout dans la cuisine et ai vu ce qui allait sceller mon destin : Le porte-monnaie maternel !
J’éteignis la lumière, ouvris le porte-monnaie, vit un billet plié, dans les tons verts , le pris et partis, mon cartable dans une main, le billet dans l’autre, le cœur battant et les genoux pas très stables.
Arrivé au rez-de-chaussée, sur le seuil de l’immeuble j’ai ouvert la main et ce fut l’horreur.
Au lieu du « Victor Hugo » supputé, j’avais dans la main un « Molière ».
Au lieu des cinq francs espérés j’avais une fortune de cinquante francs dans la main. Un coup à se faire assassiner !
J’ai jeté le billet dans notre boîte aux lettres et me suis enfui au lycée.
Ce fut une des plus mauvaises journée que j’y passai.
Et, mon dieu, que j’ai pu traîner avant de rentrer à la maison…

mardi, 10 juin 2014

Œdipe roi.

Ckan m’a posé hier une question.
Non, pas « Ckan qu’on va où ? » mais une question à tiroirs, multiple, délicate et à laquelle il n’est pas si facile de répondre.
Sauf à reprendre auprès de vous, psys chéries, cette analyse palpitante et d’autant plus efficace que vous êtes mes lectrices chéries.
Et gratos…
Psys chéries malheureusement pas assez indulgentes, mais bon…
Ckan, assez abruptement je dois dire, a commencé par m’apostropher « C'est œdipe à l'envers chez toi ! »
Comment répondre à ça ?
Je ne suis pas sûr que Jocaste ait vraiment demandé à épouser Œdipe, d’ailleurs Sophocle est réservé sur ce point tandis que moi, ayant des accointances avec le Sphinx, je sais bien que pas du tout, que c’était un marchandage qu’Œdipe à remporté haut la main.
Ckan, dans son élan curieux, a demandé « Ta mère tu l'aimais ou pas ? »
Que répondre à ça ?
D’abord en lui disant qu’évidemment j’aimais ma mère.
Non que j’aie cessé de l’aimer mais elle est morte.
Cela dit, dans ces affaires il traîne toujours le bémol quivient fausser l’accord…
Et elle était très forte en création de bémols, ma mère…
Oh, bien sûr que j’aimais ma mère.
Mais je l’aurais aimée tellement plus si elle n’avait été si indiscrète, jalouse, et envahissante.
Cela dit, elle était assez paradoxale. Oui, elle était envahissante mais nous laissait seuls pour plusieurs jours sans beaucoup d’états d’âme.
Quand nous étions petits, mes plus jeunes sœurs et moi, elle avait le câlin enveloppant et la taloche facile.
Mais… Car il y a un « mais », si elle était capable du meilleur –le « pain perdu » par exemple- elle était capable du pire.
Lire nos lettres ou fouiller dans nos affaires, par exemple.
Elle était notoirement d’une indiscrétion scandaleuse. C’est sans doute la raison de l’absence de journaux intimes chez ses quatre enfants.
Le côté journal eût été respecté. Son côté intime eût en revanche été piétiné sans scrupule.
Ma mère avait comme ça quelques craintes qui nous ont, à mes sœurs et moi, pourri la vie dès que nous nous sommes rendu compte que si nous étions également humains nous n’étions pas identiques. Rien qu’à l’idée qu’elles pussent voir l’affiche de « Autant en emporte le vent » elle les voyait déjà enceintes.
Quant à moi, l’idée qu’elle pût être la seconde dans l’ordre de mes affections la chagrinait au plus haut point. Ne parlons pas même de l’idée qu’un zizi pût servir à autre chose que faire pipi.
L'envie de nous maintenir à l'abri des dangers la motivait probablement, du moins je l'espère, mais c'était difficile à vivre. Surtout quand nous avons grandi...
Le fait est qu’à maintes reprises, je l’aurais volontiers jetée par terre et piétinée.
J’ai comme ça souvenir d’une injustice criante que j’ai depuis considérée avec l’indulgence du type qui n’y peut rien changer et me suis rendu compte qu’elle ne pouvait probablement pas faire autre chose que ce qu’elle fit.
Ça m’est resté longtemps en travers de la gorge.
Je vous raconterai cette histoire la prochaine fois, lectrices chéries.

 

lundi, 09 juin 2014

Le dernier pain perdu.

Ma mère, une fois mis de côté le fait qu’elle me pourrissait la vie dès qu’elle pressentait que je pouvais aimer quelqu’un d’autre qu’elle, avait d’innombrables talents.
Elle pouvait gâcher une soirée de mon père en deux mots soigneusement ajustés.
Elle pouvait pourrir un dimanche de ma grande sœur rien qu’avec un petit truc à faire, celui qui lui ferait rater le garçon qu’elle voulait voir vers l’endroit où la rue Hermel croise le square Clignancourt, petite enclave de verdure entourée d'immeuble en pierre de taille, propre et « bien fréquentée » propice aux rencontres.
Elle pouvait aussi, d’un seul coup d’un seul, interdire à mes deux petites sœurs d’aller retrouver chez elles deux autres sœurs afin qu’elles fissent ensemble leurs devoirs.
De mon expérience de l’aide aux devoirs me reste une leçon d’histoire, censément connue de ma sœur cadette et des deux autres sœurs.
Ma sœur ne l’a jamais sue et ne la sait toujours pas, ce n'est pourtant pas faute de la lui avoir fait répéter.
En revanche, je me la rappelle parfaitement : « Mal vêtus, mal logés, mal nourris, les serfs vivent sous la domination de leurs seigneurs qui les exploitent. »
Ma mère savait aussi avec talent nous ramener dans le droit chemin rien qu’avec la menace de la balayette.
Pour ce que je me rappelle de cette balayette, qui disparut lors du déménagement qui nous amena dans le Marais, c’était une balayette qui perdait ses poils on se demande comment car elle n’avait jamais servi à autre chose que nous menacer de nous en frapper le bas du dos…
Tout lui était bon pourvu que cela dissuade n’importe lequel d’entre nous de prendre le genre « voyou de la Porte de Clignancourt ».
 Cela dit, elle avait quand même parfois un savoir-faire qui ne consistait pas qu’à rater la soupe de mon père ou fabriquer un pot de colle avec un sachet de pâtes.
Elle faisait, « les semaines difficiles », autant dire les trois dernières du mois, ce qu’elle appelait du « pain perdu ».
Vous vous rappelez sans doute, lectrices chéries qu’il nous était absolument défendu de « manger du pain frais car il est difficile à digérer et de toute façon il en reste d’hier il est encore bon »…
Le pain de quatre cents grammes, dit « pain parisien » n’était jamais frais ni terminé et finissait dans le fond de la petite huche où on le rangeait habituellement.
Quand le moment arrivait où les restes de pain empêchaient de ranger le « pain d’hier » à la fin du repas, le moment était venu pour ma mère de faire le « pain perdu », qui servirait de dessert et de goûter pour les jours suivants.
Elle « émialait » selon ses propres termes, le pain dur, le transformant en un tas de graviers de la grosseur d’un pion de loto, préparait une grande casserole et y mettait le tas de grosses miettes.
Elle le saupoudrait ensuite de sucre.
Pas trop.
Puis de cacao.
Encore moins.
Et recouvrait le tout de lait. Quand le tout était ramolli suffisamment à son goût, elle le remuait et le versait dans un immense plat de tôle émaillée. Rouge bordeaux à l’extérieur, gris fer saupoudré de blanc à l’intérieur.
Après un passage au four, le « pain perdu » était sorti brûlant et posé sur le rebord de la fenêtre de « la grande pièce » pour refroidir.
Je me demande encore comment on n’a pas tué la concierge avec un plat en train de refroidir… Cette fenêtre n’avait rien pour arrêter ce qu’on posait sur le rebord. C’est celle qui servit de base de lancement à la fusée qui m’mena à l’hôpital.
Après avoir surveillé que la bande d’affamés que nous étions ne « tapait » pas dans le plat encore chaud, elle le laissait là jusqu’au dîner.
On a toujours trouvé ça délicieux. Ce qui prouve qu’un ventre affamé, non seulement n’a pas d’oreilles mais n’a pas trop de goût non plus…
Je sais que ce n’est pas le vrai « pain perdu », lectrices chéries, mais ma mère appelait ça « pain perdu » !
Et nous en avons mangé la dernière part dans ce passage mal famé près de la Porte de Clignancourt.
Ma mère n’en fit plus jamais…

 

dimanche, 08 juin 2014

Les vieux ont soif…

Aaahhh… Pauvre France…
Hier, après avoir enfin réussi à voir au Petit Palais l’exposition des œuvres de Carl Larsson, nous avons vaqué.
Sous le soleil exactement. Pas à côté, pas n’importe où.
Nous avons remonté les Champs Elysées qui, contrairement à une idée répandue, n’est pas la plus belle avenue du monde. Nous avons descendu l’avenue de Wagram jusqu’à l’avenue des Ternes.
Pas passionnant, lectrices chéries, je sais…
Un appel de l’Ours sur le portable d’Heure-Bleue nous  a convaincus. Il nous fallait absolument aller prendre un « apéro dînatoire » sur leur terrasse.
Nous nous sommes donc arrêtés au Monop’ des Ternes, que j’ai connu « Prisunic » quand j'étais étudiant pour y avoir « travaillé » une dizaine de jours un été au lieu du mois prévu.
Comme manutentionnaire. Ce qui explique la dizaine de jours. Je me suis fait jeter. Non seulement parce que j’étais un mauvais manutentionnaire mais aussi parce que j’étais bavard et distrayait des filles qui devaient gagner leur croûte au lieu d'écouter mes bêtises…
Bref, nous avons donc acheté de quoi meubler « l’apéro dînatoire » en boissons et amuse-gueules et nous sommes allés chez l’Ours.
J’en ai retiré quelques informations.
Non, je n’étais pas saoul en sortant, la preuve : Je me rappelle tout ce que j’ai bu. Du Gewurztraminer au Côtes du Rhône en passant par le rosé de Provence.
Mais… Car il y a un mais.
J’ai appris que quand il fait des températures caniculaires et qu’on à soif parce qu’on cause beaucoup, il faut boire.
Pas du vin…
On dit que l’alcool s’évapore avant l’eau.
Peut-être. Cela dit, une chose s’évapore avant l’alcool : Le jugement. Je m’en suis aperçu quand les syllabes ont eu tendance à se mettre en désordre alors qu’habituellement j’articule assez correctement.
Même Merveille, malgré l’amour inconditionnel qu’elle voue à son papy préféré, j’ai nommé Le Goût, m’a par moment regardé avec commisération…
Manou, qui me servait libéralement chaque fois que mon verre était vide, eut tendance un moment à larmoyer, signe que l’âme slave ressortait chez elle.
Apparemment, le Gewurztraminer rend les Slaves sentimentales…
Ce matin, je n’ai pas mal à la tête mais, chose étrange, alors que je n’en ai pas bu, j’ai la tête pleine d’eau.
Là, me vient l’explication, je me souviens à l'instant que le vin est quand même composé d’eau à plus de 85%...
Je me rends compte aussi que mon organisme s’est modifié parce que depuis toujours, ce qui m’a empêché de sombrer dans l’alcoolisme, c’est que j’étais malade avant d’être saoul, ce qui a toujours limité sévèrement une consommation déjà peu compatible avec mon job…
Maintenant, je devrais pouvoir me saouler mais je crains qu'Heure-Bleue le prenne mal, elle n'a jamais supporté les ivrognes.