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samedi, 01 octobre 2022

Le sort, ce foutu sort…

Ce n’est pas que je sois routinier, non, c’est seulement que j’aime par moment que certaines choses soient immuables.
Que le jour choisisse le matin pour se lever.
Que la nuit choisisse plutôt le soir pour tomber.
Toutes ces choses auxquelles ont finit par s’habituer, comme le « T-shirt » s’habitue à tomber pile à côté du panier à linge, le savon à côté de la baignoire quand on est dedans ou le rideau de la boulangerie qui se baisse pile-poil quand on s’aperçoit qu’on a oublié le pain.
Bref, parmi ces éléments aussi immuables que le principe de conservation de l énergie ou celui de la conservation de la quantité de mouvement, un se rappelle à mon souvenir aussi régulièrement que l’alternance des jours et des nuits.
Celui des jours où Heure-Bleue, d’humeur optimiste, se dit qu’elle portera tout le jour ce pull « bleu layette » qu’elle adore et que j’abhorre.
Le sort, farceur comme toujours, lui donne tort dès le premier repas.
Je me demande depuis qu’elle eut l’idée saugrenue de le porter pourquoi il faut toujours que ce soit lorsque les repas sont entamés par une rondelle de cervelas, hélas accompagnée d’une vinaigrette jaune moutarde ou simplement constitué d’une assiette de spaghetti accompagnés de sauce bolognaise.
L’une ou l’autre sauce voyant ce pull décoré avant même le dessert, « d’or-moutarde » ou de « rouge-communiste » qui lui donne un côté maréchal russe ou général mexicain, selon le mets.
Bien heureux si le repas ne se termine pas par une mousse au chocolat…
Ce qui néanmoins me turlupine depuis maintenant plus de vingt ans, c’est cette terrible question qui devient quasiment existentielle chez moi :
Pourquoi ces évènements ne se produisent-ils qu’avec ce pull « bleu layette » ?
Le surnaturel pointerait-il son nez dans cette maison peuplée de cartésiens, et athées de surcroît ?

vendredi, 30 septembre 2022

139ème devoir de Lakevio du Goût

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D’après vous, qu’est-ce qui m’a poussé, à voir cette toile, à vous proposer un devoir ?
Oui, comme la semaine dernière, c’est une toile d’Émile Friant.
Celle-ci m’a particulièrement interpellé.
Pourquoi ?
Je vous le dirai lundi.
Mais vous ? Que vous a-t-elle inspiré ?
Ce qui serait vraiment bien, c’est que vous commenciez votre explication par :
« J’arrive tout couvert encore de rosée »
Et que vous la finissiez par :
« Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches. »

jeudi, 29 septembre 2022

Mon père, ce héros au sourire si doux.

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Et aux réflexions parfois si cruelles…
Comme vous le subodoriez peut-être, lectrices chéries, le couple de mes parents allait cahin-caha.
Cahin quand l’un voyait bien l’autre dans le rôle d’Abel.
Rôle assez bref si vous vous rappelez cette sombre histoire qui survint dans la Genèse. Caha car il était rare que tout allât bien dans un logement exigu où six personnes devaient cohabiter.
Là où ça se passait le moins bien, c’était les samedis et les dimanches d’hiver. Ma mère était frileuse comme une vieille chatte et mon père supportait mal que l’appartement « sentît la loutre » selon son expression.
Ça entraînait immanquablement de nombreuses disputes que ma mère savait lancer plutôt astucieusement.
Elle savait pouvoir compter sur la réflexion désagréable qui lancerait mon père.
Elle oubliait souvent que sa réflexion permettrait à mon père de faire montre de l’humour détestable dont il savait faire preuve quand ma mère le titillait un peu trop. Ça marchait à tous les coups, elle sortait perdante de la joute et ils se disputaient jusqu’à ce que le soufflé retombât et qu’arrive l’heure de préparer le repas ou celle des informations à la radio.
Un de ces samedis de février me revient où ma mère s’était levée du pied gauche.
Il faisait froid dans la maison, le poêle s’était, comme toujours, éteint vers le milieu de la nuit.
Mon père, qui travaillait comme un esclave, devait encore aller faire « des heures sup’ » histoire d’allonger la dose de margarine dans les pâtes.
Notre drame ? Personne n’aimait les épinards et le beurre était trop cher.
Ce matin-là, ma mère lui demanda d’allumer le poêle avant de partir.
Il aurait dû se méfier, mes sœurs et moi avions depuis longtemps remarqué que, quand notre mère était en forme, elle appelait mon père « Lemmy ».
Quand tout semblait aller pour le mieux entre eux, elle l’appelait « Chéri ».
Hélas, quand elle était « mal virée » elle l’appelait « Gaby ».
Ce fut donc un jour néfaste qui commença par :
- Gaby !
 Mon père, qui la connaissait aussi bien que nous, savait que « Gaby » ça voulait dire emmerdements à brève échéance.
Il en profitait parce qu’il savait aussi que quand il l’appelait « ma poule », elle détestait ça et le piétinerait volontiers.
- Oui ma poule ?
Ça ne rata pas. Profitant d’heureuses dispositions pour la chamaillerie elle jeta :
- Rhoouuuu ! Je te giflerais quand tu m'appelles « ma poule » je déteste ça !
- Oui ma poule…
- Il faut rallumer le poêle, les enfants vont attraper la crève !
Il s’y mit, froissa deux ou trois feuilles de « Paris Presse-L’intransigeant », mit une poignée de petit bois par-dessus et la séance commença :
- Fais attention en retirant le bac à cendres, Gaby ! Tu vas en mettre partout.
Silence paternel, pas même un soupir.
Il prit le bac à cendre et le versa dans la poubelle en ne soulevant qu’un peu de poussière.
Je le regardai attentivement car, comme tous les petits garçons, j’aimais bien l’idée de jouer avec le feu.
Il remit le bac à cendre à sa place, ouvrit la gueule du poêle, prit le seau à charbon et en versa un peu sur le petit bois.
«  Aaaaattttentiooonnn !!! » Cria ma mère, « tu vas tout salir !!! »
- Mais non ma poule…
- Je te connais comme si je t’avais fait ! Tu ne sais pas faire le feu !
J’ai senti que c’est là que ça allait commencer car mon père allumait souvent le feu, et très bien.
Il releva la tête.
- Ouais, ben à propos de feu, il y a des jours où je comprends le docteur Petiot…
- Justement, si tu étais docteur, on ne serait pas là, dans ce taudis.
Quand on en arrivait là, nous savions tous que ma mère avait perdu la bagarre qu’elle avait elle-même lancée.
- Si j’avais été médecin, je ne t’aurais pas croisée, ma poule…
Et il se mit à chantonner l’air de « Comment épouser un millionnaire ».
Ma mère est partie, vexée, vers le boyau qui servait de cuisine en pestant « j’aurais dû me marier avec un gendarme, au moins ils sont bien logés ! »
Puis mon père est parti travailler…
Il savait, en dehors de chercher des histoires à ma mère, faire des tas de choses qui intéressaient les enfants.
Quelques années plus tard, nous saurions même exactement quand elle lancerait la mauvaise réflexion, celle qu’attendait mon père, confiant dans le caractère routinier de ma mère.

mercredi, 28 septembre 2022

Ô Rom, unique objet de mon ressentiment…

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Mais non, ce n’est pas du racisme ni une forme quelconque de xénophobie.
Je serais mal placé pour me livrer à ce genre de bêtise, une grande part de ma vie de forçat ayant consisté en de nombreux voyages dans des pays par essence étrangers vu que les autres pays ne sont pas la France.
Deux éléments motivent ma note d’aujourd’hui.
D’abord un articulet qui m’a sauté à la figure hier, disant que la France est un pays raciste.
Généralisation évidemment hâtive et qui pourrait s’appliquer au monde entier car chaque pays comporte son lot de racistes et de xénophobes, marque de la crainte courante de ce qu’on ignore sans y réfléchir plus avant.
Le plus surprenant de l’articulet étant que le « racisme » majoritaire en France, contrairement aux espoirs de l’extrême droite, ne concerne pas « les immigrés », « les Noirs » ni même « les Arabes ».
Non, l’étranger le plus détesté en France est le Rom.
Une longue habitude des transports publics parisiens et mon affection pour les quartiers qui m’ont vu grandir, m’a fait croiser suffisamment de ces Roms pour m’aider à comprendre le sentiment, si ce n’est de détestation, du moins celui de méfiance à leur égard.
Hélas, ma confiance innée en l’humanité, qui inclut donc les Roms, m’a coûté trois téléphones, deux cartes Visa et le portefeuille plein de cartes de crédit de la lumière de mes jours.
Pourquoi vous parlé-je ce ça aujourd’hui ?
Parce que la note d’Adrienne ce matin a éveillé quelque chose chez moi.
Sa note comporte une remarque en roumain.
Et alors ? Vous interrogez-vous lectrices chéries.
Eh bien, sa réflexion m’a rappelé une pancarte lue sur la vitrine d’une boutique d’achat de bijoux à Tel-Aviv « Aici vorbim romaneste », soit « Ici on parle roumain ».
Je me suis dit alors « si on voyait cette pancarte dans une vitrine d’achat de bijoux à Paris, il y entrerait plus de policiers que de Roms… »
Alors qu’en Israël, ce genre de chose ne surprend personne car nombre de boutiquiers manipulent au moins quatre alphabets mais n’allez pas croire qu’Israël est un vivier d’intellectuels de haut niveau.
Bien sûr, comme partout il y en a.
La pratique de la circulation dans les rues de Tel-Aviv ou Jérusalem vous convainc rapidement que ça ne concerne, comme partout ailleurs, que peu de monde…

lundi, 26 septembre 2022

Devoir de Lakevio du Goût No138

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Cette toile d’Émile Friant m’a frappé car elle me dit quelque chose.
Mais quoi ?
La discussion semble animée autour de ce pichet de vin.
Sur quoi peut-elle bien porter ?
À lundi…

Ça me rappelle quelque chose.
À Nina aussi, je suppose...
Non, ce n’est pas l’Algérie où je n’ai jamais mis les pieds.
C’est plutôt du côté d’Albi, là où ma grand’ mère paternelle vivait avec ses autres enfants.
Le seul qui s’était exilé à Paris était mon père.
Il était arrivé bien avant les autres…
De fait, cette toile me rappelle les discussions sans fin avec des cousins, les Martinez, les G. de G. très fortunés et très « collet monté » mais qui se « dessalaient » en présence des « autres ».
Tous, même mon père reprenaient cet accent et ces mots qu’il m’a fallu traduire.
Comme « mais entention ho ! » pour « mais attention hein ! »
C’était une langue à part, qu’ils appelaient selon leur état de fortune « sabir » ou « pataouète ».
Mon père, qui la manipulait parfaitement quand les circonstances s’y prêtaient, m’en traduisait certaines tournures.
D’autres, il les gardait pour lui, refusant d’enseigner « des gros mots » à son fils.
Comme « La purée de nous otres ! ».
D’autres passaient plus volontiers quand on arrivait à « attraper » la prononciation adéquate.
« Tchi a ontondu, hein ? » pour « tu m’écoutes, hein ? » quand un ordre était signifié, avec de « on » prononcé curieusement que je n’ai entendu que chez certains juifs d’Afrique du Nord ou certains Arabes d’Algérie et qui pouvait aussi bien remplacer le « en » que le « in ».
Le « juif d’Afrique du Nord » étant circonscrit à deux bleds, Constantine et El Kantara pour les uns, Oran et Mostaganem pour les autres.
Mon père prononçait parfaitement ce son « on » étrange que je n’ai entendu plus tard que chez un Tunisien avec qui j’ai travaillé et qui « causait pied-noir » quand il était énervé.
C’était de fait plus une langue qu’un accent qui pouvait aussi bien enfanter des phrases comme « Qu’est-ce que tchi as oncore envonté ! » que « Tchu m’as bien ontondu ! »
Le tout agrémenté de « Moi j’te l’dis » pour appuyer ou pire, de « C’est vré c’que j’dis » qui annonçait un arrangement avec la vérité…
« La purée de nous otres ! Qu’est-ce qu’y m'fait r’monter ce tableau ! J’te jure ! »
Avec ce « u » prononcé entre « u » et « i »...