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lundi, 16 mai 2022

Devoir de Lakevio du Goût N°123

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À quoi pense donc ce jeune homme si bien cerné par Aldo Balding ?
J’espère en savoir plus lundi…

Tous les jours.
Tous les jours depuis ce funeste jour de mai.
Tous les jours je suis venu.
Tous les jours je l’ai attendue.
Tous les jours j’ai entendu sa voix chuchoter à mon oreille.
Tous les jours je viens m’asseoir là.
Tous les jours je l’attends.
Tous les jours j’attends de voir son pas dansant la mener jusqu’ici.
Tous les jours j’attends en vain.
Je le sais bien que c’est idiot.
Je le sais bien puisque j’ai clos ses paupières moi-même.
Je le sais bien qu’elle ne reviendra pas.
Je le sais bien, ce que j’attends.
Je le sais bien, qui j’attends.
La margelle de cette fontaine est absolument parfaite pour ça.
Elle est à bonne hauteur.
Elle n’est pas loin de là où nous vivions.
Elle sera là longtemps encore.
Elle est parfaite.
J’écoute le bruit régulier et lénifiant de l’eau.
J’écoute le temps qui coule derrière moi.
J’écoute le temps qui passe.
J’écoute le temps passé.
Je crains le temps qui vient.
Je crains l’attente vaine.
J’attends.
Je l’attends.
J’attends le moment de la retrouver.
Car je la retrouverai, c’est sûr.
Qui a parlé d’oubli ?

 

samedi, 14 mai 2022

De l'usage du coton en terre civilisée...

Vous savez certainement que la lumière de mes jours est une femme extrêmement
soigneuse et d’une propreté un poil maniaque.
Vous savez certainement que si je ne suis pas quelqu’un de sale, c’est évidemment en partie grâce à elle mais que l’internat chez les fondus du bon dieu ne va pas dans le sens d’une propreté aussi méticuleuse…
D’ailleurs, je dois vous avouer honnêtement que je ne serais jamais allé folâtrer dans un lit avec une fille comme moi et je me demande encore comment la lumière de mes jours a pu accepter de jouer avec moi…
Pourquoi diable vous parlé-je de ça ?
Ah oui ! C’est parce que la propreté méticuleuse d’Heure-Bleue fait qu’elle lave les chiffons avec le même soin que le linge et les repasse de même.
Or, parmi ces chiffons, j’en utilise certains car ils conviennent si bien au nettoyage des vitre que je pense qu’ils sont plus conçus pour ça que pour me vêtir.
Je vous parle là des « T-shirts » de Mr Cé-et-Ah choisis par la lumière de mes jours.
Ils sont blancs et XL.
Ils sont dits « 100% coton ».
Il y a peu c’est un coton « 100% bio ».
Maintenant, c’est un « coton raisonné ».
Ce qui signifie, je le sais grâce à un documentaire, qu’au lieu qu’un gamin indien de 5 ans soit exploité neuf heures par jour, c’est un gamin de neuf ans qui est payé une misère pour douze heures de boulot quotidien sept jours par semaine et courbé sous un cagnard d’enfer.
Ces « T-shirt » s’usent aussi vite que les autres mais sont super doux.
Quand ils sont usés, ils deviennent « chiffons à vitres ».
Hier, hélas, je me suis levé avec une sensation de froid dans le dos.
Vous savez ce que c’est, il arrive parfois qu’on sente avant terme le souffle de la camarde, surtout quand on vient à peine de quitter, comme votre Goût adoré, les chemins d’une adolescence quelque peu prolongée.
Je me suis inquiété.
C’était à tort.
La lumière de mes jours m’a ramené dans le réel avec la douceur que vous lui connaissez.
C’est là que l’expression « loqué comme un clodo » prend tout son sens.
« Minou, ton « T-shirt » a un énorme trou dans le dos ! »
Puis « Et un autre aussi grand sous l’autre épaule ! »
Tout renseignement pris, je m’était habillé d’un « chiffon à vitres » et ça ne m’avait pas tracassé plus que ça…
Et je sais ce qui inquiète la lumière de mes jours.
Et ce n’est pas la première fois.
Ça se produit chaque fois qu’un « T-shirt » s’use et devient assez doux pour qu’il devienne l’objet de mon affection.
Ce qui l’inquiète c’est « Tu te rends compte Minou ? S’il t’arrive quelque chose dans la rue et qu’on t’emmène à l’hôpital ? »
La suite arrive « Avec ce « T-shirt » troué, tu me ferais honte ! »
À quoi tient le sens de l’honneur tout de même…
À la couleur de la peau du mec près, c’est exactement ça…

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vendredi, 13 mai 2022

123ème devoir de Lakevio du Goût

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À quoi pense donc ce jeune homme si bien cerné par Aldo Balding ?
J’espère en savoir plus lundi…

jeudi, 12 mai 2022

Erreur d'appréciation...

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Hier je me suis trompé de rue.
Nous avions rendez-vous avec une amie au Musée de la vie romantique.
Non pour le musée lui-même, que nous connaissons comme notre poche.
Comme notre poche il n’est pas très grand et souvent vide…
Auparavant, nous sommes passés à la « feunaque » de Saint Lazare car la lumière de mes jours voulait absolument acheter « Journal amoureux » de Benoîte Groult.
Ça ne souffrait aucun retard aussi j’ai préparé avec soin l’itinéraire qui nous mènerait de notre « coin de bourges » à la « Nouvelle Athènes » en passant par Saint-Lazare.
Nous avons donc pris le 95 pour remonter à la Place de Clichy avec l’idée de descendre un peu la rue de Clichy jusqu’à la rue Chaptal.
C’est là que que je me suis trompé car la rue de Clichy ne croise jamais la rue Chaptal…
J’eus dû plutôt prendre la rue suivante, la rue de Douai qui mène à la rue Blanche qui elle, croise la rue Chaptal.
C’est là que la lumière de mes jours, qui supporte mal la marche qui dure plus de dix minutes et la température qui dépasse vingt degrés, a vu son humeur s’assombrir.
« Hmmm… Tu t’es trompé, Minou ! »
J’ai demandé à un passant manifestement du quartier où trouver la rue Chaptal.
Il m’a obligeamment envoyé dans une rue voisine en n’omettant pas de préciser « vous la descendez un peu ».
Évidemment, il fallait plutôt la remonter de deux pâtés de maisons…
Heure-Bleue a alors insisté « Un quartier que tu connais comme ta poche, hein… »
Je n’ai même pas pesté, je connais l’effet de la température chez elle qui fait plus chauffer son caractère que hâler sa peau, toujours magnifique.
En approchant malgré tout de la rue Blanche, tenaillés par « une envie qui n’aurait pas tenu dans un bol », la lumière de mes jours s’est inquiétée de mon état cérébral, craignant l’avancée, d’après elle manifeste, de « la maladie dont je ne saurais jamais dire le nom, Minou. »
Elle l’a alors clairement définie, m’assénant « Là, tu pers la boule, Minou ! Comme ta poche, hein ! »
Nous nous sommes arrêtés dans un café, soulageant la présente et préparant activement la prochaine « envie qui ne tiendrait pas dans un bol ».
Puis nous sommes repartis, soulagés et de bonne humeur, jusqu’au musée.
Nous y sommes entrés, avons repéré notre amie qui n’était pas loin de l’entrée.
Plutôt qu’affronter la foule et un soleil qui ne demandait qu’à être de plomb, nous sommes ressortis tous trois.
Nous nous somme contentés de traverser la rue pour nous asseoir à la terrasse du bistrot en face parfaitement défini comme « L’annexe ».
De nouvelles des uns en nouvelles des autres, de commentaires sur les uns en commentaires sur les autres et après un autre « Perrier-rondelle », la prochaine « envie qui ne tiendrait pas dans un bol » est survenue sans surprise.
Il était sept heures quand nous sommes remontés jusqu’au Moulin Rouge.
Là où le 30 nous a ramenés au parc Monceau, près de l’arrêt du 84 qui nous ramenerait à Courcelles…
C'était bien quand même...

lundi, 09 mai 2022

Devoir de Lakevio du Goût N°122

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À la demande générale de deux personnes, je vous propose donc un « devoir de Lakevio du Goût ».
Et je remercie Alainx et Pivoine de leur intérêt pour ces « devoirs ».
Vous est-il arrivé d’emprunter une rue aussi courte que la « Rue des Degrés » ?
J’espère que vous avez une histoire pas trop brève à raconter sur une rue brève.
J’aimerais aussi que cette histoire commençât par :
« Hier, il ramassait les miettes de pain tombées sur son pantalon, par terre, en faisant des efforts énormes. »
Et qu’elle finît par :
« Nous étions debout sous la pluie, parmi les provisions de bouche. »
À lundi donc, si vous voulez…


Hier, il ramassait les miettes de pain tombées sur son pantalon, par terre, en faisant des efforts énormes. 
C’est cette phrase de Marguerite Duras qui m’est venue à l’esprit quand j’ai vu ce clochard assis sur les marches de la rue des Degrés.
Nous sortions du Rex et, après un passage dans la librairie Boulinier, riche en occasions, nous remontions la rue de Cléry en direction du Sentier.
Je me demandais en avançant lentement dans la rue comment pouvaient vivre toutes ces boutiques, essentiellement « de gros » qui flanquaient chaque entrée d’immeuble.
La circulation y avait toujours été infernale et songer s’arrêter pour mettre dans sa voiture un réassortiment quelconque devait être un cauchemar.
Nous marchions tranquillement et je rêvais d’aller jusqu’à la Bourse et peut-être tenter, si j’arrivais à la convaincre, de dîner chez Gallopin.
J’avais aussi bien d’autres idées en tête en la regardant marcher devant moi.
Cette robe verte, qui la déshabillait plus qu’elle ne l’habillait m’attachait à ses pas plus efficacement qu’une laisse.
Un moment, elle s’est retournée, m’a regardé d’un air innocent et dit « on mange à la maison ? »
J’ai cru comprendre à son sourire qu’elle me proposait quelque chose de plus délicieux qu’un dîner chez Gallopin, alors j’ai dit « Oui mais il faut faire des courses… »
Nous avons donc tourné à gauche dans la rue des Petits Carreaux jusqu’à la rue Montorgueil et fait quelques achats chez les traiteurs de la rue.
Nous sommes repartis, elle marchait toujours devant et ne tenait à la main, serré contre elle, que son petit sac à main.
Je la suivais, les anses de ficelle des sacs de papier me coupant les doigts.
De temps à autres, elle s’arrêtait, regardait une vitrine, se tournait devant moi et me souriait.
Nous étions si occupés l’un de l’autre que nous descendions la rue Réaumur sans nous préoccuper du temps.
Il faisait doux, même un peu chaud.
Nous n’avons pas fait un instant attention à l’assombrissement du ciel.
Un moment nous nous sommes arrêtés, elle s’est approchée de moi et a profité du chargement qui m’empêcherait de l’enlacer pour m’embrasser légèrement.
Un brusque coup de vent frais la fit se serrer contre moi.
Suivi d’une douche si soudaine qu’elle nous laissa trempés, les sacs de papiers éventrés, nos achats répandus sur le trottoir.
Ce serait donc Gallopin…
Comme disait Romain Gary dans « Clair de femme », nous étions debout sous la pluie, parmi les provisions de bouche…