lundi, 27 juin 2022
Devoir de Lakevio du Goût N°129
Cet homme semble bien triste.
Il pense...
Mais à quoi ?
Sur quoi ou qui se penche-t-il ?
Qu’attend-il ?
Qui attend-il ?
Je n’en sais rien.
J’en saurai peut-être plus lundi.
Je saurai peut-être ce que vous en direz.
J’aurai pensé à quelque chose.
Une histoire.
Une prémonition…
À lundi donc...
***
Bon dieu, ce jardin des Tuileries.
Ça fait des jours que j’y pense.
J’essaie d’y aller mais j’ai du mal à marcher maintenant alors je m’assieds sur la borne au pied du feu et j’attends que quelqu’un m’aide à traverser.
Ça me rapprochera des Tuileries.
Vous ne connaissez peut-être pas le jardin des Tuileries.
Je suis sûr qu’il n’a pas changé.
Je reconnaîtrai tous les endroits.
Je suis sûr qu’il a moins changé que moi.
Je sais depuis longtemps que nos âmes sont mieux préservées que nos corps et qu’elles changent finalement assez peu.
Ce jardin est comme une photo collée sur le mur de ma mémoire.
C’est une photo des années soixante.
Comme le chantait François Hardy, cette photo me dit « Tant de belles choses » ...
Il y a peu de monde sur cette photo.
Mais tu y es.
Je suis sûr que tu sais que j’arrive car nous avons rendez-vous.
C’est aujourd’hui que nous nous embrasserons.
Ce sera la première fois.
Ce n’est pourtant pas hier que nous nous sommes croisés pour la première fois.
Je me rappelle…
Je la jouais un peu « cow-boy »…
Le mec blasé, l’habitué de la conquête.
Le « cador de la tchatche ».
Ce jour-là, j’ai laissé mes copains devant l’obélisque de la Concorde.
L’air sérieux je les ai salués, un peu façon western.
Je n’ai pas dit « Les mecs, il y a des combats qu’on doit mener seul ! » mais c’était l’idée.
Je suis entré dans le Jardin des Tuileries.
Tu as fait semblant d’être intimidée, très « jeune fille timide ».
J’étais emprunté, j’ai osé « Je cherchais quelque chose de spirituel à vous dire mais rien n’est venu... »
Tu as trouvé ça très drôle.
Alors j’ai pris l’air dégagé de celui qui l’a fait exprès.
Puis, plus tard, bien plus tard, je t’ai dit « tu sais que quand je te vois, ça me fait un drôle d’effet ? Quelque chose comme un coup dans la poitrine ! »
Et toi tu m’as répondu « Moi, quand je t’attends et que je t’aperçois, ça me fait un effet bizarre dans le ventre ! »
- C’est vrai ?
- Oui ! Pourtant t’es moche, hein... Enfin non mais t’es pas... Bon…
Elle s’est arrêtée, un peu embêtée, et a déposé un léger baiser sur ma joue.
- Laisse tomber, je sais de quoi j’ai l’air...
- Mais pour l’effet dans mon ventre, c’est vrai.
- Pour l’effet sur mon cœur, c’est vrai aussi.
Alors on s’est entrecroisé les doigts et on s’est promené.
On a fait presque toutes les allées des Tuileries.
Puis on m’a caressé la tête.
- Qu’est-ce que tu fais là, Papy, à regarder dans le vide ?
- Je regardais derrière moi, loin derrière...
- C’était où ?
- C’était plutôt quand…
- Quand ça ?
- Quand je ne savais même pas que ta grand’ mère existait.
- Et qu’est-ce que tu voyais ?
- L’espoir…
- Écoute Papy, j’ai…
Elle se tait soudain.
- Oui ma petite fille, je t’écoute.
J’écoute ma petite-fille qui m’explique la vie.
Elle a des malheurs de son âge, on a tous eu les mêmes.
Alors elle a les mêmes mots.
- Tu ne peux pas comprendre, Papy…
- Ah ? Dis toujours…
- Tu n’as jamais connu ça, tu ne sais pas ce que c’est.
Elle ajoute même « Tu ne peux pas savoir… ».
Bon, moi aussi j’avais dit ça.
Mais moi c’était vrai...
08:03 | Commentaires (11)
samedi, 25 juin 2022
129ème devoir de Lakevio du Goût
09:54 | Commentaires (5)
jeudi, 23 juin 2022
Ouvrir une école, c’est fermer une prison.
Bon, n’a pas oublié que la langue, l’orthographe et le talent de Victor Hugo.
On en a aussi oublié le message…
« Du coup » on fait l’inverse mais qui c’est « le peuple intello » ? Hein ? Qui c’est ?
Ce matin, comme tous les matins, j’ai entendu quelques « coups de pieds dans la grammaire » et quelques néologismes qui ne devaient rien à la nouveauté mais tout à un manque de vocabulaire criant dans le monde des media.
Et non ! Je n’écrirai pas « Médias ».
J’avais quasiment l’habitude d’entendre massacrer ma langue maternelle quand j’ai entendu parler du nombre de bacheliers qui attendaient encore une place dans une fac.
C’est alors que je me suis posé une question à laquelle Internet a répondu rapidement.
J’ai demandé à gogol « Qui a voulu amener 80% d’une génération au baccalauréat ? »
En mille-deux-cent-vingt millisecondes le Web a trouvé cent-trente-huit mille réponses.
Eh bien, c’est Mr Chevènement, alors ministre de l’Éducation Nationale, qui a décidé en 1985 d’amener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat.
Outre le succès tout relatif de la chose dans quasiment tous les domaines, des lettres aux sciences en passant par les mathématiques, un autre problème se fait jour.
En 2020, 87% des élèves qui se sont présentés à l’examen l’ont décroché.
Dans le baccalauréat dit « bac général » seuls 46,3% des élèves ont décroché « leur bac ».
C’est là que les garçons devraient faire attention et raconter des « histoires de blonds » plutôt que des « histoires de blondes », car 54% des filles ont réussi là où seulement 38,8% des garçons ont réussi...
Et la cerise qui vient couronner ce gâteau mal préparé vient d’être posée par le journal de ce matin.
Il y a près de sept-cents mille lauréats et il semblerait qu’en trente-cinq ans on ait oublié qu’il n’y avait pas assez d’universités pour les accueillir, de professeurs pour assurer l’enseignement, de logements pour que les étudiants puissent vivre et travailler.
Quant à leur assurer un travail à la fin de leurs études, on dirait bien que caissier chez Carrouf ou livreur chez Amazon soient les voies royales pour éviter un long stage à Pôle Emploi…
Mais pourquoi diable avons-nous des politiciens qui nous vendent des machines fantastiques en oubliant systématiquement les ateliers pour les abriter, les outils pour les monter et surtout la matière première, les étudiants, dont elles seront constituées ?
Il est vrai que quand les textes de loi sont rédigés par des « groupes de pression » qui ne voient que l’intérêt à court terme de leurs clients plutôt que par des députés qui sont censés voir l’intérêt général à long terme, on ne peut s’étonner du résultat final.
10:33 | Commentaires (5)
mardi, 21 juin 2022
Sound of silence...
Je regardais vaguement ma liste de « favoris » à gauche de la page de mon blog.
Au moins deux sont partis « regarder les fleurs par en dessous ».
Certaines sont parties tout court, comme Brigitte, avec qui nous avons bu un café au « Bistrot Vivienne » lors de son passage à Paris.
Une autre, comme Maevina, que nous avons connue le 21 Juin 2002, lors d’un dîner sur la Butte Montmartre où nous avions rendez-vous.
Ça s’était « mal embringué ».
Elle était « maîtresse d’école » et voulait nous placer à sa convenance.
J’avais dit « Non ! Pas là ! »
« Et pourquoi ? » m’avait-elle dit, d’un « ton de maîtresse d’école » face à un gamin rétif à l’autorité.
« Parce que je n’ai pas l’habitude de me laisser emmerder et ça ne va pas commencer maintenant ! »
Bref… Ça s’est quand même calmé et nous continuons quelques échanges depuis vingt ans.
Comme Mme Liliplume, qui n’a plus de blog, que nous avons connue ce jour là itou.
D’autres se sont évanouies pour des raisons diverses.
Mais « Patriarch » et « Mab » nous ont abandonnés pour de bon.
« Patriarch » était certes âgé mais est mort jeune, trop jeune.
Assez jeune pour remarquer que « il y avait quand même de jolis petits culs en circulation » et se faire rabrouer pas son épouse qui était très gentille mais assez chatouilleuse sur ces histoires d’exclusivité…
Heureusement pour lui, il a rendu son dernier soupir, assez souffreteux pour cause d’amiante, avant que tout compliment sur le physique des femmes ne soit vu comme une agression.
« Mab » aussi est morte.
Plus jeune encore.
Bon, la connaissant, ça lui a évité de mourir amputée d’une main ou au moins de quelques doigts…
Elle avait élevé le stoïcisme au niveau de celui d’Elisabeth II, dite « His Majesty ».
Elle appliquait avec constance ce « Never complain, never explain » qui fait le charme hautain des grands de ce monde quand il leur arrive une tuile ou qu’il ont fait une connerie.
« Mab » était le genre de femme à qui il fallait éviter de confier des choses comme une serpe ou un sécateur.
Elle coupait ! Elle taillait !
Parfois, rarement, elle s’esquintait.
Mais elle était tout à fait capable de franchir d’un pas digne et mesuré les quatre cents mètres qui la séparaient de la pharmacie.
Laissant derrière elle, tel le Petit Poucet, de petites taches de sang.
D’arriver chez le pharmacien, le doigt ne tenant que grâce à un maigre lambeau de chair, et annonçant calmement « Je pense que je me suis retourné un ongle »…
Ne me demandez pas pourquoi je pense à ceux-là aujourd’hui.
Et à tant d’autres avec qui nous échangeons toujours quelques mots.
Peut-être parce que j’en ai connu quelques-uns le jour de la Fête de la Musique.
Et vu ce qui nous attend ce soir, « Sound of Silence » est ma préférée aujourd’hui...
15:24 | Commentaires (6)
lundi, 20 juin 2022
Devoir de Lakevio du Goût No128
Justement, en cherchant quelque chose dans le foutoir de photos de mon PC, j’ai vu quelque chose.
Une photo que j’ai prise en 2018 du côté de la rue du Faubourg Montmartre.
Elle m’avait frappé car elle posait une question que je m’étais déjà posée il y a bien longtemps.
Ah oui… Que diriez-vous d’y mettre les neuf mots suivants ?
Ciels
Enfer
Tomenteux
Quiddité
Abricot
Climat
Nuages
Tempête
Chaleur
Qu’en pensez-vous ?
Bah… On verra ça lundi…
Mais qu’est-ce que je fous là ?
Je traîne sous un soleil d’enfer, sous un ciel qui ressemble plus à une feuille de tôle qu’aux ciels de Boudin.
Je vais jusqu’à traîner les pieds alors que je ne fais jamais ça.
Le moral, sans doute…
J’ai le regard soudain attiré par une boutique dont la vitrine a été remplacée par une planche d’aggloméré « taguée » de frais.
Malgré la chaleur, je me suis arrêté pour lire la question posée par un « VACK » dont j’ignore tout mais qui pose une question étrange.
« Mais qui censure l’amour ? »
Je me demandais ce que ce « VACK » avait bien voulu dire par là.
Parlait-il de sa volatilité ? Ce changement qui lui ôtait sa quiddité ?
Ça me revint d’un coup à l’esprit « l’essence d’une chose tient du mouvement, pas du changement qui lui ôte sa quiddité ».
Ce ne sont pas exactement les mots de Sartre mais l’idée est là.
Pourtant, la dernière fois que j’ai posé « L’Être et le Néant » date de quelques décennies…
La réponse apportée à la question de « VACK » me remontait un peu le moral.
Ce « Pas moi Boloss ! » était rassurant.
Le langage d’aujourd’hui qu’on pouvait traduire en langage d’hier par « Pas moi Ducon ! »
J’avançais, laissant derrière moi ce « tag » intrigant.
Bon sang, déjà que la chaleur était accablante et que le climat se déglinguait, je me retrouvais quasiment à la rue, seul sous un ciel sans nuages regrettant déjà sa peau, dont le toucher légèrement tomenteux me laissait l’impression d’avoir caressé un abricot tiède et doux.
Et tout le reste aussi me manquait déjà...
Ce que j’entendais, voyais, sentais, goûtais, touchais.
Tout...
Mais quelle idée de se fâcher par un temps pareil ?
Une tempête pour rien en somme...
09:51 | Commentaires (7)