dimanche, 27 mars 2022
Les ans chers remontent, bientôt les ans foirés...
Dans la famille Heure-Bleue et Le Goût, on a décidé de s’adonner au luxe.
En plus avec la sensation délicieuse de se livrer à un caprice qui allait nous foutre sur la paille avant le mois d’août.
Mais bon, on va se calmer.
Mais qu’est-ce qui nous a donné cette impression de sombrer dans un hédonisme autrement motivant qu’un épicurisme beaucoup trop sérieux à mon goût ?
Alors voilà, j’ai passé une commande chez « croisement », plus connu sous le nom de Carrouf.
J’y étais allé de confiance, rassuré par la plainte des industriels de la bouffe et des agriculteurs qui râlaient que la grande distribution ne leur payait pas un maravédis de plus leur produits que les années précédentes alors que les carburants, les marchés mondiaux et gnagnagna…
Je m’étais dit en « cliquant » sur « Ajouter au panier » après avoir jeté mon dévolu sur des spaghetti ,que je n’allais pas compromettre les finances du quartier.
J’ai donc acheté des pâtes.
Ouaip ! J’ai fait ça.
La guerre en Ukraine nous pousse, vous le voyez, à des extrémités regrettables.
Non qu’on ait décidé de laisser crever les Ukrainiens ou les Syriens qui ont le droit de mal vivre eux aussi…
Mais bon, depuis les deux semaines précédentes, le prix des spaghetti a tout de même augmenté sensiblement.
Plus exactement de 17.83% depuis notre dernier achat.
Je trouve plutôt inquiétant de s’apercevoir que d’un paquet de pâtes sur l’autre, le prix en a augmenté.
Devions-nous persister dans la dilapidation de nos revenus ?
J’ai demandé à la lumière de mes jours s’il ne serait pas plus raisonnable de se contenter de homard.
Elle a haussé les épaules et, après avoir remarqué qu’elle-même préférait le caviar, elle a tout de même dit que le homard n’est pas bon pour un taux d’acide urique déjà trop élevé chez moi.
À part le gravelax, lui-même trop léger en « glucides lents », je ne vois pas quoi manger d’abordable…
Elle-même n’aime pas le foie gras qui serait bientôt resté le seul plat dans nos moyens si la grippe aviaire n’avait pas mis le holà à une démocratisation galopante des produits anciennement de luxe…
« Qu’à cela ne tienne ! » ai-je dit du ton du mec qui se fout de l’addition chez « Van Cleef & Arpels ».
J’ai donc cliqué d’un index martial pour l’achat d’un kilo de spaghetti, jetant ainsi aux orties des mois d’économies…
D’ici que les pauvres soient obligés d’acheter des légumes chez « Biocoop » et le caviar chez Petrossian pour se nourrir à un prix décent, il n’y a pas des kilomètres…
Perso, je leur conseillerais plutôt l’Imperial Baeri chez Kaspia, mais bon, le Petrossian Royal Steluga, c’est bien aussi...
Je remarque néanmoins que notre grand chef à nous autres Français a dit à propos de blé « Nous en mangeons le tiers, nous en donnons le tiers à nos animaux et en exportons le dernier tiers. ».
Je me demande alors ce qui, à part la cupidité des négociants, ce qui fait qu’un conflit entre la Russie et l’Ukraine pousse les négociants qui étranglent nos agriculteurs à nous racketter dès la première tartine…
15:42 | Commentaires (5)
vendredi, 25 mars 2022
118ème Devoir de Lakevio du Goût
Je suis parti à rêvasser en regardant cette toile de Caillebotte.
Non, il n’est pas à Paris, pas sur le Pont de l’Europe.
Il n’est pas non plus en train de regarder des raboteurs de parquet au boulot.
Non, il regarde un couple qui part en direction d’un petit bois, sur « Un chemin montant. »
Je vous dirai lundi ce que j’en pense.
J’espère surtout lire ce que vous en pensez…
À lundi donc…
10:35 | Commentaires (8)
jeudi, 24 mars 2022
Les temps modernes...
Je pense à ce que j’ai entendu hier à la radio et je regarde les trois numéros de Télérama sur l’accoudoir du canapé.
Je les regarde s’entasser, semaine après semaine.
Je me dis que si je ne veux pas, comme c’est trop souvent le cas, avoir vingt kilos de magazines à descendre, il va falloir que je songe à les descendre à la « poubelle jaune ».
Sans compter les addenda « Sortir » qui sont absents des éditions régionales mais qui ne diminuent pas le prix du magazine.
Je le sais, j’ai acheté Télérama à Granville…
Et je sais qu’Heure-Bleue ne jettera les petits suppléments « Sortir » qu’après avoir dûment constaté deux ans plus tard qu’elle n’a mis les pieds dans aucun des lieux chaudement recommandés.
Genre une cave à Aubervilliers où un Moldave déclame des fables de La Fontaine avec un accent qui les rend incompréhensibles, vous voyez le genre...
Revenons à mon mouton.
Télérama.
Je vous disais que j’en ai marre de descendre des kilos de Télérama, cette revue de ceux qui ne regardent pas la télé.
On les pose sur le canapé après avoir lu deux articles.
Après avoir regardé les programmes pour s’apercevoir qu’on va prendre un bouquin, on hausse les épaules.
Après avoir ricané que Rambo avait montré il y a des années le petit bonhomme qui pleure, on pleure en constatant à la réédition du film que le petit bonhomme danse.
J’ai donc appris en écoutant France Inter que Télérama avait fait un pas dans le monde moderne.
Aujourd’hui, dans un gros effort de modernisme et « d’attrapage de train en marche », Ulysse le petit bonhomme est devenu Pénélope, la petite nana.
Apparemment, la direction n’a pas réussi à extirper le sexisme de l’esprit de la rédaction.
Il semble en effet que Télérama ait oublié que Pénélope était l’épouse d’Ulysse, une épouse patiente, fidèle et qui se livrait aux travaux d’aiguille en attendant son cavaleur de mari qui sauta Circé, Nausicaa, Calypso et tant d’autres.
Bref...
Le « scrupulus », ce petit caillou dans la chaussure qui arrête les armées reste obstinément coincé dans les Louboutin ou les Jimmy Chow de la « rédac’ chef » de Télérama.
09:48 | Commentaires (2)
mardi, 22 mars 2022
Salauds de pauvres !
Les campagnes électorales sont toujours l’occasion pour votre Goût préféré de découvertes ébouriffantes.
Hormis l’antienne qui veut que pour les uns, le Français est trop cher et que pour les autres, ce qui coûte c’est l’étranger, apparaît régulièrement notre serpent de mer.
« L’assistanat ».
Ces salauds de pauvres, non seulement n’ont rien mais en plus ils nous coûtent un bras.
L’ineptie de la chose échappe manifestement à ceux à ceux qui le disent.
Tout cela ne serait qu’une des bêtises courantes avancées quand on veut se déplacer, manger, s’habiller et si possible se loger, aux frais du contribuable.
Assez curieusement c’est exactement ce que le candidat reproche au pauvre « ce fainéant qui se complaît dans l’assistanat ».
C’est ainsi, selon celui qui cherche à avoir une place où il sera rémunéré 15.203 mensuels, hors autres avantages et pensions diverses, que « l’assisté » devrait montrer un désir irrépressible de se jeter sur le boulot.
Oubliant que lui-même brigue une place où il ne paiera ni logement, ni habits, ni repas, ni carburant, ni train, ni avion, ni électricité, pas même le remplacement de l’électroménager ou la décoration de ses appartements, il va jusqu’à laisser de côté l’obligation faite par le préambule de la Constitution de 1946 auquel il se doit d’agréer :
« 11. Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. »
C’est évidemment gênant car il s’agit tout de même d’encourager le Français, ou pire, l’immigré, à « se la couler douce ».
Hélas, comme toujours dans les mécanismes les mieux huilés, un grain de sable, celui qui d’habitude se cantonne à la sandale du bidasse et condamne l’armée à s’immobiliser, vient se glisser.
Ce « fainéant », qui se fait du gras pour l’aumône mirobolante d’environ cinq cent €uros par mois devrait donc « mériter » cette aumône en travaillant au moins quinze heures par semaine.
Et comme toujours, l’aimable andouille qui propose une obligation de travailler quinze heures par semaine, semble ne pas remarquer que le travail qui existe soudain quand il est gratuit, disparaît dès qu’il faut le rémunérer.
De plus c’est oublier – oublier ? Vraiment ? -, que ces quinze heures hebdomadaires payées 80% du smic par le contribuable contribueront à priver d’un emploi payé au SMIC des gens qui deviendront par conséquent à leur tour des « fainéants qui se complaisent dans un assistanat » qui n’aura contribué qu’à baisser leur salaire de 20%.
Aller à l’école si longtemps et compter aussi mal montre bien qu’une formation de haut niveau ne met pas à l’abri de la bêtise la plus crasse.
Ni de la tentation de tirer sur les ficelles les basses de l’âme humaine…
09:38 | Commentaires (8)
lundi, 21 mars 2022
Devoir de Lakevio du Goût N°117
Où mène cette passerelle ?
Que traverse-t-elle ?
Le savez-vous ?
Si vous le savez, dites-le !
Si vous ne le savez pas, inventez-le !
J’essaierai de trouver où mène cette passerelle.
À lundi…
J’étais, comme souvent, en train de rêvasser en marchant.
Ça m’avait déjà valu quelques mésaventures au point qu’une fois au moins, je m’étais retrouvé dans le Loing avec mon vélo.
Là, je marchai le long du canal dans la lumière pâle du soleil d’un matin légèrement brumeux.
J’ai continué lentement sur le chemin de halage, regardé le lavoir en contrebas sur la rivière.
Tout était calme et beau.
Le bref cri des poules d’eau et celui de l’écoulement de l’eau sous les planches du lavoir m’accompagnaient.
Passé le lavoir, j’ai continué.
Mon but ? Atteindre le « déversoir ».
Le « déversoir » était cette curieuse porte coulissante, actionnée par une manivelle, qui permettait d’évacuer le trop plein du canal dans la rivière.
Je le savais bien, mon grand-père m’avait expliqué, en ronchonnant comme toujours quand je le dérangeais, c’est-à-dire chaque fois que je lui parlais.
Il arrondissait sa retraite en faisant office d’éclusier après une vie de marinier.
Très au fait de la chose, il mordilla sa moustache.
« Quand les péniches, s’arrêtent pour la nuit, il finit par y en avoir beaucoup dans le bief, avant la prochaine écluse… »
Il remordilla sa moustache.
« Alors tu vois, après plusieurs éclusages, le canal monte, alors pour éviter qu’il ne déborde, abîme les chemins de halage et envahisse les jardins et le bois, on ouvre le déversoir… »
Il remonta sa casquette sur un front dont la pâleur contrastait terriblement avec des joues très rouges et un nez quasi bleu et continua.
« On regarde le niveau, il y a une marque sur la glissière et quand c’est bon, on referme… »
C’était tout pour la journée, il reprit son aiguille et sa ficelle et se remit à tricoter une « araignée » pour les pêcheurs qui braconnaient dans les bras du Loing.
Rêvassant donc, je marchai sur le chemin de halage, jusqu’au « déversoir », descendis jusqu’à la rivière et en suivis un bras dans la direction du moulin.
Le chemin était difficile, marcher dans de hautes herbes en évitant de mettre un pied dans un trou plein d’eau ou éviter de d’écraser un nid de poule d’eau plein d’œufs n’était pas aisé.
C’est là, un peu plus loin que je la vis.
Une passerelle traversait ce bras du Loing et menait je ne sais où.
Maintenant, je le sais.
Elle mène vers les souvenirs, vers l’enfance, vers les jours enfuis…
09:49 | Commentaires (23)