lundi, 04 avril 2022
Devoir de Lakevio du Goût N°119
Qu’est-ce qui les mets de si joyeuse humeur ?
Je vous dirai lundi ce que j’en pense.
J’espère surtout lire ce que vous en pensez…
À lundi donc…
La garce !
Juste une allumeuse !
Pourtant, pour une fois, j’avais avancé mes pions délicatement.
Pas de sous-entendus graveleux.
Pas de claque sur les fesses.
Rien ! Même pas un frôlement suggestif !
Je l’invite à un pique-nique.
Le truc simple et de bon goût, tu vois.
Avec des fruits et des fleurs.
J’avais même appris un machin qui allait la faire chavirer.
J’en étais sûr, c’est un pote qui me l’avait dit.
Il m’avait bien briefé.
Faut dire que lui, c’est un délicat, il te les roule dans la farine, bref…
Il m’avait écrit un petit truc, piqué dans un bouquin.
Je me pointe devant chez elle, avec mon panier de fruits et de quoi déjeuner.
J’avais même mis deux trois fleurs.
On y va, je l’amène dans la cambrousse, loin des yeux des curieux.
On s’assied tranquillos sur l’herbe.
Je commence à.. Bref à chauffer un peu quand je vois sa robe s’étaler.
Mais toujours calme, tu vois, la classe quoi.
J’m’entraîne dans ma tête, espérant me rappeler bien le truc de mon pote.
J’y tends les fleurs et j’me lance…
« Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux. »
Et là, tu vois, je cale.
Je crois qu’il était vaguement question de « couvert de rosé ».
Du coup, je lui sers un coup de pichetot en lui disant « c’est comme dans le poème, un coup de rosé !
Et j’avance la main en pensant « Ça y est ! C’est dans la poche ! »
Et là, elle se marre ! La s… !
En plus elle me corrige !
« Ce n’est ça voyons ! C’est « couvert de rosée » ! C’est de la rosée, pas du rosé ! »
Et elle se marre de plus belle.
Qu’est-ce t’aurais fait à ma place ?
Ça m’a refroidi aussi sec.
Je me la suis gardée sous la bras.
J’aurais dû mieux apprendre.
Et lui, aussi, il aurait dû me prévenir que ça ne suffit pas forcément et que ça ne marche pas toujours.
Ah les potes ! Pas toujours fiables…
09:38 | Commentaires (23)
samedi, 02 avril 2022
Ultracrépidarianisme.
Je pèle de froid !
Et comme toujours je suis surpris, jusqu’à ce que je me rappelle que je ne suis pas allé faire un tour sur FB, de ne pas avoir encore entendu ou lu un couillon affirmer doctement « Je vous l’avais bien dit que le réchauffement climatique était une connerie ! »
Je n’ai donc pas entendu un mot de ces nombreux couillons qui confondent « le climat » et « le temps qu’il fait ».
Alors j’ai écouté la radio, comme tous les matins.
J’y ai entendu un esprit qui comme tous les esprits un tant soit peu brillant, n’est pas écouté le moins du monde.
Alors, comme je connaissais ce monsieur, je l’ai écouté.
Hélas, comme il nous arrive à tous, il a enfoncé une porte ouverte : Nous sommes intarissables surtout sur ce dont nous ignorons tout…
Après ça, je me suis surtout rappelé que quand j’étais plus souple des genoux et vif de l’esprit, dès le printemps les piafs faisaient un bruit infernal !
Ça « cuicuitait » de partout et la moindre avancée de toit voyait s’installer des familles de moineaux voire d’hirondelles.
Alors que j’ai lu hier qu’il y a un déficit de 75% des oiseaux à Paris.
Ne restent apparemment aujourd'hui que les pies sur les réseaux sociaux.
Et évidemment les vautours et les rapaces qui nichent essentiellement dans les banques et l’immobilier.
Et n’oublions pas les pigeons que nous sommes et qui les nourrissent si bien...
Alors j’écoute Étienne Klein, qui n’est pas si petit qu’on pourrait croire -ouais, je sais...- et explique si bien les choses.
11:21 | Commentaires (13)
vendredi, 01 avril 2022
« Wielerterrorist »
Adrienne a parfaitement nommé cette population.
Dans mon esprit, le nom même de« wielerterrorist » la décrit d’un seul mot.
Non que j’aie quoi que ce soit contre le vélo, pas du tout !
J’ai même des souvenirs de balade en vélo délicieuses et instructives…
Je n’en dirais pas autant du cycliste.
Surtout le cycliste parisien.
Le cycliste parisien est une engeance particulière.
Tel Claude Brasseur dans « L’étudiante et monsieur Henri », il peste sans cesse, il engueule tout le monde.
Surtout moi…
Il me suffit d’être sur un trottoir de la place de Clichy, sur le terre-plein qui longe le boulevard de Clichy.
L’arrêt du 30 n’attend que moi qui dois monter dedans pour rejoindre la place Villiers.
Un coup de sonnette rageur me tire de ma rêverie et me fait sursauter.
Ce ne serait rien si le pédaleur névrotique n’agrémentait son coup de sonnette d’un « kesse tu fous sur la piste connard ! »
Le temps de regarder par terre, le mauvais coucheur est déjà loin.
Je traverse enfin, quand, juste avant que mon pied touche le trottoir « normal » devant l’arrêt du 30, soudain on hurle « ‘aaattention !!! Tu peux pas r’garder où qu’t’es connard ! »
Enfin arrivé, prêt à franchir les quelques mètres qui me séparent de l’arrêt, une série de « driing driiing » rageurs m’incite à m’arrêter net.
Passe devant moi un type en vélo, casqué, le visage fermé, ronchonnant en passant devant moi « connard ! »
Je m’assieds sur le banc, regarde autour de moi, histoire de ne pas déranger un acrobate en « skateboard » qui s’exercerait à sauter par-dessus le banc…
En l’espace de quelques dizaines de secondes, alors que le code de la route insiste lourdement sur l’aspect « priorité doit être donnée au piéton », je me suis fait traiter trois fois de « connard » par des malotrus.
J’étais prêt à sombrer dans la paranoïa, me demandant si par hasard je n’étais devenu la cible désignée de la gent pédaleuse quand soudain, le ciel s’éclaircit.
Un automobiliste venait de freiner brutalement pour éviter à un cycliste de vider les étriers.
Le cycliste, qui pensait que les feux rouges ne servaient qu’à arrêter « les autres », venait d’échapper à un sort funeste.
Il se retourna et hurla à l’automobiliste « connard ! »
Nous étions deux.
Je me sentis moins seul.
Le 30 arriva enfin…
09:53 | Commentaires (13)
119ème Devoir de Lakevio du Goût
07:45 | Commentaires (6)
lundi, 28 mars 2022
Devoir de Lakevio du Goût N°118
Je suis ravi en regardant cette toile de Caillebotte.
Non, il n’est pas à Paris, pas sur le Pont de l’Europe.
Il n’est pas non plus en train de regarder des raboteurs de parquet au boulot.
Non, il regarde un couple qui part en direction d’un petit bois, sur « Un chemin montant. »
Je vous dirai lundi ce que j’en pense.
J’espère surtout lire ce que vous en pensez…
À lundi donc…
Quand il m’a demandé « Tu viens faire un tour ? » j’ai dit « Pourquoi pas ? Il fait beau… »
Il a mis son chapeau, j’ai pris mon ombrelle et je l’ai suivi.
C’est vrai qu’il faisait un temps magnifique, c’est à peine si quelques nuages trouaient le bleu du ciel de petites taches blanches.
Habituellement, alors qu’il tournait à droite en sortant de la maison pour rejoindre la route, cette fois il me lâcha le bras et tourna à gauche.
Nous nous sommes engagés sur le chemin qui nous éloignait de la route.
Je n’ai rien dit.
Je me suis simplement posé la question « Qu’a-t-il en tête cette fois-ci ? »
Quand il m’avait proposé cette promenade il avait déjà « un air de ne pas y toucher ».
Il m’a rappelé la dernière fois qu’il m’avait emmenée à la pêche.
Un malentendu nous avait conduit à pécher plutôt que pêcher.
Et il y avait mis un entrain qui avait ravivé le souvenir des débuts de notre mariage.
Au souvenir de cette partie de pêche un léger mais plaisant frisson m’a parcourue…
Je marchai donc à son côté tandis qu’il m’emmenait, je le savais bien vers ce petit bois que je voyais au loin.
Je me demandais déjà comment il s’y prendrait cette fois-ci pour me pousser à m’asseoir à côté de lui.
Il m’avait déjà circonvenue il y a des années avec cette façon légère et cet air innocent.
Il s’asseyait sur la mousse, la tâtait comme s’il se fût agi d’un coussin de soie et la tapotait délicatement, me priant de m’y asseoir.
De serments en promesses farfelues, je ne savais comment il s’y prenait mais je me retrouvais la robe relevée et lui occupé à des explorations qui me laissaient étourdie.
Comme disait Madame de Rénal « Il devait à l’amour…/… à l’impression imprévue qu’avaient produite sur lui des charmes séduisants, une victoire à laquelle ne l’eût pas conduit toute son adresse si maladroite. »
Mais s’il avait fait quelques progrès, les années l’avaient quelque peu tiédi.
Néanmoins, cette partie de pêche remuait chez moi des envies que je pensais disparues pour longtemps si ce n’est toujours…
Le pas de mon mari se fit plus décidé, il hésita même un moment à me tirer par la main mais s’arrêta de peur sans doute que quelqu’un nous aperçût depuis la route.
J’ai bien vu qu’il était aussi impatient que moi.
Il avait hâte d’avoir « du vert aux genoux » et moi de voir « les feuilles à l’envers ».
Bon sang que ce bosquet est loin !
09:52 | Commentaires (10)