Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 25 février 2016

Malgré les années, quand c’est frais ce n’est pas sûr…

De rien, Mab, de rien...
Je vous ai parlé de Martine ?
Non.
Enfin si.
Mais j’en ai juste dit quelques mots à Berthoise  quand j’ai commenté une de ses notes
Et qui état Martine ?
C’était une poupée.
Oui, « c’était » car il est rare qu’une poupée de caoutchouc survive plus de soixante ans aux jeux d’un petit garçon.
Je me rappelle bien cette poupée.
Elle était en caoutchouc et moulée d’un bloc, poupée, coiffure, habits et chaussures.
Elle était souple.
Quand on la pressait, une sorte de sifflet était censé imiter un sanglot.
Bon, d’accord, c’était un sanglot de canard.
Elle avait une robe bleue peinte, dont le haut était agrémenté d’un « col Claudine » blanc.
Sa tête était comme habillée d’une chevelure noire à reflets bleus mais peinte, elle aussi, quasiment une chevelure d’Indienne.
Je ne me rappelle pas avoir vu autre chose de ses yeux que deux petites taches de couleur indéfinissable, usés qu’ils étaient déjà par le passage dans les mains de ma grande sœur.
J’ai beaucoup aimé cette poupée, même après mon entrée à l’école maternelle.
Bon, j’ai eu tendance à la négliger un peu quand j’ai croisé Malika.
Je crois vous avoir déjà dit que Malika avait les cheveux de Martine, mais frisés et ils bougeaient si bien quand elle courait.
Et surtout, surtout, Malika avait les plus beaux yeux bleus que j’aie jamais vu avant d’entrer à l’école maternelle.
Bon d’accord, c’était la première fois de ma vie que je voyais des yeux bleus.
Et puis Malika avait aussi une peau rose extrêmement pâle.
Alors j’ai délaissé Martine.
Puis Malika et moi fûmes séparés quand je suis allé à la « grande école », victimes de la ségrégation pratiquée par l’Éducation Nationale de l’époque dès l’entrée au CP.
J’ai bien sûr revu Martine, même après mon entrée chez les Frères.
Seulement voilà, le charme était rompu.
Malika me tenait la main pour entrer en classe à la fin de la récréation.
Elle me la tenait encore quand on était assis sur ce petit banc de bois vernis lié à la petite table, de bois vernis elle aussi.
Et puis, il me faut bien vous l’avouer lectrices chéries : Je ne pouvais pas tenir la main de Martine, sa peau de caoutchouc n’avait pas la douceur de la main de Malika.
Et Malika ne faisait pas « coin-coin » quand elle parlait.
Mais ça, je n’en suis pas vraiment sûr.
Je n’ai jamais appuyé sur le ventre de Malika.
Juste on se tenait la main et on se regardait…

mercredi, 24 février 2016

Vingt ans, le bêlage…

Estación-L´Argentine-en-Metro-de-París-500x360.jpg

J’ai fini mon bouquin.
Pas « Paris est une fête » qui m’avait plu mais sans plus.
Je me rappelais trop bien le film de Woody Allen et puis l’ennui m’avait saisi quand Hemingway rencontra Fitzgerald et j’avais dû me forcer pour reprendre mais avec intérêt quand l’épisode qui traitait de la rencontre avec Fitzgerald prit fin.
J’ai repris « Dans le café de la jeunesse perdue » que j’avais abandonné en cours quand Modiano m’avait embarqué pour son voyage dans le IXème arrondissement.
Un moment, ce fut trop et avant de me noyer dans mes propres souvenirs, j’avais posé mon livre.
Je l’ai repris il y a peu et je l’ai terminé il y a encore moins.
Évidemment, il a fallu qu’il me parle du quartier Argentine.
Plus précisément de la rue d’Argentine et là m’est revenu quelque chose.
Oui, si vous lisez Modiano, à moi il parle.
C’est comme ça, vous n’aviez qu’à vivre là où il voyage...
Je vous ai déjà parlé, lectrices chéries, de ma façon de gagner un peu de sous en vendant des chaînes haute-fidélité pendant les vacances scolaires ?
Eh bien j’ai fait ça aussi dans ce quartier et j’avais dix huit ans.
La porte Maillot ne ressemblait pas du tout alors à ce à qu’elle est aujourd’hui.
Pas plus le Palais des Congrès, le Concorde Lafayette que de Méridien n’existaient.
Ni ce tas d’immeubles qui remplacent les immeubles au crépi noir.
Tous les petits restaurants du quartier ont été remplacés par des cafés hors de prix.
Modiano m’a ramené par là.
Dans ces rues que je connais depuis longtemps.
Ça m’a même rappelé quelqu’un dont je vous ai déjà parlé.
Mais si, rappelez vous, cette D. L., aux yeux si bleus et qui m’a reproché plus tard d’avoir été un imbécile aveugle.
C’est elle dont mon père avait dit « Elle est mignonne celle là mais elle est foutue comme une église… » et, à voir mon air surpris, ajouta « Ben oui, elle a les seins à l’intérieur… ».
Elle louait une chambre de bonne rue Pergolèse.
Comme je ne fumais pas encore, les six étages ne posaient aucun problème.
Bref, Modiano m’a entraîné dans des cafés où j’ai bu du café et déjeuné.
Dans des rues où j’ai traîné.
Me revient une de mes plus belles hontes, et dieu sait que j’en ai connu.
Les restaurants de l’époque voyaient les clients discuter d’une table à l’autre sans souci de préséance et l’ambiance y était souvent détendue.
On avait le droit d’y fumer quand on était fumeur, de boire quand on était buveur et tout le monde se foutait de son cholestérol, de ses triglycérides et d’éponges encore jeunes.
Donc, cette honte…
Parmi ces « gasthaus » du boulevard Pereire, un était tenu par des dames dont la plupart des clients savait qu’elles avaient gagné leur établissement en arpentant les trottoirs des avenues voisines et les allées du Bois de Boulogne.
Un midi d’été, j’y déjeunais avec les gens de la boutique et le « p’tit jeune » que j’étais écoutait la conversation qui roula sur les performances plumardières de ces quarantenaires.
Ce qui me plaisait dans cette affaire n’était pas tant leurs aventures –j’avais les miennes- que le fait de gagner autre chose que de l’argent de poche.
Ça avait l’aire de faciliter quand même les choses, même si l’intérêt  de sortir avec des « vieilles » m’échappait alors.
Une des « dames » écouta un moment en déposant les assiettes et lâcha « pas de doute, faut de l’expérience, c’est mieux… »
Au lieu de me taire je dis mezzo voce à mon voisin ce truc maintes fois entendu  « c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe ».
Hélas, pas assez mezzo voce et la « dame » avait l’oreille fine qui me dit avec le niveau d’une corne de brume « Ouais ! Mais pas avec des carottes nouvelles, gamin ! »
Mon teint ne se prête pas à ça mais je vous assure, lectrices chéries, que j’ai rougi jusqu’à la racine des cheveux...

lundi, 22 février 2016

« L’amour de moy, s’y est enclose… »

109063717_o.jpg

Dans mon souvenir, ce jardin de roses trémières était mieux clos.
J’aimais mieux le vieux nom de ces fleurs, « passerose », ça faisait plus… Enfin mieux…
Ça collait parfaitement au mois de mai.
Ce n’était pas à proprement parler un jardin de roses trémières mais une palissade vaguement protégée par leurs longues tiges.
Je passais souvent devant ces marches et me suis longtemps demandé où elles pouvaient conduire.
En regardant entre les planches disjointes de la palissade je n’avais jamais fait qu’entrevoir un terrain vague plein d’herbes folles, quelques buissons et un ou deux arbres.
Le mois de mai et ces roses trémières fraîchement écloses donnaient à ce coin les allures d’un tableau de Berthe Morisot.
Je le savais bien que c’était une propriété  privée.
Sinon quelle idée de l’enfermer derrière la palissade ?
Cette fois ci, il en manquait deux ou trois planches.
Avec le sentiment de me livrer à un cambriolage je suis tout de même entré, gravissant les quelques marches de pierres sèches et faisant attention à ne pas faire un accroc à ma chemise.
A part le zonzonnement des insectes, il n’y avait pas un bruit.
J’étais sûr pourtant qu’il y avait des oiseaux mais ceux-ci se taisaient.
Or, pour que les oiseaux se taisent…
Cétait bien ça...
Alors je suis ressorti en faisant attention à ne faire aucun bruit.
Puis j’ai remis les planches en évitant tout grincement.
Le printemps a encore fait correctement son travail, cette année…
Ces passeroses et le printemps m’ont rappelé « Le jeu de Marion et Robin ».

dimanche, 21 février 2016

Un printemps de bourges

Comme prévu, je me suis lancé dans la confection d’une pizza.
Genre « Pizza regina ».
La luxueuse dite « Regina avec œuf », j’ai même mis de la marjolaine. 
Le luxe, quoi…

P2201582.JPGP2201583.JPG

J’ai tout préparé, mis la table et, en attendant que ça cuise, je suis venu voir si une de mes lectrices chéries était passée me lire.
Je ne suis pas le genre à chercher des histoires mais… Bon…
La pizza a fini par cuire.
J’ai eu peur qu’elle ne finisse par « cuir » mais non.
Nous avons mangé le petit hors d’œuvre puis je suis allé faire cuire les « œufs bio extra frais » censés couronner les parts de pizza.
Je dois dire que j’étais assez satisfait du résultat.
Le lumière de mes jours m’a néanmoins prévenu.
- Minou ?
- … ?
- Lave toi très soigneusement les mains si tu dois aller faire pipi…
- Ah ?
- Oui mon Minou, l’huile pimentée est redoutablement efficace…
- Hon hon…
- Tu te rappelles ?
- Oui…
Elle avait ravivé là un souvenir brûlant. Celui du jour où, il y a bien des années, préparant je ne sais plus quel plat nécessitant du piment pilé, je me suis contenté de me passer les mains à l’eau avant d’aller faire pipi.
Rien qu’y penser, je serre encore les genoux et les fesses…
Bref, cette pizza, quoiqu’un peu trop humide –penser à ne pas laisser échapper trop de coulis de tomate la prochaine fois- était vraiment bonne.
Meilleure et plus intéressante que les nouvelles débitées par la télévision.
Agacée, Heure-Bleue a zappé et s’est arrêtée sur la 6 où Lili et José jouaient au chevalier et à la sorcière pour se donner envie de jouer au docteur.
- Minou ! Mais d’où sort cette mode de se déguiser pour se câliner ?
- Je n’en sais rien…
- Je suis sûre que c’est encore un truc qui vient des États-Unis…
 - Ah ça, quand on te noue l’aiguillette depuis tout petit, ça ne démarre pas comme ça…
- Oui, et en plus faut des moyens, t’as vu le déguisement ?
- Ouais, alors que les pauvres, pour faire ça, faut juste qu’ils s’aiment pour de vrai…
- Et drôlement même, parce que des fois…
Pour éviter d’approfondir le sujet, on a fini la pizza…

vendredi, 19 février 2016

Je préfère les confits denses aux cochonneries.

Nous sommes allés jusqu’au Monop’.
La lumière de mes jours avait « envie de cochonneries ».
Il m’arrive de ne pas penser à ce à quoi vous pensez que je pense alors que je n’y pense pas.
Les courses avaient bien commencé avec une Heure-Bleue virevoltant devant des rayons pleins de tentations.
Tandis qu’avec sérieux je mettais dans le panier les petites choses auxquelles elle ne pense pas, auxiliaires nécessaires à la préparation du mets choisi, mon Heure-Bleue cherchait de quoi assouvir son désir.
Ne me regardez pas comme ça.
Il s’agit bien du désir de cochonneries, lectrices chéries, mais non, pas ça…
Elle a jeté son dévolu sur des « pommes de terre sans traitement après récolte ».
Puis, alors qu’elle n’aime pas la charcuterie, elle a traîné un long moment devant le rayon qu’habituellement elle méprise.
Celui des cochonnailles qu’elle appelle « cochonneries », si ce n’est « sal…eries ».
Elle m’a tendu un paquet de saucisses colorées, industrielles et « flashy » en me disant « regarde ce qu’il y a dedans, Minou ».
La lumière de mes jours, qui met un bouquin dans son sac pour aller acheter du pain évite de se charger inutilement de ses lunettes…
J’évite quant à moi de lui demander comment elle lira son bouquin dans le bus avec les lunettes devant l’écran de son PC…
Bref, je prends le paquet de saucisses, le retourne et lis « 58% de viande et de gras de porc ».
Suit une longue liste de produits inconnus sans aucune idée de leur proportion dans le produit fini.
Comme Heure-Bleue, je me demande ce qu’on mange avec les 42% restants et je repose le paquet.
Dommage, les saucisses avaient une forme parfaite et une couleur engageante, un vrai bout de plastique.
Après plein de minutes d’errance devant ce rayon de cochonneries, l’amour de ma vie prend un paquet de saucisses « bio » et me le tend.
« 98% de viande et gras de porc », 2% de sel et autres épices me dit l’emballage.
C’était bien mais du coup pas assez « cochonnerie » alors elle a pris aussi un bout de cervelas rouge vif. Le truc qui brûle les yeux.
Et l’estomac de ma moitié…
Le meilleur de ce dîner, je dois vous l’avouer, ce fut la vinaigrette que j’ai préparée…
Même les pommes de terre avaient un goût qui me rappelait « Ecoles des Frères millésime 1957 ».
Celles qui voyaient mes compagnons de géhenne vider les poches de leur blouse dans les cabinets en sortant du réfectoire.
Oui, on faisait ça en 1957 chez mes fondus…
Là on n’a pas eu besoin mais c’était limite.
Et puis on n’est pas comme les gosses, on ne gaspille pas.
Mais qu’est-ce qu’on aimerait…